Bolive-Lipez, voyage au pays des vigognes et des nandous

Voyage au pays des Vigognes et des Nandous

Quelques conseils pratiques pour le Sud-Lipez

Le Sud Lipez est une zone montagneuse située au sud de la Bolivie, longeant la frontière Argentine.La chaîne de montagne principale est la Cordillera de Lipez dont les principaux sommets sont le Cerro Lipez (ou Cerro Nuevo Mundo, 5920) et le volcan Cerro Uturuncu à 6008. La zone comprend une quantité incroyable de sommet de haute altitude entre 5000 et 6000, comme à l’extrême Sud-Ouest du pays le volcan Licancabur sur la frontière Bolivio-Chilienne également 5920 m d’altitude

Toutes les routes de la région sont pour l’immense majorité des pistes de terre. Les indications des localités et des directions sont très mauvaises. La fréquentation est relative, occasionnelle, voire inexistante. L’état des pistes est variables. L’essentiel des difficultés réside dans le passage des cours d’eau. L’altitude moyenne des hauts plateaux et du piémont des cordillères tournent autour de 4300-4500. Les cols routiers peuvent atteindre 4950 mais guère plus. Il existent quelques pistes menant à d’anciens sites minier au dessus de 5000 mais en dehors de la piste de l’Uturuncu menant théoriquement à 5700, et plus ou moins entretenue, les autres pistes sont probablement défoncées et rendus impraticables par l’abandon des sites miniers parfois centenaires.

A cet égard, certaines pistes sont rendus totalement inaccessibles librement comme celles de l’Uturuncu, par des barrières cadenassées dont les personnes autorisées d’accès possèdent la clé (les guides principalement).

Dans ces conditions il est fortement conseillé de se déplacer en 4x4 avec une capacité raisonnable de franchissement :

  • le coût de location pour trois semaines est d’environ 2250 euros, il comprend:
  • 3000 kilomètres de forfait en distance
  • le départ quasi exclusivement de La Paz
  • Une roue de secours supplémentaire
  • Un bidon d’essence supplémentaire d’une capacité d’une cinquantaine de litre
  • Une galerie ou le tout est placé, pour garder une bonne habitabilité dans la voiture

Pour notre séjour, nous avons pratiqués :

  • 2000 kilomètres de pistes
  • 1000 kilomètres de routes goudronnées

Le prix de l’essence est d’environ 3,7 bolivianos le litre, la consommation sur route goudronnée est d’environs 11 litres au cent, et sur piste autour de 19 litres au cent. Comme nous ne sommes pas des participants du Dakar, le rythme convenable de croisières sur route goudronnée est de 80 km/h et sur la piste de 40km/h. Il convient :

  • de faire attention à toute sorte d’animaux qui traverse la piste
  • les abords des villages
  • la traversée des cours d’eau où la piste peut être brutalement coupée par un talus ou un ravinement des eaux sur un mètre de hauteur sans autre avertissement que les discrètes traces de pneu des prédécesseurs suggérant une alternative de passage quelques dizaines de mètres au delà
  • il faut donc réduire impérativement la vitesse par anticipation de tout obstacle potentielle sous peine d’une catastrophe vite arrivé en ces lieux globalement inhabités
  • de tenir compte de la fréquentation de la piste réduite à un ou deux véhicules par jours sur des sections d’un centaine de kilomètres, ce qui donne une vague idée du temps d’attente du prochain véhicule. La section la plus isolé du parcours est sans conteste entre San Antonio de Lipez et Quetena-Chico (Penya Barroza), largement à l’écart des circuits touristiques traditionnels, qui ont pour axe principal : Uyuni-Quetena-Chico- réserve de faune andine Eduardo Avaroa plein Sud.

Même si la région est de climat sec, les pluies y sont présentes, et la neige en haute altitude, à partir de 5500 souvent, permet d’alimenter les cours d’eau en eaux claires. La période du mois de mars est une période au climat mitigé, bien en dehors des grand froids semble-t-il. Le petit matin à 4500 ne s’abaissent guère à moins de -5°c, et la température diurne y est agréable (10°c à 15°c). Le rayonnement solaire est intense.

En très haute altitude, au dessus de 5500, on rencontre un climat de haute altitude, qui peut être extrêmement changeant. En ce mois de mars la neige est souvent au rendez-vous. Une ascension ensoleillé dans une douce brise autour de -2°c peut vite se changer se changer en bourrasque de vent glacé sous les nuages coiffant les cimes avec une température ressentie autour de -15°c en quelques minutes. La neige et le vent se combinent tous deux pour former des vents blancs localisés. Pour peu que nous soyons victimes d’une légère désorientation due aux effets de la haute altitude, le risque d’égarement et d’exposition prolongé au froid demeure important, à tout le moins à ne pas négliger.

Ainsi il convient comme tout habitué des montagnes et encore plus avisé par la haute altitude :

  • d’avoir un plan d’acclimatation à la haute altitude
  • d’être convenablement chaussé pour les grands froids lorsque que l’on envisage de dépassé les 5600, où la neige est souvent présentes et nécessite d’abandonner objectivement l’idée d’une ascension avec de simples chaussures de randonnée
  • et de même bien couvrir toutes les extrémités (gants, bonnet, cagoule, en réserve dans le sac)
  • d’être habillé chaudement de même afin d’anticiper les potentielles stations prolongées en haute altitude

Il n’est pas nécessaire de bénéficier d’un GPS pour l’orientation, car il existe des cartes de la région ayant une certaine « fiabilité ». Nous avons utilisé :

  • la carte National Geografic de la Bolivie pour les grandes routes et quelques pistes principales semblent la plus précise possible à l’échelle de 1/1200 000ème.
  • les cartes de l’IGM Bolivien au 1/250 000 ème sont également assez fiables quant aux pistes, elles sont librement téléchargeables au format PDF sur le site , http://www.igmbolivia.gob.bo/downloads/cartografia/h250psad56/pdf/. Attention le jeu de cartes au 1/250 000 ème est assez complet pour la Bolivie sur les parties centrales des Andes, mais ceux des 1/50 000ème et 1/100 000ème ont des lacunes particulièrement importantes, qui font que le Sud Lipez n’est pas du tout disponible. Après examen au retour de notre périple, recoupement avec les diverses autres cartes et sites et souvenirs de voyage, les cartes de l’IGM Bolivien s’avère les plus fiables, ce qui semblent d’ailleurs assez logiques.

Une source similaire de cartes se situe sur le site Perry-Castañeda Library de l’Université d’Austin au Texas : lib.utexas.edu/maps/bolivia.html, avec un jeu similaire à celui de l’IGM Bolivien.

  • les références des cartes pour le Sud-Lipez, Salar de Uyuni, Province de Potosi sont :

250 000 ème : Nord-Sud-Ouest-Est

  • sf-19-03,sf-19-04
  • sf-19-07,sf-19-08
  • sf-19-11,sf-19-12

100 000 ème : Nord-Sud-Ouest-Est

  • 3535, 3635, 3735

  • 3534, 3634, 3734, 3834

  • 3533, 3633, 3733, 3833

  • 3232, 3532, 3632, 3732, 3832, 3932

  • 3131, 3231, 3331, 3431, 3531, 3631, 3731, 3831

  • 3130, 3230, 3330, 3430, 3530, 3630, 3730, 3830

  • 3129, 3229, 3329, 3429, 3529, 3629, 3729, 3829

  • 3228, 3328, 3428, 3528, 3628, 3728, 3828

  • 3227, 3327, 3427, 3527, 3627, 3727, 3827

  • 3226, 3326, 3426, 3526, 3626, 3726, 3826

  • 3325, 3425, 3525

  • les extraits d’OpenStreetMap pour les sections du Sud Lipez, mais parfois les reports de routes/pistes comportent des erreurs ou des imprécisions quant à leur nature : une petite piste est devenu un axe plus important, il y également autour des quelques noeuds de communication comme la petite d’Atocha ou de San-Cristobal la construction de nouvelle grandes pistes en prévoyance de futures routes goudronnée . La piste Atocha-Tupiza est devenu une route goudronnée

  • les informations google map sont à proscrire totalement déficiente dans la région, et l’examen des cartes satellites est parfois malaisée pour reconnaître l’existence et le tracé des pistes

  • pour les plus techniques et les plus courageux s’investir dans un système d’informations géographique, tel OpenGis et le téléchargement des relevés SRTM de la Nasa combiné aux exports OpenStreetMap des infrastructures est une option, si l’on cherche l’information géographique la plus précise possibles dans les données en libre téléchargement. Mais cela demande un investissement informatique en temps de compréhension et de manipulations plus conséquent.

Ascension du Cerro Khakha Pata - Oruro 4382 m - le 9 mars 2017

Le Cerro Khakha Pata est typiquement un premier sommet d’acclimatation sur la route du Sud de l’Altiplano bolivien. Pourquoi choisir cette montagne un peu anonyme plutôt qu’une autre. Aucune raison particulière ne peut-être avancée, si ce n’est le hasard. Et comme le hasard fait bien les choses, notre première étape était Oruro alors trouvons un sommet un peu élevé, pour admirer le point de vue et se dérouiller un peu les pattes, au lendemain d’un atterrissage à la Paz et d’une plongée immédiate dans le bain animée de la capitale. Ce choix nous l’avions fait en cherchant sur Internet des sommets propices à une première acclimatation, et un compte rendu sur Peakbagger.com nous y a bien aidé, tout comme d’ailleurs le Cerro Rico, puis le Cerro Chorolque prévu dans la suite de notre virée bolivienne (voir le lien http://www.peakbagger.com/climber/ascent.aspx?aid=157788 ).

Depuis Oruro, sortir en direction du Nord sur la route de La Paz, à la hauteur rond-point du dôme à l’entrée Nord de la ville d’Oruro, prendre en direction du Nord-Ouest sur la route de Toledo. Il faut s’engager juste 500-700 sur cette route pour obliquer sur la droite, par une route de terre en direction du village de La Joya, la route traverse un village des faubourg d’Oruro, puis reprend la direction du Nord-Ouest vers La Joya, sur 30 km. De la route on voit se dessiner peu à peu le petit groupe de montagnes vers lequel on dirige. La route parvient au pied des monts au lieu-dit Sillota Vito puis oscille un peu et longe le hameau de Sillota Huallchapi. C’est au troisième groupe de maison de Sillota 2 km plus loin que l’on oblique à droite en direction de la placette du village et au delà d’une petite route de terre, qui rejoint le pied de la montagne. On stoppe le véhicule avant que la piste monte sur le versant Ouest et prend la direction Sud en une série de lacets.

La montée ne comporte aucun chemin, mais la progression n’est pas trop difficile. Du pied de la montagne on monte rapidement en direction de l’Est Nord-Est pour surmonter un épaulement au dessus d’anciens enclos de pierre adossé à la montagne. On parvient sur une légère crête orienté Est qui permet de rejoindre un plateau supérieur constellé d’enclos de pierre à 4000 m d’altitude. On continue toujours vers l’Est la montée en direction de l’arête sommitale, où se suivent le petit sommet Est puis le sommet du sud à 4 386 m et enfin le sommet Nord à 4 395 mètres.

De tout le groupe de montagne sur les 7-8 km de distance en diamètre ce sont les points les plus élevés du secteur.

La descente se fait par le même chemin.

Ascension du Cerro Rico - Potosi 4820 m - le 11 Mars 2017

Le Cerro Rico domine la ville de Potosi située à ses flancs. Dans ce site et cette ville historique de la Bolivie, les quartiers de Potosi semble se lancer à l’assaut de la montagne. Cette montagne si célèbre pour ses mines d’argent exploité depuis tant de siècles. Bien des légendes court à son propos, bien des tristesses aussi à ces myriades d’amérindiens qui y perdirent la vie dans l’enfer du travail forcé organisé par les conquistadores espagnols. Le Cerro Rico fut naguère la mine d’argent la plus productive et la plus pure des toutes les Amériques, servant à battre monnaie et à renflouer et entretenir la puissance de la couronne d’Espagne.

De nos jours les travailleurs de la coopérative bolivienne minière du Cerro Rico s’échine encore à creuser de leur pelle et pioche les flancs ravagés de la montagne par plusieurs siècles de rabotage. Mais la mine ne donne plus vraiment, alors qu’y faire.

Drôle de montagne truffée de trous, de remblais et de pistes poussiéreuses. Mais la lumière du petit matin embellie son apparence, elle qui donna tant aux hommes miséreux, tant la souffrance que l’éclat dans les yeux aux richesses à venir.

Pour s’y rendre pas moyen de contourner l’infernal centre ville de Potosi. Si vous n’êtes pas adeptes du démarrage en côte ce n’est pas un lieu indiqué. L’idée de base est de remonter sur les hauts de la ville pour rejoindre une rue à flanc de montagne vers 4100 m (nommée la Circumvalacion) qui rejoint les sites miniers le long de la R1 Panamericana (le plan est correct sur OpenStreetMap). Une piste part du plateau supérieur au dessus de Potosi en direction du Sud. Il permet d’atteindre un collet à 4450 sur une très bonne piste minière.

De là on monte directement par la crête Ouest jusqu’au sommet. La zone sommitale du cône volcanique est assez fracturée, demandant un peu d’attention pour enjamber quelques ressauts et anfractuosités dans ce champs bouleversé. Si vous avez de la chance peut-être apercevrez-vous un vizcacha qui se cache dans les roches du sommet.

Le sommet domine la piste ultime de la mine qui parvient tout en haut de la montagne dans une ambiance de fin de monde industriel ou de terminus de télécabine hors saison des stations de la Tarentaise. Mais si la vue est au rendez-vous, le panorama sur la ville hallucinante, répandue sur les pentes comme des vagues bigarrées de tôles et de rues enchevêtrées, n’ayant pratiquement rien laissé de visible du sol primordial de cette terre bolivienne. Et les clameurs urbaines qui murmurent en sourdine à notre tête enivrer d’altitude.

Bon on dira que le Cerro Rico niveau d’élévation c’est presque le Mont-Blanc, les uns le placent plus haut, les autres le diminue, il faut dire que la montagne a bien été excavée et que quelques mètres de perdus ne serait pas si étonnant.

Ascension du Cerro Chorolque 5607 m - le 13 Mars 2017

Le Cerro Chorolque est un volcan situé au sud de la Cordillera de Chichas, massif montagneux situé au Sud de la ville Potosi, entre la Cordillera de Los Frailes au Nord et la Cordillera de Lipez au Sud-Ouest. le volcan culmine à 5607 m officiellement bien que certaines altitude le reporte à moins de 5600. Il est très caractéristique car il forme une dent visible de loin et nettement isolé et qui domine tous les sommets voisins, notamment un peu au Nord le Cerro Tazna à 5000 m.

La petite ville la plus proche du Cerro Chorolque est Atocha, joignable par la piste Uyuni-Tupiza, qui est en passe d’être goudronnée dans quelques années. D’important travaux de voirie sont effectués à ce jour en 2017, ils dureront probablement plusieurs années vue l’ampleur de la tâche. Atocha possède un bon hôtel pas trop cher à 200 bolivianos la nuit sans le petit déjeuner. Il y a de bons restaurant de cuisine familiale dans cette petite ville.

Le sommet est facilement accessible car une bonne piste monte sur le site minier de Santa-Barbara juste à son pied à l’altitude de 4700 m. Par ailleurs les pistes minières sur le flanc Sud-Ouest permettent d’atteindre 5100 sans trop de difficultés.

Le site minier est exploité par une coopérative ouvrière et son accès est réglementé. Une garde barrière peut vous ouvrir le passage quelques kilomètres avant le village minier de Santa-Barbara à deux conditions expresses : déclarer vos intentions de randonnées et d’ascension et de se rendre au bureau du comité de vigilance et de sécurité de la coopérative pour obtenir une autorisation expresse d’ascension. Le bureau ouvre à 8 heures du matin

Rassurez-vous c’est en réalité une formalité qui prend disons une petite demi-heure, pour peu que vous présenter courtoisement, et en espagnol, vos doléances. Il vous sera proposé un guide mais ce n’est pas obligatoire, si vous négocier en tirant avantage de votre « grande expérience de la montagne ».

Si vous souhaitez réaliser une petite ascension d’acclimatation sur la petite bosse située au Nord-Ouest du village de Santa-Barbara, que nous avons nommé pour la circonstance le Cerro Santa-Barbara à 4930-4950, le passage est autorisé librement toujours en expliquant clairement votre intention. La marche vers la bosse du Cerro Santa-Barbara à 4950 est plaisante en fin d’après-midi permettant de jouir d’une vue sur les installations du village minier et la vue sur l’ascension du Cerro Chorolque que l’on peut prévoir le lendemain. C’est d’ailleurs ce que nous avons fait pour nous dégourdir un peu les pattes avant le lendemain.

Une fois en poche l’autorisation d’ascension, on peut se rendre quelques lacets plus haut sur les zones d’excavations minières autour de 5000-5100. La piste est relativement large mais plus raide, et il faut bien faire attention de ne pas gêner les engins d’exploitation qui circulent déjà tôt le matin après 8 heures, tant à la montée qu’à la descente. Pour se garer point n’est besoin de chercher à se rendre au plus haut car à l’ultime montée le demi-tour peut devenir problématique et la voie encombrée par les 4x4 menant les mineurs à leur concession.

Le début de la montée en face Sud-Ouest remonte par les chemins miniers entre les divers tunnels creusés dans la paroi et les tuyaux d’injection d’eau pour disloquer la roche par le gel. Les mineurs commencent leur journée, pelle et pioche entre 5100 et 5400 mètres d’altitude dans le froid sec de la montagne. Une fine pellicule de gel nappe les roches glissantes.

Au delà des dernier tunnels d’extraction vers 5400, le sentier minier disparait dans la pente constellé de gros blocs pierreux. Le chemin disparaît et la montée devient un jeu d’équilibre entre les blocs plus ou moins instables. Un court passage dans de légers ressauts permet d’atteindre la face orientée Sud-Sud-Ouest et l’arête terminale orientée plutôt au Sud vers 5500.

Puis ce sont les derniers mètres dans la zone sommitale aux pentes radoucies mais toujours aussi pierreuses. Le sommet domine la région, c’est le domaine du ciel et des nuages, comme un perchoir au dessus de l’altiplano bolivien. Et la vue plonge vers le village de Santa-Barbara blotti au pied du géant de pierre.

Opportunités d’ascension autour d’Atocha

Outre le Cerro Chorolque, Atocha est également la porte d’entrée vers les premiers soubresauts de la Cordillera de Lipez. Le Cerro Pabellon au Sud-Ouest de la petite ville d’Atocha est un lieu idéal pour découvrir toute la beauté de la pampa d’altitude et la découverte de sa faune sauvage. Le Cerro Pabellon n’est pas très haut, à 4578 m d’altitude et n’offre pas d’enjeu technique, une simple randonnée sur des vastes plateaux herbeux ondulants sous un soleil radieux. Nul doute qu’avec un peu d’observation vaquent à leur occupations des vigognes gracieuses et de nandous, sorte d’autruche de l’Amérique du sud.

La plateau du Cerro Pabellon est accessible en retournant quelques kilomètres au Nord-Ouest sur la route d’Uyuni jusqu’au carrefour de Palca Chocaya, en prenant la direction des villages miniers de Siete Suyos et Animas. On remonte la vallée encaissée du Rio Chocaya parsemée de village minier abandonnée, pour rejoindre le haut plateau par le Nord-Ouest du Cerro Pabellon. Le village de Siete Suyos a une barrière d’accès gardée où vous devrez décliner votre identité et destinations de départ et d’arrivée. Le passage ne pose pas de problème particulier, l’affaire de quelques minutes.

Opportunités d’ascension autour de San Pablo de Lipez

L’accès à San-Pablo de Lipez réclame un peu d’attention et de sens d’orientation. Notre itinéraire à partir d’Atocha emprunte le chemin des bourgades minières de Siete-Suyos et Animas en contounant les flancs Nord du Cerro Pabellon et ses magnifiques plateaux herbeux auquel on parvient sur des immensités comme accrochées au ciel en direction d’un autre village minier San Vicente. Ce village n’est pas indiqué sur tous les fonds cartographiques, notamment ceux d’Internet comme Google Map ou Open Street Map. Il faut donc se rapporter aux cartes topographiques au 1/250 000ème (sf-19-08 : San-Pablo-de-Lipez). Au delà de Mina Animas on parvient à un large plateau ondulant, où l’on rejoint bientôt une piste plus large en direction du Sud. La direction de San-Pablo est parfois indiqué mais pas celle de San Vicente, il faut suivre constamment la direction du Sud où la piste emprunte une crête surélevée caractéristique pendant plusieurs dizaines de kilomètres afin d’éviter le passage des rio temporaires toujours problématique dans la région (les pluies ne sont pas rares et ravinent beaucoup). On rejoint en descendant de la crête le village de San-Vicente, lui aussi pourvu d’un poste de garde et un protocole identique pour le passage. On en profite pour demander alors la direction de San-Pablo de Lipez en direction globale au Sud-Ouest et à 4250 mètres d’altitude.

San Pablo est situé sur la piémont de la Cordillera de Lipez à la croisée de plusieurs pistes, l’une au Sud rejoint San-Antonio de Esmoruco, une autre vers l’Est s’éloigne des Monts du Lipez. Une petite piste partant du « centre » du village longe la rive du Rio San Pablo en direction du Sud-Ouest. La piste traverse la région de la Pampa Cocani une étendue plutôt plate traversée de rio temporaires, sur une cinquantaine de kilomètres avant d’atteindre San-Antonio de Lipez.

Il convient de bien distinguer les directions de San-Antonio de Esmoruco et San-Antonio de Lipez car elles sont à 90° l’une de l’autre. Celle de San-Antonio de Esmoruco traverse les Monts du Lipez et permet de contourner le massif du Cerro Nuevo Mundo (5920 m), tandis que la piste de San-Antonio de Lipez demeure sur les flancs Nord-Ouest du Lipez avec le Cerro Nuevo Mundo toujours bien en vue.

C’est en se trompant de direction vers San-Antonio de Esmoruco que nous avons découvert un spectacle géologique impressionnant de roches érodées, telles de gigantesques orgues, de véritables cathédrales de dentelles, creusées dans la roche tendre par l’eau et le vent. deux zones se dressent dans l’espace désolée boliviens à quelques kilomètres de distance :

L’endroit est à 20 minutes de piste de San-Pablo de Lipez en direction de San-Antonio de Esmoruco

Au delà des cathédrales coiffées, on remonte à un col à 4750 m d’altitude d’où l’on découvre les espaces élevés du Cerro Bonete (5630 m). Ce col peut être une bonne base de départ pour gravir les jours suivants le Cerro Bonete situé au Nord-Est, à une journée et demi de marche du col.

En continuant la piste 20 km plus loin à la descente du col on rejoint un ruisseau au eaux claires. Les berges rocailleuses sont envahis par de sympathiques vizcacha (grand rongeur), une sorte de drôle de pokemon bolivien à mi chemin entre le lapin et le walabi.

Opportunités d’ascension autour de San Antonio de Lipez

Sur la route entre San-Antonio de Lipez et Quetena Chico, la région ne manque pas d’opportunité de randonnées et d’ascension en très haute altitude. Tout d’abord le Cerro Nuevo Mundo. La piste de San-Antonio de Lipez à Quetena Chico longe le versant Nord des jumeaux Cerro Nuevo Mundo et Cerro Lipez, à 5929 m. L’exploration du versant n’est pas souvent réalisé mais on peut facilement imaginé qu’en deux jours de trek il est possible de montée en très haute altitude et d’explorer le secteur en quête de bonne sensation. Le village de San-Antonio de Lipez est une bonne base de départ. les petits villages abandonnés, appelés les « Pueblo Fantasma » permettent de monter un peu plus en altitude mais sont légèrement plus éloignés à une dizaine de kilomètres sur la piste.

Les « pueblo fantasma » sont des villages miniers abandonnés de très longue date, témoin des prospections du minerais d’argent aux temps coloniaux. Ca et là restent encore les excavations opérées sur les flancs du Cerro Cachi Orkho culminant à 5350 m. La piste monte à un collet à 4800 m à moins de quelques heures de marche du sommet.

Toujours en continuant la piste après le collet à 4800 m après une légère descente de quelques kilomètres la piste reprend sa montée pour atteindre son point le plus haut à un peu plus de 4900 m d’altitude longeant un groupe de deux petites sommets à plus de 5000 mètres d’altitude au Sud. Ces éminences arrondi sont nommées Huayllayou Loma à 5046 m et Cerro Thiuyoj à 5050 m. De là, la piste descend vers le lac Morejon.

Au delà de la dépression du lac Morejon, la piste remonte à nouveau vers un collet à 4750 m. De là le Cerro Uturuncu 6008 se dévoile dans toute sa splendeur. Au niveau du col on peut aisément continuer à pied la crête vers le sud puis l’Est sur quelques kilomètres pour atteindre le petit groupe des Cerro Khuli Orkho au dessus de 5000 m.

Ce même collet à 4750 peut servir de camp de base à un pic bien plus élevé situé à entre 1 jours et demi et deux journées de marche, le Cerro Puca Orkho ou Soniquera (carte bolivienne) situé au Nord-Ouest du col, culminant à une altitude respectable de 5880 m - 5899 m d’altitude.

Ascension de l’Uturuncu, le 16 mars 2017

L’Uturuncu est un volcan très isolé en Bolivie, tout comme le Licancabur depuis ce même pays, aussi il est important d’être motorisé. Le sommet est un 6000 et à la sortie de Quetena-Chico un panneau indique clairement qu’il n’est pas autorisé d’en réaliser l’ascension sans l’aide d’un guide. Tout du moins dans la région, les guides n’en portent que le nom. Ce qui ne présage pas des compétences de tous les guides en Bolivie, notamment dans la Cordillère Royale. Toujours est-il que l’intervention des services d’un guide semblent obligatoire pour qui souhaite s’approcher en voiture au plus près du Volcan. En 2017, il vous en coûte 450 Bolivianos, soit environ 60 euros.

Même si le panneau indicateur est fortement incitatif, vous pouvez tenter de passer outre, et poursuivre le chemin, relativement facile à suivre, un fois traversé vers l’Est le bras de rivière à la sortie du Village. La trace est cohérente avec les cartes d’OpenstreetMap, ce qui rend l’accès facile à trouver après un deuxième bras de rivière toujours vers l’Est, on monte sur le front d’un langue de lave, puis parcourant toujours vers l’Est en prenant la piste la plus évidente, un peu caillouteuse. Un légère descente tournant au Sud, pour traverser la naissance d’un petit canyon entre deux langue de lave. On remonte ensuite en pente faible vers le Sud-Est pour aborder une courbe montante qui reprend au Nord-Est.

C’est alors que l’on peut constater 200 mètres plus loin, à son grand déplaisir, que la route est close par un bonne barrière solide et surtout cadenassée. On comprend donc tout le sens des exhortations du panneau d’information. Quand bien même on chercherait à échapper à son emploi, le guide demeure bien obligatoire, car comme simple service, il possède la clé (cruciforme je précise). La barrière est situé à peu près à 4550-4600 mètres d’altitude.

Il est à noter que les villageois se gardent de vous renseigner sur la présence de cette barrière. Il se contente d’offrir naïvement les services d’un guide. Et surtout gardez-vous d’envisager de briser le cadenas. La dizaine de guides locaux sont en étroite relation téléphonique entre eux tout au long de la journée, et savent parfaitement qui s’est rendu sur les lieux chaque jour. Il surveillent logiquement l’état des barrières et déduiront assez facilement qui a bien pu détruire le bien publique bolivien. En ces lieux où les touristes ne passent pas inaperçus, avoir à rendre des comptes aux représentants des forces publiques boliviennes n’est pas un sort enviable, au moins financièrement.

La seule façon de contourner le problème est tout simplement de poser la voiture sur un petit parking improvisé sur la boucle et de remonter depuis 4600 pour établir un bivouac vers 5200 et continuer l’ascension facile le lendemain. Pour notre part les péripéties furent les suivantes. Nous partîmes de bon matin vers 6 h pour constater à grand regret 10 km plus loin la clôture de la barrière et revenir dépités vers 8h à Quetena Chico. Là un guide nous fut alloué, et nous remontâmes ensuite, munie de la fameuse clé cruciforme, sésame de l’ascension, alors que le guide par étourderie allait lui-même l’oublier au départ. De retour sur les 10km de piste, une fois passée la barrière, nous quittons un peu plus loin la piste principale par un chemin de traverse vers les flancs nord du volcan, afin de monter le plus possible et d’éviter les zones neigeuses, mais notre fameux guide me fait emprunter en 4x4 un chemin de plus en scabreux à mesure que les mètres avancent, alternant bloc pierreux, étrécissements et zone molle. Tant est ci-bien qui nous voilà coincés sur la piste sans pouvoir faire demi-tour facilement. Un reconnaissance de Marcello plus en avant sur la piste ne donnent rien. Un piège viens de se renfermer sur nous avec cette initiative bien intempestive du « guide ». J’avise à quelques mètres un bord supérieur moins abrupte pour manœuvrer le 4x4 sur la piste de 3 mètres de large. Mais voici que l’on s’empêtre dans le sol mouvant alors même que j’avais réalisé la moitié de la manœuvre. Les roues avant sont presque au bord de la pente inférieure. J’ose à peine imaginer dans quel pétrin nous serions à 5200 mètres d’altitude bloqué attendant d’hypothétiques renforts des locaux venant du bas et notre ascension qui tombe à l’eau faute de jugement opportun sur la direction de piste à suivre. Mais l’heure n’est pas à la jérémiade intérieur ou extérieur, l’action prime …

Et chacun ne peut que s’affairer pour déblayer l’arrière du véhicule de la terre et des blocs pierreux qui bloquent la manœuvre. Chaque centimètre compte, et après 20 minutes d’effort, je passe en mode 4x4 avec le maximum de puissance pour une marche arrière salvatrice, remontant d’à peine 50 cm en distance sur le sol supérieur pour opportunément tourner une fois de plus les roues et être dégagé de ce piège infernal tout en évitant une saillie rocheuse au dessus à peine à 20 cm de la carrosserie. Ouf !!!. Un cri de triomphe jailli de ma gorge lorsque la voiture réussit in extremis le demi-tour libérateur, ce qui me permet au passage d’éviter de hurler sur Marcello et son foutu chemin ! Tout cela pour éviter 200 mètres de marche en plus.

20 minutes de perdu, mais nous sommes encore dans les temps !! Il est 10 heures du matin, après consultation avec Marcello, c’est possible, mais le temps n’est pas vraiment terrible, il est changeant sans être trop froid. Don c’est parti et nous n’avons pas trainé pour arriver finalement vers 13h au sommet sans éprouver vraiment de fatigue ni d’effet notable de l’altitude, à part l’essoufflement. Il faut croire que notre plan d’acclimatation par les ascensions successives des jours précédent à porter ses fruits.

Pour ce qui est de l’ascension de l’Uturuncu lui-même rien à dire, globalement on remonte le flanc nord-Nord-Ouest jusqu’à la selle entre les deux sommets, à 5700 pour ensuite remonter le cône terminal par sa face Ouest. Les conditions peuvent être variable, allant d’une montée entièrement sèche à un parcours de neige (déjà au dessus de 5500) dont les pentes terminales avoisinent les 30° sur 500 mètres de distance. La présence de neige et le froid peut imposer des chaussures de montagne, et de bon habits.

On peut rencontrer des conditions agréables, comme des conditions bien plus froide, dans une succession très rapide de temps changeant. Ce fut notre cas où arrivant à selle à 5700, un brise douce berce nos, il faut -2°c à -3°c. Nous y rencontrons peut après à la montée un joyeuse bande de jeune français tout heureux de clamer la primeur de l’ascension de ce jour, eux même successeur des ascensionnistes de la veille, et ainsi de suite. Somme toute, cela relativise l’exploit ! Mais le temps change, les signes du froid se font plus net, je leur indique qu’il n’est en général pas conseillé de monter un 6000 m en petite chaussure de randonnée, jean étroit, petit pull et simple anorak. Sans vraiment apprécié la qualité des gants de la petite troupe et même si la ballade paraît enfantine, je ne faisait que leur rappeler que le temps change très vite, et que pour l’exemple chacun de nos doigts est unique et ne repousse pas, à contrario des lézards. Nous les quittons sur cette réflexion, par les félicitations d’usage, alors même la féminine de la troupe, pas mieux vêtu pour autant, lançait déjà quelques minutes auparavant un appel vibrant et émouvant à ses acolytes : on y va il commence à faire froid !

Notre dernière montée voit le temps vraiment se gâter. je prête de vrais gants au guide Marcello qui avait oublié les siens en partant. Il avait même oublié les clés de la barrière. Dans les dernières pentes sommitales, Marcello a des velléités incompréhensibles de large zig-zag sur la droite pour une hypothétique admiration du paysage en contrebas. Notre petit monde n’a qu’une seule ambition parvenir le plus directement à la cime sur les 300 derniers mères de la faible pente qui s’annonce. Je prend les rênes de tête dans un dernier redoublement d’effort dans la neige molle sur 15 cm d’épaisseur. Je cède le pas à Marcello sur les 70 derniers mètres pour attendre Martine, alors même que le temps se gâte vraiment et les nuages nous enveloppe peu à peu. Nous arrivons tous au sommet un peu joyeux refroidi, mais peu éprouvé par la fatigue.

Le temps des félicitations, photos, et films d’usage, tout le monde se couvrent un peu plus, et bois un maté de coca chaud dans la thermos. Je suis le Saint-Bernard de la troupe avec mes 10 kg de sac contenant liquide nourriture et vêtement supplémentaire ou de rechange. La neige arrive presque immédiatement, la température s’abaissent en quelques minutes à -10°c. Le vent souffle formant presque un vent blanc. Je conseille à tout le monde de remballer les affaires et redescendre avant que cela ne se gâte un peu plus. La neige est drus et un quart d’heure plus loin nous sommes revenus à la celle à 5700 pour une pause méritée.

Retour à voiture et plus tard à Quetena Chico à trois heures de l’après-midi.

Conclusion: je n’ai rien contre Marcello, sans porter de jugement ni sur la qualité de l’homme, ni sur la qualité du guide. Nous nous sommes acquittés de la dîme sans contre-coeur. Mais je pense raisonnablement que l’on devrait pouvoir se passer d’un guide. La seule compensation morale c’est d’avoir participer à l’économie touristique de la région, en distribution directe. Mais je demeure certain que ce n’est pas un bon modèle de développement économique que de contraindre au paiement des ascensions tout simplement.

Rassurez-vous sur les autres 5000 du secteur tout est gratuit, mais ce ne sont pas des 6000 m.

Opportunités d’ascension autour de Quetena-Chico

Quetena Chico n’est pas à une altitude très élevé (4150 m) mais c’est un carrefour de communication assez idéale pour se rendre dans diverses zones de haute altitude. Sans même se rendre dans les au fin fond de la réserve naturelle Eduardo Avaroa, vers le Licancabur, on peut résaliser un tour de piste dans les 30 km de distance du petit bourg pour trouver des bases de départ de haute-altitude pour les divers sommets de la région. Le Cerro Quetena est le plus proche du village qu’il domine du haut de ses 5730 m d’altitude. Il faudra 1200 m de dénivelée pour s’y rendre à partir de la pite passant sur le versant Nord.

Objectif plus modeste le groupe du Cerro Palta-Orkho 5150 est une randonnée idéale d’acclimatation avec peu de dénivellé. Les Cerro Panizo et Viscachillas dépasse les 5350 m. Par la route plein sud de Quetena Chico, un col à 4700 m offre un grand choix de randonnées sur une bonne quinzaine de sommets du groupe des Cerro Suripukho et Cerro Colorado.

Plus loin à l’Ouest, on peut se rendre au Cerro Pabellon et Pabelloncito.

Quetena Chico est une bonne halte pourvu d’un hotel correct bien qu’un peu cher pour la Bolivie. On peut aussi s’y ravitailler en essence. Quetena Chico est à deux grosses journées de pistes de La Paz. Une grosse journée de route groudronnée de La Paz à Uyuni, puis une journée normale de piste entre Uyuni et Quetena Chico.

Henri Lévêque

Henri Lévêque

2 Likes