Absorbeur de choc

Posté en tant qu’invité par Fifi:

Bonjour,

Voila ce que j’ai lu ici:
(http://www.ice-fall.com/rs/Les/questions/du/neophyte/151.aspx)
Les absorbeurs de choc sont ils réellement efficace ?
blalblabla…
En fin de longueur lorsque l’on a du tirage, il est conseillé de les utiliser (avec le tirage, la force de choc est augmentée et l’on peut se retrouver proche du facteur 2 !).

La conclusion est donc de les utiliser en debut de longueur, de ne pas les utiliser en milieu de longueur et d’en garder parce qu’a la fin de la longueur on en aura peut-etre besoin???
C’est ce que vous faites??
Pour une cascade de glace niveau 5, 6 constant toute la longueur et pour une longueur de 45m, vous en prenez combien d’absorbeurs?
et combien de broches??

[quote=« Fifi, id: 1135375, post:1, topic:108179 »]Bonjour,

La conclusion est donc de les utiliser en debut de longueur, de ne pas les utiliser en milieu de longueur et d’en garder parce qu’a la fin de la longueur on en aura peut-etre besoin???
C’est ce que vous faites??[/quote]

Bonjour,
Oui, c’est à peu près ce que je fais. J’ai trois dégaines-explose. En général j’en mets une au point de renvoi et une autre au point suivant. Je garde la dernière pour le cas où il faille mettre un point un peu aléatoire (glace mauvaise ou mince), et je la mets de toute façon vers la fin.
Je pense que l’idée que la force de choc augmente à nouveau en fin de longueur n’est vraie que s’il y a vraiment beaucoup de tirage, ce qui est rare en cascade. Elle ne pourrait être proche du facteur 2 que si la corde ne coulissait plus du tout au niveau du dernier mousqueton, ce qui est peu vraisemblable…

Sauf qu’un absorbeur de choc ne fait pas disparaitre une partie de l’énergie de la chute. Il se contente d’allonger la durée sur laquelle l’énergie se dissipe vers le point d’ancrage. Et personne ne sait si une broche tient mieux à un effort très bref et très intense ou à un effort plus long et moins intense.

Donc on ne sait pas si les absorbeurs servent vraiment à quelque chose…

Comment ça ?

J’avais cru comprendre qu’une partie de l’énergie de la chute passe dans « l’effort » qui passe pour déchirer les coutures de l’absorbeur.
Du point de vue du point d’ancrage, il y a donc, me semble t-il, moins d’énergie dessus que ce qui a été mis en entrée…

Si si, une partie de l’énergie est dissipée dans l’absorbeur. L’énergie utilisée pour déchirer les coutures ou faire glisser une corde ou sangle dans un frein n’est plus disponible pour autre chose.

C’est bien ce qu’il me semble … J’ai pas fait de bilan des forces depuis un bout de temps mais quand même, ça parait cohérent !

Posté en tant qu’invité par Belle et mince:

[quote=« Oliv’, id: 1135441, post:3, topic:108179 »]Sauf qu’un absorbeur de choc ne fait pas disparaitre une partie de l’énergie de la chute. Il se contente d’allonger la durée sur laquelle l’énergie se dissipe vers le point d’ancrage. Et personne ne sait si une broche tient mieux à un effort très bref et très intense ou à un effort plus long et moins intense.

Donc on ne sait pas si les absorbeurs servent vraiment à quelque chose…[/quote]
Il y a aussi la conservation de la quantité de mouvement. En simplifiant on peut dire qu’on peut arrêter une même chute en appliquant une force élevée prendant un temps bref ou une force moins élevée pendant un temps plus long. En pratique la force freinant la chute varie dans le temps et il faudrait donc calculer l’intégrale.

Pour la tenue de la broche c’est certainement la force maximale qui est déterminante plus que la durée même si la durée peut aussi jouer un rôle. Par analogie, si un ancrage scellé dans le rocher lâche à 3 tonnes dans un essai d’arrachement hydraulique à vitesse lente il peut très bien tenir des siècles à 2 tonnes. Il tiendra encore plus durant une fraction de seconde mais c’est difficile à évaluer et rarement mesuré en pratique.

Pour la glace c’est encore plus compliqué car les broches bougent, la glace fond sous la pression et chaque glace est différente etc.

Les absorbeurs à déchirement ont typiquement un système de couture dont la force nécessaire pour le déchirement en fonction de l’avancement du déchirement augmente progressivement, ce qui permet d’amortir la chute avec une force croissante plutôt qu’en appliquant une force constante une fois que le déchirement commence. Pour cette raison il faut mettre au rebut un absorbeur à déchirement dès que des premières coutures ont lâché.

Le cas échéant il faut également tenir compte du tirant d’air nécessaire en cas de déchirement complet de l’absorbeur, c’est surtout important dans l’industrie.

Posté en tant qu’invité par manu Ibarra:

[quote=« Belle et mince, id: 1135495, post:7, topic:108179 »]

[quote=« Oliv’, id: 1135441, post:3, topic:108179 »]Sauf qu’un absorbeur de choc ne fait pas disparaitre une partie de l’énergie de la chute. Il se contente d’allonger la durée sur laquelle l’énergie se dissipe vers le point d’ancrage. Et personne ne sait si une broche tient mieux à un effort très bref et très intense ou à un effort plus long et moins intense.

Donc on ne sait pas si les absorbeurs servent vraiment à quelque chose…[/quote]
Il y a aussi la conservation de la quantité de mouvement. En simplifiant on peut dire qu’on peut arrêter une même chute en appliquant une force élevée prendant un temps bref ou une force moins élevée pendant un temps plus long. En pratique la force freinant la chute varie dans le temps et il faudrait donc calculer l’intégrale.

Pour la tenue de la broche c’est certainement la force maximale qui est déterminante plus que la durée même si la durée peut aussi jouer un rôle. Par analogie, si un ancrage scellé dans le rocher lâche à 3 tonnes dans un essai d’arrachement hydraulique à vitesse lente il peut très bien tenir des siècles à 2 tonnes. Il tiendra encore plus durant une fraction de seconde mais c’est difficile à évaluer et rarement mesuré en pratique.

Pour la glace c’est encore plus compliqué car les broches bougent, la glace fond sous la pression et chaque glace est différente etc.

Les absorbeurs à déchirement ont typiquement un système de couture dont la force nécessaire pour le déchirement en fonction de l’avancement du déchirement augmente progressivement, ce qui permet d’amortir la chute avec une force croissante plutôt qu’en appliquant une force constante une fois que le déchirement commence. Pour cette raison il faut mettre au rebut un absorbeur à déchirement dès que des premières coutures ont lâché.

Le cas échéant il faut également tenir compte du tirant d’air nécessaire en cas de déchirement complet de l’absorbeur, c’est surtout important dans l’industrie.[/quote]

Je crois que tu confonds deux systèmes différents:
Les dissipateurs qui transforment l’énergie de la chute en autre chose ( chaleur la plupart du temps) soit par frottement soit par destruction de matière.
Et les amortisseurs qui effectivement ont comme rôle d’éviter le pic d’effort maximum en différant la force sur un temps plus long. Le travail (w) restant le même. Ces systèmes ne sont pas utilisés en montagne. Ils sont de type de déformation « élastique » d’un matériaux sans aller jusqu’à la rupture donc avec retour à la forme initiale. Typiquement c’est l’élastique du saut à l’élastique.
Dans tous les cas une étude du labo de l’ENSA ( JF Charlet) avait bien montré que les dégaine exploses étaient efficaces que pour des chutes d’une hauteur totale d’environ 2 mètres, car au-delà la quantité 'énergie dissipé devient dérisoire au vue de la quantité d’énergie développer ^par la chute.
Ces dégaines ont d’ailleurs à l’origine étaient renveloppées pour les chutes en escalade artificielle qui sont (normalement) de cette hauteur.
A bons entendeurs… Salut

De toute façon, la prise en charge de l’énergie de la chute, c’est le boulot de la corde avec son élasticité. La dégaine explose c’est pour introduire un petit retard pour laisser à la corde le temps de jouer avant que ce soit la broche qui explose.

Autrement, il y a belle lurette que tous les tests possible et imaginable ont été faits avec des dynamomètres et in situ. J’en ai encore vu au rassemblement escalade de glace de Val Cenis fin janvier, en particulier sur les abalakov

Bonjour,

J’ai toujours pensé que la corde fonctionnait comme un élastique qui, en se déformant, absorbait une partie de l’énergie de la chute.

En tous cas, il y a ça sur le site de Béal:
"Quand un grimpeur chute, l’énergie doit être absorbée par le système d’assurage et en particulier par la corde.
Si la corde absorbe bien l’énergie, elle va réduire l’impact sur le grimpeur. "
Et ça:
« En cas de chute, le dernier point mousquetonné subit à la fois la force de choc transmise au grimpeur et la force venant de l’assureur. »

J’en profite pour poser ces questions:

C’est pour une chute en début de longueur que le problème est crucial. C’est le premier point (point de renvoi) qui va être particulièrement sollicité. Plus haut, le facteur de chute est normalement moindre(sauf tirage important, etc). Pour moins solliciter ce premier point, est ce qu’il ne serait pas plus efficace de le mettre un tout petit peu plus haut (et bien sur de le pré-mousquetonner) plutôt que de mettre un absorbeur de choc?

Par ailleurs, j’ai un peu l’impression que ces absorbeur sont comme les airbags : psychologiquement convaincants mais peu utiles en réalité. A combien se monte exactement (en valeur absolue, pas en pourcentage) la réduction de force due à un absorbeur de choc?
Est ce que c’est significatif par rapport à la force que peut subir le point de renvoi (facteur de chute 1.5 par ex)?

Posté en tant qu’invité par vieux troll:

Très très faible. L’essentiel de l’absorption est réalisée par la corde (cf étude de JF Charlet ENSA).

Les absorbeurs chocs étaient à la mode dans à la fin des années 90. Ce n’est plus actualité.

As-tu les sources? Je n’ai rien trouvé sur le site de l’ENSA.

Posté en tant qu’invité par Belle et mince:

Intéressant comme discussion. J’aimerais voir des chiffres, des résultats d’essais en pratique. DLn a sûrement des infos…

C’est faux de dire qu’une dégaine explose est inutile, tout dépend des conditions en présence.

Malheureusement on ne dispose pas de données techniques suffisantes. P.ex. Petzl indique que la Nitro 3 se déchire à partir de 250 daN mais aucune autre info utile comme l’évolution de la force en fonction du déchirement des coutures ou la longueur maximale. Pas d’indications des normes (y a-t-il des normes spécifiques?), à par le fait qu’une fois déchiré c’est comme une longe EPI en sangle plate à terminaisons cousues (avec un tenue habituelle minimale de 2200 daN et sans fonction d’amortissement particulière). A mon avis la fonction longe est classée EPI mais la fonction d’amortissement d’une dégaine explose n’est elle pas classée EPI mais c’est sans garantie car j’ignore s’il y a une norme spécifique.

Faute d’infos fiables difficile d’en tirer des conclusions définitives.

Si on prend comme exemple EPI les antichutes industriels ou de via ferrata, la force de choc maximale généralement admise lors de chutes ne doit pas dépasser 600 daN (à vérifier avec les dernières versions des normes). En pratique, des tests effectués avec des absorbeurs industriels montrent une limitation typique de la force à env. 400 à 500 daN et la force augmente logiquement assez rapidement au début pour rester dans une plage de 400 à 500 daN jusqu’au déchirement complet. Je ne dis pas cette courbe est forcément représentative mais ce choix semble logique afin de limiter le tirant d’air.
Pour le facteur de chute maximal pour lequel un absorbeur industrie ou via ferrata est conçu la force ne doit pas dépasser 600 daN et en pratique cette force est quelque peu inférieure afin de garantir le respect des normes. La décélération lors de l’arrêt de la chute dépend de la masse de la personne, pour une fille légère comme moi ce sera nettement plus violent que pour un ouvrier totalisant 95 kg avec l’outillage attaché au harnais, il y a d’ailleurs une plage de masse mini et maxi pour les absorbeurs antichutes industrie et via ferrata mais en pratique elle n’est quasiment jamais respectée par les personnes lourdes dépassant le poids maxi ni par les enfants trop légers.

Les absorbeurs EPI industrie ne doivent pas être utilisés en via ferrata et les absorbeurs de via ferrata ne doivent pas être utilisés comme EPI industrie. Les dégaines explose ne sont pas des EPI antichute et ne peuvent être utilisées ni pour la via ferrata ni dans l’industrie.

En pratique on peut être confronté aux cas suivants:

La force de choc est suffisamment faible pour que la dégaine explose ne serve à rien côté amortissement, dans ce cas si l’ancrage cède malgré tout sa résistance était largement insuffisante.

La force de choc est suffisante pour que l’absorbeur entre en fonction auquel cas jusqu’à concurrence du déchirement total il y a une limitation de la force de choc. Si l’ancrage ne tient pas il n’aurait avait quasi certitude pas non plus tenu sans dégaine explose, par contre si l’ancrage tient il est impossible de savoir avec certitude si c’est la réduction de force par la dégaine explose a permis d’éviter sa rutpure.

Il existe des tests comparatifs d’antichutes industriels avec les courbes mais je ne les ai pas sous la main par contre je n’ai jamais vu de résultats de tests de dégaines explose.

Les absorbeurs type longe/élément de liaison existent en 3 versions: déchirement, glissement et absorption interne sans déchirement, la dernière version étant peu courante et (sauf erreur?) disponible qu’en EPI industrie. Les absorbeurs à glissemenent, encore courants en via ferrata mais rares en industrie ne sont plus recommandés car moins sûrs que les autres systèmes.

Je ne reviens pas sur le fonctionnement de la chaîne d’assurage mais il est évident que la corde joue un rôle primordial aussi bien au niveau de la réduction des forces de choc que de l’absorption d’énergie de choc (qui sont deux choses disctinctes). Que passerait-il si la corde était parfaitement élastique et le reste du système également sans frottements?

Un exercice intéressant consiste à faire un graphique représentant le facteur de chute en fonction la position du grimpeur car les résultats ne sont pas forcément intuitifs.

Ceci sera mon dernier message technique détaillé, je l’avais rédigé en grande partie hier.

Bonjour,
Est-il possible d’avoir accès aux résultats de cette étude ?

Merci

[quote=« Fifi, id: 1135375, post:1, topic:108179 »]Bonjour,
Voila ce que j’ai lu ici:
(http://www.ice-fall.com/rs/Les/questions/du/neophyte/151.aspx)
Les absorbeurs de choc sont ils réellement efficace ?
blalblabla…
En fin de longueur lorsque l’on a du tirage, il est conseillé de les utiliser (avec le tirage, la force de choc est augmentée et l’on peut se retrouver proche du facteur 2 !).
[/quote]

Cette affirmation est un contre-sens :
En effet, le facteur de chute est le rapport entre la hauteur de chute et la longueur de corde qui absorbera l’énergie de la chute.
Le facteur de chute est le plus élevé au départ avant le premier point, ensuite il diminue considérablement.

Exemple :
Si on est à 2m au-dessus du départ : « FacteurDeChute » = ( 22)/2=2
1ier point à 2m, si on est à 2m au-dessus du 2ième point « FacteurDeChute » = ( 2
2)/2+2=1
3ième point à 2m
Si on est 2m au-dessus du 2ième point « FacteurDeChute » = (2*2)/2+2+2=0,67
etc…
S’il y a du tirage, le facteur de chute sera un peu moins amélioré que si on a un glissement parfait dans les mousquetons. Le pire des cas serait où la corde se coincerait complètement au dernier point : on se retrouverait effectivement en facteur 2, mais c’est un cas quasi impossible.

Donc : si on considère que les absorbeurs de chocs ont une utilité c’est au début de la longueur, pas à la fin.

Ici par exemple, c’est bien expliqué :
http://bealplanet.com/sport/francais/facteurdechute.php

Posté en tant qu’invité par manu ibarra:

[quote=« JonathL, id: 1592808, post:14, topic:108179 »]

Bonjour,
Est-il possible d’avoir accès aux résultats de cette étude ?

Merci[/quote]

Un résumé de cet étude est sur notre bouquin « Glaces-Arts, expériences et techniques » page 146.
Elle fut menée par Fabien Meyer au laboratoire de l’Ensa et fut publiée sur la revue de la FFME direct’cimes N°13 de Décembre 2000.

Vive la science!