Avez-vous toujours le moral?

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

Un bon équilibre psychologique et beaucoup de force morale sont indispensables à la réussite de grandes entreprises dans le domaine de l’alpinisme (aussi).
La baisse de moral de l’alpiniste peut se manifester inopinément par l’apparition de maux divers peu clairement définissables. Une douleur sournoise qui erre dans une jointure ; une bosselure importune croissant sur le gros orteil ; des ligaments articulaires, interosseux, péritonéaux ou suspenseurs qui foirent sans crier gare…
Le grand classique du dégonflage au dernier moment reste toutefois le mal de dos.
Plus d’un hardi projet conçu alors que ses instigateurs faisaient tout leur possible pour venir en aide à la vini-viticulture locale en perte de vitesse, en participant très activement à la liquidation des stocks excédentaires, est malencontreusement mort né du fait des maux énumérés ci-dessus.
Relancé pour participer enfin à la course dont il rêve depuis toujours (le fameux pilier encore vierge en sixième degré supérieur, très exposé, avec retraite quasi impossible), le sujet (que vous surprenez en train de coltiner un sac de pommes de terre de cinquante kilos) a malheureusement mal au dos. ‘C’est dommage, il regrette de rater ça, mais… avec son mal de dos… . ‘ Ou alors, ‘c’est sa femme qui a mal au dos, il ne peut pas la laisser.’
La couleur du ciel au crépuscule, le nuage brièvement apparu et aussitôt disparu, ainsi que la possible dépression s’approchant du pays depuis l’ouest constituent également d’excellents arguments dilatoires.
Avez-vous toujours le moral ?
(A suivre)

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Francois:

C’est quoi, cette histoire?
Je croyais naïvement que les alpinistes étaient des surhommes, animés d’une volonté de fer, le regard froid fixé sur la ligne bleue des Vosges.
On m’aurait mal renseigné?
Pourtant, dans tous les bouquins que j’ai lu, les Terray, Messner, Rébuffat, Bonatti et consort, ainsi que d’autres sires de plus faible importance, il n’est nulle part question de ce genre de syndrome.
J’ai fait une petite recherche et il apparaît que le nom scientifique de cette affection est: mal des Rimayes (je ne sais pas qui était Rimayes). D’après mes renseignements, c’est un mal qui se déclenche au petit matin ou, plus généralement, dans le laps de temps qui sépare un projet discuté autour d’une bouteille (d’après ce que je sais, la bouteille n’est pas indispensable mais ça aide) et sa réalisation effective. En gros, c’est le temps d’incubation.
Mais j’ignorais que les alpinistes, qui sont a priori en bonne santé, vu le sport qu’ils pratiquent, la bonne air qu’ils respirent et l’environnement sain où ils évoluent, étaient sujet à ce mal.
Comme quoi on en apprend tous les jours, mon bon meussieu.

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

Joli.
Merci François.

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

Avez-vous toujours le moral ?
(Suite)
En tant que guide, je ne crains pas d’affirmer que le plus grand obstacle à la carrière des alpinistes est… le jardinage :
« Bonjour, pour votre traversée intégrale du Mont-Blanc, les conditions sont enfin bonnes et j’ai quelques jours de libres. On pourrait partir mardi si cela vous convient ? »
« Merci de m’appeler. Je me réjouis d’avance, mais… un contretemps… mon jardin… »
Et d’évoquer avec des sanglots dans la voix les bataillons de termites qui rongent ses perches à haricots de l’intérieur, les vagues successives de pucerons qui déferlent sur ses rosiers, les multitudes de limaces bavant avec concupiscence qui s’attaquent à ses laitues, les grappes de tomates aussi lourdes que les seins de Pamela Anderson qui menacent de briser leurs amarres et de se vautrer à terre avant que d’y pourrir… .
Il téléphonera, plus tard.
(A suivre)

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par pachaBE:

Marcel,

je préfferais le premier chapitre !

Oui, il m’est arrivé de douter dans une crête, effectuée plusieurs fois, pour des raisons diverses. Voir même de faire demi tour car je ne parvenais à ME CONVAINCRE de la refaire. A cause de mon second ? A cause de MOI ?
Une chose est sûre : Je suis toujours là pour en parler.

Pas mal l’humour François :wink:

PS je connais des guides en CH qui m’on confimés la même chose dans l’Himalaya et même dans les Alpes !!!

Posté en tant qu’invité par jc:

réponse démago mais tellement vraie: le moral, c’est en montagne qu’il revient!

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

(Suite)
Un de mes premiers compagnons de cordée était doté de qualités physiques peu communes, le mental, malheureusement, ne suivait pas :
« Pour la face nord de l’Eiger, on attend qu’une équipe démarre, on lui laisse le temps de tailler les marches dans les névés, et on y va ! » avait-il coutume de répondre lorsque j’avançais l’idée saugrenue de tenter cette ascension.
Les équipes se succédèrent, taillant tant et tant de marches que les névés ne devaient plus guère contenir de glace, mais… :
« Le nuage…, la couleur du ciel…»
« Cette maudite possible dépression…»
Après avoir aisément atteint le sommet de la Dent Blanche par l’arête nord, nous entreprenions la descente par la voie normale très encombrée par les alpinistes montant, lorsque j’eus l’idée funeste de quitter l’itinéraire habituel pour emprunter en contrebas un système de vires aisées à parcourir, mais n’offrant guère de possibilités d’enrayer une chute éventuelle. Nous avions tout juste franchi quelques dizaines de mètres lorsque mon compagnon piqua une crise de nerfs :
« Terminé ! attaqua-il, plus jamais en montagne avec un con pareil ! Je vends mon matériel ! »
J’espère qu’il ne trouva pas d’acquéreur pour son matériel constitué, pour l’essentiel, d’une corde blanche à l’origine, qu’il avait lui-même teinte en rouge pour faire plus joli, avec de la teinture pour œufs de Pâques (ce qui attaque la matière et affaiblit le filin).
Je ne l’ai jamais revu en montagne.

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par pachaBE:

J’en connais un (en plus un proche) qui connais tt les voies !!!

Mais dans les livres ! ;-))