Posté en tant qu’invité par Jeff:
Bonjour.
Je me présente : je suis le sac dos de Jeff…
Je sais que sur ce forum il n’y a pas beaucoup de matériel qui s’exprime, mais je trouve ça dommage !
Sans nous, vous ne seriez pas grand chose… Et je ne parle pas seulement des sacs à dos.
Avez-vous déjà laissé s’exprimer votre paire de chaussons ? Savez vous ce que s’est que d’avoir vos pieds puants qui se glissent sous les lacets ? J’en ai souvent discuté avec la paire d’EB que Jeff portait à l’époque, vous ne vous rendez pas compte… !
Et le manque de considération ? Bourrés en vrac dans mon ventre, d’un geste rageur si le pas n’a pas été franchi, c’est souvent nous, objets inanimés qui avons pourtant une âme, qui endossons la responsabilité de votre incompétence…
Pourtant, quels efforts ne faisons nous pas pour vous servir !
Je n’ai jamais rechigné à accrocher une corde de plus, des skis, voir des casseroles (mon propriétaire en a beaucoup derrière lui… !).
J’ai même fait Annecy-Chamonix sur le toit d’une deux-chevaux avec à l’arrivée des moucherons collés partout ! ! !
J’ai souvent gémi quand mon patron mettait les crampons sous mon rabat, sans protection aucune, mais il n’a jamais fait attention à moi…
Et ces satanés piolets ? Franchement, je ne veux pas polémiquer, mais quand même, ils pourraient faire attention…
Je suis anglais. Mon prénom ne vous dira rien, mais mon nom de famille a résonné dans bien des parois : Karrimor.
Je suis grand (75litres !), rouge et vert (enfin, j’étais rouge… les UV m’ont pâli !), et un peu vieux maintenant.
Mais je vous le demande : est-ce une bonne raison pour me remplacer par un jeune con sous prétexte qu’il possède des réglages à n’en plus avoir le temps de grimper ?
Moi, je n’avais pas besoin d’être réglé, je lui allais comme un gant (enfin, comme une moufle…). Et léger avec ça ! Même en ski je faisais corps avec lui. Pourtant, le ski, j’ai jamais trop aimé ça… Il fait froid, mes bretelles durcissent, et comme le patron ski comme une luge à foin, je lui sers souvent de crash-pad…
Quand je pense à tous ces moments partagés, de bonheur, de peur, de froid (je me rappelle quand je lui ai servi de pied d’éléphant lors de ce bivouac improvisé au Grépon…), je ne peux imaginer qu’il me dégrade au rang de container à matériel dans le garage…
Non, je suis bien triste…
Jamais plus il ne me traitera de « gros sac », affectueusement quand il avait pris garde de ne pas trop me remplir, moins quand sa gisquette ne pouvait plus avancer et que sa galanterie prenait le pas sur ses réflexes de rustre et qu’il me décorait comme un arbre de Noël avec le matériel de la nana…
Tout ça, c’est fini.
Alors, s’il vous plait en souvenir de moi : parfois, regardez votre matériel et souriez-lui ! Un petit mot gentil, un compliment, c’est pas grand chose, et ca fait tellement plaisir… Et vous savez, nous ne sommes pas des bêtes, on vous le rendra !
S. Karrimor
PS : juste une exception, au niveau du matériel : les chouchous d’Arvas sont exclus de mes commentaires ! Toujours au chaud sous les vêtements, ces faux-culs ne servent jamais, et quand ils servent, ca devient des héros… Héros mon cul ! (enfin, je veux dire mon fond de sac…). Enfin, je vous ennuie avec nos problèmes personnels de matos, mais c’est vrai que ces planqués…