Je vois d’ici le « Ok ! Boomer ! » (ce que je ne suis d’ailleurs pas tout à fait) que je vais me prendre dans la figure, mais tant pis, je me lance !
En 1975, nous avons fait, à trois copains à peine sortis du bac, la traversée de Lescun à Luchon. Et franchement, tant pour ce qui concerne l’itinéraire, les dénivelés, les horaires et la façon de combiner les étapes, que pour les conditions des sentiers et de la neige, la météo, et tout ça, nous ne nous sommes pas posé tant de questions. La montagne était moins fréquentée, le ravitaillement était moins facile, il y avait beaucoup plus de neige ; ni la météo, ni nos chaussures, ni nos frontales, ni nos sacs à dos, ni nos duvets n’étaient aussi performants (seules les cartes étaient déjà d’une stupéfiante précision). Et tout s’est très bien passé. C’était début août, nous ne savions pas grand-chose de la montagne, mais nous étions prudents : nous ne sommes montés au Pic du Midi d’Ossau que parce que l’un de nous connaissait déjà la voie normale ; au Balaïtous, nous avons parcouru avec circonspection la Grande diagonale saupoudrée de la neige de la nuit ; ayant franchi la brèche de Tuquerouye, nous fîmes (à juste titre) demi-tour devant un malheureux névé de trente mètres qui plongeait dans le lac glacé. Surtout (ce qui ne me paraît pas un détail), nous avions minutieusement préparé sur les cartes IGN au 25 000e (papier, évidemment), qui furent punaisées sur le mur de ma chambre les six mois précédents, et que nous avions solidement appris à lire.
Alors, je suis bien d’accord : il y a aujourd’hui d’autres outils. Je ne méprise pas Internet ni les forums, puisque j’y suis et que j’y glane (voire demande) moi aussi des informations. L’expérience de ceux qui connaissent le terrain est évidemment irremplaçable ; je pourrais moi-même ajouter encore à toutes les suggestions – notamment d’itinéraires – qui ont été faites ici (je rappelle qu’on peut m’appeler : 05 62 39 13 57, je répondrai avec joie). N’empêche que le train que prennent les échanges sur la question posée ici me paraît un tantinet démesuré. Il faudrait veiller à ne pas avoir fait en ligne toute sa randonnée avant même d’avoir mis son sac sur le dos. Comme si l’on pouvait avoir la moindre idée, à la mi-avril, du temps qu’il pourrait bien faire quatre mois plus tard ; le 15 août au refuge des Oulettes, on peut marcher dans 20 cm de neige comme cuire au soleil. Il y a aussi un certain intérêt (ne serait-ce que technique) à réfléchir et décider la veille, en fonction des informations recueillies dans un refuge, auprès de collègues randonneurs (surtout ceux qui marchent en sens inverse !), d’un accompagnateur, d’un guide ou d’un berger.
N’accablez pas le Boomer, qui reconnaît sans réserve ce principe absolu : chacun est libre de préparer puis réaliser comme il l’entend. Je ne fais état que d’une impression.
Bonne rando !
Ah ! et puis encore ceci (un prof ne se refait pas). Le pic de la Fache (Grande ou Petite, puisqu’il y en a deux) n’a rien à voir avec quelque fâcherie que ce soit : donc pas d’accent, même circonflexe, qui s’accorde pourtant si bien avec la forme dudit pic !
Cordialement à tous.
Patrick Dupouey