Accident à l' Argentière

[i]MONTAGNE
Un guide se tue dans une cascade de glace

par La Rédaction du DL | le 01/03/08 à 21h10

Un guide de haute montagne de Chamonix est mort samedi vers 13 heures dans un accident de cascade de glace à l’Argentière-la-Bessée. Jean-Marc Genevois, 43 ans, a fait une chute de 200 mètres du haut de la cascade du « Baiser de Lune » située dans le Vallon du Fournel. Il a été tué sur le coup.
Le guide a été entraîné par l’effondrement de la colonne de glace - un « cigare » de 40 ou 50 mètres de haut - dont il faisait l’ascension. La victime n’avait plus que cinq mètres à grimper quand le « cigare » s’est décroché, provoquant un chaos de blocs de glace.
Sauvé par la corde coupée

Le guide de haute montagne indépendant était encordé avec un ami, un Grenoblois de 25 ans, quand l’effondrement a eu lieu. Son compagnon de cordée se trouvait à un relais, au pied du cigare. Par chance, il n’a pas été entraîné dans la chute car la corde a été rompue par les tonnes de glace précipitées dans le vide. Plus ou moins protégé par sa position, le jeune homme ne souffre que d’une fracture du nez, provoquée par un morceau de glace.
Une deuxième cordée indemne[/i]

Article complet

Posté en tant qu’invité par Hugues725:

Dur dur.
Prions pour lui.

Posté en tant qu’invité par le.yeti1:

Ça fait froid dans le dos… Ils étaient donc deux guides expérimentés prêts à s’engager sur cette cascade. Si ces deux personnes expérimentées n’ont pas su anticiper le danger, on serait beaucoup à y être allé aussi…
Courage à ses proches…

Posté en tant qu’invité par Francois de Paris:

Je viens d’apprendre la nouvelle avec stupeur. Une amie de Guillestre m’avait parlé de l’accident aujourd’hui, et j’ai voulu en savoir plus. Je découvre qu’il s’agit de Jean Marc, un guide exceptionnel d’intelligence, de douceur et d’optimisme avec lequel j’avais eu le plaisir de grimper. Un grand pédagogue.
Je suis triste et je pense fort à lui.
Francois
http://www.expes.com/Jean_Marc_Genevois.htm

Posté en tant qu’invité par Gilles de Chorges:

Ben, moi aussi, je découvre juste que c’est Jean Marc qui y est passé… Je me disais bien qu’un guide de Cham, il y avait des risques que ce soit « au moins » une connaissance. Et là, c’est un copain ! Blood and guts. P… de glace ! pouvait pas tenir encore 5 m, non ?
Jean Marc, je repensais à toi ces temps-ci. En me disant justement que l’époque des cascades pouvait nous permettre de nous recroiser dans les Htes Alpes vu que je savais que tu aimais y folâtrer. Mais à ça, j’y pensais pas…
Je vais regarder avec encore plus de circonspection mes « engins » avant de m’y re-pendre. Surtout que je suis loin d’avoir l’aisance dont tu faisais preuve sur cette matière paradoxale, n’arrivant jamais à sentir tes avant-bras appeler au secours quelle que soit sa raideur ou sa complexité…
Je resterai donc sur le souvenir de notre proximité à l’Ensa ou de nos dernières bambées communes, à l’aiguille Verte ou au Cervin. Juan s’associera à moi, il ne sait pas encore.
Toutes mes pensées à ta famille que je ne connais pas et à tes copains proches, qui doivent se sentir bien seuls, d’un coup.
J’y crois pas…
Gilles

Vu sur le site de la FFCAM :

le 07/03/2008
« Une grande dose d’humilité »
Tribune à Christophe Moulin

Suite à l’accident mortel de Jean-Marc Genevois sur le cigare de Baiser de Lune (Fournel) le 1er mars 2008.

"Juste pour faire part de cette fameuse profonde réflexion qui a commencé à m’animer depuis quelques années déjà et qui ne m’empêche pourtant pas de faire quelques entorses à une ligne de « bonne conduite ». Evidemment je suis choqué par la nouvelle comme j’ai pu l’être à chaque fois qu’un accident inattendu se produit. Inattendu car il s’agit de l’écroulement d’une structure que chacun pensait plutôt solide. Je fais référence à l’accident de Jérôme Thinières et de la compagne de Serge Castéran. D’une part, je me sens incapable de porter un avis dessus aux vues des risques que j’ai pris et que parfois je continue à prendre et surtout, je ne m’en sens pas le droit.
Il est fort probable que je me fasse piéger de la même manière et à cet égard, je dois avouer que j’ai eu beaucoup de chance.
La réflexion qui m’anime est la suivante :

Suite de la tribune de christophe Moulin : http://www.ffcam.fr/index.php?alias=toutes_les_actualites&insidefile=ffcam_actuDetail.html&moid=4&tplentry=br&function=display&oid=T005:49r66kr5knoz

Posté en tant qu’invité par Nikôh:

Une pensée pour Jean-marc qui m’a initié à la cascade il y a 2 ans.

On sait tous que la montagne contient un risque que chacun essai de limiter au maximum.

On sait tous aussi que, quoiqu’on fasse, quelque soit notre niveau, le risque ne sera jamais nul.

Mais le risque on l’a aussi en traversant la rue, n’est-ce pas ?

Au moins Jean-Marc est mort en vivant sa passion.

Au revoir Jean-Marc

J’apprends aujourd’hui la triste nouvelle en lisant Montagne…
Moi aussi Jean-Marc m’avait initié à la cascade, et on s’était rencontré quelques fois à Chamonix.
Du guide je retiendrai sa pédagogie et sa patience à toute épreuves. De l’homme, sa bonne humeur et son humilité.
Adieu Jean-Marc.

Posté en tant qu’invité par Matt:

J’ai appris avec une grande triste il y a une semaine la disparition de Jean-Marc que j’ai rencontré cet hiver en cascade de Glace.
J’ai passé des moments inoubliables aux côtés de ce guide exceptionnel.
J’ai une pensée toute particulière pour sa famille et ses amis.
Jean-Marc tu vas nous manquer.

une petite pensée

Comme à chaque fois, cette disparition me touche et me fait réfléchir.
Pour ouvrir le débat et essayer de comprendre, je vous invite à aller voir l’historique de cette cascade sur Ice-fall:
http://www.ice-fall.com/Page_Cascade.aspx?IdCascade=24&NomCascade=Baiser%20de%20Lune&Type=Historique

Ce que je dégage de cet historique est que cette cascade est très fragile (voir toutes les notes: attention au stalactite) et qu elle se forme très rarement. Donc ici nous avons 2 facteurs de risque: une escalade exposée et une envie irrésistible de la grimper quand les conditions sont là. En effet cela faisait plus de 7 ans qu elle n avait pas été formée. Biensur quand les premiers ont remarqué qu elle était formée ca a été un peu l euphorie. Si j avais été là (je suis au Chili), j y serais peut etre allé car cette cascade est un vrai reve!
C est le meme probleme qu avec les avalanches: après une période très sèche ou le ski n a pas d intérét, une forte chute de neige ravive les envie pour aller ‹ bouffer de la poudre › mais c est en meme temps une periode très propice aux avalanches…
D’ ou la prise de risque…

Pour conclure on peut dire que ceux qui ont escaladé cette cascade peuvent être très contents de l avoir fait et en meme temps se dire qu ils ont pris une bonne dose de risques. Peut etre qu ils ne pourront jamais plus escalader cette cascade; en tout cas moi, je reflechirai bien avant de m y engager si un jour (par chance ou malchance?) elle se forme de nouveau.
Pour Jean-marc, il a malheureusement été au mauvais endroit, au mauvais moment.

Qu est ce que vous pensez de tout ca?

Posté en tant qu’invité par julienG:

toujours la même histoire, une fois les évènements passés l’analyse est toujours plus simple. je grimpais juste à côté avec mon compagnon de cordée quand le cigare est tombé, 15 min avant nous avions décidé de faire demi tour dès la première longueur d’un grade 3 ou 4, pourtant bien accolé au rocher. plusieurs raisons à cela:

  • température largement positive au pied des cascades et vent chaud
  • beaucoup de neige pourrie prête à purger au dessus
  • une sale l’impression que les broches ne servaient pas à grand choses
  • et enfin un niveau et une expérience trop limités pour évoluer « en confiance » dans de telles conditions, d’autres ont grimpé ce jour là sans souci, chacun juge selon le sens qu’il donne à ce qu’il fait.

quelques éléments en plus : les retours de condi étaient excellents (jusqu’à la veille), même pour Baiser de lune (attention à internet, ce n’est pas ici que je vais l’apprendre à qui que ce soit), la météo n’annonçaient pas de telles température au dessus de 1500m. bref rien n’annonçait un tel drame, et même si en passant au pied de la cascade nous nous sommes tous les 2 dis la même chose: "aujourd’hui quand même c’est tendu ", il s’agissait plus de timidité liée au profil de la cascade que d’une réelle analyse. l’addition est de toute façon beaucoup trop salée.

mais quelques anomalies tout de même: 3 cordées dans un grade 6 et par ces conditions… les 2 cordées italiennes ont eu très très chaud, ainsi que le malheureux compagnon de cordée, et enfin il était 14h passées.

Hein ?
Alors là non :
bulletin neige 05 du 29 février :

[quote=Météo France]BULLETIN D’ESTIMATION DU RISQUE D’AVALANCHE sur les massifs des HAUTES-ALPES et L’UBAYE POUR LE SAMEDI 1 MARS 2008 (rédigé le vendredi 29 février) valable hors des pistes balisées et ouvertes

ESTIMATION DES RISQUES JUSQU’A SAMEDI SOIR : Sur l’ensemble des massifs: risque limité niveau 2.

APERCU METEO JUSQU’A SAMEDI SOIR :
Le ciel reste passagèrement nuageux sur les massifs proches de l’Isère et de la Savoie tandis que de larges éclaircies se maintiennent au Sud et à L’Est.
Isotherme 0 degré : 3000 m. Vent à 3000 m : Nord-ouest se renforçant 80 puis 100 km/h.[/quote]
Le vendredi : Isotherme 0 degré : 2600 m. Vent à 3000 m : Nord-ouest 30 puis 50 km/h.
Le jeudi : Isotherme 0 degré : 2600 m. Vent à 3000 m : Nord-ouest 20/30 km/h.
Le mercredi : Isotherme 0 degré : vers 2200 m puis remontant jusqu’à 2700 m sur les massifs de l’ouest mercredi. Vent à 3000 m : nord-ouest 40/60 km/h.
Le mardi : Isotherme 0 degré : vers 2200 m puis remontant jusqu’à 2500 m. Vent à 3000 m : ouest 10/30 km/h, basculant nord-ouest tout en forcissant à 30/50 km/h en cours de journée de mardi.

Donc que voit-on ? Un iso en hausse depuis plusieurs jours, avec de vent du N se renforçant, brassant l’air et limitant l’effet frigo permettant de conserver une température négative en fond de vallon. De plus le cigare n’est pas en fond de vallon, il profite moins du « frigo », mais en plein hiver l’isotherme suffit. Sauf que là l’iso était trop haut.

D’ailleurs c’est pour ça que lorsque j’ai eu connaissance de l’accident, ça ne m’a fait ni chaud ni froid, la routine des prises de risque trop grandes facilement évitables (qqun a trop joué, il a perdu, sanction immédiate, c’est ça la montagne, et ouais !). Puis j’ai su que c’était un guide : une preuve supplémentaire qu’être guide (ou avoir de l’expérience en général) n’empêche pas de faire des conneries.

Mais je regrette la disparition de cet alpiniste et guide, bien que je ne le connaissais pas. Ce n’est pas parce qu’on a fait une connerie qu’on mérite de mourir. On fait plein d’erreurs qui nous font progresser. Mais pas les grosses erreurs, car la montagne ne pardonne pas.
On sait tout ça d’avance. En cas de drame, les autres peuvent au moins se dire que ce qui est arrivé n’est que de la faute de l’accidenté (ou du groupe) qui était parti en totale liberté, et que personne d’autre n’est en cause. Perso, je trouve ça beau même si c’est triste bien sûr.

Posté en tant qu’invité par manu ibarra:

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