Posté en tant qu’invité par strider:
salut rapha,
moi aussi j’ai vécu une chose similaire…comme témoin (sans responsabilité) et comme sauveteur improvisé( et aussi pour appeler d’autres sauveteurs pas improvisés! bravo au pghm)…c’est très dur et encore plus quand ce sont des personnes qui nous sont chers, comme c’était mon cas…alors on se pose nécessairement cette question que tu te poses…en même temps on est toujours passionné, alors c’est pas la question qui fait souffir mais c’est le dilemme qu’elle sous-entend…
Perso moi c’était lié au pont de neige…peu après j’en voyais partout, partout, beaucoup trop…et puis avec le temps ça s’estompe et je fais la part des choses et maintenant je l’ai surmonté, ce dilemme…mon remède : l’action concrète, l’observation pour éviter l’ accident certes mais le plus important a été de m’intéresser plus en profondeur sur la montagne : releguer cette volonté un peu stérile de gravir pour gravir après la pure curiosité de l’esprit , de la soif de découverte visuelle, artistique et de connaissance scientifique sur la montagne et l’émotion que cela procure…et par dessus tout je dirai tout simplement l’amitié que l’on vit en montagne, la dimension humaine, que cela nous apporte au quotidien…
Vivre un accident c’est comme les guerres dans l’histoire il y a des côtés très négatifs et d’autres positifs qui font progresser, tirer des leçons, changer son regard sur les choses…et peut être les gens qui savent ce que c’est qu’un accident ont paradoxalement une certaine chance, un atout en plus de leur côté, une humulité plus profonde lorsqu’ils sont en montagne…
Enfin n’oublies pas que les alpinistes ne sont plus des « conquérants de l’inutile » : les connaissances scientifiques et humaines qu’apportent la haute montagne sont des clés pour l’environnement, la géologie, la glaciologie, la sociologie , et l’art tout court…la haute montagne n’est plus isolé du monde urbain et du système-terre, c’est seulement aujourd’hui que l’on s’en rend compte…le recul ou l’avancée des glaciers en est un exemple…autre exemple flagrant, sans la glaciologie nous n’aurions pas su d’où venait les loess (limon éolien venant des moraines glaciaires des anciens glaciers au quaternaire) sur lesquels reposent les cultures du bassin parisien et qui sont une des clés de son succès!
Parcourir la montagne c’est aussi découvrir le monde dont elle fait partie et dont elle est dépendante…et que dire des spélsos qui découvre la circulation des eaux très important pour nos besoins?
Et puis faut-il être réducteur? La montagne n’est-elle pas un art de vivre?N’est-elle pas porteuse d’émotion nécessaire au bonheur? Elle nous apporte une dimension humaine plus profonde…
Tu verras Rapha je suis sur que tu vas surmonter ce doute…