Devenir guide ou changer de projet ?

Oui, tout n’est pas noir ni blanc et encore plus si tu as besoin d’argent.

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Ben sur la neige, c’est surtout blanc.

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Oui, et il y a aussi un autre corollaire, celle de pouvoir potentiellement vivre le décès tragique d’un client en pleine course.

Je te transmets ce que m’as dit un ami guide. Son témoignage pourrait peut-être t’aider à retrouver la motivation pour continuer ta formation :
« …Moi aussi j’ai voulu arrêter à cause de la prise de risques mais j’ai bien fait de continuer, ouf! Maintenant les formateurs ne sont plus les mêmes qu’avant et la prise de risque n’est plus mise en avant, bien au contraire, il y a eu trop d’accidents… »

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Malheureusement il en reste quelques uns : j’ai passé une semaine avec un prof de l’ENSA (récemment, toujours en activité) et il a passé son temps à nous raconter tout ce qu’il a fait qui était interdit : aller pêcher dans une réserve interdite, prendre un bateau « clandestin » car interdit cause météo, prendre un avion interdit de décollage, etc …
Et bien entendu plein de courses où il aurait fallu renoncer.
On voyait bien que c’est vraiment ce qui l’animait, je ne sais même pas si lui en avait vraiment conscience.

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Une passion ne devrait pas devenir un métier (lié au loisir), dans lequel le risque est régulièrement présent.

Tu vas renoncer une fois, deux fois, trois,…puis au bout d’un moment il faut bien manger, vivre, en clair faire rentrer de l’argent, donc la personne finira par dire « oui » là où le « non » devrait être maintenu. D’autant plus, et il faut être objectif, qu’il s’agit de risques totalement inutiles car ils ne concernent que le plaisir de celui accompagné, donc en soit n’ont aucun enjeu nécessaire immédiatement, et peuvent être différés.
A l’inverse de métiers tels que marin pêcheur, secouriste, scaphandrier, cordiste, forces de l’ordre, militaires, etc…, bref, de toute personne qui prend / gère régulièrement des risques dans son métier, mais, pour la nécessite collective, pour l’intérêt général, dont beaucoup d’autres personnes dépendent.

Car en face de toi tu n’as pas un élève, un patient,…mais…, un client !!! Tu vends une prestation, point. Et tu as besoin de vendre pour vivre socialement. Qui plus est, si ton(ta) conjoint(e) a un travail précaire, que tu as des enfants, etc, etc,…

D’une manière générale on pourrait même se demander, in fine, si être guide ne devrait pas rester seulement une activité fédérale : être bien formé oui c’est évident, avec des exigences élevées bien entendu, mais, dénuée de tout intérêt mercantile qui tôt ou tard vient « violer » le raisonnement, le bons sens, et le renoncement. Si on le fait sans devoir attendre cela pour vivre, pour manger, alors on restera probablement plus lucide et raisonné car la logique du renoncement ne viendra pas se heurter à la logique légitime de travailler et de gagner sa vie…au risque non seulement de la perdre, mais surtout de la faire perdre à autrui, pour in fine quelque chose qui peut attendre car pas du tout important et nécessaire en soit, là, maintenant.
On peut dire : on va faire faire du « facile » au client, mais, la définition du « facile » est très subjective, liée à un contexte, des conditions variables, et de plus, si facile cela est, alors il n’y aura peut être pas la nécessité stricte d’avoir un guide pour faire ça !

Tous les « loisirs », bien qu’essentiels, et ce, pour diverses raisons, ne se valent pas dans l’absolue nécessité d’être fait…quand on le veut…et parce qu’on paye…, au détriment de quand on le peut !

Le risque zéro n’existant pas, seule la variable économique peut être « contrôlée », sauf, si cette variable devient la raison pour laquelle on se lève chaque matin…, pour aller…travailler !

Bien entendu, il s’agit là d’une réflexion, et on peut totalement ne pas partager ce point de vue, dont le but est de discuter, d’échanger, et non de polémiquer.

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Oxyom, on discute avec des amis et nous sommes d’accord à l’unanimité - tes interrogations attestent une excellente maturité et ta motivation première est juste, tu est fait pour ce métier, fonce !

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Hello @Oxyom,

Avant de commencer, je précise que je ne suis pas guide et donc probablement pas le mieux placé pour te répondre. En revanche, je trouve tes questionnements intéressants, voici donc quelques éléments.

J’ai l’impression qu’on pourrait résumer tes questions à « quoi qu’il advienne, comment faire pour ne rien regretter ? ». Ma réponse est que si tu as sincèrement fait de son mieux et mis toutes les chances de ton côté, tu ne peux plus regretter quoi que ce soit. Car peu importe le résultat (échec ou réussite à l’examen d’entrée), si tu as fait tout ce que tu pouvais, bah… littéralement, tu pouvais pas faire mieux. Réciproquement, si tu y va à moitié, tu pourras toujours te dire « Ah, si seulement j’avais bossé un peu plus… ». Donc, sur ce genre de problème, il me semble qu’on a toujours intérêt à faire les choses bien.

Ensuite, de deux choses l’une :

Soit tu rates l’examen d’entrée. Tant pis, t’as fait de ton mieux, mais ce n’était pas suffisant, fin de l’histoire. T’as tenté, ça n’a pas marché, c’est la vie ! On a tous des échecs, et c’est même plutôt bon signe : quelque part, celui qui n’est jamais en échec, c’est surtout quelqu’un qui n’essaie jamais rien. Si tu échoue, t’auras probablement quand même appris des choses et ça ne t’empêchera pas pour autant de continuer à avoir une pratique épanouie en amateur.

Soit tu réussis : tu passes le proba, tu rentres dans la formation, et là, tu ouvres un nouveau champ des possibles. Par exemple, rien n’empêche de passer le guide mais de ne pas en faire ton activité principale (je connais plusieurs guides qui ont un autre métier, ce qui leur permet de ne bosser en tant que guide qu’une partie de l’année). Rien n’empêche de rentrer dans la formation… et de réaliser que tu t’es trompé, que ça ne te convient pas, et d’abandonner là. Ou, au contraire, de confirmer ton envie d’exercer en tant que guide. Bref, tu ouvres un nouveau monde, dans lequel se poseront de nouvelles questions (qu’il sera pertinent de se poser en temps voulu, mais pas maintenant en tout cas!).

Au final, j’ai l’impression que tu as tout à gagner à présenter le guide, plutôt que de t’arrêter au milieu du gué. Présenter l’aspi n’engage à rien, non ?

Dans tous les cas, bonne montagne ! :blush:

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Au sujet du métier de guide, tu peux lire le bouquin de Max Liotier « Celui qui va devant », réflexions sur l’ordinaire d’un guide. Sans doute introuvable en librairie mais qui doit figurer dans toute (bonne) bibliothèque de caf.
Max Liotier était guide a la Grave, puis gardien d’Evariste Chancel et enfin propriétaire du restaurant « Le vieux guide » à la Grave, où on dégustait de délicieuses andouillettes à la moutarde.

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On le trouve encore d’occasion :


https://www.leboncoin.fr/ad/livres/2854479414

Pour continuer la réflexion :

Le taux annuel de mortalité chez les guides de haute montagne est de 4,35 pour mille guides (avec le réchauffement climatique ça risque de ne pas s’arranger)
En comparaison, on sait que dans la population masculine française, on est plutôt à 0,06 décès au travail par an pour mille personnes.

Ce qui veut dire que :

10 ans de métier vaut 1 guide mort sur 24
20 ans de métier vaut 1 guide mort sur 12
30 ans de métier vaut 1 guide mort sur 8

Sans parler des accidents sans décès pour les guides et aussi pour les clients qui peuvent être compliqués voir très compliqués à gérer.

Quand tu as réussi le proba, tu as fait le plus dur mais après il te reste le plus difficile (dixit un guide)

Les chiffres bruts resteront toujours très subjectifs, mais là il manque un critère important : est-ce au regard du nombre de guides diplômés ou du nombre de guides actifs ? On risque probablement de devoir diviser les chiffres par 2, ce qui revient au terrible 1 sur 4 cité plus haut.

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Après dix ans de pratique amateur, j’ai fait le choix, il y a maintenant une décennie, de franchir un cap : passer pro et en faire mon métier.
Aujourd’hui, dix ans plus tard, j’exerce toujours avec la même passion – et sans le moindre regret.

Avant, j’étais informaticien. Un métier stable, certes, mais qui ne me nourrissait pas pleinement.
J’ai alors décidé de transformer ma passion pour le canyoning en un projet de vie : j’ai passé le diplôme d’État, monté ma structure, et fait de la nature mon quotidien professionnel.

Ce changement de cap, c’était aussi une recherche d’alignement : autonomie, qualité de vie, variété des journées, mais aussi engagement dans la transmission et la sécurité.
Car guider en canyon, c’est bien plus que faire découvrir un milieu : c’est créer des conditions de confiance, s’adapter au groupe, lire l’environnement, anticiper, être présent à chaque instant.

Dix ans plus tard, je mesure le chemin parcouru. L’entreprise tourne, les saisons s’enchaînent, et chaque sortie reste unique.
Le canyoning, c’est un terrain d’aventure exigeant, mais incroyablement vivant. Et c’est ce que j’aime transmettre.

Si je partage ce retour ici, c’est aussi pour échanger avec d’autres qui, peut-être, envisagent une reconversion ou vivent une trajectoire similaire.
Il y a autant de chemins que de passionnés, mais celui que j’ai choisi me confirme chaque jour que j’ai eu raison de sauter le pas.

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Petit retour perso.
J’ai il y a un moment hésité à me préparer pour devenir guide (j’avais une pratique amateure de la montagne et de l’encadrement en montagne). Pour avoir le niveau, il fallait que je mette cet objectif en priorité numéro 1. Années 2015.
Prise de conscience :

  • la pratique de la montagne a un impact environnemental énorme, à moins de vivre dans des petites bulles type chamonix.
  • tant qu’on est en montagne ou à y penser, on ne fait strictement rien de positif pour un changement de société nécessaire pour répondre aux crises sociales et environnementales.
  • le métier de guide s’adresse principalement (je ne sais pas dans quels proportions) à des personnes riches (au sens mondial du terme) qui ont un impact environnemental supérieur à celui que nous deviendrions nous limiter (ce qui demande aussi un changement global de la société).
  • il s’adresse aussi principalement, à un public aisé socialement et économiquement.

Certains arrivent à être guide et mener de front leur combat pour un changement de pratiques et de scoiétés. Perso, je ne m’en suis pas trouvé capable.

J’ai arrêté de vouloir devenir guide et suis devenu agriculteur. à chacun sa route !

bon cheminement à toi,

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C’est vrai, mais ça s’applique aussi à la grande majorité des métiers.

J’ajoute que le choix de devenir agriculteur est quand-même pas mal, j’imagine que la saisonnalité impose des contraintes mais donne peut-être aussi des opportunités pour grimper?

Sinon devenir prof c’est pas mal - c’est un métier noble, utile, même si dès fois ça doit être chiant aussi, et des longues vacances pour aller grimper…

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c’est quand même plus dur de devenir agriculteur que de devenir guide : il faut des terres, un investissement énorme en matériel… Pas un hasard si c’est en majorité familial
et globalement les agriculteurs bossent énormément

Je voulais dire « pas mal » dans de sens d’avoir un boulot qui sert à quelque chose de bien (sous condition qu’on fait pas n’importe quoi).

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Pour rufus97, juste cette petite remarque. C’est vrai que les profs ont « de longues vacances pour aller grimper ». Mais indépendamment du fait que cet avantage (qui avait dès l’origine été officiellement pris en compte dans le rapport à la rémunération) est en effet « grignoté », je dois surtout dire qu’en quarante ans de carrière, j’ai toujours passé à peu près une bonne moitié de ces vacances à préparer les cours, les exercices et leurs corrigés, etc. Et surtout - surtout ! - à corriger les copies, devant lesquelles il m’est même bien des fois arrivé de m’installer au soir d’une journée au Verdon, à la Sainte-Victoire, à Riglos ou au Penon d’Ifach. Il faut aussi songer qu’on peut, comme je l’ai fait, attendre dix ans la mutation dans un lieu éloigné des montagnes et des parois de 500 km.
Maintenant, loin de moi l’intention de dissuader qui que ce soit d’embrasser ce métier (ou un autre, par exemple celui de guide).
Bonne grimpe à tous !

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Des posts ont été supprimés. On revient au sujet initial SVP

Je partage ma petite expérience qui peut-être apporte un autre angle, celui du sens du métier en tant que service.
À un moment donné, juste après mon doctorat en biologie moléculaire, je m’installe dans les Alpes (à Genève): 1) pour poursuivre mes recherches sur le virus du HIV dans un des meilleurs labos du monde dans le domaine; et 2) pour poursuivre ma passion pour l’alpinisme. Et l’idée de devenir guide a commencé à faire son chemin. Très vite j’avais complété ma liste de courses pour commencer la formation en Suisse. Mais alors quand il faillait faire le pas, parmi toutes les questions qui ont déjà été évoquées ici, une autre question s’est imposée par dessus de toutes:

  • comment vais-je le mieux servir à la communauté ? quelle est la valeur de ce que je peux apporter aux autres ? y a-t-il plus de gens en mesure d’amener des gens en montagne ? ou de découvrir une cure définitive pour le SIDA ?

Finalement j’ai laissé tomber l’idée du guide, et j’ai poursuivi plutôt ma passion pour la science tout en continuant à me faire plaisir en montagne en amateur.
La cure pour le SIDA, vous l’avez remarqué, je ne l’ai pas trouvé. Mais le chemin parcouru a été génial ! Très enrichissant, plein d’apprentissages et de rencontres.

Et à la fin j’ai fait un métier bien différent de guide et de chercheur, lequel je ne savais même pas qu’il existait, et je l’adore… ça me porte, ça me donne la sensation de faire quelque chose d’important pour la communauté et ça me permet de me faire plaisir en montagne aussi.

@Oxyom, j’ai beaucoup aimé ta phrase…

Que ce soit en tant que guide, ou AMM ou une autre chose que tu trouveras (canyoning?), si tu gardes cet esprit de service, tu trouveras ta récompense dans le regard et le sourire de ceux à qui tu fais découvrir ta passion.

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