Aux amours retrouvées

Posté en tant qu’invité par pierre:

AVERTISSEMENT : il s’agit d’une tentative de recette de cuisine autour du concept de « tarte aux myrtilles ».
J’avais déjà commis un message sur la question, et j’avais eu la faiblesse d’annoncer une recette extrême de tarte sans tarte, pensant qu’elle n’intéresserait guère… mais j’ai subit de récentes et amicales pressions !
Il me manquait un nom. C’est notre ami Pierrre qui m’en a fournit l’idée, et j’appelle donc « aux amours retrouvées » cet amusement culinaire, qui ne devrait qu’à une immodestie sans borne le droit de s’appeler « recette » !
Il ne sera donc pas question de coinceur, de diamètre de corde, de cotation de voies, de nombre de points d’assurage au relais…etc.
Que ceux qui pensent (à bon droit ?), que ce genre de message n’a pas sa place ici s’économisent une lecture fastidieuse, pleine de mots, de phrases, et de plein d’autre choses chiantes.

Pour les autres, il leur faut d’abord répondre à une question.
Pourquoi ?
Oui, pourquoi donc l’association de délicats fruits des bois avec une pâte sablée est elle décevante, incongrue ? Pourquoi sentons-nous diffusément qu’elle est une sorte d’hérésie coupable, de nature à remettre en cause l’équilibre de l’univers ?
Plusieurs raisons sans doute :

  • d’abord le goût et la consistance. Franchement, dire qu’une recette est pâteuse, ce n’est pas un compliment : ça emplâtre, ça colmate, ça envahit, ça terni, ça affadi, ça enlaidi …Bref : ça n’améliore gère.
  • plus profondément, on ne voit pas de justification théorique à associer la farine de blé, pur produit des plaines, d’un sol plat, bien riche, « amélioré » par des tonnes d’amendements, d’engrais et de pesticides, à son exact contraire : un fruit sauvage des forêts d’alpage, petit miracle de saveur acidulée et de gourmandises enfantines.

Là est le cœur du problème du concept « tarte aux myrtilles » : il est incohérent !

On voit donc clairement que pour tâcher de remettre un peu d’ordre dans notre univers, il nous faut jeter le fond de tarte aux orties, et trouver par quoi le remplacer.

1°/ par rien.
Ce n’est pas idiot.
On vient d’inventer la salade de fruit.

Un peu limité, peut être, si l’on cherche à retrouver quelles pourraient être les amours sensorielles des myrtilles, et justifier le nom de la recette. C’est qu’il s’agit de découvrir le yang, si les myrtilles sont le yin ; le jour, si elles sont la nuit; le soleil si elles sont la lune; le Roux, si elles sont Combalusier.
Je vous dispense de longues nuits d’insomnie, et je vous propose :

2° / du fromage blanc battu.
Oh j’en vois qui ricanent déjà : « eh, l’autre, il a inventé la lévitation universelle pour le fromage blanc ! ». Non, non, je sais bien qu’il ne tient pas en l’air tout seul, le fromage blanc : il faut donc le mettre dans un récipient. Le petit ramequin en terre dans lequel Charles ou Astiaou (d’autres encore, peut-être …) servent la crème catalane ou la crème brûlée convient parfaitement.
Faut-il le sucrer ? Grands dieux non ! Ou alors, que ce soit à doses infimes, une évocation du goût sucré, la suggestion d’un possible, une nébulosité de vapeur se formant sur une arête, une ellipse. Nous sommes là dans des choses délicates : prenons garde de ne pas écraser l’edelweiss avec nos grosses ! Point de sucre, donc (ou si peu …).

Là, nous venons de retrouver un peu de sens au cosmos, en associant le fruit sauvage à un produit du même terroir, deux goût délicats évoquant chacun l’étage alpestre.
Mais on peut essayer de filer la métaphore, et tâcher d’évoquer la promenade qui nous a fait trouver les fruits, l’alternance du cagnard intense de la prairie et de la fraîcheur du sous bois, en jouant sur les températures.

Puisque l’on ne peut décidément pas chauffer le fromage blanc battu, il faut donc le servir très, très froid, et disposer dessus des myrtilles tiédies.
Attention, pas cuites, malheureux, pas cuites. Le premier qui les fait cuire retourne en ramasser un kilo. Ou dix, c’est selon le nombre des convives.
Je renvois pour la préparation des fruits à mon précédent message sur le sujet (Je n’ose pas le mettre en lien, ça fait un peu prétentieux : zavez qu’à chercher !). Simplement, vous n’avez pas besoin de réserver les fruits au frais avant de les enrober du sirop que vous avez élaboré. Et lorsque vous aurez nappées les myrtilles dudit sirop, vous passez le tout quelques instants au micro-onde. Quelques instants, vraiment : faites des essais en fonction de la quantité de myrtilles que vous avez.
Donc, en résumé : dessous le ramequin de terre, dedans une louche de fromage blanc bien battu (ça doit être onctueux) et bien frais, et dessus deux ou trois (ou quatre ou cinq …) cuillères de myrtilles au sirop tiédies.

A-t-on réuni des saveurs amoureuses séparées qui s’ignoraient ? Un peu comme Pierrre et sa dulcinée ?
J’en sait trop rien, mais si vous essayez ça, je vous préviens : vous allez avoir de plus en plus de mal à trouver plaisantes ces inepties conceptuelles que l’on appelle « tarte aux myrtilles » !

Posté en tant qu’invité par Marie B:

Posté en tant qu’invité par Marie B:

CLAC, CLAC, CLAC…

Sans voix, je reste sans voix !!!

Je fonds et je m’empresse de trouver demain matin au petit marché, le marchand qui me vend chaque année, en cette période propice aux myrtilles de nos Vosges les fruits de ce délice. Je n’oublierai pas de commander au crémier l’écrin qui doit recevoir ce joyau.

Je persiste à dire que nous avons bien fait d’excercer les dites pressions.

Mille merci au poète pour ce moment de bonheur. Epicure s’en relèverait.

Marie