Posté en tant qu’invité par strider:
avant-hier pour notre première course d’alpi du cru 2006 (0 but pour l’instant), la montagne ne nous a pas fait de cadeau question condition de neige
non je ne parle pas du risque d’avalanche, très faible dans le secteur, avec de si belles traces de coulées de purges partout, partout…mais bien d’une fastidieuse neige croutée.
en alpi, comme on est des bipèdes sans skis, tout notre poid repose abominablement sur ces deux pieds, deux points de concentration critique!
règle d’or : ça passe ou ça casse
nous voici en tant de descendre, face à la pente, un couloir dont mes yeux clinométriques ont vu un bon 40°.
-ça tient nickel, la croute porte ici!
- tant que tu fais les marches!
-si, si là ça tient!
CRAC!!!
…ça y est les deux genous en dessous la croute!
-connerie de merde!!
20 min plus tard l’impatience qui caractérise bien les mauvais côté de mon caractère à franchi le seuil critique!
grrrrrrr!!!houba!!!c’est le temps des grandes mesures, nom de diot!
…plusieurs options à envisager:
-descendre face à la pente : cass’croute climacique (= au stade ultime) on a déjà essayé
-descendre à reculons : change rien au problème et puis c’est pas élégant
-descendre en traversée : le pied d’appui (le croisé du croisé/décroisé) casse la croute dès que l’autre pied s’élève.
-descendre en ramasse : ouais mais si ça lache un moment je pars en avant et je finis en boule de neige au pied du couloir.
saveur amer.
nous avons réussi à cramponner des schistes pourris (doux parfum de ferraille) à côté mais faut reprendre le couloir maintenant, pas le choix, mais c’est un peu moins raide qu’avant…oui, un peu moins.
rebelotte, c’est même pire. Quand ça casse, il faut faire une galipette pour sortir de la banquise.
un instant je me mets sur les fesses pour pouvoir me reposer…curieux mais dans cette position d’australopithèque, je ne casse pas la croute!
c’est ti pas qui me vient une idée de génie
descendre la pente sur les fesse et sur le sac, fallait y penser!
oui mais comment gérer la vitesse?
-accélérateur : tu mets les jambes en canard et tu rames avec tes pieds (en gros t’avance comme une araignée)
-freinage : tes deux bras tiennent un piolet à ta droite comme en ramasse et tu le frotte sur la croute
-arrêt : tu mets le pic du piolet vers le bas dans la neige pour qu’il se bloque dans la croute.
ça marche! on a gagné un de ces temps!
bref : à faire breveter, la technique « ramasse anti-croute »
…moralité:
…avantage
-on gagne un temps fou (on va même assez vite!)
-moins de risque de chute
-on fatigue moins (notamment le genou)
-on limite l’impatience
-on peut descendre au même niveau
-c’est assez rigolo
…inconvénient :
-on a bien froid aux fesses en arrivant en bas (peut être remédiable en utilisant la pelle de l’APS mais la vitesse doit être plus dure à gérer)
-on peut rester encordé sans problème mais la corde n’est plus une priorité, on ne s’en occupe pas : bref faut pas de terrain crevassé ou vraiment exposé
-attention au cocsis s’il y a des rochers pas loin!
-euh faut pas que ce soit trop raide non plus!
- ne marche que sur les neiges croutés : très spécifique!
ah comme les conditions de montagne nous force à être inventifs parfois, surtout avec une croutée comme ça, j’ai même fait un peu de dry à la montée et dieu sait si le schiste lustré se mord très bien au piolet (sauf quand c’est trop pourri!!)
en tout cas on a bien rigolé pour une fois.