Arbizon: on aura été ... ou le récit d'un inévitable but

Arbizon: on aura été …

mot d’introduction:
Je vous livre ici le récit d’un but pris dans le cadre d’une sortie caf que je co-encadrais … j’ai modifié les noms de mes camarades à qui je n’ai pas demandé la permission de raconter cette histoire commune.

Mise en place de l’intrigue:
Certes la bonne syntaxe française n’est pas respectée dans le titre de ce récit mais c’est pourtant la phrase qui résume le mieux ce dernier WE à l’Arbizon.

1er contre temps: Alors que le WE que l’on a calé avec Max approche, dès le mardi, les prévisions météo qui nous donnaient de bonnes conditions pour l’alpi depuis 3 semaines d’affilées nous annoncent le retour de la neige … Aïe, elle n’aurait pas pu attendre 2 jours de plus la neige ?
La possibilité de nous rendre au pied du Vignemale pour tenter l’ascension du petit Vignemale par la voie des séracs perd de sa pertinence de jours en jours.

1ere parade: Le jeudi matin, les prévisions semblent montrer que, si la zone frontalière va charger, le piémont pourrait être épargné en ne recevant que de faibles précipitations. Je propose à Seb d’aller tenter notre chance du côté du cirque Nord de l’Arbizon où les possibilités sont nombreuses: couloir Nord, face Nord de l’Arbizon ou couloir Est du Montfaucon.
« Allons voir » … si seulement nous savions.

Jeudi soir, Simon propose lui aussi une sortie couloir de difficulté analogue.
C’est la nuit que nous prévoyons à la cabane des Camoudiets, pourtant une spécialité de Simon, qui convaint Pierre, Paul et Jacques de venir avec nous.

à suivre …

Arbizon, « on aura été… » la deuxième partie sans attendre …

2eme contre temps: Cette fois-ci, le contre temps est double, partis à midi du Parking de Payolle nous voyons à peu de temps d’intervalle les sommets se boucher et la possibilité de dormir dans la cabane du Camoudiet comme prévu mise en cause par la présence de deux véhicules aux abords de cette dernière.

2eme parade: Pour la nuit en cabane, ce sont les anciens du coin qui nous apportent la parade. Ils ne sont là que pour déjeuner, franchement bien installés.
C’est normal, ce sont eux qui ont les clés de la remise, avec réserve de bois, de nourriture et tout ce qu’il faut pour assurer le confort. Nous sympatisons, parlons de notre objectif, leur expliquons que cet après midi, pendant que deux personnes irons faire la reconnaissance, les autres feront du bois, nous avons montés les scies.
Ils nous renseignent sur les conditions, nous les laissons finir tranquilement leur repas. Nous avons dû leur paraître sympatique car quand ils rangent leurs affaires dans la remise deux des papys sortent de belles bûches pour les poser au pied de la cheminée, spécialement pour nous. Nous sommes dispensés de corvée de bois. Merci les papys !!!

A 14h00, nous partons donc tous les cinq en reconnaissance, nous voulons faire la trace pour nous faciliter le départ de nuit prévu dimanche matin et comptons également parer le fait que les sommets soient bouchés en repérant exactement le départ des différents couloirs.

Si Seb et moi avons déjà buté auparavant à l’Arbizon séparément en manquant tous les deux son ascension par le Billon, aucun de nous ne s’est déjà rendu dans le cirque Nord. Comme prévu par météofrance, après l’éclaircie du matin, la neige reprend. Faiblement, certes, mais elle reprend.
Plus nous montons, plus le brouillard est dense. C’est carte à la main et les yeux rivés sur la boussole que nous avançons.
Le moindre détail topographique est comparé aux détails de la carte. Si nous avons régulièrement l’impression de savoir où nous sommes, le doute est constant. Pour dire la densité du brouillard lors de notre montée, nous ne voyons pas la cabane de l’étang d’Arou alors que nous passons à une centaine de mètre de celle-ci, nous ne la verrons que sur le chemin retour.
Chaque point côté, chaque croupe, chaque raidillon ou replat nous servent à nous orienter, nous tentons de garder le cap.

Nous finissons par trouver un magnifique cairn qui nous semble marquer l’entrée sur le plateau du cirque Nord de l’Arbizon. C’est une petite victoire!!!
Je pose pour la photo, je vous le jure, pour nous, ça valait le coup.

Seulement, toujours pas de visibilité … nous ne voyons aucun éperon, ni à l’Est, ni à l’Ouest. Et puis, il faut dire que ça commence à brasser. L’endroit n’aura pas été si épargné par l’épisode neigeux en cours.
Nous insistons comptant bien repérer le départ du couloir Nord. Nous reprenons la pente, les altimètres nous confirment que nous sommes quasiment à l’altitude de l’attaque mais toujours aucun indice précis. Je demande l’heure en disant au groupe que vers 16h00 il faudra peut être penser à faire demi tour. Il est 16h40 !!
Nous n’instisterons que 5 à 10 minutes.
Sur ma gauche, il me semble apercevoir un masse plus sombre, un des éperons caractéristiques peut être?
Nous traversons à flan mais la masse ne se rapproche pas. Julien qui me devance de quelques mètres m’annonce qu’il est en train de traverser une coulée récente, je le rejoins. Cette coulée est orientée Est-Ouest … serions nous au pied du couloir de descente ?
L’heure, cette coulée fraîche, la visibilité toujours quasi nulle nous font rendre l’endroit de moins en moins fréquentable. Afin d’étudier la situation sur la carte à l’abri de la cabane, nous faisons un dernier relevé d’altitude afin d’évaluer l’éventuelle dérive des altis due à la météo.

Nous n’avons toujours rien vu de cette face Nord de l’Arbizon.

Nous faisons demi tour avec une consigne: on passe en mode BTP. On suit exactement la trace de montée, même si son tracé n’est pas parfait, afin de tracer une autoroute. Nous voulons nous faciliter la tâche de l’approche de nuit prévue le lendemain.
Pas question de faire du tout droit dans les descentes, je n’ai pas envie de devoir comparer les traces demain au petit matin.

N’avoir pas pu repérer l’attaque m’agace un peu mais nous avons fait du bon boulot jusque là.
Je sens que je m’agace car alors que nous perdons la trace de montée vers 1750m le groupe commence à multiplier les traces … nouvelles; dans le brouillard … toujours; sur une croupe non foulée à l’aller … sans doute possible: je commence à râler.

Nous finissons par nous réorganiser après 5 minutes de flottement, remontons de quelques mètres et regagnons un point caractéristique de l’itinéraire de montée. A cet endroit moins enneigé, les traces ont déjà été soufflées. Nous finissons quand même par trouver des preuves de notre passage et terminons la descente avant la tombée de la nuit.

à suivre …

Posté en tant qu’invité par France05:

c’est beaucoup plus interessant que Millenium ou Harry Potter alors please, ne nous laisse pas perdu dans le brouillard, ne t’arrete pas d’ecrire!

:wink:

Millenium, c’est pas mal non plus quand même…

Ca chambre … cela étant dit, je n’ai pas la prétention d’égaler l’art du polar scandinave …

Posté en tant qu’invité par France05:

désolé que tu ais mal compris Bloublou, ce sont 2 bouquins que j’ai dévorés
alors alors qu’est-ce qui arrive apres le brouillard: crevasse, perte de piolet, bivouac improvisé?

Arbizon: on aura été … suite et fin

De retour à la cabane, nous rallumons le feu, préparons un vin chaud pour l’apéro et trinquons à cette première journée de course d’orientation plutôt réussie finalement.
Nous avons relevé de nombreux indices afin de gagner l’attaque sans encombres le matin suivant.
Une étude de la carte à tête reposée nous fait dire que nous avons abordé les pentes du fond de cirque plutôt à l’ouest de celui-ci, au pied du Montfaucon. Pour trouver l’attaque demain nous tenterons de quitter nos traces plus tôt et tirer plein Est si le temps est toujours bouché afin de gagner le couloir.
Nous avons presque paré ce contre temps qu’est le temps bouché.

Accessoirement, je crois que je viens de valider mon UV carto … je l’avoue maintenant, je n’ai pas suivi les stages proposés par le club mais je suis satisfait de la navigation menée ce jour.

La cheminée réchauffe efficacement la pièce. C’est dans une atmosphère confortable que nous passons, tout comme les anciens en début de journée, un agréable moment.
Les poëles pendues auprès de la cheminée et le trepied nous permettent de finir le repas sur des crêpes au chocolat fondu au feu de bois … nous voilà dans de bonnes dispositions pour passer la nuit.

A 4h00 le réveil sonne …

3eme contre temps: dehors, il neige toujours.

La visibilité n’a pas l’air de s’être améliorée et les traces sont passablement comblées. Nous avons pris encore au moins 10cm de neige à 1450m …

Pas de visi, des conditions de neige qui ne s’améliorent pas, tenter le couloir pourquoi pas ?
Mais, dans quel état allons nous trouver la crête à traverser jusqu’au couloir de descente ?
Ce dernier aurait purgé la veille d’après nos observation mais qu’en est-il du reste des pentes ?
Et va t’on seulement le trouver si nous rencontrons la même purée de pois qu’hier ?

Le dernier bulletin météo pris n’annonçait pas d’amélioration pour ce dimanche … s’en est trop, nous ne trouverons pas de parade cette fois-ci.
C’est décidé nous ne monterons pas dans le cirque N de l’Arbizon aujourd’hui.

Je lâche dans un français un peu écorné: « pas de regrets, on aura été voir »
Pierre me reprend: « voir, c’est un bien grand mot »
Et c’est vrai, nous n’avons rien vu, nous nous savions proches mais nous n’avons rien vu.
Je dois donc me corriger, le dernier mot de ce but à l’Arbizon est: « on aura été … »

C’est donc sans regrets que nous rallumons le feu le temps de prendre un bon petit déjeuner en attendant le petit matin.
Nous profiterons de la cabane jusqu’à la fin. Ce confort à t-il joué aussi sur la décision ? … peut être.

Vers 6h00, nous plions les sacs et finissons de ranger la cabane.
C’est sous la neige que nous entamons la descente dans l’atmosphère de cette nuit calme dans laquelle seules les traces de sabots traversant notre route nous apportent la preuve de l’activité nocture du vallon.

Nous sommes sommes à 7h00 à la voiture.
Nous apprendrons plus tard que Simon à eu du soleil de son côté alors que l’analyse des bulletins météo, le jeudi soir, nous donnaient plus de chances. Il a même hésité à venir nous rejoindre samedi … il a bien fait de suivre son idée première.

ultime contre temps: après avoir quitté le parking au début de la D113 qui mène aux cabanes du Camoudiet nous voilà bloqués par la neige posée là par les chasses neiges qui dégagent l’accès à Payolle.
ultime parade: nous sortons les pelles pour un dernier effort … Toulouse, nous voilà, sans regrets … nous avons butté mais au moins, on aura été …