Posté en tant qu’invité par MaDe:
Bonjour braves amis,
Ecoeuré par le message d’un (triste), quoi qu’il en dise, sire, j’avais pris mes distances. Mais là, pour vous, je me mouille.
Bien à vous.
LE PAS GUIDE
Jour après jour, il accomplit ses tâches quotidiennes, pas toujours aisées, pas toujours valorisantes, parfois très mal rétribuées. De temps en temps, il s’accorde un moment de répit, s’échappe dans ses souvenirs, repense brièvement aux heures exaltantes vécues au contact du rocher et de la glace ; il imagine les circonstances de sa prochaine ascension, de son prochain rêve. A peine est-il rentré d’une excursion que, déjà, il entend l’irrésistible appel de la montagne.
LE GUIDE
Les journées de travail du guide débutent bien avant que le soleil ne commence à réchauffer l’atmosphère et se prolongent souvent fort tard. La répétition des efforts, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, sans interruption parfois, qu’il fasse soleil ou par temps de neige et de fort vent usent son organisme. Il crapahute ; trace le chemin ; à grands coups de piolet, il taille des marches dans la glace vive ; il escalade des rochers pas forcément difficiles mais souvent enduits de verglas ; il cherche les passages les plus sûrs conduisant au sommet ; il assure son client et l’encourage ; il enseigne les diverses techniques de l’escalade, de l’alpinisme, du ski, du sauvetage, de l’orientation… De retour au refuge, il prend soin du matériel, fait la conversation. Parfois, après avoir pris congé de son client, le guide doit, dans ce qui reste de jour et dans la nuit rallier un autre refuge qu’il atteindra à l’heure où son nouveau compagnon d’ascension s’attaquera à son petit déjeuner. Sans prendre de repos, le guide enchaînera alors deux journées et une nuit de travail. Etant un travailleur indépendant, il ne connaît ni les jours fériés payés, ni les heures supplémentaires rétribuées, ni les assurances sociales : caisse de retraite et compagnie. Pour s’en sortir, il doit bosser : « Le métier est dur, dit volontiers un de mes collègues, pour commencer, il faut se lever. » Les guides de haute montagne qui gagnent leur vie en pratiquant le métier, à l’exclusion de tout autre, faisant fortune, sont rares, au moins autant que le yéti. Beaucoup, à force de vaillance, supportent de longues années la rudesse de leur existence, puis trépassent sans crier gare sur le flanc décharné d’un pic rébarbatif, frappés par une pierre ou par un bloc de glace, ensevelis sous une avalanche, engloutis par une crevasse, ou encore, éparpillés en plusieurs morceaux après être tombés. D’autres, à leur immense stupéfaction, quittent ce monde précaire dans leur lit, entourés de considération et de chaleur.
Qu’ont en commun LE PAS GUIDE et LE GUIDE ?
Presque tout : l’amour de la montagne ; le goût de l’effort, de la liberté, de l’aventure, le sens des responsabilités, de l’engagement, de la solidarité…
Qu’est-ce qui peut opposer LE PAS GUIDE et LE GUIDE ?
Rien, absolument rien, si ce n’est, occasionnellement, l’absence de respect de l’autre, comme partout, tout autour de la Terre, toutes professions, toutes confessions, tous âges, toutes couleurs de peau confondus.
Alors, on fait la paix ?
[%sig%]