Comme une truie qui doute

Posté en tant qu’invité par pierre:

Oui, je suis perplexe … et je me demande comment vous percevez l’affaire, vous autres. Voici ce dont il s’agit :

Si vous remontez la Combe du Grand Crêt pour atteindre le Trou de la Mouche dans les Aravis, environ 350 mètres sous le col, le sentier passe tout à coté d’un gros bloc. A hauteur du regard, est scellée une plaque commémorative (de marbre blanc ?), d’environ 80 cm X 60 cm.
On y lit l’inscription suivante (la citation est « de mémoire », et donc approximative, d’autant plus que le souvenir remonte à plusieurs mois) :
« Ici, le 18 décembre 2004, A. de M. est mort dans une plaque à vent à l’age de 18 ans ».

Des avis ? Des commentaires ? Des réflexions ?

Posté en tant qu’invité par talène:

pierre a écrit:

Des réflexions ?

y’a pas d’age pour mourrir en montagne (ou ailleurs)…

si ça te perturbe trop,la pétanque ou le tricot sont des activités + adaptées pour toi!

Posté en tant qu’invité par pierre:

talène a écrit:

y’a pas d’age pour mourrir en montagne (ou ailleurs)…

si ça te perturbe trop,la pétanque ou le tricot sont des
activités + adaptées pour toi!

… …

« Passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est une volupté de fin gourmet. »

Georges Courteline

Posté en tant qu’invité par visse:

C’est malheureux à dire mais parfois ça permet de reconsidérer le danger. Il y a une plaque commémorative à proximité du sommet du Rochail à un endroit assez aérien : à la limite, ça incite à la vigilance.
Beaucoup de plaques comme celle-ci vers Ambin.

Posté en tant qu’invité par TOM:

Cela permet peut etre à la famille de se receullir à un endroit que la victime affèctionnait…

Posté en tant qu’invité par petit pois:

Des commentaires? Une réflaxion? Pour ma part, un souvenir me revient : une découverte qui m’avait émue et qui se rappelle à moi parfois.

Dans le Chablais, quelquepart après la sortie des aretes du Mont-Chauffé, il y a une petite stele anonyme. Un cairn abrite une photo. Quelqu’un venait juste de déposer des fleurs et un petit play-mobil. La photo représentait un adolescent et un homme d’une soixantaine d’année.
Aulequel des deux étaient dédiés ces objets? Un grand-père montagnard amoureux de ses montagnes, auquel sont petit fils a voulu rendre hommage? Ou bien au garçon, mort en montagne?

Posté en tant qu’invité par Paul G:

Je me souviens sur le forum ski de CR de sortie d’un solitaire au trou de la mouche, un lendemain de tempête… Il y avait eu un débat animé.

La plaque n’est probablement pas visible en hiver. C’est dommage, ca ferait réfléchir certains.

Posté en tant qu’invité par Paul G:

Au fait, pourquoi un tel titre pour un tel sujet ?

Posté en tant qu’invité par talène:

pierre a écrit:

talène a écrit:

y’a pas d’age pour mourrir en montagne (ou ailleurs)…

si ça te perturbe trop,la pétanque ou le tricot sont des
activités + adaptées pour toi!

… …

« Passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est une volupté
de fin gourmet. »

Georges Courteline

/* ok, alors j’en remet une couche… Bon Appétit !! */

A part citer des plaques commémoratives et des auteurs morts, je vois pas trop où tu veux en venir…

Des plaques comme celles que tu évoques, y’en a de tout temps, mais perso je n’en ai pas besoin pour me remémorer les tristes moments où j’ai senti des compagnons mourrir dans mes bras…

ils m’accompagnent chaque jour.

Posté en tant qu’invité par AlbanK:

Je suis comme une truie qui doute, est un ouvrage de Claude Duneton, en voici un extrait :

-Relation de communication entre un émetteur et un récepteur, fondée sur le chiffrement et le déchiffrement, donc sur la mise en oeuvre d’un code, ou d’une compétence génératrice, l’échange linguistique est aussi un échange économique, qui s’établit dans un certain rapport de forces symboliques entre un producteur, pourvu d’un certain capital linguistique, et un consommateur (ou un marché), et qui est propre à procurer un certain profit matériel ou symbolique. Autrement dit, les discours ne sont pas seulement (ou seulement par exception) des signes destinés à être compris, déchiffrés; ce sont aussi des signes de richesse destinés à être évalués, appréciés et des signes d’autorité, destinés à être crus et obéis.

Claude Duneton est un écrivain français, dans ses ouvrages il traite entre autre de la difficulté de communication.
Parfois, on le trouve un peu violent , à l’ instar des écrivains qu’ il aime et tente de faire découvrir : Céline et Cahen.

C ‹ est sans doute sur l › interprétation symbolique même du message que Pierre vue nous interpeller.
Interprétation différente d’ un individu à l’ autre selon ses croyances, ses expériences, son histoire et sa sensibilité.

En sémantique, on appelle ça le " lector in fabula ", c’ est en fait la vision du lecteur qui influe sur le message et/ou l’ histoire ( drama : action ).
Enfin, ce que j’ en dis…

Amitié, AlbanK.

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par visse:

Ben moi j’en dis que…j’ai relu 2 fois !!
Si C2C, z’ont besoin d’un conseiller culturel…

Posté en tant qu’invité par Bubu:

AlbanK a écrit:

Je suis comme une truie qui doute, est un ouvrage de Claude Duneton

Oups, j’avais pas tilté :-))

Bon qu’est ce que j’en pense de cette inscription ?
Ben qu’en effet c’était le lendemain d’une chute.
Sinon, on peut être troublé par cette plaque annonçant qu’un gars de 18 ans s’est pris une plaque un 18 décembre.

Posté en tant qu’invité par fauché:

Pour la plaque du trou de la mouche, je crois me rappeller qu’il s’agissait d’un chasseur alpin. Mais idem, je n’y suis pas remonté depuis quelques temps.

On croise aussi une plaque au départ de la traversée des dents de Lanfon (en souvenir d’une jeune cueilleuse d’Edelweiss), au départ de l’écume des jours aux dalles de la Rosière.

Je me rappelle que la plaque des dents de Lanfon m’avait touché par sa formulation et que dans la montée herbeuse (et verglacée ce jour là), j’avais pris peur … (prendre ses crampons à l’automne est pas forcément une mauvaise idée)

Je connaissais quelqu’un que ce genre de plaques importunait réellement. Sans aller jusque là, que pensez-vous de ces plaques ?

Le peu d’alpi que je fais c’est quelque part pour essayer de dominer ma peur de la mort et donc je suis partagé sur ces formes de souvenir : si je comprends la douleur de ceux qui restent, je n’aime pas qu’on me rappelle que je prends un risque pendant que je suis concentré. Car dans mon cas je ne suis pas du tout imperméable à l’angoisse que peuvent générer ces messages.

Bruno

PS : mes deux expressions-grigri (merci Yo, auteurs inconnus) :

les pressés y’en a plein les cimetières

partir en montagne c’est accepter de devoir prendre à chaque instant la moins mauvaise des décisions, sachant que la meilleure consistait à rester chez soi

Posté en tant qu’invité par ab380:

Pas mieux

Posté en tant qu’invité par pierre:

OK, talène, je te dois sans doute des excuses : j’ai peut-être été un peu trop vif, … mais reconnaît que ce n’est pas moi qui avait commencé (piètre argument, je sais).

Il se trouve que pour de multiples raisons, je ne suis pas trop mal placé pour savoir que l’on peut mourir jeune (ou très jeune), en montagne ou ailleurs, et ce n’est donc pas le sujet sur lequel je sollicitais votre avis.

De mon point de vue, cette affaire peut être abordée sous plusieurs angles :
1°/ La communication entre les membres de l’espèce humaine. C’est la raison de la référence à Claude Duneton, bien vue (comme d’hab.) par Alban (Outre le fait qu’imaginer le doute d’une truie m’a toujours semblé particulièrement drôle et énigmatique …).Il est absolument certain qu’une plaque de ce genre, placée là où elle est, va rencontrer des regards différents : joyeux d’une course entre amis, méditatifs d’une promenade solitaire, fatigués d’un dénivelé trop important pour la forme du moment, excédés par la lenteur d’un compagnon, douloureux d’un froid aux pieds, … que sais-je ?
Est-ce le meilleur endroit pour communiquer la douleur liée à la perte d’un proche ? Cela va-il produire autre chose qu’une sensation de malaise … bien loin, sans doute, de la communion recherchée avec la mémoire du disparu.

2°/La confiscation de l’espace public au bénéfice d’intérêts privés, et même : intimes. Je vous assure qu’il est impossible de passer là sans encaisser « pleine poire » la vue de cette plaque, et que sa lecture, avec le format choisi, dans la situation choisie, est obligatoire. A-t-on le droit de faire ça ? Cela ne va-t-il pas à l’encontre de l’idéal de furtivité qui devrait habiter la pratique de la montagne ? Est-on sûr de respecter la mémoire du disparu ? Est-ce, tout simplement, légal ?
Et puis, si tous les accidents en montagne donnaient lieu à ce genre d’objets, que deviendraient certains itinéraires ?

3°/ l’avertissement sans frais. C’est l’idée de Paul G : le rappel que la fréquentation de l’espace montagnard n’est pas toujours bénigne, ni dénuée de risque. Vous croyez vraiment à une « efficacité » de ce type ?

4°/ … ben, je comptais sur vous pour d’autres idées, et … j’y compte toujours !

Posté en tant qu’invité par Bubu:

fauché a écrit:

Je connaissais quelqu’un que ce genre de plaques importunait
réellement. Sans aller jusque là, que pensez-vous de ces
plaques ?

Moi, ça me fait l’effet inverse. Je me dis « encore un gars qui a loosé, mais heureusement, je suis plus fort, je ne vais pas merder comme lui » (c’est d’ailleurs un jeu de deviner quelles ont pu être les causes de l’accident lorsqu’on ne connait que la date et pas les circonstances, puis de demander ensuite à des locaux s’ils connaissent la réponse).
Jusqu’au jour où j’ai moi aussi eu un problème, mais à un endroit où il n’y avait pas de plaque pour me prévenir du danger :slight_smile:

Il y a un dilemme (hein ? Firefox me corrige dilemne en dilemme… ah oui les 2 sont corrects) avec ces plaques : en posant une plaque « pour l’éternité » en montagne (voir plus qu’une plaque), on souhaite rappeler la mémoire d’un être cher qui appréciait la montagne, et souvent le jeu de n’y laisser que des traces éphémères. En gros, parfois on fait au nom du mort ce sur quoi il a toujours chié, ya un blem.
A la limite, à terme les vallons se transformerait en vastes cimetières.
Je ne sais pas comment on peut concilier la mémoire des morts en montagne et la montagne elle-même. Peut être des signes moins durables qu’une plaque, ou alors rassemblés à l’entrée du vallon ? (un peu glauque si c’est à côté des pictogrammes des entrées de parcs nationaux :-).

Posté en tant qu’invité par AlbanK:

Les plaques et autres petits sanctuaires hantent nos vallées et montagnes depuis longtemps.

Ils sont souvent le signe d’ une grande douleur et d’ un attachement à celui ou celle qui est parti.
En aucun cas, on ne peut les considérer comme des données informatives quant à la dangerosité d’ un cite, d’ un passage ou autre crux, on sait par essence bien avant que par expérience que le milieu dans lequel notre passion trouve tout son sens est, par nature dirai-je, hostile à l’ étranger que nous sommes.

Je suis d’ un naturel profondément romantique ( dans le sens classique, vous l’ aurez compris ) et j’ aime à croiser ces reliques d’ un autre ordre, d’un autre attachement et d’ une autre solitude …

Il y a longtemps, le petit mémorial dédié à C Buisson nous avait incité, quelques amis et moi, à répéter les voies de ce mystère des Écrins dans les Souffles et les Orgières…

Un autre fois, mon aimée et moi sommes tombées nez à nez sur une petite plaque, perdue dans un épais brouillard, dans le Dévoluy …

Un nom, un prénom, de moi connus …
C’ était un ami de mon père, grand chasseur de bartavelles comme lui, coureur des vaux et montagnard amoureux des cimes de chez nous.
Mon père ignorait la présence de cette mémoire de pierre…

Et puis d’ autres, plus discrètes encore ou plus glorieuses, toujours ces mots simples, toujours cet attachement qui dépasse le temps et qui, hiver après hiver, été après été
ramène notre imaginaire vers un être qui a vécu, aimé et rencontrer la Mort en ces lieux que nous recherchons et redoutons.

Une pensée, furtive, devant ce témoin silencieux et notre marche continue, vers le retour ou vers les mystérieuses montagnes …

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Pierric:

Je me dis « encore un gars qui
a loosé, mais heureusement, je suis plus fort, je ne vais pas
merder comme lui »

Tient ça me rappelle quelques débats l’hiver dernier… Est-on toujours plus fort ou se croit-on toujours plus fort ? Pour moi c’est un peu comme la connerie…

Quand au débat sur les plaques, même si la symbolique est différente, n’est-ce pas au fond un peu le même débat que celui sur les croix, les vierges,… Tous des signes qui gênent certains, sont appréciés d’autres, provoquent parfois le malaise, parfois le réconfort, … Mais je pense qu’en effet parfois ça peut être n avertissement… Bien que le seul qui finit par être écouter c’est celui qui touche les proches voir soi-même… car on se croit toujours plus fort ?

Posté en tant qu’invité par Charles:

Bin moi ce que ça me dit c’est que 18 ans c’est trop tôt pour mourir