Acclimatation

Chacun sait qu’il faut quelques jours pour s’acclimater

Mais la question est la suivante : les globules rouges ont une durée de vie de 110 à 120 jours. Au bout de combien de temps je perds mon acclimatation ? (en restant bêtement dans la vallée par exemple)

voili voilà !

Un mois après être rentré, il ne te restera plus grand chose. On estime qu’au bout de 3 semaines, tu as perdu 75% de ton acclimatation.

Posté en tant qu’invité par tchoubidou:

Bonne question, la réponse m’interesse aussi.
Je vais au Mont blanc le 27 juin et mi juin je vais dans les ecrins pour m’entrainer ( réalisation du dome de neige par exemple ), est ce qu’il me restera un minimun d’acclimatation histoire de souffrir moins lors de la montée du mont blanc ?
Merci

je me demande si faire une course de deux jours dont un seul vraiment passé en altitude (quelques heures en fait) peut vraiment passer pour une « acclimatation » ? cela réconforte, agit sur notre propre confiance mais je ne suis pas du tout sûr de la « réactivité » de notre organisme : peut-il en si peu de temps « faire des globules » ? et le cas échéant conserver cet avantage les jours suivants (disons une ou deux semaines plus tard) ?
un médecin c2ciste a-t-il une réponse à nous apporter ?

baptiga

Posté en tant qu’invité par la baltringue:

Je crois qu’une course en altitude n’acclimate pas réellement, c’est les nuits passées en altitude qui comptent. Et il faut au moins une semaine pour que le corps fabrique des globules ( d’après un ami medecin )

bref, faire le dome avant le Mont blanc ne sert pas à grand chose physiologiquement, par contre ca t’habitue à la souffrance, ca te rassure psychologiquement et puis ca te fait un peu les jambes.

Bonnes courses

Quelqu’un aurait il des chiffres ?

et dire qu’on va en montagne pr le plaisir :wink: perso j’apprécie d’etre entrainé aussi :stuck_out_tongue:

Posté en tant qu’invité par Hugues725:

Dans les Alpes, il n’y a pas lieu de parler d’acclimatation. Tu montes au Mt-Blanc et en redescend en ayant eu mal ou non au crâne et en ayant eu ou non le coup de barre. Point barre.
Dans les Andes ou en Himalaya, il faut au moins une semaine (plutôt 10j) pour s’acclimater à la haute altitude. Et tu peux considérer qu’à ton retour en Europe, ton taux d’hématocrite est redescendu à ton niveau habituel…

Quand même, passer une nuit au dessus de 4000 (Margherita par ex.) sans être acclimaté peut donner qqs soucis

Posté en tant qu’invité par Hugues725:

Quel est l’intérêt d’aller dormir à Margherita ?
J’ai dormi une fois au refuge Carrel sur l’arête du Lion au Cervin (3800 ou 3900m si je ne me trompe) en étant parti de Lyon la matin même. Un léger mal de crâne le soir qui a passé dans la nuit. Le lendemain, aucun problème.
Nuit à Eccles (même altitude) sans aucun problème sans aucune « acclimatation ».

Pour éviter les problèmes, dormir assez bas est la solution, pour le Mt Blanc c’est bien mieux à Tête Rousse, au moins on dort, on passe le couloir du goûter de nuit à l’aller (pas de chutes de pierres), et c’est pas surpeuplé!

Pour le Mt Rose, nuit à la Monte Rosa hütte, idem… sauf qu’il faut y aller en semaine pour éviter la grosse foule.

Ca demande un peu de physique, mais c’est pas surhumain non plus…

Attention. L’acclimatation n’est pas qu’un affaire de globules rouges.
Il y a au moins 4 effets connus liés à l’acclimatation:

  1. la génération de globules rouges. Le plus lent. Pas important pour ceux qui viennent dans les Alpes faire le Mont Blanc en 2 jours.

  2. l’augmentation de la fréquence respiratoire au repos, même en dormant.
    On peut augmenter la fréq. respiratoire volontairement, et hyperventiler, (voire les écrits de Messner au sujet). Mais c’est encore plus important ne pas tomber en hypoxie pendant le repos, et surtout le sommeil. La freq. respiratoire pendant le sommeil est contrôlée de façon involontaire par le cerveau. C’est mal connu, mais on croit que ça explique la rapide acclimatation de ceux qui ont eu des expériences précédentes en altitude, par rapport à ceux qui s’y confrontent par première fois. Même si les deux types ça fait un an qui ne vont pas en montagne. Une espèce de « mémoire » de l’altitude qui fait que le cerveau active la freq. respiratoire automatiquement. Enfin, des hypothèses.

  3. Augmentation de la pression artériel, ce qui force le passage de plus de sang dans des régions des poumons normalement peu irrigués à PO2 normale. Dommages collatéraux de ça… les yeux rouges, le mal de tête, les oedemes… Mais il faut bien aller chercher l’O2 quelque part! ça fait partie normale de la réponse à la manque d’O2 à court terme.

  4. Des changement biochimiques qui augmentent la libération de l’O2 de l’hémoglobine du sang vers d’autres tissus. P. ex. la synthèse de modulateurs allostériques de l’Hb. ça peut être très rapide a apparaître et disparaître, mais aussi être là en permanence. C’est une des hypothèses de pourquoi certaines ethnies sont mieux adaptées à l’altitude. Des projets de recherche et industriels sont en cours pour changer l’affinité normale de l’Hb pour l’O2, et pouvoir envoyer plus d’O2 a des tissus en hypoxie dans certaines pathologies. Simplement à titre anecdotique: une hémoglobine différente, avec plus d’affinité pour l’O2 permet au fœtus d’avoir toujours de l’O2, même quand à la maman lui en manque.

Posté en tant qu’invité par PN:

Hello
J’ai entendu qu’il y aurait aussi des changements structurels à l’intérieur même de certaines cellules afin de diminuer l’effet de l’hypoxie. Mais je n’en suis plus du tout sûr et je ne retrouve pas de sources fiables.
Est-ce-que quelqu’un d’autre sur ce forum aurait entendu parler de quelque chose du style?

Merci

HbF, qui peut se retrouver chez certaines personnes à l’âge adulte aussi dans des proportions non négligeables. Avantage ou pas, je sais plus… Mes notions de physiopathologies sont assez lointaines!

la bible - en francais- est edité par Pr Richalet ( chercher sous google). Certains hopitaux ont aussi un petit fascicule qu ils distribuent ( j en avait eu un d un medecin de guillestre).

de Memoire,( mais mieux vaut relire le bouquin)
en dessous de 3j, ca reste de l accommodation

l acclimatation ne s est déclenchée reellement qu apres 6j et tourne plein au bout de 10/12 jours

Posté en tant qu’invité par Hugo 38:

Pour revenir à la question de départ : combien de temps persistent les effets de l’acclimatation à l’altitude ? comment s’acclimater ?

qu’est-ce que l’acclimatation ?
la mise en place par notre organisme de mécanismes physiologiques visant à maintenir un taux d’oxygène sanguin (que nous appellerons SaO2 :slight_smile: le plus élevé possible.
plus tu es à une altitude élevée, plus ta SaO2 chute, et plus les mécanismes de réponses seront intenses. Mais si tu monte trop vite trop haut, tu dépasses les capacités de ton corps et les symptômes apparaissent. On sait actuellement que les gens qui font un MAM ont généralement une SaO2 anormalement basse pour une altitude donnée.

pour la durée de ces effets, tout dépend de ton acclimatation. Plus elle est longue et à une altitude élevée, plus c’est efficace.

Pour des ascensions courtes, on peut dire que tu franchis un cap dans ta tolérance à l’altitude au bout de 48h passées en altitude.

si tu as une pratique régulière de l’altitude (2*2jours /mois en altitude > 3000m), tu peux compter sur ton acclimatation d’une course à l’autre. Sinon, si tu en as la possibilité, le plus efficace est à mon avis de passer 1 ou 2 nuits entre 3000 et 3500m juste avant la course. (une à 3000 puis une à 3500m est tip top). 1 nuit c’est déjà bien puisque généralement le sommet est tenté le 2nd jour, donc après une nuit supplémentaire.

pourquoi la nuit ?
pour s’acclimater on cherche donc à faire chuter progressivement sa SaO2. A une altitude donnée, ma SaO2 est max au repos, intermédiaire pendant le sommeil et minimale à l’effort. l’intérêt de la nuit c’est que sans monter trop haut, tu t’acclimates correctement, sans te fatiguer. bien sûr dormir trop haut devient vite dangereux, notamment sans acclimatation préalable (éviter >3500 en première nuit, surtout après une journée d’effort ou on a été a des niveau de SaO2 très bas).

typiquement, pour un mont blanc par le gouter, une montée idéale, pour être quasi-certain de ne pas avoir de soucis serait sur 3 jours :

  • J1 montée à tête rousse. coinche.
  • J2 montée au gouter. coinche.
  • J3 sommet en doublant tout le monde puis redescente intégrale.

le problème est qu’il faut monter à 4 pour coincher :o)

bonne grimpe à tous,
Hugo

Bonsoir,
Personnellement, j’ai bien aimé les explications du « Dr Vertical », que j’ai eu la chance de croiser au refuge des Cosmiques l’an dernier :

http://www.tvmountain.com/index.php?option=com_hwdvideoshare&task=viewvideo&Itemid=136&video_id=1393

Bon visionnage.

Bonjour,

Merci pour cette discussion riche en informations. Le bouquin de Richalet, partiellement consultable sur google book ainsi que l’interview du « Dr Vertical » sont très intéressants.

Ma question est la suivante :
On nous conseil de progresser de 500m max entre deux nuits consécutives. Si je veux atteindre un bivouac de 4000m, idéalement il faudrait que je dorme
N1 : 3000m
N2 : 3500m
N3 : 4000m.

On nous conseil également de ménager notre fatigue. Je me demandais donc s’il était possible de passer une nuit à plus basse altitude, juste avant le bivouac final à 4000m. Par exemple :
N1 : 3000m
N2 : 3500m
N3 : 1000 m (nuit bien confortable, on se repose bien)
N4 : 3100m (refuge)
N5 : 4000m

On ne respecte pas vraiment les paliers. Mais es-ce que le fait d’avoir respecté une montée « douce » sur les premières nuits permet de faire un plus grand pas entre N4 et N5, ou bien perdons-nous toute notre acclimatation lorsqu’on redescend à 1000 m ?

Si on supprime N3, est-ce que cela est envisageable ?

Au plaisir de vous lire, merci d’avance pour vos réponses !

A bientôt
jerome