Betabloquants et montagne

Bonjour
Y a t il ici des personnes qui pratiquent des sports de montagne (ne serait-ce que la randonnée en altitude…) en étant sous traitement bétabloquant?
J’aimerais échanger avec elles/eux.
Merci

Oui. Quelles sont tes questions?

Bonjour,
As-tu essayé de contacter des associations ? À Lyon par exemple il y a Montagne & Santé, créés par des médecins, pour permettre à des personnes cardiaques de continuer la montagne. Il y en a sûrement d’autres du même type et avec qui tu pourras échanger.

Les traitements bétabloquant ne sont pas seulement destinés aux personnes cardiaques.

Oui, je sais, c’est pour cela que j’ai dit « des associations » sans préciser, Montagne & Santé n’étant qu’un exemple ; il y a sûrement des associations pour d’autres types de pathologies, mais je ne les connais pas :slight_smile:

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J’essaie de rassembler informations et témoignages pour comprendre ce que je peux espérer continuer à faire avec un traitement BB au long court… Aucun problème cardiaque. Pas de contre-indication des sports d’endurance.

Mes questions:
Comment as-tu adapté ta pratique par rapport à ce qu’elle était avant les BB? Comment gérer l’effort? Comment maintenir sa condition physique ou en regagner un minimum après un arrêt de toute activité?

Les médecins spécialistes qui me suivent ne connaissent rien au sport et encore moins aux sports de montagne et il n’est pas possible d’avoir de dialogue éclairant avec eux à ce sujet (ce n’est pas faute d’avoir essayé).

Vous pouvez me répondre en mp si vous préférez pour raison de confidentialité…

merci pour vos messages

Effectivement, on trouve assez facilement de bonnes sources d’info sur le sport et les pathologies cardiaques, des cardiologues du sport etc. Mais ce n’est pas forcément pertinent pour qui n’est pas cardiaque.

Les betabloquants sont aussi couramment prescrits pour d’autres indications: hypertension par exemple…

Bonjour,
as-tu essayé d’en parler avec un médecin du sport ? Il doit pouvoir au moins te donner des pistes

Aucun problème pour en parler ouvertement ici, si ça peut servir à d’autres ;).

Pour commencer, je vais détailler mon cas pour ne pas te donner de mauvais conseils. Car selon ton problème, mon expérience te servira plus ou moins.

Perso j’ai développé des extrasystoles, de légères arythmies quand j’ai arrêté le sport de compétition (hockey sur glace) à 17 ans. Aucune idée si relation de cause à effet entre les deux. A priori non. Au début, ça me déclenchait des tachycardies modérées à la récupération d’un effort physique type fractionné. Désagréable mais pas trop gênant, ça me faisait comme un battement parasite au battement normal de mon cœur. J’ai fait des tests d’effort qui n’ont rien démontré d’anormal. Aucun problème cardiaque non plus. Je n’ai pas changé grand chose à ma pratique sportive en général (j’ai même repris la compet’ en roller-hockey). Mes extrasystoles revenaient de temps en temps, j’attendais que ça passe. De nouveaux tests d’efforts n’ont rien apporté de plus et mes échographies du cœur étaient parfaitement normales.

3 ans plus tard (2002), lors d’un « cours » de musculation en 2ème année de fac, le drame. Auj’ j’peux en rigoler. Après un dernier exercice de développé-couché, une tachycardie se déclenche. Sauf que là, mon cœur tambourinait à me faire péter la poitrine. Panique intégrale. Grande chance, le prof’ de musculation connaissait le phénomène et m’a rassuré, fait faire les bons gestes (allongé par terre, seule position où ton corps ne fait aucun effort, essayer de respirer normalement, de faire redescendre le niveau de stress, il me disait que ça allait passer, me mesurait régulièrement la fréquence des battements (pas loin de 260 au max, ce qui est physiologiquement impossible à priori) et me rassurait en me disant que ça baissait, 240, 230, 220, 200, etc…) et puis d’un coup c’est redevenu normal (70-80). Bon, là, je fais le malin, mais sur le coup, j’ai cru que j’allais crever.

Là, je suis allé faire des tests plus poussés chez un cardiologue. Autre « chance ». Etant Montpelliérain, le service de cardiologie est à la pointe mondiale. Résultat:: rien d’anormal. Crise de tachycardie ventriculaire. Plusieurs causes/« maladies » possibles. Le gros problème était que tant qu’ils ne pouvaient pas mesurer la crise sur électro-cardiogramme, ils ne pouvaient pas m’en dire beaucoup plus.J’ai fait plusieurs tests d’efforts équipés d’électrodes sans jamais rien déclencher. Bref, pendant 1 an et demi, ça a été la galère. Pour seules « armes » de défense, j’avais quelques gestes qui pouvaient plus ou moins arrêter la tachycardie en cas de crise (e.g. bloquer la respiration, boire un grand verre d’eau cul sec, appuyer à l’intérieur des globes oculaires contre le nez - c’était le plus efficace - et sinon s’allonger par terre, ne pas paniquer et attendre que ça passe…).

Au bout d’1 an et demi, j’ai « réussi » à avoir une crise proche de la clinique de cardiologie et j’ai pu la faire enregistrer.
Verdict: maladie de Bouveret ou syndrome de Wolf-Parkinson-White. En fait, j’avais/j’ai des cellules nerveuses dans la région du cœur qui n’ont pas disparu à la naissance ou dans ma toute petite enfance comme cela aurait du être le cas. Du coup, dans le cas de récupération d’un effort physique intense et/ou d’un stress important, ce système nerveux secondaire et parasitaire pouvait s’actionner et venir interférer avec le système nerveux normal déclenchant la tachycardie.
Solution: opération chirurgicale: ablation par radio-fréquence. En gros, insertion d’électrodes par la veine fémorale, déclenchement de tachycardie et tentative de brûler ces cellules nerveuses parasites par courant électrique. Pas d’anesthésie (à part locale à l’aine) pour que je puisse dire si je ressentais une gêne qui aurait signifiée qu’ils touchaient aux cellules nerveuses normales (et là si erreur c’était pacemaker). J’en ai subies deux. La deuxième dura 4h. Ils n’ont pas pu tout supprimer. Et depuis (2004), je prends un bêtabloquant (aténolol) à faible dose. 50mg/jour au début. 25 maintenant et ce depuis presque 10 ans. Parfois je réduis encore à 1 jour sur 2 ou 3. Le bêtabloquant sert à me ralentir le rythme cardiaque pour empêcher le déclenchement de tachycardie. Mon cœur battant moins vite en général et donc pendant l’effort, même intense, la crise n’arrive pas à se développer. Si c’est le cas, je ressens 2-3 extrasystoles, je sens que ça veut partir mais ça ne peut pas et ça reprend un rythme normal même si/quand élevé.

Maintenant que j’ai détaillé le contexte, je vais répondre plus directement à tes questions.

Le bêtabloquant que je prends est en fait un produit dopant. Donc à double tranchant. Plus j’entretiens ma condition physique (course à pied, vélo, etc…) plus je suis en forme (typiquement les cyclistes qui ont un rythme cardiaque très bas et qui peuvent soutenir des efforts très intenses en montagne)…Par contre, si je pratique moins ou si j’arrête pendant de longues périodes, quand je reprends, dès que mon cœur s’emballe je crache mes poumons car le médicament empêche mon cœur de battre trop vite. Dans ce cas, faut prendre son mal en patience, accepter d’en chier au début et progressivement récupérer sa condition.

J’ai mis un peu de temps à digérer le truc mais assez rapidement j’ai repris une pratique sportive quasi identique à celle que j’avais avant, l’appréhension en plus. Donc j’ai toujours mon médicament sur moi (la peur de la crise de 2002 ne s’estompera jamais) qui d’après mon cardiologue est presque devenu un placébo (je prends des doses très petites). Je fais un peu plus attention (disons que je ne me donne plus vraiment à 100%, m’enfin j’suis plutôt compétiteur donc on va dire que je vais jusqu’à 95% :stuck_out_tongue: ) aux efforts intenses (type sprints, fractionnés trop importants). Mais par exemple, j’ai repris le tennis, sport exigeant cardiaquement, depuis 2-3 ans et je n’ai aucun problème.

Quant à ma pratique de la montagne, je ne fais jamais de randos/courses seul (ou alors sur des itinéraires très fréquentés (e.g. Vanoise), que je connais par cœur ou relativement courts et/ou proche de la civilisation). Je n’arriverai sans doute jamais à effacer/oublier mes plus grosses crises et malgré le traitement, avec le stress que la montagne peut induire, j’aurai toujours cette petite peur qu’une crise se déclenche au milieu de nulle part… Au final, cette appréhension exacerbée est la seule chose qui me reste (je touche du bois mais si ça reste ainsi, je m’en accommode très bien). Là par exemple, je rentre d’un week-end prolongé à Termignon, 3 randos et 1 ballade. Et c’est plus mes genoux que mon cœur qui m’ont « freiné » ;).

Juste pour terminer. Mon cardiologue à Montpellier m’a toujours encouragé à continuer l’activité sportive (« de toute façon c’est bon à la santé ») et quand je refais des tests d’efforts, a plutôt tendance à me tancer « et bien t’es pas en forme auj’ » ou « tu te laisses aller? » qu’à me conseiller de lever le pied.
Du coup, je suis surpris que tes médecins spécialistes n’aient pas su te répondre quant à la pratique du sport en montagne. Quels symptômes et syndrome/maladie tu as si ce n’est pas indiscret?

merci pour ton partage d’expérience. je comprends bien ton appréhension. tant mieux pour toi si tout est rentré dans l’ordre tu n’as aucune gêne pour tes activités sportives! mais je note que tu prends une faible dose.

j’avoue ne pas avoir envie de m’étendre en public sur mon dossier médical. j’ai pas mal d’incertitude encore, mais une certitude: il va falloir faire avec un traitement bétabloquant à vie (pour contrôle de la tension) et son effet bridant…

j’essaie de comprendre ce qui reste possible, comment on fait pour s’entrainer dans ces conditions et continuer à faire des escapades en terrain montagnard. Parce que ça fait partie de ma vie, même si j’habite à Paris.

j’étais très fatiguée en début de traitement, ça a mis plus d’un mois à passer. ensuite il m’a fallu encore plus d’un mois pour arriver à monter confortablement des escaliers (j’avais aussi perdu du muscle lors d’un séjour à l’hopital). là j’ai enfin récupéré les capacités physiques de la vie ordinaire en ville, je fais des petites randos à plat.

Pour situer: avant j’enchainais aisément les journées de marche de 9h et 1500m de D+ avec un gros sac et je m’étais entrainée pour courir un semi.

Pour la reprise du sport en tant que telle il faut encore attendre un peu. J’ai une série de RV médicaux à la rentrée, je vais aussi aller voir un médecin du sport.

Ce que je viens chercher ici ce sont des témoignages de pratiquants de la montagne qui doivent faire avec ce type de médicaments et ont un peu de recul sur la gestion de l’effort physique en montagne avec les BB.

Bonjour,

La première chose serait d’être sûre que ces médicaments vont être nécessaires à vie. Est-ce qu’il y a eu plusieurs avis de médecins différents ? Des tentatives d’agir autrement que par ces médicaments ? Iroced a montré que dans son cas, malgré une maladie très grave, il a pu avoir un autre traitement (une forme de chirurgie), puis ensuite diminuer les doses au point que ce n’est presque plus qu’un placebo, sans gêne pour le sport.
Justement, tu as dit que tes médecins ne connaissaient rien au sport. Je rejoins un des avis déjà formulés, il faut avoir un autre avis, par un médecin compétent aussi en pratiques sportives.

Bernard

Ton message me conforte dans l’idée d’avoir bien détaillé mon cas. Pour ne pas te donner de mauvais conseils et/ou fausses bonnes idées et/ou encore faux espoirs.

Je comprends bien que tu ne veuilles pas t’étendre en public sur ton dossier médical (si tu veux échanger en MP par ailleurs, y a pas de soucis). Par contre, de ce que tu dis, nous avons effectivement des pathologies bien différentes et sans doute un traitement bêtabloquant très différent. Par exemple, la fatigue dont tu parles après le début du traitement ou la perte de muscles, je n’ai jamais connue. Comme je disais dans mon précédent message, pour moi, le BB est un véritable dopant qui me pénalise(ra) si j’arrête toute activité physique sur une longue période (plusieurs mois au moins). Quant à la pratique du sport en tant que telle, je ne l’ai jamais vraiment arrêtée, on ne me l’a d’ailleurs jamais conseillé. Je l’ai adapté « psychologiquement » en étant plus cool, en faisant plus attention et en évitant les efforts trop intenses (mais auj’ par exemples, comme je disais, un bon 5 sets en tennis.ou un fractionné sans trop pousser ne me posent pas de pb).

Du coup, pour l’adaptation aux sports de montagne et à l’effort physique que l’on y pratique, mon exemple n’est pas idéal pour toi. Car je n’ai (presque) rien eu à adapter. Par exemples, dans la période intermédiaire entre le début de mes crises et le traitement, j’ai même pu faire (en groupe) une rando comme le Col & Lacs de l’Autaret depuis les Vincendières (Bessans). Rien de terriblement difficile mais c’est relativement long avec 1200-1300m de D+ et 25 km AR. Et assez rapidement après le début de mon traitement, j’ai pu faire les 4000 marches entre potes (la montée de l’Aigoual depuis Valleraugue, la grande boucle 1200-1300m de D+ et 27 km).
C’est ta pathologie et le BB (et sa dose) que tu prends qui vont vraiment t’influencer dans ta nouvelle pratique de la montagne.
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Juste pour préciser, je ne sais pas si ma maladie, mon syndrome est très grave. C’est à prendre au sérieux certes, mais c’est surtout rare de le développer à mon âge (17 ans à l’époque). C’est plutôt une maladie de « vieux ». L’intervention chirurgicale, elle, était très spécifique à mon cas. Quant à l’effet placébo du médicament, je vais apporter un léger bémol tout de même. J’ai essayé plusieurs fois d’arrêter le traitement (comme tu dis prendre un médicament à vie ne m’enchantait guère). Au bout de quelques temps (semaines), selon mon activité physique, les crises revenaient. Bon auj’ je sais beaucoup mieux les gérer et je connais le traitement de toute façon. Mais quand mon cardiologue me dit que l’effet est à peu près le même que celui des endorphines que produisent le corps quand tu fais du sport modéré, je le prends plus comme une image ;).

Par contre, je te rejoins sur la confrontation d’avis. Perso j’ai vu 4-5 cardiologues différents et ai été suivi par 2 d’entre eux. Et je ne compte pas les divers généralistes/médecins du sport que j’ai rencontrés à l’époque. Tous ayant le même diagnostic concordant, ça m’a aidé à mieux accepter et faire confiance au traitement que l’on m’a promulgué.