Ascension du Cervin

Posté en tant qu’invité par Pierrot:

 Je souhaite réaliser l'ascension du Cervin mais j'ai du mal à réaliser la difficulté  malgré tout ce que j'ai pu lire, voir et entendre. J'aimerai avoir d'autres avis.Je pratique la haute montagne que depuis 2 ans et suis inscrit à un club ou je fais de l'escalade régulièrement (je grimpe du 5a en tête du 6a en moulinette). Les courses les plus importantes que j'ai réalisé sont le Bishorn (4159), la Roche Faurio (3700 m), le Pic Neige Cordier (3600 m) et le tour du Cervin (Je l'ai vu vraiment de très près). J'ai l'intention de réaliser celle du Mt Blanc l'été prochain. Le Cervin est une montagne qui m'a toujours fascinée sans penser jusqu'à présent qu'un jour je me poserai la question de la gravir.

Est-ce audacieux de ma part en sachant que j'ai 35 ans et que j'aurai du mal à accepter ma défaite si je dois échouer pour des raisons physiques ?

Merci de me donner vos avis.

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Alexandre:

Comme disait un grand alpiniste : « Le Cervin est une montagne facile pour alpinistes entraînés ».

Je suppose que tu vas la faire avec un guide ? Le plus difficile dans cette montagne est de trouver son chemin le matin, tu vas pouvoir le lire dans tous les topos. La dénivellation et surtout l’attention que l’on doit avoir durant toute la course peut rapidement mettre ta condition physique et morale à rude épreuve. Ce n’est pas techniquement difficile, mais il faut avoir le pied montagnard et bien savoir marcher sur ce genre de terrain, également avec des crampons sur rocher si celui-ci change de configuration au cours de la course. Le haut est généralement enneigé.

La descente est à mon avis la partie la plus dangeureuse. Fatigue, manque de précision, rapidité moindre et … foule. Ayant attrapé l’orage (foudre) sur cette montagne, je sais à quel point il faut être à l’aise pour battre en retraite le plus rapidement possible.

Je te conseille également une cordée à deux, pour des raisons de sécurité et de rapidité. Les guides locaux ne prennent d’ailleurs qu’un client. N’y va en conquérant et surtout, sache qu’en montagne il est bien plus difficile de renoncer que d’atteindre le sommet, mais surtout ne soit pas déçu par un échec. Il y a toujours une leçon à en tirer et dans ce cas, c’est sûrement d’avoir pris la bonne décision et peut-être même sauvé ta vie.

Bonne ascension

Posté en tant qu’invité par strider:

ouais c’est pas la difficulté technique qui compte, c’est la longueur, le côté paumatoire de l’itinéraire et surtout ses dangers, notamment les chutes de pierre que t’entends fracasser d’en bas, c’est pas très agréable…surtout sur la voie normale qui n’est la plus belle voie et de loin…le rocher est un mélange de micaschiste et de gneiss dont toutes les foliations (stries sinueuses de paroi) se sont relachées, fissurées, érodées de sorte qu’elles sont disposées en tas de feuillets redressés et menaçants…après l’éboulement spectaculaire de 2003 (je l’ai vu d’en face du Breithorn et c’était impressionnant cette fumée…et très inquiétant ) la voie est toujours menacé de chute de pierre,que ce soit des alpinistes ou naturelles…
faire super gaffe au rappel, je le précise, car un guide renommé de la Vanoise y a laissé la vie et pourtant sur la voie normale en descente (alors qu’il avait emprunté un itinéraire plus raide à la montée, le Lion à mon souvenir) a l’endroit des rappels et du tristement célèbre accident de la cordée Whymper : il semblerait qu’il ait dépassé ses bouts de corde de rappel et relaché, il a dévalé les 800m de la face nord…cette mort affreuse était totalement imprévue et ça a cloué ses clients sur place…traumatisés ils ont pris l’hélico…
Le Cervin est notamment sa voie normale est probablement l’un des sommets les plus pièges et les plus délicats des Alpes…son point culminant est superbe c’est vrai, mais le Cervin est plus dangereux que la moyenne des autres grands sommets…

Posté en tant qu’invité par strider:

Alexandre a écrit:

Comme disait un grand alpiniste : « Le Cervin est une montagne
facile pour alpinistes entraînés ».

au fait c’est Michel Vaucher…et c’est un des grands alpinistes suisses de sa génération, à l’esprit des valeurs sures de la montagnes…cette citation vient de son bouquin « les alpes valaisannes » de la collection « 100 plus belles courses » dirigés pas Rébuffat…plus réédité, c’est pourtant un bouquin tout à fait excellent…dommage…

Posté en tant qu’invité par christian:

Pars avec un guide ou avec quelqu’un qui l’a déjà fait et qui connait très bien l’itinéraire et tu mettras déjà bcp de chances de ton côté.

Après, il y a le reste. Conditions, forme, etc.

Techniquement, c’est très facile quand les conditions sont bonnes et quand on reste pile dans le bon itinéraire. Beaucoup de passages équipés avec des cordes fixes et un niveau de grimpe de IV+

Par contre, c’est long ! 1200 de dénivellé, 4h30 de montée et 5h de descente (bon, on était 3 sur la corde, mais ça ne nous a pas empêché de dépasser plusieurs cordées) et les conditions étaient parfaites (10 août 2004). Rare de le faire sans crampons mais ça arrive quand c’est très sec (été 2003 par ex.).

L’itinéraire est fondamental. Tu passes 2 mètre à côté de la voie normale et tu es déjà dans la gonfle.

Par exemple, on a dépassé 4 cordée empêtrées dans des manoeuvres de corde incroyables dans un petit mur de 15 mètres alors que 5 mètres à gauche, ça passait sans assurage et les mains dans les poches.

C’est une magnifique montagne vu d’en-bas et le panorama est magnifique depuis le sommet mais sinon c’est un tas de cailloux et pas forcément la plus belle course… mais je suis super content d’y être monté quand même :wink:

Lis tous les autres post sur le sujet, il y a déjà pas d’infos.

Posté en tant qu’invité par Pierrot:

Merci pour ta réponse et pour tes sages conseils. En effet, je n’avais nullement l’intention de le faire sans guide. Dans tout ce que j’ai lu il est bien précisé qu’il faut suivre scrupuleusement l’itiniraire et d’ailleurs christian (un autre internaute) me le précise.

Merci encore

Posté en tant qu’invité par Pierrot:

Un guide italien de Breuil-Cervinia lors de la traversée du glacier Théodule quand j’ai réalisé le tour du Cervin m’a dit que l’on pouvait le faire par l’arête du Lion. Par contre je crois que techniquement c’est beaucoup plus dur mais il y a moins de monde. j’aurai aimé discuter un peu plus avec lui, mais ne parlant pas très bien français…

Merci pour ta réponse et tes conseils

Posté en tant qu’invité par strider:

Hé bien, n’hésites pas, fais-le par l’arête du Lion avec un guide, c’est nettement plus jolie, bon, un peu plus difficile certes, mais ne te focalise pas sur la difficulté technique: en tant que grand amateur des alpes valaisannes (mais pas omniscient je te rassure) je peux te dire que hormis les courses extrèmes c’est l’engagement et non la difficulté technique proprement dite des courses qui prime dans ce massif…Cela n’a pas d’importance de savoir si c’est AD, AD+ ou ADje n’sais quoi et tout ce charabia ridicule et c’est encore plus marqué au Cervin, quand il s’agit d’une grande course…les cotations, on peut les mettre dans la poche…vu comment la montagne surprend…

Le Hornli demande autant de sérieux que le Lion, c’est le même engagement…pour la technique c’est pas comme au Mont Blanc, les courses sont assez rarement athlétiques en Suisse et ne sont pas granitique (au Cervin c’est le moins qu’on puisse dire puisque ce sont des schistes cristallins et du gneiss dans les parties solides, le tout d’origine africaine! alors que le mont Blanc est un gros bloc de granit du coin, appellation d’origine européenne controllé!) par contre on a de grands sommets en Suisse et ils sont très engagés avec des terrains svt mixtes et terriblement variable, le Cervin étant probablement le plus délicat de la liste! Tu pourrais presque y ajouter le Weisshorn…pas mal non plus dans son genre.
Le mieux au Cervin serait l’arête de Zmutt, car très esthétique bien que fort longue…

Posté en tant qu’invité par Pierrot:

Merci pour ton message. Par contre j’ai du mal à me faire une idée sur les cotations IV + en alpinisme et en escalade. Je voulais savoir s’il y avait une correspondance.

Posté en tant qu’invité par strider:

Ben justement méfies-toi des III , IV et autres cotations d’écoles…à l’école d’escalade t’es confortablement installé sur des voies maîtrisées, côtées suivant le gars qui l’a équipé (très variable!) alors qu’en montagne on s’aperçoit qu’un 4 cela ne veut plus dire grand chose, surtout pas escalade facile…les mecs du forum escalade vont gueuler parce que pour bcp d’entre eux si c’est pas du 6 c’est pas interessant (pur élitisme désagréable de grimpeur en chausson) mais dans des sommets engagés comme le Cervin la moindre escalade dans un terrain vague, folié, labyrinthique ,avec le sac, le vent, le verglas, les grosses chaussures et l’altitude c’est carrément autre chose…et ne t’inquiètes pas à la montée, on passe toujours les difficultés à partir du moment où c’est pas athlétique, en plus au Cervin t’as svt des systèmes de vires et des cheminées pour contourner , certes assez dangereuses en général…c’est pourquoi je te conseille de ne pas te focaliser sur les cotations mais sur ce que les gens disent de l’engagement de ce sommet…c’est vraiment le sens du terrain et de la sécurité qui prime sur un tel sommet…lui donner des cotations c’est le rendre plus piège…alors que le Cervin échappe toujours aux règles, c’est pour ça d’ailleurs qu’il est extraordinaire…

Posté en tant qu’invité par strider:

d’ailleurs pour de faire une idée de combien le Cervin est extraordinaire : laisse tomber l’échelle humaine et rentre dans l’échelle de l’espace et du temps géologique : le Cervin est né du rapprochent de l’afrique vers l’europe…son rocher formait un bout de l’afrique et a été charrié par dessus le plaque européenne (océanique à cette endroit & avec volcanisme aussi cela à donner les mont roses) . C’est pourquoi le Cervin repose bizarrement sur un grand plateau, comme une tomate farcie sur un plat argenté…Cette montagne s’est dépacée sur plus de 200 km pour devenir ce qu’elle est devenu : le Cervin…maintenant tu peux imaginer la structure tourmenté de ce sommet!

Posté en tant qu’invité par Pierrot:

Message reçu concernant les cotations, tu n’est pas le premier à me le dire. Mais bon j’ai besoin de me faire une idée sur la difficulté. Ceci pour éviter au pied et après avoir réalisé 50 m dire : " non le Cervin ce n’est pas pour moi". Un des internautes m’a conseillé de faire l’ober Gabelhorn pour me faire une meilleure idée car on a une très belle vue sur le Cervin. C’est un sommet que j’avais repéré quand j’ai fait le tour du Cervin. Je pense que c’est la face Nord qui est vraiment impréssionante complètement glacée vue de sorebois au-dessus de Zinal.

Posté en tant qu’invité par alain:

Je confirme ce qui a été dit par les autres. Il faut prendre un guide, pas nécessairement du coin d’ailleurs car ils n’ont pas la réputation d’être sympas, à voir.
On va au Cervin pour toutes sortes de raisons mais pas pour l’intérêt de l’escalade qui n’est pas en soi très intéressante, nature du rocher, présence de cables etc.
Je pense aussi que en montagne et surtout dans les voies classiques, les cotations ont une valeur d’indication. Comment comparer un passage en dalle, une cheminée ou autre ? Les conditions sont aussi évidement très importantes, sans parler du sac, de la fatigue etc. J’ai souvent vu des grimpeurs à la peine dans du IV à l’ancienne.
Enfin, pour avoir fait le Hornli et le Lion, je préfère le Lion qui est un peu + dur mais + beau et tellement moins fréquenté.
Bonne course.

Posté en tant qu’invité par Pierrot:

as-tu une formation de géologue ou est-ce une passion?il est vrai que parlé des montagnes comme cela ça fait encore plus rêver et le Cervin en particulier. Quand j’ai fait le Bishorn le guide (de Chamonix) qui nous accompagaité, était aussi un passionné mais je crois que c’était sa formation à la base. question : Est-ce que quand on est alpiniste on se passionne à la géologie ou bien l’inverse?. Pour ma part la géologie m’a toujours intéressé (la nature en général d’ailleurs). Par chez moi il y a des mines de fluorine et les mineurs me donné souvent des minéraux quand j’étais plus jeune de ce fait je m’y suis intéressé. Par contre ce qui me fascine le plus en montagne ce sont les glaciers. De voir ces masses de glace m’impressionne.

Posté en tant qu’invité par strider:

ben j’ai commencé par l’alpi, bien sur…la curiosité aidant et en faisant des études de géographie (géophysique et glaciologie, ainsi que territoire) on finit par savoir pas mal de trucs qui pousse l’imagination…sur les pierres du Cervin quand tu t’imagines que ça vient d’Afrique que ça s’est balladé sur 200km ça fait un drôle d’effet…

quand à ce que dit Alain au sujet des guides de Zermatt, de ce que j’en ai vu, je confirme, ils sont pas super aimables ni très communicatifs…il doit y avoir des exceptions, bien sur…

Pour les difficultés t’en fait pas que ce soit le hornli ou le Lion, en second, tu passeras…avec le temps tu pourra prendre du recul pour rapport aux indications de difficultés tant elles ne remplacent pas ce les gens commentent des sommets et de leurs conditions…

Posté en tant qu’invité par zozzo:

t’as fait ou tes études strider? car je suis en train de faire exactement le meme chemin que toi!! super intéressant quand t’es passioné de montagne.

Posté en tant qu’invité par zozzo:

option intéressante c’est la traversée: tu monte le lion et tu descend le hornli, c’est un peu plus pénible niveau organisation (départ italien et arrivée à zermatt) mais tellement plus beau.
Rebuffat, dans ses vidéos, bivouac en contrebas du sommet, et comme ca le lendemain matin tu descend une grande partie du hornli seul, et tu ne croise que ceux qui monte bien plus bas ou alors tu descend fin d après midi et t tranquil.

Posté en tant qu’invité par strider:

salut zozzo, t’es géographe, c’est bien ça!
Bon en fait je finis mon année à Reims puis je pars à Chambéry dès cet été, et je rentre au CISM en octobre…
Au fait en parlant du Cervin t’as vu que c’est la star du bouquin « géographie des montagnes » (ellipses, de Rougier) ils font tout une étude dessus! Geologie, représentations, territoires etc…

Posté en tant qu’invité par christophe:

Enfant, j’ai passé toutes mes vacances dans les montagnes du grand paradis. Je suis resté très attaché à la région. Je cherche du boulot pour épargner afin d’avoir un viatique dès que je prendrez mon sac à dos pour partir la bas. Se sera découverte de la vie locale, conquête des plus beau sommet. Je voudrais trouver une vieille ferme ou un chalet sur les hauteurs et le retaper petit à petit, rien que pour le levé du soleil.