Bivouacs de fortune

Posté en tant qu’invité par catherine:

Je vous propose de raconter ici vos expériences de bivouac « accidentel »,
ou de mettre un lien sur un tel récit.

Il me semble que cela est instructif de savoir comment on peut se débrouiller,
et peut-être de discuter de matériel à prévoir « au cas où ».

Si Francois est d’accord, je mets ici le lien sur son bivouac vers le sommet du Mt Blanc

Posté en tant qu’invité par un ptit nouveau:

Je vais sûrement pas rivaliser avec Maitre François, mais bon, j’me lance.

J’avais envie d’une longue marche en raquettes; un weekend raquettes, ça te tente? Non, je vais skier/ Non je vais skier/Non je vais skier… (camarades, bourgeois, camarades, fils à papa, moi j’ai que des raquettes et j’men fous!)

Bon, personne. Alors j’prépare bien le coup, maison de la montagne, guide qui « fait » prof d’escalade pour les étudiants… Il me dit d’emblée: « t’es plutôt du genre coin paumé qu’autoroute, non? »
Ah, ça se voit tant que ça??? Bon, ok, il me conseille. Le lac du poursollet. « Plein de cabanes autour, tu trouveras sans problème à t’abriter ». Génial, merci.

Par acquis de conscience, je passe quand même à la maison de la montagne… bon, le gars est dubitatif quand je lui parle des cabanes ouvertes, mais quoi, c’est quand même un guide qui me l’as dit, alors des deux, j’me fie à celui que je pense être le plus expérimenté.

Départ en stop (camarade, bourgeois… ok, j’le refais pas) et arrive en dessous de l’Alpe de Grand Serre. La route vers le lac est bien sûr fermée à cette saison, piste damée par le passage, c’est bien du coup je sors pas les guètres. Il y a bien un peu de neige qui vient atterir sur les chaussettes, mais je me dis que ça sèchera bien d’ici le lendemain. Le chemin est impecable, j’avance vite dessus, sans tarder non plus car l’après-midi est bien avancée. J’arrive au lac.

Mais c’est un hameau! ah bah oui, ça des cabanes il y en a! Enfin des cabanes, des chalets (kwa!)! Bon, il y a bien un abris dans tout ça, non?

Je tourne, vais de l’un à l’autre. Mais c’est quoi ce bazar? il y a pas une porte d’ouverte? bon, là je commence à passer dans des coins ou j’enfonce bien, j’vais quand même pas sortir les guètres si près du but? Alors je continue de tourner, j’marrête pas trop car le soleil est sur le point de se coucher et le froid arrive vite. Bon, rien.

MAIS ÇA FAIT COMBIEN DE TEMPS QU’IL EST PAS VENU LA LE GUIDE??? nom de nom!

Et puis là il est trop tard pour revenir en arrière. J’pourrais bien rentrer jusqu’à la route, mais ensuite? je vais jamais trouver une voiture pour remonter sur Grenoble à c’t’heure!!!

Bon, en désespoir de cause, j’avise un fringant chalet avec un balcon au premier étage, que recouvre largement le toit… Pour peu qu’il fasse pas trop de vent, je serai un peu abrité même s’il neige. un poteau de soutien me sert à grimper, je m’installe.

Ouh! il me parrait tout petit mon matelas 2/3! Bon, je sors le duvet…Mais c’est que je suis en plein courant d’air, moi! le balcon est fait de planches disjointes, de l’air vient donc d’en dessous… Allez, je croque vite le boulgour que je me suis fait cuire avant de partir (ben oui, je croque, il a déjà gelé…) et je me glisse dans le duvet… D’abord une agréable sensation de tiédeur, mais passé quelques minutes, le froid reprend le dessus… Je ferme les écoutilles au maximum, rajoute une couche…

La montre à portée de mains, je vois les heures passer, une à une. Les pieds sont douloureux, j’ai gardé les chaussettes humides dans le duvet pour qu’elles sèchent, mais j’ai les petons glacés du coup… je tâte le duvet en sortant timidement une main… recouvert de givre. Bon, j’y peux rien de toute façon.

6h, allez, j’vais pas traîner davantage, ça servira à rien. Bon, sortir du duvet… Chaussures… et m…, elles ont gelé! je prends la première et souffle… pas très efficace, mais ça finit par s’assouplir assez pour y glisser le pied. aie! ça fait mal!
La deuxième, en gardant la deuxième jambe dans le duvet… ça y est les deux pieds sont chaussés.
Un ami me parlait toujours de l’onglée, j’avais jamais compris de quoi il parlait. Ah! ok, je comprends maintenant et m’en serait bien dispensé! Bon, bien sur la poche à eau est gelée, je fais chauffer un peu de neige pour le thé… deux tranches de pain, départ.

Le guide m’avait dit: « le grand Galbert, ça fera une bonne journée » Alors je me lance. Bon, je devrai trouver un GR, mais je vois rien. Il y a juste une trace qui part trop à gauche mais je vois sur la carte ce à quoi ça peut correspondre, je suis.

Obligé de m’arrêter de temps en temps pour glisser les mains sous les aisselles le temps de les réchauffer, p…ain d’onglée, ah ça oui, je sais ce que c’est maintenant!

J’arrive à quelques chalets, ce qui me permet de bien me repérer, j’attrappe alors la crête, qui finira par me mener au sommet… le boulgour est toujours aussi croquant, la poche à eau toujours glacée, je bois rien et mange à peine. Redescente vers le creux du vallon, bergerie, lac canard que j’imagine, et je me retrouve faceà un bon ressaut qui surplombe le hameau du poursollet… ça passe quand même, j’enquille la redescente rapidement pour ne pas arriver à la nuit. Et trouverai une voiture pour me ramener directement…

Posté en tant qu’invité par fred:

Hum moi j’ai du faire deux bivouacs improvisés dans mon passé…
Le premier c’est celui-ci.

On formait un groupe de 3 cordées pour faire la Torre Trieste « la carlesso » (n°96 dolomites orientales des 100 plus belles). Beau temps, en face sud, pour 700 mètres de grimpe et de tête il faut 25 longueurs en faisant un peu de corde tendue. Bref va falloir faire vite…

Je prends 1.5 litres d’eau pour grimper léger, c’est juste mais je bois beaucoup avant de partir… Il faut être léger. On se lève à l’aube et en 45 mn on est à l’attaque. Départ vers 07h00… MALHEUR mon compagnon avec sa bouteille en plastique rigide perce ses 1.25 litres pour la journée !!!

J’arrive au sommet en piteux état, un peu énervé et je jette mes chaussons (usés et c’était la dernière avant de repartir). Un peu énervé d’être comme ça parce que j’ai du partagé une eau qui de toute façon était deja insuffisante ! Ceux avec qui je grimpe savent que je bois bcp…
Bref 12 h 00 d’escalade plus tard on attaque la descente, elle commence par quelques rappels puis de la desescalade… A 20 h 30 on s’arrête (mi-aout) car on commence à se faire peur avec un rappel en bout de corde dans le noir… Il y a une grande vire donc on s’arrête et on brûle les topos papiers pour allumer un feu avec quelques morceaux de végétation qui a le bonheur (malheur !) de se trouver là.

Bien sûr moi je n’ai rien de spécial pour bivouaquer sauf je crois une petite polaire, un compagnon me donne un morceau de couverture de survie (50 cm sur 60 cm) ce qui est mieux que rien… on est à 2300 m et la nuit c’est frisquet. La langue collée faut essayer d’attendre le matin comme ça…

Le lendemain en 2 heures on est de retour à proximité du départ avec un joli ruisseau, je dois dire que je lui ai fait sa fête à ce ruisseau !!!

Un bivouac mémorable avec un peu d’eau de suintement boueuse que certains ont plus ou moins léché sur les parois dans la nuit…

Posté en tant qu’invité par catherine:

dès que j’ai un moment, je vous raconterai 2 de mes bivouacs imprévus :

  • à la Meije
  • au Col de Cristaux

[i]en fait, ce message est pour faire remonter ce fil :wink:
…les récits du p’titnouveau et de fred sont super ! merci !

bon, les autres, on attend !!! [/i]

[%sig%]

up

Trop rapide je bivouque pas :lol::lol::lol:

J’ai un souvenir de bivouac pas extraordinaire mais qui m’a laissé un bon souvenir a posteriori, quelque part dans les Pyrénées au-dessus d’Ax-les-Thermes, peut-être vers Mérens (je me souviens que ça correspondait à une race de cheval peu commune), c’était vers 1994.

On randonnait à trois en avril, la montagne était encore enneigée, on arrivait de Nantes pour un week-end à rallonge (la rallonge, on se l’était offerte, le week-end devait être normal, mais à 20 ans et des, on s’en fout). La rando avait été prévue à partir de cartes IGN, ouvertes sur le sole d’une piaule, probablement en buvant une bière ou en fumant un pèt’.
Mais une fois sur place, si les cabanes prévues pour la nuit étaient bien là où elles devaient être, ce qui était déjà pas mal, signe qu’on ne s’était pas perdus, elles présentaient en revanche quelques défauts.
La porte de la première avait été mal fermée, juste entrouverte de quelques cm, et se retrouvait ainsi coincée par une congère se trouvant à l’intérieur : une heure de coups de piolet à travers le petit espace pour essayer de briser cet obstacle, et la nuit tombant, il fallu se résoudre à aller voir plus loin… La suivante tenait plus du bunker que de la cabane : tout en béton, bien neuve, porte et volet(s) métalliques, peints en vert je crois, inviolables et malheureusement verrouillés… Nous dûmes bivouaquer, devant cette construction, la réflexion du soleil sur la façade ayant heureusement fait fondre la neige, ce qui nous permit de mettre les duvets et les matelas de sol (en mousse) sur la terre et non sur la neige. Mais si mes deux camarades avaient de bons duvets, le mien était plus pour des températures de 5°c. J’ai rarement eu aussi froid de ma vie, en sandwich entre mes deux potes en espérant qu’ils puissent un peu me réchauffer… La nuit suivante, nous trouvâmes un vrai refuge en bois, spacieux, confortable, vide.

Une autre fois (dans la ville de Foix…), ou était-ce la première nuit de cette rando, à plus basse altitude, nous ne pûmes dormir dans une cabane de pierres sèches. Un cadavre de renard était enfoui sous la paille, et l’odeur de charogne était insoutenable, même après qu’on ait envoyé le cadavre loin, le plus loin possible. Nous nous résolûmes à bivouaquer juste devant une belle cabane - la scoumoune.