Bleau : Il faut sauver le circuit Mauve

UN REPERE HISTORIQUE
Véritable monument historique de l’alpinisme français que le circuit Mauve, dont les hauts blocs s’étendent à Larchant, autour de la DJ.
Composé par Maurice Martin en 1958, depuis les années 60 jusqu’au début des années 80, il fut un must de l’entraînement aux grandes courses, réputé bien au-delà du public parisien. En témoigne Tenzing Norgay, venu le grimper lors d’une visite en France. L’on voyait jadis au Chalet Jobert une photo montrant le vainqueur de l’Everest accomplir le rétablissement de sortie de la Dalle aux Pigeons. Mais c’est Desmaison, alors au sommet de sa gloire, qui en fut le plus ardent pratiquant, y réalisant un record de temps qui tiendrait toujours. Pour se remonter le moral durant tel bivouac éprouvant, aimait-il raconter, il parcourait de tête les passages de ce qu’on appelait également la « piste violette », qu’il connaissait prise par prise.

MENACE PAR L’OUBLI
L’évolution du bloc, surtout avec la généralisation du crash-pad, a fini par marginaliser la pratique des circuits. De moins en moins nombreux sont ceux dont on peut enchaîner l’intégralité, de plus en plus détériorés qu’ils sont par le lichen et autres végétations.
Cette situation est regrettable à deux égards :

  • Elle supprime un mode irremplaçable d’entraînement aux courses de montagne ou grandes voies classiques de falaise (voir l’article : L’exposition dans l’entraînement alpin en Ile de France)
  • Elle appauvrit le patrimoine culturel de la grimpe en rayant de la carte ce qui joua un rôle précieux dans la pratique des alpinistes parisiens durant des décennies.

UN ENTRETIEN DE PLUS EN PLUS DIFFICILE
Rénovant pour la troisième fois ce circuit, riche de 200 blocs dont 76 numérotés, je suis aujourd’hui confronté à une situation nouvelle qui risque de me faire renoncer à mon projet.

Mon précédent nettoyage date de 2009 avec une mise à jour effectuée en 2011, laquelle aura redonné vie à deux passages oubliés depuis plus de vingt ans sur le très beau bloc de la Dalle à Géo (n° 46 et 47).
L’an dernier, le circuit était encore grimpable. Avec un ami, nous l’avons parcouru en version « light » : blocs numérotés plus intermédiaires majeurs.
Depuis lors, l’hiver exceptionnel de 2012-2013 a sévi, laissant la forêt comme si des années s’étaient écoulées sans plus de fréquentation.
La futaie a poussé plus qu’à l’ordinaire, donnant à nombre de pins l’aspect de sols pleureurs avec des branchages ployant jusqu’à parfois couvrir le roc, y accentuant l’humidité qui à son tour a favorisé le foisonnement de la végétation, y-compris sur des blocs où l’on n’en voyait pas. D’étranges touffes d’herbes se dressent ainsi depuis des trous encombrés d’une terre moussue qu’un ruissellement incessant a dû convoyer.

Conséquence : mon travail prend cette fois-ci une dimension que je n’imaginais pas et cela commence à faire beaucoup pour un seul homme !

Imaginez que la remise en état de la Dalle aux Pigeons m’a demandé trois longues séances, que je passe parfois des deux ou trois heures pour un petit bloc et que tout ce que je fais ne servira à rien si je ne poursuis pas le travail d’élagage des branches gênantes, entamé grâce à une perche télescopique de 5 mètres - du travail de Romain quand il faut scier à bout de bras, parfois en équilibre précaire sur un bout de rocher.

Ensuite, il me faudra brosser les points de balisage et repeindre l’ensemble, aujourd’hui impossible à suivre si l’on ne connaît pas le circuit par cœur.

APPEL AUX GRIMPEURS SOUCIEUX DE LEUR PATRIMOINE
Si vous estimez que c’est du bonheur que de pouvoir grimper ces passages fabuleux à la suite de nos prestigieux anciens, merci de prendre contact avec moi. Quelques-uns s’y mettant, le circuit pourrait être prêt avant les grandes chaleurs de l’été (si elles viennent …) et de nouveau l’on pourrait le parcourir dans sa totalité en bonne sécurité.
Dans l’article cité ci-dessus, je lance également un appel pour la redécouverte de la pratique du circuit, moyen à mon sens nécessaire pour qui veut s’entraîner de façon complète aux courses classiques.

Alors n’hésitez pas : olivier.cazeaux@gmail.com

Bilan au 31 mai 2013

  • Départ au 23 : grimpable (14, 15,17 plus traversée « Carry Grant » avant le 19, nickel)
  • dièdre baveux (24,25) : en cours de réfection
  • traversée 26 : en réfection
  • dalle aux pigeons (28) : nickel (plus variante de droite)
  • mur de Chine (29, 30) : grimpable
  • secteur Caroline (31-37) : pas encore exploré
  • du Tank (38) à la Calanquaise (45) : grimpable (41 remis à neuf, ainsi que la traversée (43) conduisant à la Souverain (44) également rénovée.
  • l’Enjambée du 41 (bloc précédent la Souverain) est neutralisée par une « patrouille » d’abeilles venant du nid de plus en plus fourni qui barre la descente 42 et l’orange 31
  • section Dalle à Géo Tour de Pise (46-51) : pas revue
  • Section 52 – arrivée : Arête (52) : nickel, Dalle Brégeault (60) : nickel, suite correcte mais à revoir, Traversée à Mimiche : nickel, Traversée tournante du 74 : nickel
  • Suite à revoir.

Bon courage à toi et espérant que tu trouves des volontaires pour t’accompagner.

Je ne suis plus dans la région, mais sur le constat je ne peut être que d’accord avec toi. Il y a bien déjà 5-6 ans Bleau était mon terrain d’entrainement aux courses rocheuses de montagne.

Trop peu pratiquent encore les circuits comme ils ont été conçu, et pourtant c’est tout une histoire, et surtout riche d’enseignement quant à sa pratique de l’alpinisme. Nous avions poussé le vice à pratiquer les plus faciles en grosses… Un réel plaisir, et surtout le meilleur entrainement dans la région. Toute sorte d’escalade s’enchainait, dalle, dièdre, surplomb, fissures, traversées parfois bien humide… mais il fallait passer, comme dans une grande voie rocheuse des alpes, une longue traversée d’arête où les ressaut techniques sont entrecoupés de séquences plus faciles.

Et comme tu le dis, le circuit mauve fait partie des monuments de l’alpinisme, mais nécessite un entretien, qui plus est par ces temps dépri… euh non détrempés.

Alors je te souhaites, comme dit au début du message, beaucoup de courage et que cette discussion puisse t’aider à trouver des alliés.

Posté en tant qu’invité par Pierrrre:

J’affute mes brosses à poil dur et, sachant que tu es injoignable à c’t’heure, je te passe un coup de fil dans la soirée !

Posté en tant qu’invité par Pierrrre:

Olivier, ton adresse mail semble ne pas être la bonne… et je n’ose te joindre te joindre par téléphone :slight_smile: . Je suis disponible demain matin, n’hésite pas à me contacter, même tard.

Salut Olivier,

Je relaye sur la TL2Bleau… sait on jamais :wink:

Voilà qui et fait !
Merci à Olivier
http://tl2bleau.blogspot.com/2013/06/qui-pour-entretenir-le-celebre-circuit.html

Salut et merci pour l’entretien de ce circuit (hélas, un peu loin de chez moi).

Est-ce qu’il y a une interdiction pour grimper? Tout le monde est persuadé que la partie de Mauve dont la DJ est fermée d’accès. Les gens ne veulent pas y aller par la crainte des gendarmes.
A part de gendarmes (tu les as jamais vu?) reste le problème d’érosion, peut-être la vraie solution, c’est l’aménagement des sentiers vers les rochers.

Posté en tant qu’invité par Young Blozard:

Un vieux bleausard m’a un jour raconté que la bande à Desmaisons se faisait 2 fois circuit orange et 1 footing d’une heure avant d’enchaîner le mauve. Tu penses qu’ils avaient la caisse quand ils descendaient à Cham’…

Oui, le mauve est incontestablement un moyen efficace de s’entraîner (cf. point ci-dessus). Reste qu’il faut quand même être sûr de son coup lorsque l’on engage dans un bloc de 6 mètres. Autrement dit : j’ai beau faire 7a bloc, je ne suis pas prêt à me lancer sur la plupart des blocs en 3 ou 4 du mauve, parce que je tiens à mes genoux.
Mais si quelqu’un m’y inities, pourquoi pas…

J’ai toujours eu un petit faible pour les secteurs de Nemours, Larchant, Petit Bois, etc. Surement l’attrait de la rareté (c’est loin, on s’y rendait pas souvent). L’expo aussi peut-être …
J’aurais bien donné un coup de main mais je suis un peu loin désormais.
Bon courage et coup de chapeau pour cette opiniâtreté à préserver les œuvres des anciens!

Posté en tant qu’invité par Pierrrrrrrrre:

Et deux blocs « nickelisés » de plus, deux ! (37 et 38)

Foncez, c’est un très circuit, et de saison en plus … il s’use surtout si on ne s’en sert pas !

Posté en tant qu’invité par Charles77760:

La pratique dans les années 70 était de parcourir les circuits pour s’entrainer à la montagne et
le dénivelé du mauve correspondant à une course moyenne était parfaitement adapté
la notion de chute n’était pas du tout dans les préoccupations y compris sur l’arête larchant avec une jolie sortie dans le surplomb
à gauche avec des gros trous…

Le meilleur temps que j’ai connu était légèrement - que 50 mn (demaison ?, paragot ?, bérardini ?, …)

je grimpais chaque semaine à la DJ et le jeux était d’aller « faire le mauve » le matin trés tot puis… d’aller grimper et enfin d’aller se finir au cuvier avant de rentrer.

ce circuit s’est fait avec 10 cm de neige ! ou la nuit à la frontale , ou 3 fois dans la journée (dont la première en moins d’une heure) ! avec coma à l’arrivée ! …
dans diverses tenues…etc

Il n’a jamais été très pratiqué et La couverture végétale a beaucoup modifié l’ensoleillement , les pins ont énormément poussé et je crains que le
démoussage soit sans espoir sauf a tronçonner la plupart des arbres (peu envisageable).

je ne l’ai pas fait depuis longtemps mais je l’ai encore en mémoire et dans le bout des doigts

j’irais avec plaisir brosser ! ou reconstituer les passages disparus si c’est utile

Merci de me faire signe

Il suffit de m’écrire à l’adresse indiquée : olivier.cazeaux@gmail.com

Effectivement, le gros du travail consiste à élaguer et parfois haut dans les arbres, à défaut de quoi ,
c’est peine perdue.
Olivier

PS 1 : avec une dénivelée de plus de 1000 m. (1200 m. d’escalade effective selon Antoine Martin, l’auteur), si cela simule dune course « moyenne », on peut se demander qu’est-ce qu’une course difficile ?

PS 2 : suis un peu dubitatif sur les 10 cm de neige ; j’ai escaladé avec corde la face ouest de la DJ par temps de neige avec givre, mais joindre les rochers et les sortir tout simplement mouillés, le rocher ne sy prête pas. Même des crampons et du piolet n’accrocheraient pas de façon fiable… mais bon.

Avant de parler de genoux, c’est d’abord les chevilles, le dos, la tête, la vie…

Mais tout s’apprend en acceptant de démarrer modestement : le jaune de la DJ, puis l’Orange, puis le Mauve, par portions. Brosser est aussi un bon moyen d’entrer dans la « philosophie » du style de grimpe locale.
Ol

[quote=« Charles77760, id: 1522654, post:11, topic:134122 »]La pratique dans les années 70 était de parcourir les circuits pour s’entrainer à la montagne et
le dénivelé du mauve correspondant à une course moyenne était parfaitement adapté
la notion de chute n’était pas du tout dans les préoccupations y compris sur l’arête larchant avec une jolie sortie dans le surplomb
à gauche avec des gros trous…

Le meilleur temps que j’ai connu était légèrement - que 50 mn (demaison ?, paragot ?, bérardini ?, …)

je grimpais chaque semaine à la DJ et le jeux était d’aller « faire le mauve » le matin trés tot puis… d’aller grimper et enfin d’aller se finir au cuvier avant de rentrer.

ce circuit s’est fait avec 10 cm de neige ! ou la nuit à la frontale , ou 3 fois dans la journée (dont la première en moins d’une heure) ! avec coma à l’arrivée ! …
dans diverses tenues…etc

Il n’a jamais été très pratiqué et La couverture végétale a beaucoup modifié l’ensoleillement , les pins ont énormément poussé et je crains que le
démoussage soit sans espoir sauf a tronçonner la plupart des arbres (peu envisageable).

je ne l’ai pas fait depuis longtemps mais je l’ai encore en mémoire et dans le bout des doigts

j’irais avec plaisir brosser ! ou reconstituer les passages disparus si c’est utile

Merci de me faire signe[/quote]

Héhé, amusant de te croiser ici, Papa!

Je l’ai encore fait l’année dernière, mais je suis bien le seul de tous mes copains grimpeurs à y trouver un intérêt quelconque (et à ne pas penser que c’est du suicide).
Tant que ce circuit ne sera pas de nouveau fréquenté, tous les brossages du monde ne serviront pas à grand chose.
Bravo pour ton gros travail Olivier, si je reviens à Paris l’année prochaine je viendrai brosser un peu ce joyau bellifontain, sois en sur.

Flo

Posté en tant qu’invité par charles77760:

[quote=« bloli, id: 1522755, post:12, topic:134122 »]Il suffit de m’écrire à l’adresse indiquée : olivier.cazeaux(%)gmail.com

Effectivement, le gros du travail consiste à élaguer et parfois haut dans les arbres, à défaut de quoi ,
c’est peine perdue.
Olivier

PS 1 : avec une dénivelée de plus de 1000 m. (1200 m. d’escalade effective selon Antoine Martin, l’auteur), si cela simule dune course « moyenne », on peut se demander qu’est-ce qu’une course difficile ?

On peut difficilement comparer un circuit de bleau fut-il le mauve avec une course en montagne … même facile, quand a 1000 m de dénivelé pour une course c’est trés banal .
j’ai de trés bons souvenirs de courses réputées difficiles faites en courant ou presque grâce a cet entrainement

Probablement beaucoup moins que 1000 m plutot 800 m ce qui n’est déja pas mal ! en plus certains blocs se sont écroulés depuis la création .

PS 2 : suis un peu dubitatif sur les 10 cm de neige ; j’ai escaladé avec corde la face ouest de la DJ par temps de neige avec givre, mais joindre les rochers et les sortir tout simplement mouillés, le rocher ne sy prête pas. Même des crampons et du piolet n’accrocheraient pas de façon fiable… mais bon.[/quote]

Mais si mai si c’est possible ! le fait que tu en doutes (ce qui est insultant soit dit au passage ) montre bien l’évolution des pratiques et de la perception des risque (évolution pas forcément mauvaises d’ailleurs ) et la première fois que j’ai fait la dalle au pigeon c’était sous une pluie battante !
autres temps …

reste plus qu’a aller brosser c’est vrai pour d’autres circuits: bleu de buthiers auberge, orange& bleus de gros sablons, noir et autres du Puiselet pourtant trés intéressants etc…

Salut Flo !

Loin de moi d’insulter un ancien !
Je me disais seulement qu’entre dégager un peu de neige tout juste tombée et pratiquer un circuit tapissé de neige, sous laquelle avec le froid le roc est givré, il y a une grosse marge.
Quant à grimper sous la pluie, il me semble suffisant de le faire quand on y est contraint, en montagne ou en falaise… et cela marche sur du roc propre. Le faire à Bleau est plus que du danger supplémentaire, cela n’est guère plaisant.
Et puis, si l’on peut grimper sous la pluie, alors à quoi bon brosser ? C’est quand même plus facile de faire une adhérence sur du lichen que sur une prise marbrée toute glissante, non ?
Pour moi, le danger doit être bien calculé. On ne peut jamais être sûr qu’une prise ne va pas casser (cela m’est arrivé une paire de fois en situation) mais s’aventurer en terrain douteux quand il s’agit de s’entraîner, c’est davantage s’en remettre à la chance qu’au savoir faire. Cela dit, chapeau pour toutes les prouesses, quoi qu’on en ait.

Posté en tant qu’invité par elbilloutte:

je dois avouer quelque chose, je ne connaisais pas ce circuit…
Il faut dire qu’à Bleau il y a beaucoup de circuit et beaucoup de blocs, donc déjà de tous les connaitre c’est pas façile…
Ensuite, je pense qu’avec la spécialisation des disciplines, de moins en moins de grimpeurs (profil type bloqueurs) vont aller s’embêter dans un circuit avec des cotations dans le 4 mais exposé…
En effet quand je vois des gars utiliser 4 tonnes de pof et 3 épaisseurs de crash pads pour des blocs de 2 mètres de haut, je me dis que ce genre de circuit n’est pas trop fait pour eux.
En plus ceux qui veulent s’entraîner pour la montagne vont plutôt faire les 25 bosses…
mais en tout cas je risque très sérieusement d’aller y traîner mes chaussons…

pour faire un petit retour de ma première impression de ce we sur le circuit de la Dame Jouanne :
C’est vrai que c’est sacrément haut! je n’ai pas tout testé loin de là (quelques oranges et mauves ) car j’avais juste emporté mes baskets…
ensuite pour faire un retour du pourquoi du comment il est moins pratiqué :
il y a une raison simple qui me saute aux yeux : de Paris c’est loin ! (il y a plein d’autres sites qui sont plus proches)

J’avais tout enchaîn une journée il y a bientôt 10 ans sauf les 2 blocs de la DJ (qui sont super hauts…).
A l’époque déjà, j’ai du me battre contre la hauteur (et les abeilles!).
Un bien beau circuit.
Je suis trop loin pour vous aider, mais je suis de tout coeur avec vous !

je m’y collerai au nettoyage dès que les beaux jours reviendront. En tout cas c’est vraiment beau…