Ahurissant : payer pour le sommet de la Tournette pour financer un refuge!

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[quote=« vincent frossard, id: 1816617, post:77, topic:161262 »]Il est communément entendu que la montagne, immuable, relèverait, par nature, du domaine public. C’est faux. La montagne est un écosystème fragile. Sans la vigilance bienveillante des hommes, elle se meurt. Or parmi ces hommes, il est parfois des familles. En ce qui concerne le massif de la Tournette et le refuge de Rosairy, c’est doublement le cas. C’est l’histoire de ma famille depuis 1785, l’héritage que je porte depuis 2003.
L’article « Payer pour grimper à la Tournette ? » et les commentaires sur les réseaux sociaux qui ont suivi m’ont blessé. Profondément. En laissant penser que je pouvais être homme vénal, on a caricaturé un homme défendant une terre, d’exception certes, mais fragile. Plus même: en m’attaquant, on a moqué l’histoire unique d’un site, son « âme », celle que je m’emploie à faire vivre, de toutes mes forces et dans toute mon intégrité. Amis, associations, autorités publiques, bergers et professionnels de la montagne, artistes, sportifs ou randonneurs, quiconque a un jour foulé les arpents de la Tournette pourra témoigner de l’état esprit et de l’atmosphère singulière qui y règnent. On m’autorisera à croire que je n’y suis pas totalement étranger.
C’est pourquoi, quand je souhaite continuer à conditionner l’accès de cette terre, qui est mienne, au respect de certaines règles élémentaires à sa préservation, où est l’illégitimité?
En rappelant que l’entretien quotidien d’un espace naturel tel que celui de la Tournette a un coût, énorme, allant bien au-delà des capacités financières d’une seule famille – est-il besoin de le spécifier…-, où est l’illégitimité?
En rappelant que des subsides, qu’ils soient publics ou privés sont évidemment essentiels pour la survie d’un tel site, où est l’illégitimité?
Il n’est évidemment pas question de taxer le promeneur et sa famille. Comment peut-on sérieusement penser qu’une boutade puisse servir d’étendard?!
En revanche, que l’on puisse concevoir que des entreprises d’envergure mondiale, dépensant des millions d’euros chaque année dans divers évènements sportifs ayant une empreinte écologique non négligeable, s’arrogent le droit d’occuper ce territoire (à grand renfort d’hélicoptères), sans se soucier de mon autorisation préalable et sans aucun signe d’investissement, de quelque nature qu’il soit, pour la préservation du site, est-ce vraiment légitime? Est-ce si illégitime de défendre l’idée selon laquelle, elles-aussi, devraient pouvoir partager et soutenir un projet de conservation de l’espace naturel?
La Tournette et le refuge de Rosairy permettent depuis longtemps à des organisateurs animés des meilleures intentions de planifier des marches, des lectures, des concerts qui participent d’une histoire et d’un état d’esprit. Ce territoire est porté par une « communauté de bien ». Elle est ouverte. J’en suis le garant. Tout autant que de son intégrité. Vincent Frossard[/quote]
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Comment ne pas approuver cette démarche ?
il y a une nuance de taille
entre la fréquentation douce, respectueuse, individuelle ou de petits groupes discrets
et celle de la foule des grands bazars médiatico financiers pseudo sportifs ( ou plutôt hélico et motoreux sportifs )
qui se foutent éperdument de leur « empreinte » et des dégâts causés
qui plus est, dans une propriété privée …

[quote=« jjbibi, id: 1816719, post:81, topic:161262 »][i]

[quote=« vincent frossard, id: 1816617, post:77, topic:161262 »]Il est communément entendu que la montagne, immuable, relèverait, par nature, du domaine public. C’est faux. La montagne est un écosystème fragile. Sans la vigilance bienveillante des hommes, elle se meurt. Or parmi ces hommes, il est parfois des familles. En ce qui concerne le massif de la Tournette et le refuge de Rosairy, c’est doublement le cas. C’est l’histoire de ma famille depuis 1785, l’héritage que je porte depuis 2003.
L’article « Payer pour grimper à la Tournette ? » et les commentaires sur les réseaux sociaux qui ont suivi m’ont blessé. Profondément. En laissant penser que je pouvais être homme vénal, on a caricaturé un homme défendant une terre, d’exception certes, mais fragile. Plus même: en m’attaquant, on a moqué l’histoire unique d’un site, son « âme », celle que je m’emploie à faire vivre, de toutes mes forces et dans toute mon intégrité. Amis, associations, autorités publiques, bergers et professionnels de la montagne, artistes, sportifs ou randonneurs, quiconque a un jour foulé les arpents de la Tournette pourra témoigner de l’état esprit et de l’atmosphère singulière qui y règnent. On m’autorisera à croire que je n’y suis pas totalement étranger.
C’est pourquoi, quand je souhaite continuer à conditionner l’accès de cette terre, qui est mienne, au respect de certaines règles élémentaires à sa préservation, où est l’illégitimité?
En rappelant que l’entretien quotidien d’un espace naturel tel que celui de la Tournette a un coût, énorme, allant bien au-delà des capacités financières d’une seule famille – est-il besoin de le spécifier…-, où est l’illégitimité?
En rappelant que des subsides, qu’ils soient publics ou privés sont évidemment essentiels pour la survie d’un tel site, où est l’illégitimité?
Il n’est évidemment pas question de taxer le promeneur et sa famille. Comment peut-on sérieusement penser qu’une boutade puisse servir d’étendard?!
En revanche, que l’on puisse concevoir que des entreprises d’envergure mondiale, dépensant des millions d’euros chaque année dans divers évènements sportifs ayant une empreinte écologique non négligeable, s’arrogent le droit d’occuper ce territoire (à grand renfort d’hélicoptères), sans se soucier de mon autorisation préalable et sans aucun signe d’investissement, de quelque nature qu’il soit, pour la préservation du site, est-ce vraiment légitime? Est-ce si illégitime de défendre l’idée selon laquelle, elles-aussi, devraient pouvoir partager et soutenir un projet de conservation de l’espace naturel?
La Tournette et le refuge de Rosairy permettent depuis longtemps à des organisateurs animés des meilleures intentions de planifier des marches, des lectures, des concerts qui participent d’une histoire et d’un état d’esprit. Ce territoire est porté par une « communauté de bien ». Elle est ouverte. J’en suis le garant. Tout autant que de son intégrité. Vincent Frossard[/quote]
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Comment ne pas approuver cette démarche ?
il y a une nuance de taille
entre la fréquentation douce, respectueuse, individuelle ou de petits groupes discrets
et celle de la foule des grands bazars médiatico financiers pseudo sportifs ( ou plutôt hélico et motoreux sportifs )
qui se foutent éperdument de leur « empreinte » et des dégâts causés
qui plus est, dans une propriété privée …[/quote]

Comment ne pas approuver cette démarche ?

Il y a quand même un tas de raisons potentielles de ne pas l’approuver : « Ce territoire est porté par une « communauté de bien ». Elle est ouverte. J’en suis le garant. Tout autant que de son intégrité. »

La population du bassin annécien a explosé, la sociologie a totalement changé, la loi dictée par quelques anciens sous prétexte « qu’ils étaient là avant », on peut ne pas s’en satisfaire.

Enfin, moi, j’dis ça, j’dis rien.

Peut-être que des hommes peuvent aussi intervenir pour prévenir les dégâts et la trop grosse empreinte écologique causés par d’autres hommes ?

Elle a tout de même bon dos la montagne alors que la problématique évoquée dans l’article du Daubé est le coût des travaux de votre refuge et du câble !

Les travaux du refuge mis à part, en quoi consiste l’entretien de cet écosystème (car c’en est bien un) pour que cela coûte si cher ?

Mes critiques et questions mises à part, merci tout de même pour ces précisions :slight_smile:

A force d’entendre parler de la tournette avec cette histoire j’étais bien décidée à y faire un tour lors d’un passage dans les Aravis. Mais je n’ai pas pu, trop de neige depuis le côté Thônes!

Le trail qui y faisait monter qqs centaines de pers encore l’an dernier a changé de lieu cette année pour s’attaquer au Mont Charvin. J’imagine que les agissements du gars du refuge y sont pour quelque chose. A moins que ce soit l’inverse :stuck_out_tongue:

C’est pas grave il faut y revenir versant lac d’Annecy, plus vite déneigé :slight_smile:

Je suis assez interloqué que la France n’ait aucune disposition législative qui garantit l’accès du public aux montagnes.
En Suisse, pays qu’on peut difficilement taxer de laxiste en matière de droit à la propriété privée, un article du code civil (699) stipule clairement que:

[quote=art.699 CC]Chacun a libre accès aux forêts et pâturages d’autrui et peut s’appro-
prier baies, champignons et autres menus fruits sauvages, conformé-
ment à l’usage local, à moins que l’autorité compétente n’ait édicté,
dans l’intérêt des cultures, des défenses spéciales limitées à certains
fonds.[/quote]

Demeure floue la question de savoir si le terme « pâturage » englobe, ou non, toute la montagne (zones rocheuses ou semi-rocheuses par exemple?).
Il n’y aurait donc rien de comparable en France?!

Je ne vois pas bien le rapport entre les deux choses. Admettons (même si c’est discutable selon la position où l’on place l’homme) que la montagne constitue un écosystème fragile qui a besoin de l’homme. En quoi cela infirmerait-il le fait que la montagne puisse relever ou être perçue comme étant, par nature, du domaine public?
Personnellement, le fait qu’un privé puisse revendiquer la possession d’une montagne me choque. Ou plutôt non: ce qui me choque, c’est qu’un privé puisse avoir le loisir d’interdire, ou de réglementer, l’accès à ladite montagne au public. Soit précisément ce que le Code Civil suisse empêche.

Et d’ailleurs, en quoi faire de la montagne un domaine public, ou du moins un domaine où la propriété privée ne s’exerce pas complètement, contrevient fondamentalement au principe de la propriété privée? C’est uniquement une question de zonage. En France, le fait que les cours d’eaux domaniaux ne puissent être dans les mains d’un privé ne pose pas de problème fondamental au droit à la propriété privée, si? Même chose pour l’Antarctique, même si c’est un peu différent.

Il y a quand même une question qui me taraude : l’accès au sommet est-il payant?

Je crois que quand on aura la réponse, on pourra ranger nos kalachnikovs. Ce « péage » est pour l’instant le délire d’un frustré de la vie et ne correspond pas à la réalité. Je crois qu’il n’y a pas lieu de prendre position sur un délire.

C’est vrai que la plupart des révolutions (parfois bénéfiques) se sont inspirées des délires de marginaux, mais là, je pense que la révolution est loin d’être en marche.

[quote=« vincent frossard, id: 1816617, post:77, topic:161262 »]Il n’est évidemment pas question de taxer le promeneur et sa famille. Comment peut-on sérieusement penser qu’une boutade puisse servir d’étendard?!
En revanche, que l’on puisse concevoir que des entreprises d’envergure mondiale, dépensant des millions d’euros chaque année dans divers évènements sportifs ayant une empreinte écologique non négligeable, s’arrogent le droit d’occuper ce territoire (à grand renfort d’hélicoptères), sans se soucier de mon autorisation préalable et sans aucun signe d’investissement, de quelque nature qu’il soit, pour la préservation du site, est-ce vraiment légitime? Est-ce si illégitime de défendre l’idée selon laquelle, elles-aussi, devraient pouvoir partager et soutenir un projet de conservation de l’espace naturel?[/quote]

Oups, mea culpa, je n’avais pas lu la réponse du principal concerné, désolé pour mon survol bien trop rapide de quelques messages de cette discussion. Evidemment, les articles veulent faire de la sensation et le propos initial semble très mal traduit par la presse, en tout cas si sa réponse est honnête (ce dont il n’y a pas lieu de douter, je pense). Bref, je retire tout ce que j’ai dit en n’ayant eu qu’un seul son de cloche, celui des journalistes à sensation. Je vous prie de m’excuser, Monsieur Frossard. Et j’essaierai d’être plus précautionneux avec ce genre d’articles daubés à l’avenir.

Bref, même si certains propos ne sont sans doute pas complètement incontestables, il n’en demeure pas moins que je comprends bien mieux son point de vue. Je me demande même si je ne suis pas (au moins partiellement) d’accord avec lui. Mais le cadre légal me semble toujours très peu propice à cette réflexion. Enfin, qui vivra verra.