S’il a d’autres solutions (et je suis plutôt d’accord avec @fredoche qu’il devrait y en avoir) ils seront peut-être trop compliquées à mettre en oeuvre au moment de constater que l’eau ne coule plus.
Fermeture du refuge de la Selle (canicule 2025)
Les investissements à réaliser sont énormes, effectivement. Et s’agissant de fermer des refuges, le CAS, par exemple, ne l’exclut plus.
Cela dit, le CAS, depuis 2021, a déjà quelques mesures : la généralisation des toilettes sèches, le « snowfarming », le stockage dans des réservoirs plus grands, la réduction de l’accès à l’eau dans les sanitaires. Pour l’eau potable, depuis de nombreuses années dans les cabanes suisses, l’eau n’est pas à disposition et il faut acheter des bouteilles d’eau, même pour le dîner. On va y venir, parce qu’en France, on en est encore assez loin.
Au club alpin français depuis quasi 10 ans, quand un assainissement est refait il y a obligatoirement une transition vers les toilettes sèches.
Mais là aussi ce sont des investissements énormes et un flou juridique monstre notamment concernant le stockage du compost et son évacuation potentielle.
On aimerait croire que les choses sont simples, qu’il suffit de mettre une cabane à côté du refuge avec une poubelle et un peu de copeaux de bois pour que les gens fassent leurs besoins dedans, que quand il y a trop d’accumulation de matières, il suffit d’épandre ces matières dans une zone un peu discrète non loin du refuge…
Le Par national des Pyrénées ont également investi énormément dans l’équipement de toilettes sèches de ses refuges. Et connaissent les mêmes problématiques et viennent même dans certains cas interdire l’accès aux toilettes aux non clients des refuges.
Mais non jamais ce « il suffit de » n’existe tout simplement pas.
Concernant la réduction de l’accès à l’eau, de même depuis 10 ans la transition s’opère avec une accélération ces 3-4 dernières années (les années 2022-2023 ont fait très mal). Les douches ne seront qu’un vieux souvenir d’une époque où la montagne pouvait être blanche, parfois.
Mais là on rétorquera au français, regardez chez les voisins suisses italiens espagnols il ont des douches dans les refuges.
Par contre en 2023 (j’espère que ma mémoire ne se trompe pas d’année - peut être 2022) quand les constations de problèmes d’approvisionnement en eau commençaient sérieusement à inquiéter une palanquée de refuge dans les Alpes, il y a une politique qui a été clairement annoncée disant qu’il n’y aurait pas d’eau montée en hélico pour palier le manque d’eau et permettre la poursuite de l’exploitation par un gardien. Le refuge resterait alors ouvert en mode non gardé.
Je ne suis pas si certains qu’il y ait sur la question de l’eau autant de retard que tu ne l’imagines en France par rapport aux suisses.
Pour info :
- un assainissement en refuge est environ 200k€ et quasi 1 an de travail avant de faire les travaux avec 6-8 mois pour avoir des autorisations.
- installer des toilettes sèches c’est au minimum 25-30 k€ une cabine de toilette sèche prête à utiliser et minimum 150 k€ s’il faut faire un bâti pour en avoir plusieurs (parce que 1 toilettes ça ne suffit pas)
- un nouveau captage d’eau fait de manière officielle, déclaré à l’ARS en suivant les règles c’est là aussi 150-200 k€ et bien 1 an d’études et de délai d’autorisation de travaux dans le meilleur des cas.
- réaliser un stockage, en bâche souple ça va dépendre du volume mais c’est environ 15-20k€ quand c’est hors sol et que le terrain est déjà plus ou moins plat. C’est 4 mois de délais si c’est à l’intérieur du bâtiment genre dans un vide sanitaire). Mais c’est 10 voire 20 fois plus s’il faut le faire à l’extérieur. Et vu les volumes demandés (on parle de 2 à 3 m3/jour pour un refuge de 50 place) on sera plutôt sur un stockage extérieur avec des délais pour obtenir des autorisations qui vont être de l’ordre de 6-8 mois la plupart des cas une fois le projet dessiné.
Tout ça ne se fait pas du jour au lendemain et il est clairement impossible économiquement de généraliser des solutions.
Comment tu justifie cette estimation de budget (pharaonesque) alors que je vois que des cabines complètes toute prêtes sont entre 2500 et 5000 € pièce ?
(Hors travaux de terrassement / transport sur site / assemblage ; et hors négociation de remise quantitative)
Le coût d’un bâti basique (dalle + murs aglo ou bois + 3 poutres + toiture bardage + élec minimaliste (alim inter PL) va tourner autour de 1000 €/m2 (en plaine)
Toilettes sèches extérieures en bois 120 x 105 x 215 cm - Ventarèl - Lécopot
Cabine de toilettes sèches extérieure en bois Douglas - LécoBox - Lécopot
Parce que ce que tu montres c’est bien pour ton jardin et 3-4 personnes qui vont faire caca dans la journée.
Tu multiplies par 10 tu es donc entre 25 et 50k€ hors terrassement héliportage etc… et tu as 10 cabanes en bois qui ne passeront pas l’hiver à plus de 2000 m d’altitude et tu ne règles aucunement le problème du stockage des matières le temps qu’elles compostent.
Pour les prix de construction… ben j’espère que tu es maçon, il y a un paquet d’appels d’offres de travaux de maçonnerie en montagne qui sortent chaque année et auxquels tu pourras répondre a ce prix.
C’est bien pour ça que j’ai écrit entre parenthèse « en plaine »
J’entends bien qu’il y a des coûts (argent + temps) d’acheminement (personnes et matériaux/matériels) , une fois sur place, couler une dalle, monter des aglos, couper des poutres et visser du bardage ; c’est le même taf.
Les fameux « marchés publics » ?
Où toute la chaine (et vas-y que je te trouve des intermédiaires archi, comité machin chose etc) va chercher à se gaver parce-que c’est « le collectif (toi, moi) » qui paye ?
Oui oui tout à fait.
Le premier défaut est de croire de base que c’est un bâti basique. On est sur un ERP, avec un dépôt de permis de construire par une personne morale, tout cela impose donc d’avoir architecte et bureau de contrôle. La plupart du temps on est dans des sites protégés avec un avis conforme de l’ABF… donc le bâti basique on va oublier.
Et le bâti avec charges sismiques, charges de neige, de vent, des problématiques de stabilité au feu, et puis bon annoncé comme cela un coût de 1000€/m2 en disant que c’est sans contrainte lié au contexte montagne (terrassement, appro par hélico tout ça) … ça revient à dire qu’un sac de ciment c’est 30€ à Leroy merlin
D’ailleurs le sac de ciment de 20kg a 30€ faudrait lui rajouter 50% de son prix pour le monter au refuge. Et généralement les rendements (m3 de béton coulé par heure ou par jour) en montagne sont quand même moins bons. Fatigue physique plus rapide des hommes, conditions peu optimales avec par exemple des stocks éloignés, des circulations compliqués etc…
Et puis bon faut de l’eau pour faire du béton. Mais il n’y en a plus.
Et là on a parlé que d’un trou pour faire caca, alors que ça ne suffit pas. Je vais pas rentrer dans les détails mais ça ne suffit pas, même quand tu ne gères que les clients qui dorment au refuge.
L’héliportage d’une charge coûte 2000 à 5000 euros suivant le nombre de colis et la durée des rotations. À cela s’ajoute le coût des matériaux qui doivent être adaptés aux conditions montagne, la main d’oeuvre qui sera davantage payée (personnel en déplacement, protections etc), … les chiffres donnés par Floc me semblent même très bas. Peut-être que certaines entreprises font des prix pour s’assurer d’avoir ce marché assez original et profiter d’une expérience originale.
Si déjà tu considères de l’Epicea brut comme du « tout prêt » on part pas bien… Rien que sur tes liens tu rajoutes 500€ pour la lasure, et là limite on parle de classe 2 à pas installer dehors. Je suis déjà pas sur que les DTU autorisent du bois en classe 2 pour du bati extérieur au sol sans protection sur du grand public, alors en montagne… ton machin au premier coup de vent Mountain Wilderness peut le ramasser directement au parking pour l’amener à la déchèterie… En douglas t’es déjà à 5000€ minimum en plaine si on compte les à cotés qu’ils ne fournissent pas, et on est loin des normes ERP…
Il faut beaucoup d’eau pour les bêtes.
En refuge aussi…
Mais on stocke pas l’eau des bêtes de refuge comme celles des bêtes des Cévennes
Je ne vais pas ressortir un vieux sujet, mais les douches pour les clients des refuges, on s’en passait jusque dans les années 2000, donc on apprendra à s’en passer à nouveau. A mon sens, ce n’est pas le point le plus épineux.
S’agissant des contraintes que tu évoques, qu’il s’agisse de celles du milieu ou de réglementation, il est clair que cela renchérit les coûts et quand on sait que 60% du coût de rénovation des refuges est pris en charge par des collectivités publiques (UE, État, collectivités territoriales) dont les budgets sont de plus en plus restreints, cela ne facilite certainement pas les choses.
C’est pas ce que j’observe pour le coup. Mais on peut mettre ça sur le fait d’imposer un changement et ça va faire son temps.
Il y a énormément des monde qui demandent des douches, toujours plus de douches parce qu’ils refusent de patienter. J’en ai même vu qui se douchaient après leur nuit avant d’aller suer leur café quelques mètres au dessus du refuge.
Ça et le nombre de fois qu’un gardien doit dire « non, on ne prend pas vos poubelles, il faut descendre ce que avez monté » et que tu retrouves ces meme poubelles cachées dans des casiers, dans les fosses de compostage des toilettes sèches ou alors plus grave qui bouchent la fosse toutes eaux parce qu’ils ont mis ça dans des WC et tiré la chasse
À partir du moment où les refuges ont proposé des services quasi hotelliers et les ont bien vendus sur les réseaux sociaux, ce n’est pas si étonnant que la plupart des clients ne soient pas éduqués aux vieilles habitudes, et ça me paraît logique qu’ils réclament ce qui leur semble normal. Pour beaucoup un refuge c’est un hôtel « pittoresque ». Ce côté pittoresque c’est la déco, le paysage, et l’activité sportive autour, il n’est accepté que parce-qu’à côté il y a un confort comme dans la vallée. Et là je ne parle pas des gens qui considèrent que la cabane est un dû, qu’ils peuvent se permettre un manque de savoir vivre parce-que ce n’est pas chez eux et qu’il y a des grouillots pour gérer le merdier qu’ils laissent. Il n’y a pas beaucoup de communication de la part des refuges sur comment bien se comporter, et il n’y a pas de sanction non plus.
Eh oui… maintenant, les usagers des refuges sont des « clients » avec toutes les exigences des clients: je paie donc j’ai droit.
Quant aux poubelles, elles suivent comme tout un chacun les lois de la physique. Plus on prend de l’altitude, plus le poids diminue, plus on en perd, plus le poids augmente. On comprend donc parfaitement que les clients ne souhaitent pas redescendre leurs poubelles.
« Le poids, c’est l’ennemi » principe n⁰ 1 de l’alpinisme, selon la littérature.
Je me trompe peut-être mais j’ai l’impression que ça ne concerne que quelques réfuges. Certains refuges se vantent de leur tarte aux myrtilles ou de la Tomme du coin, mais en générale je trouve que les communications sont plutôt discrets, au moins pour ce qui concerne les refuges FFCAM.
Dans chaque refuge FFCAM il y a souvent une grande affiche qui précise les bons comportements et habitudes en refuge.
En ce qui concerne les douches, même quand il y en a, j’en profite généralement pas car je n’ai pas pensé à prendre un serviette.
Quand on voit que la majorité des gens ne lisent pas les écriteaux « poussez » ou « tirez » sur une porte, espérer qu’ils lisent une affiche avec plus de 10 mots est un rêve.
Entre les fils facebook alimentés de tout ça et les icônes sur le site ffcam ça suffit assez pour penser se faire une idée du refuge. Normalement on choisit une course et ensuite on vise le refuge le plus adapté. Pas l’inverse, à moins de penser dormir en hôtel, et ces petites icônes permettent de cibler le confort souhaité pour la durée du séjour.
Il n’y a pas un fautif, c’est un ensemble. En fait il n’y a même pas de fautif, c’est jusye une société qui change, qui a d’autres envies. Il y a eu une demande de gens un peu hors sol à une époque pour leur époque, puis il y a eu un appât du gain de voir une fréquentation à la hausse en voyant le marché s’ouvrir à d’autres genre de personnes, il y a eu une réponse, puis ça s’emballe avec une logique prestations/clients et les mentalités qui vont avec. Tous les refuges n’ont pas les moyens de suivre cette tendance et ça crée une diversité, désormais et contrairement à ce que j’ai écrit juste au-dessus, on peut choisir sa course en fonction du type de refuge qu’on souhaite fréquenter. Et je trouve ça vraiment bien en fait.
Certains refuges permettent que les déchets restent sur place à la condition qu’ils soient originaires du refuge (typiquement les canettes). Car le coût d’une canette inclut le transport aller en hélicoptère et la redescente de ces déchets en hélico. Hélico qui refusera de descendre la charge si un poids critique n’est pas dépassé ou alors la surfacturation est complètement abusée. Par contre les déchets personnels c’est effectivement à redescendre, sauf exception après en avoir parlé au gardien.
C’est quoi les vieilles habitudes ? Pas sûr que si on lit les récits des anciens ce soit si glorieux.
Quand il a été décidé de mettre des gardiens dans les refuges parce qu’il y a avait trop de dégradation, d’incivilités… il n’y avait pas de réseaux sociaux (ou alors ça s’appelait le bulletin du club alpin).
Quand les gardiens ont mis leurs douches bricolées à disposition des clients pareil les réseaux sociaux n’étaient pas là.
Par contre les habitudes n’étaient pas forcément plus reluisantes. Il y a même des propriétaires de refuges le plus souvent non gardés qui m’ont dit récemment qu’ils trouvaient qu’il y avait moins de dégradations qu’avant. Et quand j’entends les gardiens d’expérience s’exprimer sur ce qu’ils ont pu vivre il y a des dizaines d’années et qu’ils ne voient plus aujourd’hui, notamment après la période non gardée, on peut se dire que peut être la communication est bien passée.
Et puis bon parler de service hôtelier pour parler d’une douche à se partager pour 30 personnes, où l’eau chaude est payante et limitée à 3 ou 4 minutes …
Généralement quand on me parle d’hôtel dans des discussions sur les refuges j’ai des boutons qui poussent et je deviens encore plus désagréable que je ne le suis en temps normal. Mais j’attends toujours qu’on me dise quelles sont les prestations ou services offerts dans les refuges qui en ferait des hôtels.
Donc pas de communication, mais de la com quand même sur les réseaux sociaux ou dans les refuges mais que personne ne lit réellement.
Ca sent un peu la posture de principe là non.
La comm existe, elle est faite par les propriétaires, les gardiens, les institutions… si tu ne la vois pas c’est peut être aussi que tu n’es pas le public. Et de toute façon quelque soit la com faite il y aura toujours des personnes avec des mauvais comportements et dans les refuges il y en a toujours eu, ce n’est pas une nouvelle tendance, c’est plutôt une constante chez les montagnard malheureusement.
Ça c’est ta vision d’alpiniste mais il existe d’autres façon de pratiquer une activité en montagne.
Oubliez les exceptions il n’y en a pas vraiment de légitime. Laissez les gardiens tranquilles et redescendez vos déchets
Mais bon on s’éloigne de la selle et de la ressource en eau.
Certes, mais @Walkyrie ne dit pas le contraire; juste que jusqu’à il y a 20 ans, des douches dans les refuges, y’en avait pas, et que l’ensemble de leurs utilisateurs faisaient avec. Et qu’on pourrait très bien revenir à ça (même si pour de plus en plus d’utilisateurs, ça sera difficile…)