Posté en tant qu’invité par Etienne:
Je ne connais pas ton parcours, mais bon nombre de jeunes couenneux z’et sallistes sextos ou septos peuvent s’attendre à de cruelles surprises dans les « bêtes » V et V+ à l’ancienne.
L’artif’ encordé à la taille, j’imagine que c’est encore pire qu’un chute dans les mêmes conditions.
Je n’ai jamais expérimenté la chute, mais je crois que ce n’est pas le pire. L’assurage à l’épaule est plus dynamique qu’avec bien des freins, c’est d’ailleurs pour ça qu’aux dernières nouvelles il est toujours préconisé sur des relais en neige.
Le gros problème venait des suspensions prolongées en cas de perte de conscience. Et là où tu risquais le plus d’avoir mal, c’est lorsque ton second , après s’être fait recoudre les steacks que tu lui avais taillé dans les dorsaux, venait te rappeler qu’on était censés ne jamais tomber!
Ma remarque vient de ce que j’en ai un peu marre de lire que « acccepter la chute = progresser ».
Je fréquente au boulot des grimpeurs-alpinistes de la génération précédente (70’s), qui ont à leur actif des courses de haut niveau, Drus, Fou, Capucin, Pilier d’Angle, Peuterey, Jorasses, Piz Badile, Dolomites, qui ont écumé les grandes voies du Verdon, des Calanques, de Presles et qui passent régulièrement du 7 dans les couennes locales, sans JAMAIS être tombés une seule fois. Pour eux la chute est restée le tabou absolu. En contrepartie, ils te donnent l’impression qu’ils sont capables de tenir une prise indéfiniment, et lorsqu’ils se sentent mal, ils désescaladent. On oublie que la désescalade est une école MAJEURE de technique. Et permet par la même occasion d’éviter pas mal de rappels galères dans les descentes des voies…
Je suis allé il y a quinze jours assister à la compèt d’enfants à Grabels. J’y ai rencontré un des guides du fameux stage d’Orpierre, fort sympathique au demeurant.
« C’est quoi, alors, le principe du stage? »
« Tu apprends à dynamiser quand tu assures, et à ne plus avoir peur de tomber en dévers… »
« Oui, mais bon, ne pas avoir peur de tomber sur un piton pourri ou une vire caillouteuse, ce n’est pas un peu inconscient? »
« Ah mais quand c’est dangereux il ne faut pas y aller! »
« Et en dalle… »
« Je ne fais plus de dalle. On tape à l’arrivée et on peut se faire mal. La dernière fois que je suis allé aux Deux Aig’, une voie que je passais il y a quinze ans je n’ai pas osé dépasser le clou… »
« J’ai des progrès à faire en fissure… »
« La fissure c’est un autre monde. D’ailleurs ça ne se fait plus »
« J’apprendrai à grimper sur des colonnettes? »
« Il n’y a pas de colonnettes à Orpierre »
Résumé: si je vais au stage, j’apprendrai à chuter dans les dévers, ce que je ne fais déjà que trop, à renoncer aux voies engagées et à me faire peur en dalle (ça aussi je fais déjà très bien ), et je ne saurai toujours pas grimper en fissure calcaire et sur colonnette. Tu parles d’une progression! 
PS Je suis très content de mon baudrier et ne fais à aucun prix de rappel en S. Merci.