Alpinisme et tourisme

Posté en tant qu’invité par lionel:

Dans le cadre de ma thèse, je voudrais faire réagir les personnes du forum Camptocamp à la question suivante :

LES ALPINISTES SONT-ILS DES TOURISTES?

Merci de répondre sérieusement.

Posté en tant qu’invité par Annapurna:

Il faut d’abord que tu nous donnes la définition du touriste que tu as retenu (je suppose) pour étayer ton développement et répondre à la question que tu nous poses. Je te répondrai ainsi plus longuement plus tard. Je suppose que c’est une thèse de géographie, pourrais-tu nous préciser ton sujet entier s’il te plaît et où tu le fais, çà m’intéresserait?

Premier élément : si tu retiens la définition « classique » du touriste qui est pour moi « déplacement librement consenti hors du domicile habituel pour une durée supérieure à 24 heures », beaucoup des alpinistes sont effectivement des touristes. Mais tu vas te heurter à un problème évident : les remontées mécaniques permettent d’effectuer des courses d’alpinisme à la journée pour des gens ayant une distance-temps domicile / lieu de pratique relativement faible. En un sens, il y a rupture avec le quotidien (la pratique de la montagne - a quelques exceptions près - s’inscrivant en dehors de l’espace temps du quotidien) ce qui pourrait faire de ces personnes des touristes, mais tu sais comme moi qu’ils sont classés statistiquement dans les excursionnistes, les stats considérant que cela relève des loisirs et non du tourisme. Il y a là un premier paradigme qui me laisse à penser que tu devras définir le terme touriste (si ton sujet ne concerne que l’alpinisme) en fonction du triptyque espace donné / espace produit / espace perçu qui sont trois conceptions de l’espace géographique qui vont fonctionner en intéraction.

Second élément : il y a toute une partie culturelle liée à la montagne qui rentre en compte dans la définition de l’alpiniste. D’ailleurs pour répondre à ta question, il faut d’abord que tu définisses l’alpinisme (nombreux débats à ce sujet sur C2C, sujet éternel…!!!). Retrouve-t-on cette même dimension chez les touristes allant à la plage? Chez les touristes allant à la montagne sans pratiquer l’alpinisme? En gros, qu’est-ce qui caractérise le touriste-alpiniste?

Voilà, je ne peux pas répondre rigoureusement à ta question tout de suite, tu le comprendras. J’ai en effet pas le temps de creuser toutes les questions et problèmes ci-dessus, étant moi aussi dans mes « problèmes géographiques ». Mais une fois que tu auras apporté ces éléments, promis je ferai l’effort de t’en donner une!

Bon courage

Annapurna

Posté en tant qu’invité par visse:

Spontanément, je réponds OUI !
Et que ce serait un peu hautain d’affirmer le contraire.

Posté en tant qu’invité par sam:

salut,

l’ alpiniste peu avoir des comportements rentrant dans les stat’s des offices de tourisme: location d’ appart, camping, achats divers… mais par notre goût de l’ independance nous pouvons presque complètement sortir de cette case. Il y’ a eu quelques études sociologiques faites sur ce thèmes et dont les résultats avaient été publier dans grimper et roc and wall.
D’ après ma pratique je ne suis pas un touriste car je m’ arrange pour vivre près d’ un endroit ou je peux grimper (je ne peut plus distinguer mes dépenses pour la grimpe de celles pour la vie au quotidien).
Par contre indéniablement lorsque je me déplace pour aller grimper loin de chez moi je suis un touriste.

sam

Posté en tant qu’invité par David:

Je ne pratique l’alpinisme que dans ma région ou presque, et le plus souvent à la journée. Suis-je un touristalpiniste ?

Posté en tant qu’invité par Teuf:

C’est question métaphysique, dur de répondre…

Posté en tant qu’invité par Paul G:

Touriste : personne qui voyage pour son plaisir (cf Petit Larousse)

Difficile de voir l’alpinisme comme autre chose, non ?

Posté en tant qu’invité par sam:

Moi j’ y vois plein d’ autre chose. C’ est notament autour de la grimpe et de l’ alpi que j’ organise ma vie depuis 15 ans (choix des lieux d’ étude et de travail, rencontre amoureuse, amis).
Regarde le nombre de gars en section géologie à grenoble qui ont choisi cette branche pour avoir des bourses d’ étude . J’ ai même un pote qui à fait une etude des strats en montagne: il relevait quelques cailloux pendant ses courses touts frais payés. Une autre connaissance dans le marketing spontsorisait des alpinistes pro pour (un peu) rester en contact avec l’ activité.

Alors seulement du tourisme je ne crois pas , c’ est aussi un mode de vie et un monde de relations.

sam

Posté en tant qu’invité par Paul G:

???
Perso, je vais là haut pour le plaisir, parce que ca me rend heureux.
A te lire, j’ai bien l’impression que c’est la même chose pour toi et tes potes.
Pourquoi faudrait-il avoir honte de ce qu’on est ? Des touristes sportifs, non ? Si ca occupe notre vie, ca me parait une bonne chose.

Ca n’est plus du tourisme quand ca entre dans le cadre professionnel. Ca permet à quelques heureux d’être rémunéré en faisant ce qu’ils aiment. Mais pour la grande masse, même si c’est une passion, ca s’appelle pour moi du tourisme, et il n’y a aucun mal à cela.

J’ai l’impression que le mot « tourisme » a qq chose de péjoratif pour certains. Mais, ça, c’est une autre histoire…

Posté en tant qu’invité par Annapurna:

« J’ai l’impression que le mot « tourisme » a qq chose de péjoratif pour certains. Mais, ça, c’est une autre histoire… »

« tourisme » a bien quelque chose de négatif, oui. Mais « touriste » est franchement connoté très négativement, c’est même quasiment pris pour une insulte par certains ! Quand tu fais une enquête sur un terrain, tu ne mets pas en titre « enquête auprès des touristes » mais « enquête auprès des visiteurs » si tu veux des réponses…

Posté en tant qu’invité par sam:

D’ accord avec la notion de tourisme sportif, d’ ailleurs ce sont 2 notions qui ce sont développées conjointement avec l’ avènement de la société de loisir et le regroupement dans les villes. Mais faire rymer alpinisme et tourisme c’ est oublier que dans la pratique beaucoup de chose (en premier, l’ autonomie) s’ acquierent par l’ assiduité, l’ audace, le travail.
Le tourisme est un fourtout oû on peut bien mettre l’ alpinisme, mais dire que l’ alpinisme c’est du tourisme et que ça, je ne crois pas.
Comme dit la chanson, « les syndicats d’ initiative sont faits pour ceux qui n’ en n’ ont pas ».

Posté en tant qu’invité par PATRICK73:

Salut,
Je crois que l’on peut aborder cette question sous deux angles:
Il y a le point de vu purement géographique, ou dans ce cas, comme le dit annapurna il existe une définition assez précise du touriste « unité de temps de lieux et d’espace ».
Et puis il y a une vision moins proféssionnelle mais plus difficile à à définir justement.
Et la on pourrait effectivement s’en tenir à la définition littéraire du mot touriste et voir dans quelle mesure, notre activité d’alpiniste s’incrit ou non dans cette démarche.

Pour ma part je repondrais spontanément oui, dans le sens ou lorsque je pratique cette activité d’alpinisme, de ski alpinisme ou même d’escalde en falaise, je me rends dans un lieu précis (même si c’est proche de chez moi) ou je vais consommer du produit locale (j’aurai forcément qques chose à acheter ou a payer, ne serais ce que la bonne bière fraiche du retour de course).

Par cosnéquent je peux par cette petite réfléxion très simple (probablement simpliste aux yeux des géographes!) dissocier l’alpiniste du touriste, en disant le le premier groupe est inclu dans le second.

Le touriste génère dans un espace donné, sur une periode donnée, une activité économique qui permet à la population locale de vivre et de se développer (donc peut importe l’activité fianlement), si il y a un déplacement volontaire dans la zone d’activité.

Par contre toute la difficulté est de définir quand le déplacement est touristique ou quand il ne l’ai pas d’ou la notion d’espace, et d’appartenance…et on retrouve la problématique que soulève Annapurna.

Pour ma part et n’étant pas géographe, j’insiterai sur l’aspect d’apport économique à l’éspace visité par une population « étrangère » à cet espace, mais qui permet la vie et le développement de la population locale dans l’espace considéré…

Ceci dit il peut etre très intéréssant pour toi lionel, et dans le cadre d’un travail doctoral cela doit pouvoir s’envisager, de montrer comment la notion de tourisme et donc du touriste à évoluer depuis 50 ans voir plus (il y a des définitions dans les anciens guides bleu du TCF des année 1930, dans les vieux guides verts michelin des année 1960, qui sont de véritable trésors!, et dans les nouveau guide vert de l’IGN).

J’insiste sur touriste, car a mon sens la définition de l’alpiniste n’a pas vraiment évoluer même si la pratique à évoluée.

Je retrouve annapurna quand il dit que la classification « touriste » à une connotation négative. Cela est du au fait à mon sens qu’en montagne l’alpiniste veut se démarquer de monsieur tout le monde par sa pratique de la montagne (il va plus loins et plus haut que les autres), peut etre aussi se différencier par l’approche soit sportive, soit contemplative et épicuriénne (les deux n’étant pas antagoniste, bien au contraire)…Je crois qu’on a tous vécu ce genre de réflexions… non?

Voila mon point de vu, et qu’elle est ton approche à toi?
A+
PAT

Posté en tant qu’invité par génépi:

Déja Terray parlait d’alpinismes touristiques, et bien moi je me reconnait bien dans cette définition et pour ceux qui trouve cela péjoratif," ben heu" tant pis!!!

Posté en tant qu’invité par sam:

L’ alpiniste est un touriste alpin… sauf dans les pyrénées :slight_smile:

sam

Posté en tant qu’invité par strider:

comme Patrick, j’y verrais 2 angles… en tant que géographe j’entreprend aussi des travaux de recherches qui mobilisent pas mal les réprésentations, et là, je dirai que dans cette question LES ALPINISTES SONT-ILS DES TOURISTES? on doit encore mobiliser la part importante des perceptions, représentations, des images que les pratiquants associent à leur discipline.
Justement dans une analyse sur les représentations il est intéressant de donner à ces représentations une dimension comparative. En comparant, on met en valeur des contrastes, des spécificités. On aurait donc 2 angles d’analyses, proches de ceux de Patrick.

à la question LES ALPINISTES SONT-ILS DES TOURISTES? il parait pertinent de faire une analyse comparative perception/réalité ou reformulons-le, on compare l’image que les alpinistes ont de leur discipline, à la réalité qu’ils représentent, en terme économique, démographique, statut législatif, mobilité etc…
en faisant une étude comparative, on met en evidence des contrastes s’il y en a, et suivant les réponses on met en valeur des spécifités qui permettent in fine de constituer une typologie des alpinistes (typologie qui sera forcément un peu simpliste, mais c’est une vue de l’esprit)

en terme de perception, les alpinistes, bien souvent, ne se perçoivent pas comme de simples touristes, l’alpinisme mobilisant une appropriation et une connaissance des territoires de haute montagne qui ne relèverait pas du « simple touriste »
ex type : à l’aiguille du midi : l’alpiniste se distingue du simple touriste du fait qu’il ne s’arrête pas au télé = ça influe dans les perceptions.

…mais ça soulève un problème : qu’entend on par touriste? à ce stade de la démarche il faut bien le définir, sans quoi on ne peut se comprendre…

si on prend la définition classique rappelée par Annapurna : « déplacement librement consenti hors du domicile habituel pour une durée supérieure à 24 heures »
l’alpiniste utilise un véhicule de tourisme pour se rendre au pied des sentiers…
l’alpiniste emprunte des routes touristiques
l’alpiniste peut utiliser une résidence de tourisme ou un camping touristique comme camp de base
dans ce sens il y a déjà un décalage entre la perception des alpinistes et la définition proposée(cette définition se résumant finalement à des dimensions économiques et démographiques posées dans un cadre spatio-temporel)…

si on prend une autre définition du tourisme, la définition wiki par exemple : « Le tourisme est le fait de voyager dans, ou de parcourir pour son plaisir, un lieu autre que celui où l’on vit habituellement. »
beaucoup d’alpinistes voyagent
la plupart le font pour leur plaisir (le contraire serait un comble)
la plupart des alpinistes cherchent « un lieu autre que celui où l’on vit habituellement », ils cherchent de nouveaux horizons etc…
dans ce sens, il n’y a pas de décalage fondamental entre la perception des alpinistes et la définition proposée(puisque la définition se fonde sur la démarche)…

mais dans la perception de l’alpiniste, il y a une dimension "sportive " qui ne relève pas systématiquement du domaine touristique …quoique si on parle de « sport d’hiver » on fait bien référence à du tourisme, l’alpinisme ne se distingue plus.
l’alpiniste va alors mobiliser la thématique « aventure, hors des sentiers battus » pour tenter de se distinguer du « simple touriste » : dans cette perspective on serait tenté de dire que le randonneur est un touriste et pas l’alpiniste…mais l’alpiniste n’est-il pas randonneur, donc touriste, dans les marches d’approche sur sentiers?

enfin dans cette partie « perception » on peut se demander comment les locaux perçoivent les alpinistes, le berger local perçoit-il l’alpiniste comme un touriste?
question à creuser…mais je pense que le berger local n’associe pas l’alpiniste à un « local » donc l’alpiniste a déjà une connotation de touriste.

maintenant si je confronte cette perception à la réalité économique, démographique etc…
par exemple :
-face au corpus législatif, et en terme de responsabilité, l’alpiniste est-il directement associé au statut de touriste?
-dans une règlementation de parc ou espace protégé l’alpiniste est-il associé au touriste? (la réponse est dans la question, l’alpiniste étant un visiteur comme un autre)
-dans la station d’accueil près des sentiers, l’alpiniste relève-t-il d’un comportement économique tidentifiable à celui d’un touriste?
-Peut-on dire que fréquenter les refuges, comme le font les alpinistes, c’est aussi une forme mise en valeur touristique du territoire?
-en terme de mobilité, l’alpiniste a-t-il un comportement qui relève du touriste? (accès, parking, autoroute)
-démographique et sociologiquement (catégorie socioprofessionnel, origines géographiques) l’alpiniste se distingue-t-il des autres touristes?

après cela on met en valeur des spécificités conduisant à un typologie (du type : l’alpiniste de proximité (qui vit pas loin des montagnes)/ l’alpiniste parisien-voyageur(qui chercher l’antipode, qui fuit la ville)/ l’alpiniste comtemplatif à refuge/ l’alpiniste vadrouilleur-bivouaqueur etc…)

je pense perso (mais j’ai pas poussé l’analyse) qu’il y a bien un décalage entre la perception des alpinistes sur eux-mêmes et les réalités qu’ils représentent face à la société et au territoire.

PATRICK73 a écrit:

Salut,
Je crois que l’on peut aborder cette question sous deux angles:

Posté en tant qu’invité par PATRICK73:

Je trouve ta dernière phrase excellente, il y a en effet me semble t il un décallage enorme entre la perception que nous avons de nous même et ce que pourrait etre un touriste (merci à annapurna d’avoir relevé ce point), dans le sens ou nous nous approprions un terrtoire pour y exercer une activité qui ne relève pas simplement (mais pas uniquement) d’une pratique sportive, mais qui, pour beaucoup d’entre nous, oriente est conditione notre vie et notre vision du monde sur le long terme.

On n’est généralement pas alpiniste occasionel, du fait du fort engagement que demande cette pratique (engagement physique, technique, intellectuel, psychologique, bref tous ce qui fait la vie).
Beaucoup d’entre nous (en tous cas je le vis et je crois le percevoir chez « les alpinistes ») nous cherchons à vivre près d’une région ou la pratique est possible facilement et nous tentons d’avoir des métires en rapport avec cette activité. C’est donc un lien extrêmement fort, il me semble plus fort que ceux que l’on peut avoir avec la pratique « d’un sport » (déjà je sépare alpinisme et sport) "plus conventionel.

Le fait que la geographie physique d’un territoire soit le vecteur de notre activité fait que même vu d’un point de vu purement sportif l’alpinisme est différent d’un sport collectif ou individuel conventionel.
Le facteur temps est aussi important puisque si l’alpinisme à pour but de parcourir la montagne et d’arriver à un point précis connu ou non, cela prend du temps, au minimum un journée, donc rien de commun avec les activités « classique ».
On peut y associer le facteur risque, engagement, conniassance du milieu naturel et c’est sans fin.

Au bout du compte l’alpinisme ne serait il pas une façon de vivre, une façon de voir le monde, une phylosophie de la vie?

Ey la question n’est elle peut etre pas de différencier l’alpiniste et le touriste, et de comprendre pourquoi nous ne nous voyons pas comme touriste, alors que globalement nous sommes des touristes si l’on suit les raisonnement précédemment évoqués.

Cela ne relève t il pas d’une appropriassion d’un territoire qui ne nous appartient pas, tout en particpant par nos visites à une activité économique permettant à la population locale de vivre au pays?

A+
PAT

Posté en tant qu’invité par davidB:

Bonjour,

Intéressant ce que j’ai pu lire. Notamment l’idée qu’un alpiniste est quelqu’un qui pour

pratiquer son activité doit mobiliser un certain nombre de facteurs qui sont avant tout

entraînement et connaissance au moins partielle du milieu dans lequel il évolue. D’où une

certaine dimension culturelle.

Mais de ce point de vue, bien d’autres activités peuvent prétendre partager ces caractéristiques.

Si on tient compte du point de vue des populations locales, autant que je peux me le

représenter, je dirais un peu rapidement que l’alpinisme est un tourisme spécialisé.

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par sam:

Remarquez que le tourisme c’ est la découverte: depuis A.DAVID.NEEL jusqu’ au camping carisme (excusez le racourci) tout le monde part à la recherche de l’ autre ou (et) de sois. Nos methodes varient mais l’ idée reste la même.
Je pense comme certain ici que ma façon d’ aller est bonne car en pratiquant j’ arrive à céeer un autre raport: je ne viens pas seulement consommer mais je peux également donner une part de ma culture.
A ce moment je crois que je ne suis plus un touriste.

sam