LE VRAI MAXIME
Et les deux ombres alors ?
Maxime est inquiet.
Lorsque le brouillard se déchire un bref instant, Maxime scrute la montagne à la recherche d’un signe de vie.
Deux jours. Cela fait deux jours déjà que les alpinistes ont disparu.
Ils étaient partis, à six, pour le Grand Combin. Sous la face nord-ouest, alors que le temps se brouillait, quatre membres du groupe décidèrent de rebrousser chemin. Les deux autres continuèrent.
Alors que ceux qui avaient renoncé avaient pu rejoindre le refuge, fort tard, à la tombée de la nuit, ceux qui avaient poursuivi l’ascension n’étaient pas rentrés ce jour-là, ni le jour suivant d’ailleurs.
Les conditions régnant sur la montagne, la tempête, ne laissaient guère d’espoir de survie, les alpinistes n’étant pas équipés pour le bivouac ou pour une longue lutte contre le froid, sans même parler de la soif et de la faim.
Les secours officiels étant dans l’impossibilité d’intervenir pour cause d’absence de visibilité et de vents violents, les compagnons des disparus avaient perdu tout espoir. Le troisième jour ils quittèrent la cabane en direction de Fionnay.
Seul Maxime n’abandonne pas. Il sort devant la cabane, lance des appels, tend l’oreille, fouille le glacier de ses jumelles à la plus légère éclaircie, demande et demande encore les secours, tentant de déclencher une action. En vain.
A l’aube du quatrième jour, alors qu’une fois encore Maxime observe la montagne, il voit distinctement deux ombres descendre paisiblement le glacier puis s’évanouir, se dissiper, se perdre dans la brume.
Maxime bondit sur son téléphone :
« Ils sont vivants, j’en suis sûr ! »
« Impossible après tout ce temps, c’est inutile de prendre des risques ! »
« Je vous dis qu’ils sont en vie, d’ailleurs le Grand Combin se dégage, venez, vite ! »
« Bon ! On essaye. »
L’hélicoptère est venu. Le pilote a accepté le risque, ce n’est pas la première fois. Au sommet de la face nord-ouest, à demi enfouis dans un trou de neige, il a repéré les deux grimpeurs qui faisaient des signes. Après les avoir hissés à bord dans une manoeuvre délicate, le pilote les déposera à Panossière.
La routine des saint-bernard des airs.
Maxime s’est précipité vers les deux hommes, des miraculés à qui il propose immédiatement des litres de thé bouillant.
« Tee… nein, danke. Zwei Bier, bitte ! »
Et les deux ombres alors ? Un signe ? Un message envoyé au gardien par un être supérieur ?
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