Assurage à l'épaule?

Ce post concerne l’assurage de son 2nd de cordée, sans matériel spécifique, depuis le haut.

Je connais l’assurage à la ceinture. C’est rapide, pratique, efficace.
Je vois parfois des gens assurer « à l’épaule ».
Je m’interroge sur la fiabilité.

L’autre jour, une amie m’a assuré ainsi.
Pour faire un test, je me suis pendu doucement. Elle a tout de suite ployé sous le poid, en courbant tout le buste.
J’ai l’impression que la corde sur l’épaule fait un grand bras de levier parr rapport au centre de gravité, alors que dans l’assurage à la ceinture, ca n’est pas le cas.

Est-ce qu’elle n’assurait pas correctement ?
Est-ce que la technique d’assurage à l’épaule peut être fiable, ou est-elle seulement photogénique ?

J’ai essayé de trouver des images sur le web, sans succès…

Je pense que oui mais d’une efficacité limitée, surtout d’en haut sans point de renvoi.

Si l’assureur est assis, les pieds calés contre un rocher devant lui, corde bien tendue et que son coéquipier est en train de grimper une pente pas trop raide (à vue de nez je dirais pas plus de 60° mais tout dépend de la nature du terrain) il réussira en stopper une glissade.

Mouais, j’ai vu aussi des gens assurer debout à l’épaule depuis le haut d’une voie facile, mais à mon avis le résultat est purement :

  • esthétique
  • psychologique pour le second qui voit sa corde ravalée
  • rapide (indéniablement)

Mais que si le second lâche prise, il ne peux plus compter sur son leader pour arrêter la chute …

Quelqu’un aurait-il une expérience de chute dans ses conditions à décrire ?

Par expérience, je dirai que l’assurage à l’épaule est une solution envisageable quand il ne reste que ce choix là.

Il m’est arrivé d’assurer ma compagne en sortie de cascade, quand impossible de faire autrement, en pleine pente après avoir fait un trou dans la neige pour me caler les pieds, assis sur mes engins utilisés en corps mort enfouis sous une couche de neige.

Elle est tombée à maintes reprises et le frottement allié à un assurage vigoureux ne m’a fait ressentir aucune déstabilisation.

Je pense que cela dépend des situations rencontrées.

Bonne journée

Eric

C’est efficace à condition que le terrain s’y prête et que la réalisation soit parfaite. Ça à l’air simple mais c’est pas si évident que ça et si c’est mal fait ça peut devenir catastrophique. Moi je ne l’utilise plus. Le mieux c’est de l’apprendre avec quelqu’un qui maitrise plutôt que de s’y essayer seul. Il faut être vraiment à la verticale de la personne qu’on assure et que la force s’exerce d’une manière bien précise.

Description de Rebuffat dans « Glace neige et roc »:
Position de l’assureur pour l’assurance sur l’épaule : légèrement tourné sur le côté, arc-bouté sur les pieds et les jambes, la corde venant du second passe le long de la jambe extérieure, sous le bras extérieur et sur l’épaule intérieure. Même si la plate-forme est large, profonde, l’assureur doit se trouver assez à l’extérieur, presque en bordure de la plate-forme afin que la corde puisse être parallèle à la jambe extérieure. Si l’assureur se mettait à l’intérieur, à l’amont d’une plateforme profonde, la corde, loin d’être parallèle à sa jambe extérieure, ferait au contraire un angle ouvert et, en cas de secousse, il risquerait fort d’être déséquilibré, car elle porterait sur le haut du corps seulement.

Il faut bien sur aussi qu’il n’y ai pas un seul millimètre de mou.

Juste une remarque quand même.

Quand je dis que je ne l’utilise plus c’est pas tout à fait exact.
C’est une technique qu’il faut connaitre parce que si les seuls points d’assurage possibles ne sont pas surs (bequet un peu foireux par ex ), il vaut mieux, à mon avis, s’autoassurer sur ce (ces) points(s) pour ne pas être déséquilibré (en tension sur le point mais pas en poids dessus, nuance), se positionner correctement et assurer le second à l’épaule plutôt que de solliciter fortement des points douteux en faisant un renvoi dessus.

Posté en tant qu’invité par Saute-Cailloux:

C’est une technique qui demande de la vigilance.

Lors d’un stage d’initiateur, le guide instructeur nous avait montré comment faire (cf plus haut Rebuffat).

Dans le rocher facile, c’est rapide, pratique et sûr, si on le fait bien; il faut être prêt à amortir avec les jambes.
( vous avez déjà assuré dans une longueur facile un second qui monte comme une fusée avec un 8, un tube ou une plaquette? Oui? Bon, vous avez compris, alors).
On ravale bien plus vite à l’épaule qu’avec un appareil et installation, désinstallation, y a pas photo!

En neige, même chose; il faut bien tenir le second, cad corde tendue, exactement comme lors de l’assurage en mouvement.
D’autre part, lorsque que l’on fait une longueur en neige il vaut mieux assurer le 1° à l’épaule. Pourquoi? parce que ça permet l’assurage dynamique du 1° en cas de chute et que ce type d’assurage est la seule façon de ne pas avoir les 2 en bas (dans le cas d’un relai en neige, douteux, donc; pas dans celui d’un relai béton sur spits, bien sûr).

il est vraiment nécessaire de s’entrainer avant;
exercice:

une pente en neige pas exposée (faisez pas les couillons, hein!), un relai bien merdique.
le premier se jette dans la pente sur le dos (avec un Kway, c’est parfait, ça évite d’être mouillé et ça glisse), les pattes en l’air pour prendre de la vitesse.
le second essai de ravaler de la corde avant que le premier ne passe à sa hauteur puis laisse glisser la corde dans les mains en variant la pression sur celle-ci (ouvrir/fermer/ouvrir/fermer les mains) et surtout, évite de BLOQUER la corde.
Jambes bien fléchies pour amortir un choc éventuel.

Il va arrêter le grimpeur qui chute, en douceur.
Essayez de faire ça avec un 8!! Je vous dis même pas avec une plaquette. Vous allez gicler comme un bouchon de champagne!!

C’est un exercice à pratiquer régulièrement.

Conclusion, il faut adapter la façon d’assurer en fonction des circonstances et de son propre feeling.

PS: si vous n’assurez pas à l’épaule dans les courses d’arêtes, ne vous demandez plus pourquoi vous explosez les horaires…

Cela m’est arrivé d’assurer à l’épaule :

il y a longtemps (1986 ?), à Solutré, une voie facile que je grimpe en tête, il y a quelques points en cours de voie … et pas de relais à l’arrivée ! J’ai assuré le second à l’épaule, en étant assis, les 2 pieds bien calés face à un rocher. Le second qui débutait, se plante dans la voie, je le retiens pas trop difficilement, puis il me demande de le redescendre, je l’ai motivé pour continuer à monter, mais il a préféré redescendre (je ne lui avais pas signalé que je l’assurais à l’épaule).
J’ai pu le redescendre en douceur, mais heureusement qu’on était en fin d’automne, j’étais bien couvert avec notamment un anorak, et le frottement a ainsi pu ne pas me brûler.

… et je suis incapable de dire si la corde qui me reliait au second passait à côté de la jambe extérieure, par contre je bénéficiais d’un léger frottement sur des rochers.

L’assurage à l’épaule est comme toutes les techniques d’assurages : il doit être adapté à la situtation.
Ca dépendra du terrain (raide ou pas raide), de la probabilité de chute, des grimpeurs (poids, expérience de la technique, vêtements), de la nécessité ou non d’aller vite etc…

Si l’amie de Paul pèse 50kg, n’a pas beaucoup d’expérience et n’a qu’un petit tee-shirt, il est probable/certains qu’elle aura beaucoup de soucis à assurer un « lourdeau » de 80kg.

Ne pas confondre,

En neige ou en terrain rocheux facile, j’assure assez souvent mon second « à la taille » (en fait corde derrière le sac) assis et bien calé éventuellement auto-assuré.

L’assurance à la taille peut aussi servir pour assurer un premier. C’était même la seule façon de faire quand j’ai débuté l’escalade. Ça permet de bien dynamiser et ça s’emploie toujours beaucoup en neige.

Mais, l’assurage à l’épaule tel que décrit par Rebuffat demande pour fonctionner correctement que l’on soit vraiment au dessus du second (sinon la corde fait un angle qui déséquilibre). Ça s’utilisait donc plutôt pour des passages verticaux.

Ça fait pas la même impression.

Posté en tant qu’invité par bonobodu26:

[quote=« Paul G, id: 919652, post:1, topic:91011 »]Ce post concerne l’assurage de son 2nd de cordée, sans matériel spécifique, depuis le haut.

L’autre jour, une amie m’a assuré ainsi.
Pour faire un test, je me suis pendu doucement. Elle a tout de suite ployé sous le poid, en courbant tout le buste.
J’ai l’impression que la corde sur l’épaule fait un grand bras de levier parr rapport au centre de gravité, alors que dans l’assurage à la ceinture, ca n’est pas le cas.
.[/quote]

Si elle a courbé sous ton poids n’est ce pas parce qu’elle t’assurait « à l’envers »?

Le brin relié au 2e de cordée (en bas) est celui qui arrive au niveau de la jambe. Le brin qui passe derrière l’épaule ne sert qu’à assurer. Beaucoup de personnes font l’inverse, ce qui crée effectivement un grand bras de levier par rapport au centre de gravité qui se trouve vers le nombril.
Pas facile de montrer cela sans schéma mais j’espère avoir été clair. Quoi qu’il en soit, pour être efficace, il ne faut pas laisse un seul mm de mou…

Posté en tant qu’invité par Trèsancienvigousse:

[quote=« Paul G, id: 919652, post:1, topic:91011 »]Ce post concerne l’assurage de son 2nd de cordée, sans matériel spécifique, depuis le haut.

Je connais l’assurage à la ceinture. C’est rapide, pratique, efficace.
Je vois parfois des gens assurer « à l’épaule ».
Je m’interroge sur la fiabilité.

L’autre jour, une amie m’a assuré ainsi.
Pour faire un test, je me suis pendu doucement. Elle a tout de suite ployé sous le poid, en courbant tout le buste.
J’ai l’impression que la corde sur l’épaule fait un grand bras de levier parr rapport au centre de gravité, alors que dans l’assurage à la ceinture, ca n’est pas le cas.

Est-ce qu’elle n’assurait pas correctement ?
Est-ce que la technique d’assurage à l’épaule peut être fiable, ou est-elle seulement photogénique ?

J’ai essayé de trouver des images sur le web, sans succès…[/quote]

Ça marche. C’est ainsi qu’ont été conquises les voies historiques les plus difficiles. La corde qui va vers le deuxième de cordée passe sous le bras avec éventuellement un tour autour du poignet. Cela repose sur la force physique de celui qui assure et sur sa position bien calée. On a longtemps pratiqué cette méthode sans auto-assurage. Puis est arrivée la technique de l’auto-assurage avec la ‹ corde de caravane › (selon l’expression en vigueur à cette époque), méthode consistant à s’ancrer à une protubérance de la montagne (solide becquet) au moyen d’une boucle de corde (noeud de guide).

Posté en tant qu’invité par Alfred:

Je pratique encore beaucoup l’assurage à l’épaule en terrain facile et/ou relais foireux.
Comme beaucoup d’interventions pertinentes l’ont fait remarquer, il faut s’inspirer des conseils de Gaston, ce qui implique de considérer un certain nombre de choses:

  • Tout d’abord, il est impératif d’être dans l’axe de la corde, ce qui impose d’être très stable et de se mettre au bord de la terasse, ce qui est tout à fait à l’opposé des réflexes naturels ou acquis en terrain avec relais béton, où on se pend aux spits et on assure au reverso.
  • Ensuite, il ne faut pas perdre de vue que les vêtements ont évolué depuis « Glace, Neige et Roc ». Passe encore pour la disparition des knickers, mais les vêtements actuels, surtout les « light », ne sont plus trop renforcés aux épaules. Veuller donc à porter une veste solidement renforcée aux épaules (idéalement avec du Kevlar). De plus, ce renfort est plus rugueux que du softshell ou du nylon, qui n’offrent pas de frottement suffisant à la corde.
  • Enfin, pour tout assurage, et en particulier celui-ci, des gants ou des mitaines ne sont pas un luxe, sauf pour ceux qui ont des mains comme des pelles (je me rappelle encore une poignée de main de René Desmaison à sa grande période, je vous raconte pas les paluches…).

Hello !

Je déterre ce topic pour une petite question, sur ce sujet…

Il y a un commentaire en bas de cette page :

« To better control the rope, prevent sliding under or pulling over, and provide a bit more friction for a fall, run the rope through a biner at the harness loop before the « guide hand » »

A priori ça semble pas une mauvaise idée non ? Vous voyez une amélioration possible à cette idée qui consiste à guider la corde et apporter un peu de frottement ?