Salut à tous !
Je rentre d’un voyage de 24 jours au Kamtchatka (du 6 au 29 Juillet 2018), et comme c’est pas toujours facile de trouver des infos sur cette région, je vais écrire un « petit » compte rendu.
AVION
À ma connaissance, seul Aeroflot vole vers le Kamtchatka. Étrangement, les prix oscillaient entre 1400 et 1600 pour un Lyon-Petropavlovsk ou un Paris-Petropavlovsk avec escale à Moscou, mais en découpant en 2 billets (Lyon-Moscou et Moscou-Petro avec 24h de battement) ça coûtait 600 euros…
PETROPAVLOVK ET YELIZOVO
Ce sont les 2 villes principales. On trouve à peu près tout ce qu’on veut dans chacune de ces 2 villes. Yelizovo est plus pratique car tous les commerces sont à proximité, c’est plus proche de l’aéroport et de la plupart des départs de randos (Nalychevo, Kliouchevskoi…), mais il y a moins le choix qu’à Petropavlovsk (restos,…) et pas la mer. Nous on s’est basé au Kamtchatka Still Hotel de Yelizovo, 26 rue Beringa, 4000 à 4500R la nuit pour 3 personnes.
Les gens semblent utiliser l’appli Maxim’s pour trouver des taxis pas chers, environ 900R le trajet Petro-Yelizovo.
COUT DE LA VIE
Au moment de notre voyage, 1 euro = 73 roubles.
Dans les hôtels, on a payé chaque nuit entre 3000 et 4500 Rb pour 3 personnes.
Dans les cantines, on mangeait pour environ 400 Rb par personne, et pour 1000 à 1500 Rb/pers dans les restos un peu plus classes.
Le bus coûte environ 300 Rb par heure.
LA RANDO
On trouve des magasins de sport à Petropavlovsk (Sportmaster par exemple), et des magasins de chasse et pêche dans Petro et Yelizovo, où on peut acheter bouteilles de gaz, lacrymos pour ours, fumigènes pour ours… Il y a des supermarchés où on trouve à peu près ce qu’on veut (fruits secs, pain, avoine etc).
Difficile de trouver des cartes… On trouve quelques cartes utiles mais peu précises à la maison du parc de Nalychevo, 33 rue Zavoyko, Yelizovo. J’avais acheté une carte au 1:1 700 000 au vieux campeur, bien pour une idée générale du Kamtchatka mais pas pour la rando.
Le mieux reste les cartes militaires russes. On peut les trouver sur loadmap.net/en, et ce qui nous a le plus servi c’est l’appli Soviet Military Maps. La version Pro (12 euros) permet de télécharger les cartes soviétiques au 1:100 000e pour consultation hors ligne, mais on peut aussi télécharger les couches de open cycle map (très utiles car elles incluent des sentiers actuels), open street map… On avait aussi téléchargé des traces GPS sur Wikiloc, qui sont gérées par l’appli.
On a aussi utilisé Maps Me, très utile pour les villes, mais aussi pour les randos (étrangement, même les petits sentiers étaient indiqués).
J’avais aussi mon GPS Garmin Inreach Explorer +, dont les cartes étaient vraiment pas top, mais qui présente l’avantage de pouvoir envoyer des SMS et mails de n’importe où. Dans une zone reculée comme le Kamtchatka, c’est pratique !
Niveau équipement, on n’a pas prévu de crampons. Attention à la neige ! Je ne sais pas si c’était une année spéciale, mais autour du 10 Juillet, il y avait de la neige dès 600m d’altitude à Nalychevo, autour du 15 Juillet dès 1600m au Kliouchevskoi, et autour du 25 Juillet on nous a parlé de 4m de neige vers le Mutnovsky (et on n’y est donc pas allé). A Nalychevo, on a marché des journées entières dans la neige, ne pas oublier les rondelles à neige de ses bâtons, et des guêtres peuvent être utiles. Partout, il faisait chaud la journée, et la température ne descendait pas en dessous de zéro la nuit.
On trouve des topos pour les ascensions de volcans sur www.summitpost.org
LES MOUSTIQUES
Nous avons eu énormément de moustiques. Il peut y en avoir des centaines qui tournent autour de nous en même temps, et ils piquent à travers les vêtements les plus fins. Pour ma part, j’avais une casquette, moustiquaire de visage, buff pour le cou, t-shirt à manches longues + t-shirt, gants. Parfois, en altitude, il y en avait moins, mais pas toujours. La fumée ne les dérange pas, les répulsifs chimiques ont peu d’effet, seul le vent réduit considérablement leur nombre.
Il paraît que c’est la 1ere fois depuis 30 ans qu’il y a autant de moustiques…
Fin Juillet, un autre nuisible fait son apparition : la moshka, une petite mouche apparemment pire que les moustiques, mais on en a croisé quelques unes seulement.
Bref, soyez prêts !
LES OURS
On a vu beaucoup d’empreintes et de crottes, mais on a vu seulement un ours, à 20m de nous. Apparemment, ils sont pacifiques, sauf si on les surprend, ou si on s’intercale entre la mère et les petits. On avait des grelots sur nos sacs pour les avertir de notre présence, une lacrymo achetée à Yelizovo (magasin de chasse rue Beringa) et un gros fumigène donné par le gérant de notre hôtel.
Apparemment, mieux vaut dormir avec la nourriture dans la tente (ils n’oseront pas venir) qu’à l’extérieur (dixit un garde parc). Les petits ours grimpent aux arbres, les grands ours peuvent atteindre 3m debout sur leurs pattes, alors attacher la nourriture dans un arbre n’est pas toujours évident.
Honnêtement, on ne s’est pas vraiment senti menacé par les ours.
1ER TREK - NALYCHEVO
Nalychevo est une vallée coincée dans un demi-cercle de volcans d’environ 40 km de diamètre, très proche de Yelizovo. Le fond de la vallée est à une altitude de 400m, forêts de bouleaux, très luxuriant, parfois marécageux, et les sommets atteignent jusqu’à 3500m. Début Juillet, il y avait de la neige dès 600m !
Pour trouver des informations sur le parc de Nalychevo, il faut aller au 33 rue Zavoyko, à Yelizovo. Là, on peut trouver des cartes, et acheter les permis nécessaires (800R/pers).
J1 - De Yelizovo, on a rejoint le village de Pinachevo, en taxi, pour 760R. La route était en bon état, pas besoin de 4x4, elle doit être particulièrement inintéressante à pied. À l’entrée du parc, personne… Le sentier est bien marqué, dans une forêt de bouleaux. Il avait beaucoup plu la veille, on a traversé des zones assez boueuses, avec quelques traversées de rivières. Après 20 km environ, on arrive dans une zone dégagée avec 2 petites maisons et un abri pour faire un feu. Une des deux maisons et l’étage de la 2e sont ouverts, il y a pas mal de place pour dormir à l’intérieur.
J2 - On a continué vers le col de Pinachevo, évoluant principalement dans la neige. De l’autre côté du col, redescente sur le camp central de Nalychevo, avec plusieurs zones assez marécageuses. Dans le camp central vit un garde parc, il y a plein de maisons fermées et payantes pour dormir (au moins 400R/pers) et 3 piscines thermales. Des touristes y viennent en hélico. 1km plus loin se trouve un abri pour faire du feu, gratuit, on a dormi là après environ 20 km ce jour là.
J3 - 12 km le long d’un sentier bien marqué jusqu’au camp de Talovski. Une traversée de rivière difficile à signaler. On arrive d’abord à une vieille baraque, et 200m plus au Nord, on trouve une maison en bon état et une piscine thermale. Notre objectif était de gravir le Dzendzur, et il existe 2 chemins pour y aller : un qui passe par le Sud, et va d’abord vers des fumeroles : le chemin part de la vieille baraque. Et un qui passe par le Nord, qu’on nous a conseillé, et qui part de derrière la maison en bon état. Il commence par remonter une rivière rive droite, puis on finit par la traverser pour monter dans la pente. Tout était en neige, on a eu du mal à trouver le cheminement. Des arbustes impénétrables bloquent souvent le chemin, mais il existe toujours des trouées plus ou moins artificielles qui permettent de les traverser. On a campé à une altitude d’environ 1000m, au pied du Dzendzur.
J3 - Ascension du Dzendzur, il faut monter par le bon sentier sous peine de se retrouver coincé dans les arbustes. Pas d’autre difficulté à signaler, tout en neige mais crampons inutiles. Le véritable sommet est environ 20m de deniv plus haut que là où on s’est arrêté, mais l’arête rocheuse n’était pas engageante.
Jean Marc a décollé avec son parapente pour atterrir aux thermes de Talovski, alors que Damien et moi sommes descendus à pied. De là, retour au camp central, puis on a marché encore environ 7 km en direction du col d’Avachinsky.
J5 - Long cheminement dans la neige jusqu’au col d’Avachinsky (30 km ?). On a campé là bas à environ 1100m d’altitude.
J6 - Ascension de l’Avachinsky (2741m). Pas besoin de crampons. Pas de difficulté à signaler. JM est redescendu au camp de base (900m) en parapente. Du camp de base à Yelizovo, la piste est mauvaise. Des 4x4 peuvent faire le trajet (on nous avait proposé 8000 depuis Yelizovo, là on nous a proposé 4000, puis 1000/personne dans un camion qui y allait de toute façon, puis on nous a finalement pris en stop dans un autre camion.
On n’a pas eu de problème d’eau dans ce trek, on en trouvait toutes les 2h maximum. Attention toutefois en altitude, toutes les rivières étaient sous la neige, il n’était pas toujours évident de trouver de l’eau qui coulait.
On a croisé très peu de randonneurs. L’Avachinski est assez fréquenté, le reste très tranquille.
Beaucoup de moustiques dans la forêt au centre de la vallée, moins en altitude.
Très joli trek ! Il ne faut pas être ambitieux sur le nombre de kilomètres. La neige, les marécages, les sentiers sinueux, les rivières à traverser rendent la progression assez lente, ce trek de 6 jours nous a bien entamés physiquement !
2E TREK - AUTOUR DU KLIOUCHEVSKOI
Le Kliouchevskoi est le point culminant du Kamtchatka (4700m). Il trône sur un plateau à plus de 1000m d’altitude, avec très peu de végétation, et il est entouré de plein d’autres volcans de 3000m à 4000m. On trouve infos + permis au 33 rue Zavoyko, Yelizovo. Sur ce plateau, il n’y a presque aucun sentier ; pas d’arbres, pas de broussailles, peu de rivières, il est assez facile de naviguer à vue.
ATTENTION : LA ZONE AU NORD DU PARC EST INTERDITE AUX ETRANGERS. Aucun souci pour Kozyrevsk, mais les villes de Klyuchi et Ust Kamtchatki sont dans une zone spéciale militaire, y aller, c’est prendre le risque de se faire arrêter, passer 4h au poste, empreintes digitales, 2000R d’amende. C’est ce qui nous est arrivé. A priori, si on veut y aller, il faut faire la demande au préalable dans un poste de police, et on obtient un permis gratuit. Le sentier de rando Klyuchevskoi-Klyuchi arrive droit dans une base militaire, impossible à éviter, vous êtes sûrs de finir au poste sans permis. A noter que les militaires ont été très sympas avec nous.
J0 - Départ de Yelizovo vers 9h, arrivée en bus à Kozyrevsk vers 16h, pour 2220R/ pers. Dans ce village, il y a 2 tout petits magasins, et une pension (chez Maria, 1000R/pers), pas d’autres commerces.
J1 - On a payé 20 000R pour se faire emmener en camion au pied du volcan Tolbatchik (77km de piste dans la forêt), arrivée dans un camp qui s’appelle Klechya, altitude environ 1400m. On a marché environ 5 km (pierre volcanique, coulée de lave, pas d’eau) jusqu’à arriver vraiment au pied du Tolbatchik, à 1800m, début de la neige, eau.
J2 - Ascension du « flat Tolbatchik », 3000m. Le vrai sommet se grimpe en crampons. Joli cratère, ascension facile.
Redescente au campement puis marche vers le col Tolud, entre le volcan Tolbatchik et le Bolshaya Udina. Lave puis prairies.
J3 - Passage du col Tolud, puis cap vers le col Tolbatchik, dans les prairies, c’est magnifique. Après le col Tolbatchik, on a bifurqué à l’est pour dormir dans une cabane au pied du volcan Bezimiani.
J4 - On devait grimper le volcan Bezimiani, mais il fumait trop à notre goût, alors on a marché vers le glacier à l’Ouest du Kliouchevskoi. Marqué comme glacier sur les vieilles cartes soviétiques à partir de 1500m d’altitude, le glacier commence en fait bien plus haut, et même alors, il est couvert de terre. Beaucoup de montées/descentes pour arriver au col à 2700m, c’est plus long que ça en a l’air. On a campé dans la montée, à environ 1900m.
J5 - On a passé le col à 2700m. Attention : les traces GPS passent toutes à l’Ouest du glacier, mais nous on est passé à l’est, et c’était une mauvaise idée, on a dû traverser des zones avec crevasses et séracs, sans matériel. La redescente vers le Nord est elle-aussi assez longue. On arrive à une cabane en très mauvais état vers 2000m d’altitude, mais plus bas, vers 1700m, il y a une superbe cabane en pierre.
J6 - Redescente sur Klyuchi, prairie, puis dans le lit d’une rivière (trop de végétation ailleurs) puis quand on arrive dans la forêt on trouve une piste 4x4. Beaucoup de moustiques ! Cueillis par la police à notre arrivée à Klyuchi, 4h au poste, amende. Nuit à l’hôtel Svetlana pour 1000R/pers.
Un bus part ensuite vers 10h pour Petropavlovsk.
AUTOUR D’ESSO
De Klyuchi, on a pris un bus pour Petropavlovsk, et on s’est fait déposer à la bifurcation peu après Kozyrevsk. Là, on a attendu 4h qu’un bus nous prenne !
Esso est un village de 2000 habitants, assez charmant (jardins, fleurs,…), avec pas mal d’infrastructures pour touristes : office du tourisme, hébergement, tours en jeep, en raft, pêche… Une grande piscine d’eau chaude à ciel ouvert se trouve au centre du village. Comme on n’est pas très fan des tours organisés, on est parti sur une boucle de 2j, 28 km, au Nord d’Esso (départ du village, montée raide sur le plateau au Nord, puis boucle sur le plateau). Balade balisée, mais sans grand intérêt. Au milieu, on devait trouver une cabane, c’était en fait un vieux container rouillé, on a préféré dormir en tente.
On est reparti d’Esso avec le bus de 7h pour Yelizovo.
KAYAK A PETROPAVLOVSK
On a fini le voyage par une balade de 2j en kayak de mer. On a pu louer ces kayaks (2500/j le simple, 3500/j le double) chez Kamtchatka freeride communier (on peut les trouver dans une pension branchée au 48 sovietskaya, petropavlovsk). Pour 2000R, ils nous ont avancés au Sud Est de Petropavlovsk. De là, on a ramé jusqu’aux 3 frères (des rochers à l’entrée de la baie d’Avacha), on a traversé la baie pour camper sur une petite plage de galets, et on est rentré à Petropavlovsk le lendemain.
CE QU’ON N’A PAS VU
A cause de la neige, on n’est pas allé dans la zone Mutnovsky/Gorelt au Sud de Petropavlovsk. Ça a l’air d’être assez touristique.
Beaucoup d’agences proposent des tours payants, souvent très chers, et impliquant parfois des hélicoptères : réserve de Kronotsky et vallée des geysers, lac Kouril, survol de volcans…
De Klyuchi, il semble possible d’aller voir le volcan Shevelush.
Nous n’avons visité aucun musée, il y en a un ou deux à Esso.
LES TOURISTES
La plupart des touristes semblent être Russes, et semblent voyager via des agences. On croise parfois des groupes de 20-25 personnes (on a vu 2 groupes comme ça à l’Avachinski, un au pied du Tolbatchik, et un autre vers le Bizimiani). Autrement, on ne rencontre pas grand monde dans mes treks !
POUR CONCLURE !
J’ai beaucoup aimé le Kamtchatka.
Points forts : volcans +++, bains chauds dans la nature, kayak dans la baie d’Avacha, 2 longs treks différents, gentillesse de la plupart des gens rencontrés.
Points faibles : moustiques --, zones marécageuses.
Les treks sont assez exigeants, mais c’est ce qu’on était venu chercher !
Il n’est pas toujours évident de voyager sans passer par une agence. Mieux vaut baragouiner quelques mots de Russe, ou alors télécharger la langue russe dans Google translate !
Le Kamtchatka est un bout du monde qui vaut vraiment le détour !
Florent