Jonction Fromagère - Berger

Merci beaucoup pour cette explication très claire et très surprenante je dois dire (naïvement je pensais que les premières comme les autres étaient faites en respectant les lieux et que s’il n’y avait pas de passage, bien il n’y a pas de passage)

Mais je suis rassuré quant a l’intégrité des spéléos de savoir que ça n’a rien à voir avec « dézober » !!

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Le plus souvent, ces désobs sont dans des boyaux abominables, dans la boue, etc… C’est un travail de forçat !
Qd on regarde bien, ds la plupart des classiques il y a des traces de désobs…

Contrairement à la montagne, l’exploration est une fin en soi et finalement la manière de faire importe assez peu (bon il y a bien sûr des différences de points de vue entre spéléo et une étique).

Donc si il faut faire sauter un peu de cailloux pour passer c’est un truc qui est fait sans trop de problème. Après il faut trouver l’équilibre entre élargir ce qu’il faut et faire une mine.

On peut aussi considérer qu’élargir permet de faciliter un éventuel secours dans des zones bien bien merdique.

Si on regarde bien, il y a très peu de grotte qui sont pénétrables sans aménagement. Ou alors pour des explorateurs de 1m50 pour 50kg…

Et enfin quand tu peux passer littéralement des centaines de fois certains passages et que tu vas très profonds et/ou très loin ca deviens vite des missions intersidérales ! Donc l’aménagement des passages étroits est un gage de sécu et d’efficacité.

Mais quand j’ai commencé la spéléo en venant de la montagne j’ai été « surpris » de ce qui se fait. Maintenant j’ai plus de problème à faire des petits gravillons d’un passage étroit.

Je ne suis pas speleo, mais j’aurais trop peur de me prendre la montagne sur la tronche…

C’est un fantasme que j’entends tous les jours (ou presque) !
Une cavité c’est stable, c’est sans comparaison possible avec une montagne. Les dangers objectifs sont faibles et les cailloux que tu peux prendre sur la tronche viennent souvent des copains au-dessus.

Et quand on arrange les passages c’est avec des petits explosifs (poudre noire) avec pour objectif de décoller des lames d’une vingtaine de centimètres au max. Ce n’est pas une mine.
Pour qu’un tir d’explosif soit efficace, il faut être dans du rocher sain et compact, donc quelque chose de stable et fiable.
Il y a bien plus de risque à traverser une trémie qu’à faire des tirs dans un méandre.

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avec cette logique, en montagne, on aurait des spits et des cordes fixes partout avec des tirs préventifs d’avalanche toutes les demi-heures
Je ne connais pas le monde sous-terrain, cela m’interroge simplement ! (il n’y a donc pas de jugement dans ma remarque)

n’est-ce pas par exemple plus lié à l’histoire de l’activité : les premiers spéléos étaient des probablement des mineurs et que donc, pour eux, c’est dans l’ordre logique de la progression ?

On a bien compris que la logique de progression et de sécurité en-dessous n’étaient donc nécessairement pas les mêmes qu’au-dessus.
Ce qui peut sembler contradictoire avec le discours de préservation du sous-sol et sa fragilité (par rapport à une sur-fréquentation, par exemple, que ce soit pour le milieu naturel -concrétions, etc…- ou l’art pariétal).
N’y a-t-il pas dans le milieu spéléo un débat là-dessus, comme il y en a un au-dessus sur l’aménagement du milieu montagnard (ou des voies d’alpinisme) ?

Les spéléos expérimentés sont soucieux de préserver les cavités. Maintenant, qd il y a une belle découverte, on balise le cheminement pour que personne ne marche « à côté » ou ne brise des concrétions fragiles. Mais ca ne concerne que les milieux présentant des qualités esthétiques.
La désob, c’est le plus souvent dans des boyaux. En quoi ce serait plus gênant que les carrières qui existent en surface ?

C’était juste une question.
Tu nous as bien expliqué en quoi la sécurité de la progression en spéléo a des impératifs autres que celle en surface.

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La dégradation des cavités vient plus de la pratique de certains néophytes qui « taguent » des flèches à la peinture pour se repérer (qd ce ne sont pas de vastes signatures…), prennent des concrétions en souvenir, mettent leurs mains partout (on fait plus de dégâts en posant sa main sur une surface blanche qu’à l’explosif ds un boyau !), ou jouent à lancer des boules de glaises sur les surfaces vierges.

Les 1ᵉʳˢ spéléos (enfin ceux définis comme tel) étaient des érudits/aventurier comme les 1ᵉʳˢ alpinistes (marrant cette image de mineur). Et eux n’avait pas vraiment à faire d’aménagement car leur terrain de jeu était vierge et bien entendu, ils ont fait les choses les plus évidentes. De nos jours trouver un trou pénétrable de A-Z sans aménagement comme le Berger est chose impossible.

La logique est tt à fait différent de la montagne en termes d’étique pour plusieurs raisons :

  • Sous terre il est pas possible de sortir un téléphone pour voir arriver l’helico dans les 15/20mn suivante. Et qu’on le veuille ou non ca change énormément la pratique et l’engagement « inutile » est lissé le plus possible (corde en place, élargissement, purge, étayage de trémies…) car l’engagement de l’activité est déjà énorme.

  • Le jeu n’est pas le même. En montagne l’exploration c’est fini, tout est connu (ou presque) donc si il n’y a pas de règles il n’y a plus de jeu (grimper). En spéléo tout est à découvrir, on ne connait pas la fin d’un réseau à l’avance (contrairement à une montagne), chaque virage est une découverte. Et parfois mettre un coup de marteau dans 3 stalactites permet de courir dans des km de galeries. La finalité de la spéléo d’explo c’est l’explo.

  • Dans le but d’explorer toujours plus loin, la dimension sportive devient très importante. Franchir des méandres techniques à la remontée après 20h d’explo et 700m de deniv dans les pattes et un sac de plusieurs kilos ca cartouche vraiment fort. Et je connais personne qui dans ce genre de config a regretté les tirs de mise au gabarit des passages les plus infâmes.

Bien sur tt cela est discutable et on pourrait imaginer une spéléo nature sans aucun élargissement et dire, on ne passe pas donc on n’y va pas…

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Il n’y a pas débat.
On protège ce qui est rare, beau ou d’intérêt scientifique (concrétion, vestiges, creusement, dépôt sédimentaire…). Mais de l’urgonien, il y en a des millions de m3 ce n’est pas particulièrement rare.

Et avec un peu de mauvaise foi ont peu dire que de tt façon la nature va dissoudre ça dans quelques milliers d’années, nous ne faisons qu’accélérer le processus.

Beaucoup de mauvaise foi = c’est aussi valable pour tout ce qui est en surface, or la protection de la nature, dans l’intervalle, ça reste valable.
Mais tes explications au-dessus sont très claires et se suffisent à elles-mêmes.

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Oui.
Mais sous terre la quantité de vie est assez réduite : dans les boyaux, on a rarement des chauves souris. A part qqs insectes cavernicoles (si on les trouve ds le boyau on les trouve ss doute aussi ds les espaces plus grands), on ne dérange pas grand monde… Ca n’est que de la roche et de la boue !

perso, l’idée n’est pas de débattre mais bien de comprendre les spécificités de l’activité :wink:

et vos réponses sont parfaitement claire et me permettent d’y voir plus clair, alors grand merci à vous deux

ceci dit, la nature ce n’est pas que le vivant… la nature ce sont aussi les paysages (montagnes, glaciers, iceberg, volcans, …)

Tout à fait.
Mais peu de gens s’extasient sur les paysages de boyaux où on n’arrive même pas à tourner la tête !

quelques spéléos tout de même j’imagine, sinon avec tout ce que vous décrivez, faut vraiment aimer se faire mal pour y aller !! :wink:

et pour aller dans les extrêmes (mais qui soulignent bien la difficulté de l’équilibre entre des impératifs de sécurité et le plaisir de la pratique) : si à chaque boyaux on envoyait un tunnelier te faire une beau cylindre de 3m de diamètre, ça serait quand même plus sécure et personne ne viendrait se plaindre de la destruction du boyau infame ?

Il y a déjà eu des désobs… à la pelleteuse ! Mais ca ne se fait qu’à des entrées, et avec des indices forts d’une suite, au vu du cout.
Les désobs se font avec des moyens artisanaux, c’est un travail considérable avec souvent peu de volontaires. Les perfos électriques ont révolutionné la chose pour forer des trous profonds où placer des charges, mais il faut encore enlever les déblais, et dans un boyau étroit parfois déplacer des tonnes sur plusieurs mètres pour pouvoir avancer.
Je connais même une désob « participative » dans une célèbre classique de l’Hérault. Après une grande salle se trouve la galerie du « tac au tac » : une chance au grattage, une chance au tirage. Il y a sur place une pelle pour gratter et remplir une bassine qu’on peut ensuite tirer derrière soit pour ramener le sable dans la grande salle. La galerie est d’un bon volume et fait plusieurs10nes de mètres. Un jour, qq un tirera le gros lot et passera dans un volume derrière, ca fait rêver tout le monde (et tout le monde y va de sa bassine !)

Je voulais dire débat dans la communauté :wink: