Posté en tant qu’invité par jean23:
Bien vu!
Et si les femmes et l’Everest étaient les problèmes d’ Asselin???
A bon connaisseur, salut…
[quote=« Lutin, id: 881549, post:42, topic:76363 »]J’avais lu en début d’année l’excellent livre de MM. Bricola et Potard, « Bérhault » ; j’ai ensuite suivi vos échanges passionnés autour de la rédaction par Jean-Michel Asselin d’ « un homme des cimes ». Ne l’ayant pas lu à l’époque, je ne pouvais pas avoir d’avis, désormais c’est chose faite.
Des contextes différents
Comme cela a été décrit pas certains d’entre vous, ces deux livres ne s’inscrivent pas dans le même contexte.
Dominique Potard retrace la vie de Patrick, avec du recul, en s’appuyant sur des faits marquants, il ne juge jamais, il nous livre les ingrédients avec pudeur de manière que nous nous fassions une idée, une opinion, par nous même, de cet homme hors du commun.
La démarche de Jean-Michel Asselin est différente. Même si ce n’est pas annoncé comme tel, le livre décrit la relation de Patrick avec le journaliste. Ce qui me semble intéressant dans ce livre c’est une certaine description de l’ambiguïté que peut connaître un journaliste spécialiste Montagne, ami des plus grands. Le métier de journaliste leur impose de faire des reportages d’ascensions dans lesquelles leurs amis se mettent en danger, ils font la promotion de cette course au plus dur, au plus long, au plus risqué, c’est vendeur et c’est leur métier de contribuer aux ventes.
Quelle est leur responsabilité quand l’un d’eux disparaît ? Certainement pas nulle. Quelle est notre responsabilité, nous lecteurs de ces revues spécialisées ? Pas nulle également car les journalistes écrivent ce que les lecteurs veulent lire !
Des styles différents
Jean-Michel Asselin est un journaliste, il écrit comme tel. Même s’il a différents livres à son actif il n’a – pour moi – pas la plume légère. On passe d’un chapitre à l’autre de manière décousue, finalement comme on passe d’un article à l’autre. Le fil conducteur n’existe pas vraiment et si je voulais caricaturer je dirais que les chapitres ne sont qu’une suite d’articles mis bout à bout. C’est lourd, d’ailleurs jamais je ne lis une revue de Montagne de bout en bout et dans l’ordre. Ce n’est malgré tout pas rare de livres traitant de la Montagne, le livre de Jean-Christophe Lafaille m’avait donné le même sentiment.
MM. Bricola et Potard nous ont livré un Ouvrage. Ca se lit avec plaisir, le style est fluide, fin, comme une sucrerie qui fond lentement sous le palais. On se délecte. Guérin ne s’est pas trompé.
La vie sexuelle cachée des marmottes, le cri d’amour des choucas
Jean-Michel Asselin nous narre sans pudeur des réflexions sur la vie amoureuse de Patrick, ou des Patrick. S’il y avait un fil conducteur d’ « un homme des cimes » ce serait celui là. Pas un chapitre ne fait pas allusion à une fille, à une aventure, à une cachotterie. J’ai trouvé ça ridicule, inutile, vulgaire et avec une totale absence de discrétion pour les personnes concernées. Bref mesdames, mesdemoiselles, si un jour vous avez eu envie de coucher avec le sieur Patrick et que vous n’y êtes pas arrivées, c’est que vous êtes vraiment des crottes !
Jean-Michel Asselin me donne l’image de quelqu’un de profondément macho et traite le genre féminin sans respect. Peut-être tentait-il une séance psy sur lui même au travers de son livre. C’est chiant, lourd. Effectivement, sur ce point précis, c’est digne de Voici.
Dommage. Il aurait pu être intéressant au travers d’un chapitre dédié de réfléchir à la difficulté d’avoir une vie sentimentale stable quand on court les montagnes du Monde à longueur d’année, quand on prend des risques au plus haut point. Il aurait été intéressant de nous dire si de grands alpinistes on su gérer ce compromis. Jean-Michel Asselin de part sa connaissance du milieu avait de quoi nous faire une réflexion plus enrichissante et certainement plus haut placée que le string.
L’ascension de l’Everest, le sommet du livre…
Un point de divergence entre les deux livres, l’ascension de l’Everest. Aucun chapitre dans le livre de MM. Bricola et Potard, à peine une allusion, mais un très long chapitre pour Jean-Michel Asselin. C’est là que l’on voit toute la différence. Jean-Michel Asselin part dans le hors sujet, il se met à parler de lui, de ses difficultés, d’un échec (?), avec comme seul lien avec le livre le fait que Patrick fasse partie de l’expédition.
On ressent pour Jean-Michel Asselin son profond désarroi, mais en tant que lecteur on s’en fout car ce que l’on veut lire c’est Patrick, pas Jean-Mi. Une erreur de cadrage qui pèse sur la qualité du livre.
Jean-Michel Asselin à certainement besoin de s’exprimer sur cette expédition qu’il dirigea, qu’il le fasse, et ceux qui liront le livre seront disposés à apprendre et se faire une opinion. Je pense que cette ascension fut pour Patrick une anecdote, voire un service rendu, même si nous sommes beaucoup qui aimerions vivre de telles anecdotes.
La désinformation
C’est au sujet de l’ascension de l’Everest que Jean-Michel Asselin se lâche sur la désinformation de certains les amenant à rédiger des propos assassins dans des forums (donc nous parfois, peut-être moi ici).
Les médias, et donc les journalistes, ne sont-ils pas la source et la cause de la désinformation dont nous faisons tous les jours l’objet ?
Quel dommage de ne pas avoir traité de ce sujet en profondeur, qui là encore n’aurait rien eu à voir avec Patrick, quoi que…
On trouve donc pêle-mêle dans le livre de Jean-Michel Asselin des réflexions acerbes sur les internautes et les forums spécialisés, des réflexions sur le Dauphiné Libéré qui poussa à sa manière Patrick à se lancer dans une course contre la montre (82 jours pour 82 sommets) et finalement vers sa mort, et enfin des propos d’agacement mêlés d’admiration pour Patrick qui en tant que rédacteur à Vertical passait un temps infini à vérifier ses propos et ses sources.
Un sujet de livre à lui tout seul, le rôle des journalistes dans la désinformation, le rôle des forums, et l’effet boomerang de la désinformation sur les journalistes.
La boucle est bouclée
Le livre de Jean-Michel Asselin n’est pas inintéressant car il ouvre des réflexions, mais il ne m’a pas plu car il s’appelle « Patrick Bérhault » alors que ce n’est pas la biographie d’un alpiniste exceptionnel. Au travers des lignes le lecteur sent l’énorme culpabilité que peut avoir le journaliste sur la vie et la mort du sportif, le cas de conscience, mais le sujet n’est qu’effleuré. Je ressens plus de la justification que de l’analyse ce qui appauvrit l’ouvrage. J’aurais préféré lire une étude sur la difficulté d’être journaliste engagé, compétent et passionné, comme l’est Jean-Michel Asselin, et la tristesse, le déchirement et la culpabilité à chaque fois que l’un d’eux disparaît. Sans compassion, mais en essayant de nous faire comprendre.
Dans la vie chacun fait des choix, Jean-Michel Asselin a fait le sien, je suis toujours intéressé pour mieux comprendre, mais jamais je ne pourrai avoir de compassion.[/quote]