Mais j’y pense, le seul Mont Blanc que j’ai fait, c’est avec un guide !
Mais c’était un stage de jeunes (~15 ans), et on était 5 ou 6 avec un guide.
Je raconte car c’était vraiment n’importe quoi.
Il y avait une mono, bien décidée à faire le Mont Blanc quel que soit les moyens.
Il y avait un parisien, dans le style « je fais le Mont Blanc puis j’arrête la montagne ».
Il y avait un mauriennais, euh ben, un mauriennais pur jus.
Il y avait un ou deux autres dont je ne me souviens plus.
Et il y avait moi, qui voulais juste tester mes capacité de marcher en altitude. Et personne pour me foutre des baffes avec des idées comme ça, alors qu’il y avait bien mieux à faire avec un guide ! Enfin bref.
C’était le Mont Blanc par les 3 Monts, en un jour. Acclimatation avec 2-3 courses dans les bassins du Tour et d’Argentière la semaine précédente + minimum 1000m par jour en bourrinant.
On avait tout bien préparé. C’est à dire qu’on avait enlevé tout le matos des sacs pour s’alléger au maximum, et qu’on avait pris 2 mars et 3 snickers chacun pour la bouffe. Pareil pour le guide, car on devait lui fournir la bouffe.
Quand on lui a donné ses 5 barres, il était dégouté. J’imagine qu’il n’avait pas envie de monter, mais il a dû se dire que de toute façon ça allait buter au Tacul, autant prendre l’air là-haut.
Sauf que le mauriennais et moi avions pas mal la caisse. On a donc tiré les autres jusqu’au Col de la Brenva. De là, il reste 300m, autant les faire. Bon l’altitude a commencé à bien se faire sentir, et le guide a mis tout le monde au pas pour monter lentement mais surement sans péter de durite.
Cette dernière montée s’est faite dans 50cm de fraiche. J’ai découvert qu’il pouvait y avoir 50cm de peuf fin juillet, et j’ai regretté de ne pas avoir pris le monoski pour la descente. J’ai enfin compris à quoi servait la haute montagne : à faire de la peuf fin juillet. Ce dont était incapable de faire la Chartreuse malgré tous les superlatifs qu’on voulait lui donner. En vérité, la Chartreuse sert à faire de la pluie pour faire pousser des gentianes.
Au sommet, il est midi, il fait 0°C. Il y a des cumulus un peu partout autour, on voit à peine les Jorasses, et aucun panorama sur les Alpes : et oui, le Mont Blanc en un jour en trichant avec le télé, ça a des inconvénients.
A la descente, tous les produits qu’avait pris la mono ont commencé à faire leurs effets secondaires, et elle a commencé à délirer : on l’a attaché 2 fois au cas où.
Sous le Tacul, on entend des appels à l’aide plus haut. C’est une cordée d’anglais dont l’un est tombé dans une crevasse sous le sommet du Tacul. Va falloir monter les aider. On commence à s’organiser entre ceux qui montent et ceux qui attendent, en sachant que du coup nous allions louper la benne, mais pas grave ça fait de l’acclimatation Nous n’étions pas encore parti que l’anglais sort de la crevasse, ouf !
Sur la traversée du Col du Midi, le plus faible commence à vomir : son pote prend son sac et le met dans le sien. Puis lui-même commence à vomir : le mauriennais prend son sac. Puis lui aussi se sent mal : je prends son sac (ça fait 4 sacs en tout, mais comme ils sont vides ce n’est pas trop lourd). Puis le guide à son tour : ah ouais mais là je n’ai plus de place dans mon sac :-))
On arrive au télé 1/4h après la dernière benne, mais comme il y a encore du monde dans la gare, il y a des bennes de descente supplémentaires.
Je n’ai eu qu’un peu mal à la tête au-dessus de 4200m. Ce qui ne m’a pas empêché d’avoir la même chose à 2500m qq années plus tard : et oui, l’acclimatation dépend de plein de facteurs, il n’y a pas d’acquis, on peut être tout frais à 4500m un jour, et être raplapla à 3000m 3 mois plus tard.
Bilan : c’était bien nul, on a triché, on n’a rien vu, et on a fait chier un guide, qui aurait bien plus apprécié d’aller faire du rocher ou du mixte facile (mais pas Midi-Plan !).
Et le pire, c’est que je n’ai pas vu de vache sur cette montagne à vache…