Posté en tant qu’invité par Alexis:
Salut,
Sans être un spécialiste du bivouac, j’ai déjà quelques expériences en la matière … Hum, bon, bon …
Tout dépend de la saison, de l’altitude, de la météo, de l’objectif … C’est une réponse de Normand, je m’explique :
Olan, voie Devies-Gervasutti, août 1998 : Suite à diverses erreurs malencontreuses sur l’évaluation du niveau de la cordée, suite à blessure due à chute de pierre (une côte félée), nous nous retrouvons à descendre de nuit l’arête Ouest de l’Olan. Mon compagnon grogne et refuse d’engager des rappels sur cet itinéraire peu raide, au rocher incertain, à l’itinéraire compliqué, … Du coup, vers 3100m, nous voilà assis sur une vire à attendre le jour. Equipement : un sac de 25-30l, une micro-micro doudoune, un Kway, un teeshirt technique, une polaire fine un collant, un pantalon pas coupe-vent, des chaussures en cuir, un bonnet, des moufles (un slip et des chaussettes aussi je crois ;-). La doudoune sur moi, enroulé dans la couverture de survie, maintenue par le Kway fermé dessus. Pour le bas, chaussures délacées, les pieds emballés dans le sac à dos qui dans le même temps permettait de maintenir la couverture de survie (un sac avec une réhausse, c’est pas mal). Pour les fesses : assis sur une des cordes off course.
Une météo clémente nous a permis de dormir un peu. Et de rattaquer le lendemain cette descente infernale qui s’est achevée vers 14-15h au refuge de Font Turbat. Moralité, ben on a manqué d’eau … Pour ces voies rocheuses à pas trop haute altitude, un bout de pipette permettant de têter le moindre suintement à même la roche est assez utile.
Arête Est du Grand Armet, 2 janvier 2005 : bivouac prévu. Météo pas trop froide, altitude 2500m. Exactement le même principe, mais avec un babygros en polaire, un pantalon Goretex, une doudoune avec 500gr de duvet, une couverture de survie et un sac plus gros. Assis sur une vire, nous n’avons presque bien dormi. Avec un petit réchaud pour trois, nous avons pu faire de l’eau, faire de la bouffe chaude (surtout des soupes … le poids).
Cerro Morado, juillet 1999 (l’hivers là-bas), voie normale, 1000m, AD+ : bivouac à 4800 avec un gros duvet (900gr de plumes, 1.6kg chez Valandré ou Pinel) et un matelas 3/4, pas de sursac, petite plateforme entourée de pierres. pour bien m’isoler, j’avais toutes mes affaires, sac compris sous moi. Malgré le vent important de cette nuit-là, le mur de pierre me protègeait bien et j’ai super bien dormi !
Aconcagua, voie des Polonais direct, AD en neige sans passages rocheux, janvier 2001 (l’été là-bas) : avec le même duvet, emballé à deux dans un espèce de grand sursac (mais chacun son duvet, hein ? Cochons !), tops nuits dont deux ou trois à plus de 5000 et une tempête (pour l’acclim, pour une autre voie que nous avions tenté …).
Voilà des voies de niveaux de plus en plus facile. Le confort augmente plus vite que la rudesse des conditions.
Par contre, deux ou trois remarques :
- une nuit après est plus facile à vivre qu’une nuit avant …
- il est très possible de bourriner une trentaine d’heures. Si l’approche n’excède pas 4 ou 5 heures, et que la voie ne requiert pas de conditions de fraîcheur particulière ; si, en plus , la descente est facile … gaz sans dormir !
- On peut grimper dans du bien plus que du 4+ sans chaussons aujourd’hui.
Alexis