(Digression) Effet des reseaux sociaux sur la pratique de la montagne

Peut-être, en tous cas nous y vivons mal ou d’une manière qui ne correspond plus à notre nature humaine.
Les activités de nature, au plus simple celle de dormir à la belle, c’est je pense une reprise en main de nos vies, une sorte de redécouverte de l’essentiel.

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Moi je l’ai clairement bien remarqué (surtout en haute saison, c’est sur que fin septembre t’es tranquille), et je ne suis pas le seul… :wink:

J’en sais rien, les gens font ce qu’ils veulent / peuvent / ou se sentent capable de faire…
Mais je constate que cette appli (comme plein d’autres) permets sans réfléchir du tout et en 10 secondes de trouver un lieu d’étape déjà référencé dans une région ou l’on a jamais mis les pieds ; pas étonnant que ces endroits « concentrent » énormément de monde, car solution de très grande facilité/rapidité.
Et en lisant les commentaires, on sent bien que certains (par raccourcis? vu que c’est référencé dans l’appli = no limit, on fait ce qu’on veut, personne ne peut nous virer, même si on est déjà 20 camions sur place?) s’y croient très à l’aise, comme à la maison ou au camping… alors que pas du tout, t’es peut-être chez un privé qui n’est même pas au courant que sont champs est devenu un camping sur P4N… je parle en connaissance de cause car cela nous est arrivé en tant que propriétaire.

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« Face à l’augmentation du camping illégal dans des zones protégées, les autorités et les agents de protection de la nature espagnole ont émis 86 amendes, durant le week-end du 9 et 10 août ! »
https://www.larepubliquedespyrenees.fr/pyrenees/de-l-autre-cote-des-pyrenees-et-du-pic-du-midi-d-ossau-86-amendes-ont-ete-attribuees-en-un-week-end-pres-du-lac-d-anayet-25542815.php

Je vais essayer de faire un message un peu plus structuré, quand à ce sujet récurrent, dites-moi si vous partagez mon avis.

Je trouve que cet engouement pour la montagne pour tous, s’inscrit dans une période un peu particulière. J’aimerais faire un parallèle avec une période que certains d’entre vous ont connu (ok j’exagère à peine). Les premiers congés payés. Les gens ont découvert ce que c’est que des vacances. Ils ont décidé de s’entasser à la mer. Pas de réseaux sociaux à l’époque, mais un effet de mode tout à fait équivalent. Ces coins auparavant calmes, se sont transformés en déchetteries à ciel ouvert. Les coins ont fini par se structurer, certains sont devenus payants, et de bonnes pratiques ont commencé à se mettre en place, jusqu’à se démocratiser. Complètement ? Non. Mais c’est vraiment moins pire qu’aux débuts (il n’y a qu’à regarder des reportages d’époque). Surfréquentation, bouchons sur la fameuse route des parisiens.

Il y a 5 ans, les gens ont découvert ce que ça fait que d’être enfermé, et on pris leur revanche suite à ça. Ils se sont mis à rêver d’air pur, de maisons perdues au fond de la Creuse, et… de montagne. On se retrouve finalement face à des problématiques similaires, mais dans des environnements potentiellement dangereux, et où la surfréquentation apparait pour des nombres plus restreints de personnes, et a de plus fortes conséquences directes (je ne dis pas que jeter du plastique sur la plage et dans la mer est une bonne chose…).

Ça apporte donc une population non éduquée, qui se comporte en montagne comme elle le ferait en ville. Certains se comportent très bien, la plupart d’ailleurs, mais une trop forte minorité fait n’importe quoi. Ça commence par s’entasser à des endroits où il serait mieux d’être moins, à des comportements plus problématiques, vandalisme, déchets jetés n’importe où etc etc.

Et donc quelle serait la solution ? Interdire à ces gens de venir ici ? Ils ont toute la légitimité de rêver de coins sympa, si on y est, ce n’est pas pour rien. Les éduquer ? Complètement, mais comment ?

  • Les « influenceurs », ou on les appelle comme on veut, devraient apporter un minimum de conseils avant de partir dans ces « coins de rêve ».
  • Il faut des panneaux, et autres trucs du style
  • Les aménagements communaux, pour quelques euros, sont une très bonne manière de faire les choses
  • Plein d’autres manières j’imagine.

Voilà, quelques remarques très ouvertes.

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Le gros problème vient du fait qu’un spot P4N est utilisé par les camping-car :

  • soit comme camping de camping-car, donc il y a des camping-car qui prennent 3-4 places de voiture pendant plusieurs jours,
  • soit comme parking pour la nuit, donc ça génère du trafic tard ke soir et tôt le matin.

Et cela même par d’énormes camping-car triple essieux, sur des parkings accessibles par piste en terre.
Exemple : parking de villanova à Montserrat. Avant P4N, il y avait uniquement des grimpeurs qui restaient la nuit, 3-4 fourgons ou voitures. Aujourd’hui, il peut y avoir une dizaine de camping-car qui restent juste la nuit ou plusieurs jour sans faire d’autres activités que promener le chien. Un jour il y aura un portique à 1,80 m et seuls les campéloose pourront rester :rofl:

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bah c’est plutôt cool. Enfin du moins c’est pas la seule, google map aussi référence les parkings.

Bah voilà, pas bien compliqué comme solution.

Perso je n’ai pas la vanité de penser que j’ai plus le droit d’être là pour grimper, qu’un autre pour promener son chien.

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Déjà du fait de la fréquentation plus importante, la surface par personne est plus petite ( je schématise, hein ).
Ensuite, du fait de la fréquentation, même en respectant les règles élémentaires, les dommages sur l’environnement sont plus importants, d’où la nécessité d’adopter des règles plus strictes …

Du point de vue ou j’étais il y a peu et a proximité de Courchevel :scream:il n’y avait pas un humain sur des milliers d’hectare…( pour marcher et/ou bivouaquer).
De quoi relativiser au sujet de la sur-fréquentation de l’alpage :wink:
Et je suis resté sur le sentier avec « la foule » de mes (dizaines de) congénères ( grégarisme oblige :sweat_smile:).
Un cauchemar . Je n’en dors plus la nuit. :wink:
Je plaisante . Tout n’était que calme luxe et volupté; mais Interdiction de sortir des sentiers et de se baigner. J’ai quand même osé mettre les pieds au frais dans le lac !
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oui ! :grin:
Je parlais bien sûr des zones où vont les gens, notamment pour bivouaquer, puisque c’est le sujet dont on parlait.
Bien sûr que la montagne est globalement vide !

C’est encore plus risible quand ce sont des vans de locations pour vraiment faire « aventure »…

Une proposition à garder en main si la situation se dégrade encore plus : rendre les accès plus difficiles. Je ne pense pas qu’on est encore à ce stade, mais on s’apercoit que les endroits avec les parkings bien bas sont assez vides. Le Veyton par exemple. On pourrait prendre la décision de barrer certaines routes, et réserver d’autres aux riverains. Où encore un modèle « à la Berarde » avec des navettes.

Très facile à mettre en oeuvre par rapport à d’autres systèmes, ça finira même par reduire les dépenses des communes pour l’entretien des routes, et nécessite assez peu de flicage (éventuellement quelques controles de stationnement et c’est tout).

C’est n’est pas forcément très démocratique, car un peu discriminatoire envers ceux qui ont des capacités physiques plus modèstes, mais ça me semble être la « moins pire » des solutions par rapport à des quotas comme aux USA ou encore dans les Calanques.

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À voir par rapport à ce que les touristes rapportent à la commune (bistrots, nuitées, restos, fromage…). Evidemment si y’a aucun commerce dans la commune, elle n’a « rien » à y gagner.

Je pensais plutôt au parkings de bout de route ou des petits hameaux sans rien. Comme par exemple la route de Valpelouse. Évidemment dès qu’ils y a des commerces ça me semblerait un peu excessif.

C’est sur que la gestion doit être sensée, et au niveau local et régional. On pourrait imaginer de fermer la route du Pré de Mme Carle à Ailefroide, ça ne ferait qu’inonder Ailefroide, par exemple.

Et accessoirement ça ajoute 11 km à toutes les approches/retour
Pas sûr que le refuge-resto soit très content.

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Oui, mais ça serait justement l’idée, si on souhaitait réduire la fréquentation. Comme je disais, je pense pas qu’on soit encore à ce stade.

Sans rendre les parkings payants, il y a un truc assez simple, évoqué plus haut d’ailleurs : la verbalisation du camping sauvage.

Depuis l’interdiction des parkings entre 22 h et 6 h en forêt de Fontainebleau, les gendarmes tournent et verbalisent les gens qui font du camping sauvage sur les parkings. Il faut passer assez tard et de manière aléatoire. Encore faut-il que la gendarmerie ou l’ONF aient les effectifs pour le faire… Maintenant, ils ont aussi des drones.

Dans la vallée de Cham, pareil : les gendarmes font, de temps en temps et depuis longtemps la chasse aux vans garés dans les bois la nuit venue.

Le problème du van, c’est qu’il permet de contourner l’interdiction du camping sauvage, qui est générale. En fait, comment distinguer le van qui est simplement garé comme une voiture du van qui est là pour camper ?

Dans les années 45-60, il y a eu le même engouement populaire pour les vacances en pleine nature. Comme pour le COVID, on sortait de la guerre et les gens ont eu soif de liberté. A l’époque, les choses étaient peu réglementées, le tourisme de masse était embryonnaire (le tourisme international était inexistant). Il n’y avait ni topos, ni réseaux sociaux, ni avions accessibles, ni locations de vans. Louer une maison, un appart, aller à l’hôtel coûtait trop cher, mais on pouvait notamment planter sa tente au niveau du hameau des Bois, à Cham, en toute liberté. Les campings municipaux sont apparus pour améliorer l’hygiène et préserver la nature. Là, on en est au contournement des campings, en définitive.

Les choses ont en fait commencé au début des années 2000 et c’est d’abord lié à l’émergence d’Internet, puis des réseaux sociaux. Le développement de l’offre de transports a fait le reste.

Là, vu le nombre impressionnant d’itinéraires recensés sur C2C, et pratiqués, le choix est quand même très ouvert. En réalité, 95% de la montagne est vide, hors quelques musts vendus sur les réseaux sociaux et, il faut bien le dire, par les grands media (magazines, papier, dématérialisés ou télévisés) qui puisent exclusivement leur inspiration les uns des autres.

Ensuite, je me demande si les parcs nationaux n’ont pas une politique raisonnée pour canaliser les flux vers quelques sites pour préserver les autres. C’est le cas pour les Écrins, notamment : on communique beaucoup sur le Pré de Mme Carle, le Lauvitel, le Lautaret, pour délester le coeur de parc. Et de toute façon, pour aller dans le coeur de parc, il faut marcher… donc ça filtre.

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D’accord, mais en même temps, ma remarque ne concernait pas forcément le camping sauvage mais la fréquentation générale. Si les endroits « must-see » étaient à 4h de marche et non à 1h, ça pourrait changer la donne. De toute façon ma remarque était plutôt théorique.

Je suis complètement d’accord.

tes remarque sont très censées, bravo !

Effectivement, dans tous les massifs, les autorités ont développé des sites très attractifs qui permettent de vendre la région et capter les millions de touristes.

C’est le cas dans les PO proche de Font Romeu avec le « Lac des Bouillouses » - 2000 m d’altitude - (accessible en voiture avec une route goudronnée en parfait état) en site classé où les voitures ont été interdites de circulation entre 7h et 19h tout l’été; des navettes (des bus en fait…) ont été mises en place qui tournent en permanence toute la journée pour amener la foule; la raison: préserver les pelouses d’altitudes très fragiles à la repousse; ce qui fait qu’il y a une affluence énorme sur ce site qui canalise tout le tourisme et dans les autres vallées et sommets environnants, la fréquentation est très raisonnable !

le site:
Randonnées dans le Parc naturel des Pyrénées-Catalanes

le site du Département:
Le lac des Bouillouses - Département 66

Quand on lit, tout y est pour donner au candidat le sentiment qu’il accède à un site d’exception, à une rareté… Le marketing est excellent.

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