Posté en tant qu’invité par un ptit nouveau:
Je vais sûrement pas rivaliser avec Maitre François, mais bon, j’me lance.
J’avais envie d’une longue marche en raquettes; un weekend raquettes, ça te tente? Non, je vais skier/ Non je vais skier/Non je vais skier… (camarades, bourgeois, camarades, fils à papa, moi j’ai que des raquettes et j’men fous!)
Bon, personne. Alors j’prépare bien le coup, maison de la montagne, guide qui « fait » prof d’escalade pour les étudiants… Il me dit d’emblée: « t’es plutôt du genre coin paumé qu’autoroute, non? »
Ah, ça se voit tant que ça??? Bon, ok, il me conseille. Le lac du poursollet. « Plein de cabanes autour, tu trouveras sans problème à t’abriter ». Génial, merci.
Par acquis de conscience, je passe quand même à la maison de la montagne… bon, le gars est dubitatif quand je lui parle des cabanes ouvertes, mais quoi, c’est quand même un guide qui me l’as dit, alors des deux, j’me fie à celui que je pense être le plus expérimenté.
Départ en stop (camarade, bourgeois… ok, j’le refais pas) et arrive en dessous de l’Alpe de Grand Serre. La route vers le lac est bien sûr fermée à cette saison, piste damée par le passage, c’est bien du coup je sors pas les guètres. Il y a bien un peu de neige qui vient atterir sur les chaussettes, mais je me dis que ça sèchera bien d’ici le lendemain. Le chemin est impecable, j’avance vite dessus, sans tarder non plus car l’après-midi est bien avancée. J’arrive au lac.
Mais c’est un hameau! ah bah oui, ça des cabanes il y en a! Enfin des cabanes, des chalets (kwa!)! Bon, il y a bien un abris dans tout ça, non?
Je tourne, vais de l’un à l’autre. Mais c’est quoi ce bazar? il y a pas une porte d’ouverte? bon, là je commence à passer dans des coins ou j’enfonce bien, j’vais quand même pas sortir les guètres si près du but? Alors je continue de tourner, j’marrête pas trop car le soleil est sur le point de se coucher et le froid arrive vite. Bon, rien.
MAIS ÇA FAIT COMBIEN DE TEMPS QU’IL EST PAS VENU LA LE GUIDE??? nom de nom!
Et puis là il est trop tard pour revenir en arrière. J’pourrais bien rentrer jusqu’à la route, mais ensuite? je vais jamais trouver une voiture pour remonter sur Grenoble à c’t’heure!!!
Bon, en désespoir de cause, j’avise un fringant chalet avec un balcon au premier étage, que recouvre largement le toit… Pour peu qu’il fasse pas trop de vent, je serai un peu abrité même s’il neige. un poteau de soutien me sert à grimper, je m’installe.
Ouh! il me parrait tout petit mon matelas 2/3! Bon, je sors le duvet…Mais c’est que je suis en plein courant d’air, moi! le balcon est fait de planches disjointes, de l’air vient donc d’en dessous… Allez, je croque vite le boulgour que je me suis fait cuire avant de partir (ben oui, je croque, il a déjà gelé…) et je me glisse dans le duvet… D’abord une agréable sensation de tiédeur, mais passé quelques minutes, le froid reprend le dessus… Je ferme les écoutilles au maximum, rajoute une couche…
La montre à portée de mains, je vois les heures passer, une à une. Les pieds sont douloureux, j’ai gardé les chaussettes humides dans le duvet pour qu’elles sèchent, mais j’ai les petons glacés du coup… je tâte le duvet en sortant timidement une main… recouvert de givre. Bon, j’y peux rien de toute façon.
6h, allez, j’vais pas traîner davantage, ça servira à rien. Bon, sortir du duvet… Chaussures… et m…, elles ont gelé! je prends la première et souffle… pas très efficace, mais ça finit par s’assouplir assez pour y glisser le pied. aie! ça fait mal!
La deuxième, en gardant la deuxième jambe dans le duvet… ça y est les deux pieds sont chaussés.
Un ami me parlait toujours de l’onglée, j’avais jamais compris de quoi il parlait. Ah! ok, je comprends maintenant et m’en serait bien dispensé! Bon, bien sur la poche à eau est gelée, je fais chauffer un peu de neige pour le thé… deux tranches de pain, départ.
Le guide m’avait dit: « le grand Galbert, ça fera une bonne journée » Alors je me lance. Bon, je devrai trouver un GR, mais je vois rien. Il y a juste une trace qui part trop à gauche mais je vois sur la carte ce à quoi ça peut correspondre, je suis.
Obligé de m’arrêter de temps en temps pour glisser les mains sous les aisselles le temps de les réchauffer, p…ain d’onglée, ah ça oui, je sais ce que c’est maintenant!
J’arrive à quelques chalets, ce qui me permet de bien me repérer, j’attrappe alors la crête, qui finira par me mener au sommet… le boulgour est toujours aussi croquant, la poche à eau toujours glacée, je bois rien et mange à peine. Redescente vers le creux du vallon, bergerie, lac canard que j’imagine, et je me retrouve faceà un bon ressaut qui surplombe le hameau du poursollet… ça passe quand même, j’enquille la redescente rapidement pour ne pas arriver à la nuit. Et trouverai une voiture pour me ramener directement…