Avalanche à Abries le 7 mars 2017

Ca fait plus de 15 ans que je l’ai remarqué.
Ma conclusion est qu’on est bien plus en sécurité dans les massifs à Grand Pic et Coup de Sabre :slight_smile:

veuillez m’expliquer l’intéret de" skier" un cheneau etroit de 5m ou l’on est certain de se faire « manger » si un smilblick arrive ?par rapport à un couloir qui s’évase en bas par exemple.
quand on fait des choix, on les assume, point final!

Je n’ai pas parlé de skier un Coup de Sabre ou un Grand Pic, mais de skier dans un massif à Grand Pic et Coup de Sabre.
Ces massifs ont compris qu’un problème causé par la neige se résout avec plus (+) de neige : ils empilent de la neige, et réfléchissent après sur ce qu’ils pourront en faire.
Alors que d’autres massifs tergiversent lorsqu’une dépression émet un appel d’offre de zones de réception d’un épisode de précipitations, et demandent l’autorisation aux maires, à l’office du tourisme, à la chambre d’agriculture, etc, et laissent souvent passer l’occasion.
En plus dans ces appels d’offre, il est souvent nécessaire de savoir parler islandais pour négocier, sauf pour les Grands Pics, dont la réputation suffit pour savoir ce qu’ils veulent. :slight_smile:

bien d’accord, mais je m’interroge sur la motivation qui emmene à descendre dans un ravin tres étroit , tout le long, comme celui d’abries;
Sinon , les qualités d’enneigement sont assez variables d’un massif à l’autre. la neige est complètement differente au ben Nevis, massif central, etc…

Ben simplement parce que c’est un vide ordure de 1ère espèce :slight_smile:
Et quand on y va à 2, il y a assez de place. Les parties les plus étroites peuvent se skier en mode half pipe (un virage sur chaque rive alternativement).

Bonjour,

Je prends des gants… pas parce qu’il fait froid devant mon clavier d’ordinateur, mais parce que je ne sais pas comment aborder ce sujet très délicat. Donc tout d’abord, je tiens à exprimer toute ma sympathie à ceux qui sont touchés par cette histoire tragique… et qui auraient pu être « moi ».

J’ai une question qui n’est en aucun cas un jugement, mais c’est pour savoir s’il faut que je change certaines de mes habitudes :

Est-ce que Yoann avait bloqué ses fixations pour qu’elles ne s’ouvrent pas?

Je pense que cela peut avoir une incidence, même si ce n’est certainement pas suffisant pour tout expliquer aux conséquences de ce qui s’est passé.
Encore désolé de cette question, mais cela pourrait peut-être éviter qu’il arrive la même chose à d’autres skieurs…

Je ne pense pas, vers la fin du récit : « les skis ne seraient pas en cause puisqu’il les a perdus dès le début »

oups oui, j’avais oublié cette phrase et c’est cette nuit que je me suis posé la question pendant une insomnie…

Hello,

Ce n’étaient pas des fixations low tech « blocables », mais des alpines sur des skis type freeride. Comme dit précédemment les skis avaient rapidement déchaussé, et la gravité de la blessure n’a probablement pas de rapport avec le matériel, seulement avec la violence de l’avalanche (et peut-être d’obstacles comme les arbustes présents dans le couloir ?).

Chez l’ANENA il ont un autre témoignage (Suisse il me semble) de membre arraché dans une avalanche qui sortira prochainement dans leur revue (je l’ajoute parce que ça relativise le caractère exceptionnel de l’accident d’Abriès - oui, ça fait peur…). Une « bonne » partie des victimes recensées d’avalanche sont traumatisées, ça permet de rappeler que ce n’est pas ON/OFF avec seulement un problème d’asphyxie et de timing.

Mais il est clair que c’est à la fois une sécurité (dans le raide) et un risque (blessure, avalanche) de skier bloqué…

Merci pour les précisions

Merci bcp Davidoff pour le lien vers le forum en anglais, la video du pompier sur les hauts risques à basse fréquence qui est très bien.
La plaque enfouie, de grosse ampleur, qui a coffré Yoann est à mon sens à classer dans cette case.
Tandis que la coulée superficielle, celle qu’attendait Yoann, plus fréquente, et traitée en RPD - réponse experte rapide à une situation complexe connue.
Cette réponse experte RPD rapide me fait penser à l’expertise de François dans cette vidéo à 3:00 - YouTube, où il démine « le superficiel », attendu.
Mais évidemment, quid des choses plus profondes ???

Oui c’est certainement le piège mis en évidence par ce témoignage…l’habitude (de ceux qui connaissent). Mais j’avoue bien humblement, qu’il est très difficile de garder son oeil « neuf », et une crainte légitime d’une dynamite enfouie qui n’explose presque jamais, avec des situations maintes fois vécues, ou ça n’explose pas, d’autant avec un résultat quasi négatif au PIDA…

Bon courage Yoann pour traverser cette épreuve, c’est certain je m’y serais fait prendre aussi, on se serait tous probablement fait coffrer,
merci de ton témoignage, il permettra probablement quelques prises de consciences rédemptrices,
de pièges bien plus profonds que ceux attendus.

C’est également l’info que nous ont transmis (avec des exemples « cash ») les gendarmes du PGHM dans la dernière formation à laquelle j’ai assisté.

C’est ce risque de « coulée superficielle », correspondant au 30-40cms tombés les 48h précédent (ce qu’indiquait le BRA du moins) qui aurait fait renoncer le randonneur lambda dont je parlais plus haut.
Après est-ce qu’il y avait réellement 40cm de fraiche j’en doute un peu à la lecture de l’article…

Et quelle est la part de « responsabilité » de cette couche de fraiche dans le déclenchement de la plaque profonde j’imagine que la réponse est pas simple…

Mais moi j’en retiens d’intégrer ce risque supplémentaire dans le raisonnement. Effectivement on peut se dire parfois : si ça part ça ne sera pas méchant vu l’épaisseur et je pourrais m’échapper ou au pire je serais un peu secoué. Mais si ça fait partir du gros dessous ce n’est plus la même chanson.

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Si mes souvenirs de conf nivo sont bons, 50% des victimes d’avalanches sont des polytrauma, a égalité avec les 50% restant pour l’asphyxie.

C’est un poil plus compliqué que ça, en fait dans ma phrase précédente qu’a repris bens je voulais dire qu’en plus de cette distinction, parfois on a des victimes décédées par ce qui semble être d’asphyxie qui étaient également traumatisées voire polytraumatisées (d’ailleurs en pratique en secours, toute victime d’avalanche est considérée comme traumatisée).

Si on parle en terme de causes de décès, les chiffres que j’avais (cours de médecine de sauvetage avalanche) on est à 10-20% pour le trauma, moins de 10% pour l’hypothermie (ensevelissement long avec « poche » d’air, du moins possibilité de respirer, mais phénomène qui rend le secours avalanche plus complexe), et le reste soit 70-80%, d’asphyxie.

Les derniers chiffres que j’ai trouvé sont relativement proches (concernent le Canada, sur une période plus récente, mais pratiques différentes, héliski, motoneige, etc.), avec 75% de décès par asphyxie, 24% de trauma et 1% d’hypothermie. Parmi les décès par asphyxie, 13% avaient subi un trauma « majeur ». Parmi les décès par trauma, moins de la moitié (48%) étaient complètement ensevelis.

Sinon je suis totalement en accord avec ta conclusion sur le raisonnement bens. Dans ce cas, ce qui vraiment aurait malheureusement pu me faire pencher du mauvais côté de la balance, c’est le tir négatif de PIDA… Comme tu dis, ce n’est pas simple…

Les tirs de PIDA n’ont quasi aucune valeur pour renseigner sur le risque de déclenchement à ski.
La sollicitation du manteau n’a rien à voir. On ne peut rien en conclure : 10kg d’explosif pourra déclencher une plaque impossible à déclencher à ski, et inversement un tir à un endroit où la couche mobilisable est épaisse sera amorti, alors qu’un skieur entrant dans la zone par le côté déclenchera la couche fragile là où la couche mobilisable est plus fine.
Et il y a aussi l’aspect trop violent de l’explosion qui parfois écrase le manteau en le coupant, empêchant la propagation de rupture de couche fragile. De la même façon que quand on découpe un bloc pour faire un test à la pelle, la couche fragile ne se déclenche pas lors de la coupe.
Perso, je ne tiens pas du tout compte des déclenchements à l’explosif. Par contre j’analyse le type d’avalanche lorsque le tir en a déclenché : ça donne une idée de ce que ça peut donner, si à un endroit j’estime que la couche fragile est déclenchable (mais pour cette estimation je ne tiens pas compte des tirs).

Tourné de la façon dont tu le dis, cela me paraît un peu excessif. Aussi imparfait soit-il, le rôle du PIDA est tout de même de tenter une sécurisation systématique des pentes considérées, non ?

Il me semble que le but d’un PIDA régulier est aussi de ne pas laisser de piège s’enfouir au court de l’hiver, non ?

Les PIDA successifs de l’hiver font aussi que le manteau des zones sécurisées est très différent de celui des zones non-sécurisées. Le résultat n’est donc valable (en encore la variabilité spatiale …) que pour la couche immédiatement posée (et pour laquelle on déclenche le PIDA, certainement pas pour ce qui concerne les couches profondes.

Un PIDA régulier pourra avoir pour but de limiter les accumulations afin de lutter contre les reptations.

Par ailleurs, il y a malheureusement une réalité de terrain : le degré de confiance dépend aussi du type de déclenchement : charge dans la neige ou charge au-dessus de la neige, les énergies transmises au manteau peuvent varier dans de grands ordres de grandeurs pour la même énergie mise en jeu, le degré de confiance devrait aussi varier en conséquence …

Déjà que le report d’analogie est un peu limite à cause de la variabilité spatiale, le report d’analogie entre une pente soumise à PIDA et une pente non-soumise à PIDA, c’est osé. Je ne sais pas si c’est cas dans le cas d’Abries, la pente skiée est peut-être soumise à PIDA aussi.

Le PIDA est un film sur tout l’hiver, pas un instantané de décision one-shot pour skier une pente.

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Les résultats des PIDA ne sont-ils pas pris en compte pour l’établissement du BRA ? (c’est d’ailleurs la justification pour ne pas faire de bulletin en décembre quand les stations ne sont pas encore ouvertes)

l’incertitude toujours dans le résultat négatif du PIDA…quand rien ne bouge, le tir à t il stabilisé ou déstabilisé la pente qui de ce fait est devenue plus sensible et dangereuse qu’avant?le raisonnement s’applique aussi sur les zone régulièrement traitées.
C’est sans doute pour cette raison qu’on réitère le tir, et cette fois si rien ne bouge , on dit que c’est stable…
les exemples de pentes bombardées au canon , ou rien ne bouge, et qui se déclenche au premier skieur sont faciles à trouver dans les archives militaires.

Pas besoin d’aller dans les archives, l’accident mortel de Gavarnie cette semaine en est l’exemple, la zone avait été tirée 2 jours avant, avec résultat négatif.

Pour les gens qui comme moi, ne sont pas spécialistes de la chose.
Le « PIDA » : Plan d’intervention de déclenchement des avalanches. Un document de planification des secteurs et des zones dans lesquelles, par prévention, une commune peut organiser des déclenchements d’avalanches.