Posté en tant qu’invité par Pade Ac:
Pour ce qui est de mettre la main sous la poignée du bâton amont en dévers, c’est une idée triviale. Comme toutes les idées triviales, elle n’est que d’une piètre efficacité :
- Elle ne permet en rien l’appui que l’on cherche, vu que la dragonne est 40 cm au-dessus de la main. On ne doit qu’à la crispation désespérée des muscles ante brachiaux le contrôle de la longueur du truc. C’est ainsi que l’on voit des hordes désespérées se cramponner avec toute l’énergie que donnent, dit-on, les derniers moments, à ce dérisoire et inadapté outil.
- Vu que le poids de la poignée est loin du point que l’on contrôle, il se crée à chaque déplacement du bêton un formidable moment d’inertie, encore augmenté de l’effet « fronde » de la dragonne livrée aux seules lois de la gravitation universelle et de l’énergie cinétique. Cela est tout à fait inconfortable. Tout à fait, je vous l’assure !
- Mais cela n’est rien ! Si l’on comprend que l’on puisse « raccourcir » un bâton en l’empoignant sous l’endroit prévu, j’attends que l’on m’explique comment allonger le bâton aval. En le saisissant au-dessus de la poignée, c’est ça ?
Bref, le spectacle est plaisant, pour l’observateur attentif, de voir pratiquement claudiquer des membres supérieurs les porteurs de bâtons monobrins, entre celui du haut, auquel ils se raccrochent compulsivement, et celui du bas, qui les fait irrémédiablement basculer les épaules dans la pente.
Tandis que passent, olympiens, ceux qui ont compris le message du dahut .
PS pour John : Je crains de n’être pas d’accord avec ton idée et celle du dénommé Asselin, indiquant que la mortification des corps élèverait l’esprit : « Parce que là-haut, il n’y a plus de vent, plus de pensée, plus de douleur. Parce que là-haut, au bout des forces du corps, il y a la paix de l’esprit. »
A vrai dire, celle idée est tout à fait ancienne. Elle est très connotée, franchement. Bien exprimée par un formidable poète et mystique du XVI° siècle, par exemple, du nom de Saint Jean de la Croix :
« Une fois la demeure de la sensualité apaisée, en d’autres termes, une fois les passions mortifiées, les convoitises éteintes, les appétits calmés et assoupis par le moyen de cette bienheureuse nuit de la purification sensitive, l’âme sort et s’engage dans la voie de l’esprit, c’est-à-dire de ceux qui progressent. »
St Jean de le Croix, la nuit obscure.
Maiiiis, n’oublie pas, du même St Jean de la Croix (poème VI) :
« Ce sont des pénitences de bêtes, vers lesquelles comme des bêtes on se laisse attirer, trompé par le désir et la satisfaction qui en résultent».