Climb & Fly - Wadi-Rum

Bonjour à tous,

Nous revenons du Wadi-Rum pour une expédition Escalade & Parapente. On en a profité pour faire une petite vidéo des décollages/vols ainsi qu’un petit compte-rendu pour ceux que ça pourrait intéresser. Je vous laisse découvrir !

La vidéo : PARALPINISM IN WADI RUM, JORDAN. on Vimeo

Le CR :

Genèse du projet

Ça nous trottait dans la tête depuis deux ans déjà… Après un séjour au Wadi-Rum consacré à l’escalade, Guillaume parle de cet endroit à Théo mais dans un tout autre but… Escalader, certes, mais redescendre en Base-jump, et esquiver ces rappels parfois compliqués voire terrifiants !

Sur les deux ans qui ont suivi, le projet est retravaillé, et affiné. La forme des dômes sommitaux ne permet pas vraiment un saut, la verticalité est manquante (à quelques exceptions près). L’apparition sur le marché d’une voile de parapente extra-light (<1kg) va permettre de revoir le projet sous un angle nouveau. Si les sommets ne se prêtent pas vraiment à la chute libre, ils ont l’air tout à fait désignés pour permettre des décollages parapente d’envergure !
Le choix est fait de ne prendre que les ailes de parapente, et de s’en servir systématiquement pour redescendre des voies ! Avec les sellettes light, nous aurons environ 1,2 kg chacun de parapentes sur le dos. Décembre 2019, les billets sont pris pour février 2020, Inch’Allah !

Escalade

Il existe déjà beaucoup de littérature sur le sujet, alors cette partie sera assez courte.
L’escalade au Wadi Rum se fait très majoritairement sur coinceurs. Parfois un piton (rare) ou un spit (très rare) permet de protéger un passage très exposé mais en général, c’est surtout de courage qu’il faudra s’armer.

Nous avons principalement parcouru deux types de voies :

  • Les voies « bédouines » : elles sont un équivalent des voies normales locales. L’objectif est une arrivée au sommet en minimisant les difficultés (pas l’exposition, attention !). La difficulté maximale se situe en général dans le 4/5. Ces voies sont très souvent très tortueuses et paumatoires, bien que souvent cairnées

  • Les voies plus modernes, ouvertes notamment par Precht & co. ou par les frères Rémy, plus dures mais d’une très grande beauté. L’exposition y est parfois aussi importante. L’itinéraire est en général (un peu) plus facile à suivre.

Le topo principal du secteur est celui de Tony Howard : « Treks and climbs in Wadi Rum, Jordan ». Dans l’ensemble assez bien fait, certains dessins/topos des voies restent assez obscurs. Toutefois, c’est souvent les marches d’approches qui sont le plus paumatoires.
En ce qui concerne le matos de grimpe, nous avions une trentaine de friends de toutes tailles, un jeu de stoppers (1 à 7), des sangles en pagaille et de quoi changer les cordelettes des lunules pour descendre. Nous avions également prévu un second jeu de cordes au cas où l’abrasion du rocher aurait raison du premier.

Météo

On est dans le désert, alors même s’il pleut parfois, il fait quand même globalement très beau ! Le principal sujet d’attention (en ce qui nous concernait) était le vent.
Dans l’ensemble, c’est un peu comme en montagne en général. Le vent est plus calme le matin, et forcit à partir de 12/13h.

En ce qui concerne sa direction, c’est plus compliqué. Sur quelques sommets supérieurs peu protégés (East Dome, Jebel Um Ishrin, North Nassrani), il est à peu près comme sur les prévisions. Par contre, dès qu’on descend un peu en contrebas (antécimes…) ou qu’on s’approche des canyons (les fameux siqh), c’est un tout autre monde. Le jeu des venturis devient très impressionnant et les directions peuvent varier du tout au tout. Méfiance donc !
Pour la direction générale, nous avons eu principalement un vent d’ouest tout au long de notre séjour.

Voiles

Nous souhaitions être le plus léger possible. Nous avons donc porté notre choix sur les toutes nouvelles « Run & Fly » de Dudek avec une sellette light. Notre choix s’est avéré être le bon selon nos critères. La voile se gonfle toute seule, même avec un vent très faible, et elle ne pèse vraiment rien (986gr en 16m² pour la voile seule) !

Décollages & posés

Dans l’ensemble, les sommets se présentent sous la forme de grands dômes. Ceux-ci se prêtent parfaitement à un décollage… Si l’on arrive à trouver le bon vent. La bonne nouvelle, c’est qu’avec le jeu des venturis, on peut souvent ruser et décoller, même si le vent est censé être dans le mauvais sens.

Nos décollage ont parfois été royaux (grande pente pour courir) et parfois beaucoup plus engagés (deux pas d’élan et le grand saut !).

Pour les posés, c’est beaucoup plus simple : viser le sable !

Nos réalisations

  • Abu Maileh Tower : 15 mn du village à pied. Nous sommes montés par la voie « North Side Salim », qui plafonne dans le 5+ (3 longueurs au total). Au sommet, un petit vent de Nord nous oblige à décoller sur l’endroit le moins pratique de celui-ci : levée de la voile, deux pas d’élan et puis le vide ! Mais ça passe nickel. Le vol est très court (150m de vertical grosso-modo), mais nous a permis de valider le concept ;

  • Jebel Barrah : 15km du village à peu près, de l’autre côté du Wadi Um Ishrin. Nous sommes montés par la voie « Hunter’s Slab ». Celle-ci est assez bien cairnée… Le sommet est une sorte de pierrier géant, donc impossible de décoller ici. Nous sommes donc partis depuis l’antécime. Une petite plate-forme à l’Est de la barre rocheuse défend l’accès au sommet et s’est révélée être très pratique. Le vent ce jour-là était vraiment fort (de l’ordre de 40km/h) et le vol s’est transformé en exercice de survie. Retour à pieds au village (15km encore) ;

  • East Dome : un de nos objectifs majeurs. Nous avons choisi la voie « Eye of Allah » (très belle au demeurant), et la réalisation nous a demandé +/- 6h. Le vent au sommet était Ouest, ce qui n’a pas arrangé nos affaires (le East Dome, comme son nom l’indique, donne vers l’Est). Nous avons donc bricolé un décollage dans une pente Sud-ouest avant de repiquer rapidement vers l’est une fois en vol. Posé au bord du village.

  • North Nassrani : un autre de nos objectifs importants. Pour le coup, il n’y a pas vraiment de voie « simple » pour arriver sur ce sommet. Nous avons porté notre choix sur la moins difficile, Hiker’s Road, magnifique mais exposée. L’itinéraire n’est pas forcément très difficile à suivre, mais on attrape vite des sueurs froides. Ensuite, c’est que du bonheur à la descente. C’est probablement le sommet qui se porte le mieux au vol ! Il est possible de décoller de partout !

  • Jebel Um Ejil : une petite aventure en soi, pas vraiment dure mais très sympathique. Nous avons trouvé un petit décollage parfait en cas de vent de Nord-ouest, qui donne directement sur les canyons côté village. En deux mots, il faut remonter la grande pente dans l’axe après qu’on ait attaqué le canyon de Rakabat, et de là suivre les cairns (n’hésitez pas à nous demander). Le décollage est fabuleux et permet d’aller voler dans les canyons côté ouest. Posé au village (en restant haut) ou à la moitié du chemin retour (en descendant dans les canyons) ;

  • Jebel Um Ishrin : la petite pépite du voyage, une voie magnifique et un vol splendide. Nous avons suivi un topo trouvé à la dernière minute qui présente la voie bédouine oubliée menant au sommet de Jebel Um ishrin (http://wadiram.userhome.ch/). La voie s’appelle « Bedan Majnoun » et reste un peu engagée (prévoir un brin de 60m, baudriers et deux dégaines au moins). Décollage assez facile sur un replat peu pentu, 30m au sud du sommet. Posé près du village.

Conclusion

La difficulté, c’est vraiment d’arriver en haut ! Une fois en haut, il y a toujours un moyen de bricoler un décollage pour peu que le vent ne soit pas trop fort !

N’hésitez pas à venir vers nous si vous souhaitez plus d’informations, nous serons très heureux de partager nos histoires !

Théo GAGLIARDINI & Guillaume SANSEAU

2 Likes

Hello!

Sympa ce récit, ça vend du rêve! Vous aviez testé les Run & Fly avant de partir ou c’était l’inconnue? :see_no_evil:Me demande comment dans des conditions de vent un peu fortes…

Vous avez des photos du voyage?

Salut,

On avait un peu volé avec, mais jamais dans des conditions de vent fort. De ce côté, c’était l’inconnu ! Toutefois, les réactions de la voile au gonflage nous avaient vraiment rassurées, et la vidéo des tests SIV est également très éloquente.

Malheureusement, très peu de photos (voire quasi-aucune). On a filmé nos vols mais on s’est dit que la partie grimpe avait déjà fait l’objet d’une documentation pléthorique… Désolé…

Guillaume

Top votre aventure, TAGHIA , TRAFAROUTE…

Ben non, pas vraiment… C’est pas plutôt au Maroc ça ?

1 Like

Super expé!
Je réfléchi à me mettre au parapente Monosurface pour combiner ça avec l’escalade, l’alpi, la rando etc.
Combien de vols sont nécessaires pour être autonome afin de décoller de ce genre d’endroit?

3 messages ont été déplacés vers un nouveau sujet : Digression de Clim and Fly Wadi Rum

Salut,

Une bonne maîtrise de ta voile, en conditions venteuses notamment. Après, c’est surtout ton niveau de grimpe, et l’engagement qui va avec, qui feront ta capacité a y aller.

Je suis d’accord avec 5ter sur le fait que ça devienne Disneyland. Mais je ne pense pas que les grimpeurs/parapentistes y soient vraiment les principaux responsables (mais on change de débat)!

Nous concernant, nous avions planqué notre tente quelque part, et nous avions tout fait à pieds.

Bonne journée,

Guillaume

1 Like

Merci pour ta réponse :slight_smile:
Ce que je voudrais savoir c’est le temps qu’il faut pour être autonome avec une mono surface.
Pas forcément pour aller grimper et voler à Wadi-Rum mais par exemple dans des conditions normales en moyenne montagne, du style aiguilles rouges, Belledonne, Vercors etc
En participant à un stage d’initiation de 5 jours peut-on espérer commencer a faire ses premiers vols seuls (encore une fois dans des conditions optimales pour commencer)

Merci :slight_smile:

Oui tu peux.
Des sujets traînent sur les débuts en parapente en vue de descendre de la montagne sur le forum, certainement dans la section parapente!