Alors alors, voilà un sujet qui est intéressant et que je suis de près. Cependant il me paraît important de le replacer dans un certain contexte et éviter les avis binaires, ce qui malheureusement est la norme dans les commentaires, peu importe le site / réseaux sociaux… Je vais essayer de développer mon avis le plus clairement possible en espérant être lu sans raccourci (et peut être en ferais je par facilité de raisonnement, après tout, chacun à ces défauts et qualités).
Il y a déjà le phénomène de mettre à connaissance les spots de bivouac et les sentiers de randonnée qui a une importance majeure. Il me semble que les réseaux sociaux ont une part non négligeable la dedans, en particulier instagram. Je n’ai pas de réseaux mais il m’a été donné de voir des publications « d’influenceurs » vantant des spots et des lieux proches de grandes villes (Lyon pour ma part), de façon abusive… parfois pour des secteurs avec peu de risques (Dent de Crolles, Lac du Crozet), mais d’autre sans aucune prévention et dont l’engagement est certain : Le Néron (!), le pic de la Belle Etoile, le col des 2 Soeurs… et là, on se retrouve avec les accidents.
Il faut ajouter à cette culture de l’image et de la beauté du paysage absolument recherchée par la jeunesse (et pas que) citadine, un autre élément. La littérature de randonnée / bivouac qui s’est developpée et vulgarisée ces dernières années. Il suffit d’aller faire un tour chez Vieux Campeur : entre livre de bivouac facile pour tous, livre de « déconnexion et retour aux sources », topos de randonnées vus et revus,ouvrage pour aller chercher les lacs et les cascades de fraicheurs… L’accumulation de spots cités dans ces livres (Lacs de Belledonne, cascades, Hauts Plateaux du Vercors, refuge gardés ET non gardés), couplées à la démocratisation des pratiques amènent FORCEMENT, la connaissance à un plus grand nombre de personnes.
Il y a la part mathématique qui explique la désormais surfréquentation sur ces secteurs connus et balisés (éloignez vous du GR et des panneaux d’indications, vous êtes a peu près sur d’être tranquille). J
Maintenant mon retour d’expérience et impression : la hausse a été sensiblement rapide. En 2022 et 2023, j’ai passé un certain temps sur le Vercors, le Diois et Belledonne. J’ai littéralement passé deux jours sur les Hauts Plateaux sans croiser personne (au mois de juin) de Darbounouse au pas de l’Aiguille.
En 2025, je n’ai même plus compté. J’en étais desespéré ! La solitude et la tranquillité de l’observation d’une nature paisible se retrouve d’une part franchement aggravée par la foule. Ensuite, le problème viens largement des attitudes :
-des files d’attentes absurdes aux sources d’eaux, avec des individus qui utilisent leurs gourdes filtrantes a tout va (même dans les refuges gardées)
-Soir de match du PSG : des randonneurs qui cherchent desespérement du réseau pour voir le match (oui, oui, oui…)
-Enceinte bluetooth et compagnie, parce que le chant des oiseaux et le bruit du vent, c’est pas assez agréable
-Baignade dans les lacs préservés (vous comprenez hein, c’est la canicule hein)
-Comportement absurde face aux animaux : j’en ai vu vouloir caresser des bouquetins, ou 15 personnes entrain de prendre une pauvre marmotte qui devait se demander qu’étais-ce tout ce marasme…
- Et puis les déchets, les feus…
La liste est longue. Alors il est question d’éducation, d’apprentissage, etc… oui, tout ceci est assez enjoliveur, mais non, car nous sommes dans une boucle trop pernicieuse et , enfait, la solution va devoir être un repli car sinon, il va clairement y avoir une dégradation sensible de l’environnement.
Car si il y a d’une part, et je la crois sincère, un intérêt sensible à la nature, la montagne, la beauté et la tranquillité chez les randonneurs ; il y a chez trop d’entre eux, un aspect d’immédiateté, de consommation du bonheur et du plaisir, une forme de « recharge de batteries », de « pause », pour s’extraire de l’enfer citadin, je dirais même parisien en majorité. Car sur les longs weekend, les nombreux et nombreuses randonneurs avec qui j’ai discuté qui en venez, et paf le chien !
Hors, a partir du moment ou le bivouac en montagne et ces contours est vu comme un loisir uniquement a but de gloire personnelle (rares sont ceux qui n’en feront pas une publication instagram séductrice) , vécue en vase clos au milieu des autres, avec cette persuasion que « Je suis ici car j’en ai le droit et que je peux en faire ce que je veux » , alors oui il y a un souci. Un souci permanent de rapport au vivant, a son prochain et a l’espace, une philosophie dont l’essence n’est pas la contemplation et la compréhension mais la consommation.
On peut avoir un postulat positf et dire « ouiiii… c’est quand même mieux que d’être cloitré chez soi…; c’est un intérêt pour la natuuure ». Oui, il y a des aspects positifs, ils ne sont pas négligeables. Mais dans la masse, l’emporte la forme contemporaine d’égoïsme du plaisir.
Une chose qui appuie cela est selon moi la difficulté à nouer des conversations avec le nombre de personnes qu’on croisent / rencontrent. Chaque groupe ou individu est dans son espace.
Bon dieu, pourtant, on est là, à la base, pour la même chose non ? Il y aurait à dire, a faire, a apprendre de chacun ? Et bien souvent je me heurte à la gêne, au refus.
Mais comment définir un bon randonneur d’un mauvais ? Quel déterminisme apporter ? Et a la fin, ceux qui resteront, avec une sélection, ce seront qui : ceux avec les moyens ? Ceux avec une éducation, il faudra passer un diplôme ? Un péage de bonne conduite en montagne (horreur !) Très difficile de fournir une réponse. Je me dis qu’une augmentation des éco gardes dans certaines réserves seraient pertinents. Je n’ai pas la réponse. Mais franchement on se trouve dans des situations ou la connerie de privatisation de la Haute Chartreuse, on pourrait presque la comprendre !
Et je ne parle même pas des refuges aisément accessibles (Le Léat, Roybon pour ne pas les citer) ou on se trouve avec des fêtards, des voleurs de matériels et des appropriation d’espaces délirantes. Mais je vais m’arrêter là.
Si la nature est trop foulée et brusquée, elle perd forcément sa quiétude et son essence. Beaucoup trouveront peut être choquant mon postulat mais, en tant que contemplateur, observateur des éléments, et aimant le silence, je me retrouve heurté par l’usage touristique qui est fait de certains espaces montagnards. Et je ne pense pas être seul.