Le film Changeons D’approche n’est pas moralisateur. J’ai trouvé qu’il était bien réalisé et que c’était vraiment injuste d’en dire du mal: il y a du travail derrière, les images sont belles, le message est simple et juste. Les transports en commun polluent beaucoup moins que les transports individuels: promouvoir les transports en commun est donc une bonne chose.
Je pense que des interventions de ce style sont vraiment déplacées et qu’elles n’ont aucun intérêt:
[quote]Ecolos… en montant de Grenoble à la Bérarde en Bus transisère!!

Dans le temps, des types venaient de Saint Etienne à vélo pour monter au Râteau… AR en deux jours. Voilà qui est non seulement écolo mais en plus bien plus remarquable ! Et ça date![/quote]
Si, sur les routes des montagnes, on avait 1 bus de 100 personnes au lieu de 50 voitures de 2 personnes, je pense que ce serait plus écologique, plus durable, ça abimerait moins les montagnes et ça serait moins coûteux pour les usagers. Par ailleurs, plus on sera nombreux à utiliser les Transisère, plus les lignes se multiplieront. L’exploit sportif n’a pas sa place dans ce débat (surtout que certains seraient très surpris et admiratifs du niveau sportif de celui qu’il critique).
Attaquer le film en disant, d’un côté, « Les bus polluent! Vous êtes des petits joueurs de ne pas avoir pris vos vélos » et de l’autre « Ne viens pas nous dire qu’on peut monter à la Bérarde à vélo car pas beaucoup de personnes, et moi la première, ont de telles capacités », c’est de la mauvaise foi.
Je ne suis pas d’accord avec ce propos « n’oublions pas que les sports de montagne, comme beaucoup d’autres loisirs, pour le pratiquer, nécessitent un déplacement à l’aide d’un véhicule motorisé ». En vivant à Grenoble, on peut aller à la montagne sans utiliser de transports motorisés (il y a des exceptions: handicap, santé défaillante, etc.): le tout est de commencer par des approches modestes. S’attaquer, sans expérience préalable, au Pic de l’Etendard depuis Grenoble en véloski est difficile, mais commencer le vélorando par le Mont Jalla, le Peuil, le Rachais ou les 4 Seigneurs n’est tout de même pas insurmontable. Le vélo/rando peut aider certains à réapprendre à aimer et à voir autrement les petites montagnes, puis, à force d’entrainement, pourquoi pas les plus grandes.
De fait, les véhicules motorisés rejettent des gaz nocifs qui font chaque année des dizaines de milliers de morts en France; par ailleurs, les gaz à effet de serre sont, en partie, responsables du réchauffement climatique; celui-ci:
- déstabilise de nombreux écosystèmes, met en péril la bioversité
- sera vraisemblablement à l’origine de la migration de plusieurs dizaines de millions de réfugiés climatiques
- augmentera, par millions, le nombre de morts du paludisme
- va entrainer de multiples désordres climatiques: multiplications des pluies acides, des tempêtes, des tornades, des inondations, etc. ; aridité et infertilité de vastes régions (puis famine),
De plus, les véhicules motorisés roulent avec du pétrole. Dans 40 ans, il n’y aura plus de pétrole. Cette pénurie entrainera de nombreux conflits dans le monde (les USA ont déjà attaqué l’Irak, potentiellement deuxième producteur mondial de pétrole).
Enoncez ces vérités est-ce moralisateur? Si c’est la cas, je préfère les moralisateurs plutôt que ceux qui se taisent.
C’est très bien que le Festival du Cinéma de Montagne s’intéresse à la mobilité douce. Malheuseusement, seulement 18 minutes lui sont consacrées: c’est très peu. Par ailleurs, ça me fait mal de critiquer un des deux rares films qui traitent de la mobilité douce, mais j’avoue avoir été déçu de voir des voitures dans le film « Belledonne Zéro Carbone »: à peine arrivés à Grenoble, les deux sportifs mettent le matos dans le coffre de leur voiture! Par ailleurs, dans ce même film, au Col du Grand Cucheron, on voit les voitures de l’équipe du tournage (alors que le producteur a déclaré que l’équipe du tournage avait respecté le principe de la mobilité douce). Bref, « Belledonne Zéro Carbone » est un film qui fait passer la course à la performance avant le respect de « la charte mobilité douce »: c’est vraiment dommage: je ne comprends pas pourquoi les deux sportifs ont joué le chrono: ils auraient pu prendre trois fois plus de temps, laisser les vélos à Chamrousse et faire l’aller/retour. Par ailleurs, l’intervention d’Yves E. (?) et du journaliste m’a déçu (pour ne pas dire choqué), ils ont demandé si le vélo/ski n’était pas de « l’intégrisme écologiste? »: quelle dommage de voir les choses sous cet angle (les cyclistes sont les intégristes, et les automobilistes sont les gens normaux?)! En outre, les deux acteurs du film n’ont même pas vu l’aspect démocratique de la mobilité douce: eh oui, il y a des gens qui n’ont pas les moyens d’avoir une voiture, et la mobilité douce (que ce soit le vélo ou le bus) est un moyen de découvrir la montagne avec peu d’argent (que ce soit la petite colline d’à côté ou le grand glacier lointain; comme nous l’a prouvé Nicolas Hairon avec son film: « avec cinq euros, on peut aller à la Bérarde! »)!
Vite fait pour finir, Changeons d’Approche a parlé de la ligne de bus « Grenoble - La Bérarde »: c’est une ligne qui est menacée de disparaître et la faire connaître à trois milles spectateurs est une très bonne chose.