Accidentologie glacier blanc en été?

Le truc est surtout que les conditions ne sont pas homogènes.
Il y a une partie du glacier entièrement en glace, puis ensuite avec des ponts facilement évitables, puis avec des ponts difficilement évitables (gros détours labyrinthiques), puis avec des ponts obligatoires. Et ceci évolue heure par heure.
Il n’y a donc pas règle : il faut voir les conditions sur place (qui changent tous les jours), pour décider s’il vaut mieux s’encorder tout le long ou si on peut se décorder sur une partie.

Une anecdote : j’ai descendu le glacier d’Aletsch depuis la Jungfrau jusqu’à 2300m, tout d’abord encordé avec crampons sur la neige, puis décordé avec crampons sur la glace tant que c’était « raide » (15-20°, mais les crevasses et l’érosion forment alors des petites sections à 30°), puis décordé sans crampons sur la glace jusqu’à Koncordia. Là, j’ai trouvé des skis de fond, j’ai donc continué en ski de fond sur la glace : pratique pour franchir des crevasses qui nécessitaient un saut à pied. Mais je devais déchausser par endroit pour passer une zone trop tourmentée (qui passait sans crampons).

[quote=« vprat, id: 1754089, post:16, topic:155844 »]

Ben déjà ça permet d’avoir un regard critique les les choix que j’ai fait. Le fait de savoir si mes choix sont basés sur des suppositions vraies ou fausses, sur des risques que j’estime grands ou faibles a tort ou a raison, …

C’est intéressant de mon point de vue de se questionner et savoir justement quand on a peu d’expérience si nos choix sont bien fondés.[/quote]

Entièrement d’accord pour se questionner et avoir un regard critique sur ses choix, mais quant à la pertinence des statistiques en tant qu’argument objectif pour valider un choix, pour moi cela est un raccourci trompeur car les statistiques ont aussi la vertu d’ignorer les cas particuliers ou non représentatifs et c’est ceux-là qui nous tombent dessus plus souvent qu’on le croit. Reste l’expérience et avec elle, au-delà de son partage, le temps qu’il faudra pour l’acquérir, tout en sachant qu’elle n’exclue pas de douter de temps à autres.

Continue à te poser des questions. C’est comme ça que tu progresseras.
Et en tant qu’encadrant c’est essentiel.

T’inquiète, il le fait à tout le monde.
Ton péremptoire, blindé de certitudes, sûrement pas la personne avec qui je prendrais du plaisir à aller en montagne.

Ou plutôt : le niveau de pratique (l’expérience) permet de déterminer que les risques sont faibles. Au début, mieux vaut pécher par excès de précaution.

Posté en tant qu’invité par Leemans:

Vprat est cartésien. Il souhaiterait des réponses binaires à des questions qui trouveront leur solution dans la pratique et l’expérience. Il lui reste toutefois aussi la solution d’engager un guide qui lui prodiguera de bons conseils et des cours personnalisés adaptés à son niveau.C’est très efficace mais c’est plus cher que les échanges sur les forums !

[quote=« fredoche, id: 1754119, post:24, topic:155844 »]

Ou plutôt : le niveau de pratique (l’expérience) permet de déterminer que les risques sont faibles. Au début, mieux vaut pécher par excès de précaution.[/quote]

Il faut aussi prendre en compte le niveau des participants, surtout si tu encadres une sortie.

Posté en tant qu’invité par Leemans:

[quote=« John D l’aventurier, id: 1754118, post:23, topic:155844 »]

T’inquiète, il le fait à tout le monde.
Ton péremptoire, blindé de certitudes, sûrement pas la personne avec qui je prendrais du plaisir à aller en montagne.[/quote]

@ vprat
Je ne me suis pas foutu de ta g…c’était de l’humour. A l’époque des gopro, rien de plus normal. …cela dit, la susceptibilité, ça se soigne !

@ D l’aventurier
Être sûr de soi est une qualité en montagne. Tu devrais apprendre à t’affirmer davantage car en ce qui me concerne, les fébriles et les hésitants font de mauvais compagnons de cordée.A fuir absolument.

A en juger par ta présence quasi permanente sur le forum, tu n’es guère plus en montagne que moi.Mon ton prétendument péremptoire vaut bien ta propension à nous faire avaler des couleuvres.

Posté en tant qu’invité par Invite:

[quote=« trouillard, id: 1754078, post:8, topic:155844 »]Il y a bien longtemps, sur la mer de glace, il me semble qu’un jeune garçon est mort coincé et asphyxié en 2h sous les yeux de son père à 2m de lui, personne ne pouvait l’extraire de cette petite crevasse en V (phénomène de réchauffement / enfoncement dans la glace qui regèle tout de suite). Une horreur à vivre. Probabilité très très faible, mais quand ça arrive…

J’ai toujours la trouille sur des glaciers type glacier blanc, il m’arrive encore de faire des trucs comme l’étendard en solo, mais très tôt en saison, très tôt en journée, et quand le regel est total. Mais je me prive de pas mal de sorties glaciaires quand je n’ai pas de partenaire (fiable). J’ai peut-être garder la peur ancestrale des montagnards du 17e siècle.

A la limite, je trouve moins craignos de grimper sans corde dans son niveau que jouer à la roulette russe (1 coup dans un barillet de 500 apparemment) sur un glacier troué ou des arêtes cornichées.

De tout façon, dans peu de décennies, on ne sera plus « embêtés » par les glaciers.[/quote]

+1 : on est deja plus serein en solo sur pas mal d itineraire suite au retrait glaciaire. Certains itineraires deviennent scabreux, d autres abordables en solo :slight_smile:

pour moi, c’est simple : si je ne connais pas le glacier, je m’encorde , si je le connais et que la glace est nue peut-etre que je m’encorde pas (surtout si l’autre est expérimenté, mais il faut que l’autre soit d’accord!) . je ne vois pas ou est la gene de marcher encordé sur un glacier plat, pas de quoi en faire une affaire d’état… Et pour un moins expérimenté c’est intéressant, d’acquérir tranquillement des automatismes de gestion de la corde et de la cordée… (en gros ne pas y mettre les crampons) Le plus con à mes yeux est de marcher avec une corde sur le sac, ça a été dit…
« Trouillard » parle de l’Etendard : et bien mi-juillet en bas sur le plat je ne connaissais pas, on s’est encordé mais après coup je me suis dit que c’était vraiment pas nécessaire (sauf que quelquepart j’ai pas envie de voir ma moitié zipper dans une bédière meme si c’est improbable encore faut-il qu’elle passe exactement au même endroit que moi mais je vais pas passer mon temps à me retourner!)… Par contre dans la première pente je suis passé à travers un petit pont de neige, je me suis retrouvé les deux pieds en l’air la tête en bas alors que la crevasse faisait à peine un mètre de large, sans corde j’aurais vraiment flippé car je voyais les diables alors que ce sommet est tellement « facile » !!!
deux notions trompeuses : le gars est « bon » (???) et le sommet est « facile »(???), s’il y a un risque objectif, il ne disparait pas magiquement avec un jugement de valeur !

  • Celui qui est derrière ne peut pas s’arrêter ou juste ralentir quand il veut (regarder le paysage, prendre une photo, remettre une guètre qui fait du bruit…). Il doit avertir celui qui est devant. En fin de compte, chaque membre de la cordée s’arrête plus que si chacun pouvaient s’arrêter quand il veut. On peut se forcer à ne pas s’arrêter : les passages sur glacier deviennent alors encore plus chiants que ce qu’ils sont déjà.
  • Il faut tenir la corde tendue, car si elle est détendue, elle se mouille et se salie sur la neige et la glace (qui est plein de terre et de sable). Le sable réduit la durée de vie de la corde. De plus la corde est mouillée et au soleil. Eau + soleil entraine un vieillissement accéléré de la corde : perte d’élasticité et rétrécissement. Si on utilise toujours le même brin d’un rappel pour s’encorder sur un glacier, et que la corde n’est pas toujours bien tendue, au bout d’un moment le brin s’est rétréci de 2 ou 3m.

On est d’accord.
Mais être blindé de certitudes est un défaut.

Merci du conseil !
La blague du jour ! :lol: :lol: :lol: :lol:
J’en fais part de suite à mon entourage, ils vont bien rigoler

Ben c’était de l’humour, mais visiblement on n’a pas le même.

Moi c’est hernie discale paralysante, et toi ?

Posté en tant qu’invité par glacblanc:

sur le glacier blanc je ne m’encorde pas. Surtout actuellement : glace vive la plupart du temps, possibilité de contournement ou d’enjambements des crevasses évidentes. Ce qui est sûr c’est qu’il faut rester concentré (vu des traces sur des lèvres ou sur des minis ponts de neige il y a trois jours…!)

Ne pas confondre « niveau de pratique » (1. aller tous les jours sur le Glacier blanc, ce qui permet d’apprécier les conditions, leur évolution et la technique de sécurité adaptée) et « niveau de pratique » (2. performance technique et difficulté de la course). La réponse à une question comme celle de vprat dépend d’abord de la connaissance du milieu (pratique 1), ensuite de la maîtrise des techniques de sécurité.
Donc je n’ai rien à dire car je n’ai pas fréquenté le GB cette année ! :wink:

Ben ça dépend. Perso, je m’encorde très peu sur le glacier blanc mais cela est fonction des conditions et de mes partenaires. Chacun fait ce qu’il lui plait, plait :stuck_out_tongue:

Après la crevasse comme le pont de neige, ne font pas trop la différence entre le mec qui plonge d’un bon pas et celui qui a hésité.

Posté en tant qu’invité par trouillard:

[quote=« vieux piton, id: 1754128, post:29, topic:155844 »]pour moi, c’est simple : si je ne connais pas le glacier, je m’encorde , si je le connais et que la glace est nue peut-etre que je m’encorde pas (surtout si l’autre est expérimenté, mais il faut que l’autre soit d’accord!) . je ne vois pas ou est la gene de marcher encordé sur un glacier plat, pas de quoi en faire une affaire d’état… Et pour un moins expérimenté c’est intéressant, d’acquérir tranquillement des automatismes de gestion de la corde et de la cordée… (en gros ne pas y mettre les crampons) Le plus con à mes yeux est de marcher avec une corde sur le sac, ça a été dit…
« Trouillard » parle de l’Etendard : et bien mi-juillet en bas sur le plat je ne connaissais pas, on s’est encordé mais après coup je me suis dit que c’était vraiment pas nécessaire (sauf que quelquepart j’ai pas envie de voir ma moitié zipper dans une bédière meme si c’est improbable encore faut-il qu’elle passe exactement au même endroit que moi mais je vais pas passer mon temps à me retourner!)… Par contre dans la première pente je suis passé à travers un petit pont de neige, je me suis retrouvé les deux pieds en l’air la tête en bas alors que la crevasse faisait à peine un mètre de large, sans corde j’aurais vraiment flippé car je voyais les diables alors que ce sommet est tellement « facile » !!!
deux notions trompeuses : le gars est « bon » (???) et le sommet est « facile »(???), s’il y a un risque objectif, il ne disparait pas magiquement avec un jugement de valeur ![/quote]

+1 sur les apparences trompeuses
+2 sur les pots traitres du glacier de st sorlin (pas beaux à voir en automne)
Pour tôt, c’était début juin (quand ça ne valait plus le coup de porter les skis) et sortie du glacier à 8.00 (sommet à 7.00), nuit claire et iso journée < 3000.
Sinon, je ne suis pas joueur.

[quote=« Bubu, id: 1754131, post:30, topic:155844 »][/quote]
je dois etre très fort j’arrive à regarder le paysage et faire des photos !! :wink: par contre la guetre qui fait du bruit ??? :frowning: Plus sérieux : bien sur que la corde doit etre au max tendue mais l’histoire de la corde ça dépend aussi de si tu viens d’une voie technique difficile (tu as une corde à laquelle tu tiens… et là ptetre que tu te décordes sur le plat) ou si tu viens du Dome (là tu as une corde qui ne sers plus qu’à ce genre de truc) … alors je veux bien, dans ce cas « etre bon » en effet change la donne !
le problème une fois dans la face nord (mais le sujet a été x fois évoqué) c’est que tu vois aussi des gonzes passer des ponts de 3m sur des crevasses profondes… là j’ai du mal…

La guètre qui descend un peu, et « gonfle » jusqu’à toucher l’autre guètre : ça fait fuiiit, fuiiit à chaque pas, ça pète les c… rapidement (je ne suis pas venu en montagne pour subir un bruit de machine), sans compter le risque de se prendre les crampons dedans en cas de pas de côté.
En fait c’est juste pour dire que pour garder la corde tendue, il faut être concentré sur le rythme, et qu’on ne peut quasi plus rien faire d’autre (je ne crois pas à la prise de photo avec cadrage précis, tout en marchant à corde tendue, surtout qu’on est censé pouvoir réagir au 1/4 de tour si le compagnon tombe dans une crevasse).

A la réflexion, sur le plat du glacier blanc en plein cagnard, j’enlève le casque, la frontale, la grosse veste, etc, etc… et les guetres ! mais je garde la corde (et le piolet à la main). J’ai eu des guetres comme ça, je les ai réformées dès que j’ai pu…
En fait, pour revenir aux crevasses, je me méfie depuis le jour (ya longtemps ) ou bivouaquant au col du midi j’ai fait 100 m le soir pour aller pisser et … j’ai passé une jambe jusqu’à l’entrejambe dans un trou, ça m’a fait bizarre car c’était pas du tout dans mon logiciel ! au col du midi !

Merci pour tous ces éléments de réflexion. Le forum est bien entendu une source d’infos complémentaires aux échanges lors de simples sorties ou de formations avec guides ou instructeurs. Mais bien sûr je n’ai ni le temps ni les moyens que je voudrais pour sortir souvent avec un guide.

Pour ma part, cela confirme que pour le moment que je garderai corde/piolet même sur glaciers faciles et lisibles. Même si comme je l’avais un peu senti, la partie la plus plate du glacier blanc semble assez sûre si on fait très gaffe dans les conditions où elle était mardi/mercredi dernier.

Merci encore.

Posté en tant qu’invité par jackgerome:

ENCORDEMENT même sur glaciers plats semblant débonnaires
et dès le début du glacier
pour ne pas avoir respecté cette règle élémentaire, je me suis retrouvé avec la moitié du corps au-dessus de 30m de vide
ça fait froid dans le dos et ça m’a servi de leçon que j’aurai pu payer très cher
bonne montagne