Posté en tant qu’invité par tucco:
Bonlour,
lu dans le journal " l’indépendant " des Pyrénées orientales
Edition du 11 Mars 2007
P y r é n é e s - O r i e n t a l e s
Il a survécu à une nuit entière dans la tempête par -15°C
Un randonneur de 55 ans s’est égaré vendredi soir sur les hauteurs de Formiguères. Il a passé 15 heures seul, dans la nuit, abrité contre un arbre, fouetté par un vent à 140 km/h avant d’être retrouvé par les sauveteurs CRS hier matin… sain et sauf.
C’est Jean-Brice Leroy, le gardien du refuge des Camporells qui nous a prévenus. Il nous a dit qu’il avait été contacté sur son téléphone portable par un randonneur qui était perdu dans la montagne. Et il a précisé que les conditions météo étaient totalement apocalyptiques", explique le chef Mondié de l’équipe des CRS sauveteurs de Pyrénées 2000.
Vendredi. 18h50. A cet instant, ils l’ont déjà compris. La nuit va être très longue pour l’équipe des cinq sauveteurs. Et plus longue encore pour l’homme, âgé de 55 ans, originaire du secteur d’Ille-sur-Têt, qui s’est égaré sur les hauteurs, seul, en pleine nuit, saisi par le froid, avec des températures avoisinant les -15°C, et fouetté par le vent qui soulève la neige par bourrasques à plus de 140km/h.
Seul espoir:
son téléphone portable
Parti du plateau des Abeillans dans la matinée, il avait l’intention de faire une petite randonnée et de rallier le refuge des Camporells dont il s’était d’ailleurs assuré de prendre le numéro de téléphone. Or, en fin de journée, il s’est égaré après avoir passé le refuge de la Balmette. Il a été pris en un rien de temps au cœur d’une véritable tempête. Habillé avec des vêtements légers pour une excursion d’une journée. Sans aucune visibilité. Incapable d’apercevoir le sac qu’il a posé quelques instants plus tôt par terre. Sans pouvoir même dire où il se trouve précisément. Et, comme dernier espoir, la liaison téléphonique avec le gardien du refuge.
Un relais qui sera d’ailleurs d’une importance capitale pour les sauveteurs Mondié, Gil, Vial, Enrich et Cottray, qui aussitôt déclenchent les recherches. Aguerris aux techniques d’orientation, ils entrent les différents points de localisation dans leur GPS afin de pouvoir se diriger dans la montagne mais surtout pouvoir revenir sur leurs pas dans la nuit et le blizzard. A l’aide d’une chenillette mise à disposition par la station de ski de Formiguères, l’équipe accède au sommet des pistes, gagne le refuge puis part dans la nuit. Envers et contre l’obscurité, les plaques de verglas, et le déchaînement des éléments.« De mauvaises conditions météorologiques, on en rencontre assez régulièrement. On a l’habitude de travailler avec du brouillard mais quand, comme cette nuit, tout est cumulé, c’est très difficile », précise le chef Mondié.
De temps à autre, les secours entrent en contact avec le randonneur pour lui parler, le soutenir moralement, s’assurer qu’il va toujours bien, et tenter de le localiser.
Mais l’homme ne peut leur fournir aucun élément précis. Il lui a été conseillé de déconnecter son portable de temps à autre pour économiser la batterie et de ne pas trop bouger de son point initial. Il trouve un abri contre un arbre.
Là, adossé, il attendra des heures. Seul au milieu de nulle part. D’un courage et d’un sang froid purement exemplaires.
Quatre heures du matin et… toujours rien
Les recherches se poursuivent jusqu’à 4heures du matin. En vain…
Les CRS sont contraints de rebrousser chemin jusqu’au refuge où ont été acheminées les batteries pour les matériels d’orientation. Deux heures plus tard, ils repartent, dotés d’un balisage GPS plus important. La méthode de la triangulation est également utilisée à l’aide des relais du fournisseur téléphonique du randonneur. Sans succès. Ce sera finalement le professionnalisme des sauveteurs qui payera.
A 10heures hier. Soit 15heures après l’alerte, le randonneur est enfin repéré. Par miracle, il est sain et sauf mais épuisé et souffre d’une hypothermie. La température de son corps est descendue jusqu’à 35°. Et pourtant, il chausse ses raquettes et repart avec la caravane de sauvetage jusqu’au refuge desCamporells où ils arrivent finalement à 10h40. Là, le randonneur a pu se restaurer, se réchauffer et passer un petit moment avec Jean-Brice Leroy, véritable professionnel de la montagne, qui, au bout de la ligne, lui a peut-être sauvé la vie.
Puis, l’heure est venue de redescendre. A pied jusqu’au sommet de la serre de Maury d’abord, puis avec la dameuse qui a permis une nouvelle fois de déposer le randonneur et les sauveteurs à la station de Formiguères à 13h45.
Après examen par les sapeurs-pompiers et les médecins, le randonneur a finalement pu regagner son domicile aux environs de 17heures samedi. Fin d’une incroyable aventure.
Laure Moysset