Bon je continue.
Pour poursuivre l’exemple du chamois et de chasse disons « propre », en tout cas par rapport à d’autres j’ai toujours en tête ce chasseur de Villar d’Arène qui partait seul, à pied, avec son fusil et deux balles: une pour tirer le chamois (et pas n’importe lequel, sélectionné en fonction du sexe et de l’âge), et une autre de réserve au cas où le chamois ne serait pas mort immédiatement pour qu’il souffre le moins longtemps possible. Si le premier tir était raté, le chasseur ne retirait pas et il rentrait sans rien. A côté de ça en Ubaye il y en avait qui tiraient dans le bassin des chamois pour qu’ils restent en vie et ils les faisaient descendre en brouette en leur tenant les pattes arrière pendant que le chamois agonisant était toujours soutenu par les pattes avant, cela était moins fatigant que de se coltiner le chamois sur le dos. Dans le premier cas c’est une chasse qu’on peut accepter , dans le second on pendrait volontiers par les couilles les barbares (quand même et heureusement rares) qui agissent ainsi.
Comme dit plus haut si l’animal meurt vite, c’est autant tolérable , voire plus, qu’un animal tué à l’abattoir. le problème c’est que c’est pas évident. Pour tuer un cerf ou un chevreuil ou un sanglier d’une seule balle à coup sûr il faut d’une part que les conditions (angle de tir) soient présentes et d’autre part que le tireur soit bon (et à jeun). Du coup ça pose quand même un sérieux problème, il y a beaucoup trop de ratés.
Pour moi dans un premier temps il faut cesser totalement les lâchers de sangliers (en théorie, en théorie seulement, ils ne sont autorisées que dans les chasses privées entièrement grillagées) et l’agrainage et il faut également cesser de protéger les femelles. Normalement une femelle doit mettre bas au maximum une fois par an, avec le nourrissage artificiel, c’est passé à deux, forcément le surnombre suit. Le loup a commencé son travail de régulation et pour le moment il est insuffisant donc en attendant que l’effectif de sangliers redevienne normal la chasse peut-être poursuivie dans les secteurs à problème. La solution consistant à engager des professionnels n’est pas idiote, surtout si ces gens-là ont une formation au tir et que ça permet de diminuer le nombre d’animaux blessés qui vont agoniser dans un coin. Enfin, je ne sais pas trop où ça en est, il y aurait (conditionnel) aussi des solutions de vaccination (je sens venir le truc
) par ingestion.
Pour toutes les espèces si on veut maintenir une population sauvage génétiquement propre il faut arrêter totalement les lâchers, en particulier de lagomorphes et d’anatidés.
Pour les espèces sur la liste rouge de l’IUCN ainsi que pour toutes celles présentes (protégées ou pas) dans les parcs nationaux, pour moi aucune discussion n’est possible: chasse rigoureusement interdite. De même pour toutes les techniques dites traditionnelles non sélectives (tenderies, tendelles, glu etc …) Et bien sûr la chasse à courre, la chasse à l’épieu et la vénerie sous-terre qui relève de la psychiatrie.
Pour les autres, des règles sont à mettre en place. Je ne vois pas pourquoi des chasseurs s’insurgent contre les contrôles de l’OFB, ou trouvent anormal d’instaurer un contrôle d’alcoolémie, où est le problème s’ils respectent les règles et ne sont pas bourrés ? Et à propos de règles, il y en a à revoir; de même qu’avec les techniques modernes il est tout-à-fait possible d’installer sur les fusils des systèmes (ça existe déjà mais ce n’est pas obligatoire) interdisant la détente si le tir n’est pas dirigé vers le bas selon l’angle préconisé; il est tout-à-fait possible d’améliorer la sécurité à condition de le vouloir.
Par contre, je ne suis pas d’accord pour dire que pour les chasseurs, le plaisir c’est de tuer (c’est sûrement vrai pour un certain nombre, mais pas pour tous) Tuer c’est la conséquence de toute une série d’évènements, et bien entendu c’est la mort qui arrive au bout de la chaîne. mais ça ne veut pas dire que c’est un plaisir. Quand on mange un steack ou un poulet on ne le fait par plaisir de savoir qu’un animal est mort pour ça. Et même on fait l’autruche, on préfère ne pas y penser. Quand je posais un piège je ne me posais pas de question, un peu comme si la vie du piaf piégé était quelque chose de virtuel (désolé si je choque, mais je parle avec sincérité). Quand je chassais, le plaisir c’était de balader, de deviner la nature pour trouver le gibier, de coopérer avec le chien, de réussir un coup de fusil difficile, de me lever de nuit pour monter au cabanon prendre un bon café chaud avant que le jour se lève, toutes ces choses que chacun d’entre nous peut apprécier. Et bien sûr tout ça peut être apprécié aussi sans un fusil je le sais bien moi qui ai troqué la carabine et le 16 contre un appareil et des téléobjectifs il y a plus de quarante ans. Je ne renie pas mon passé, ça fait partie de ma construction personnelle, ça m’a appris des choses sur moi, sur la nature. Je regrette d’avoir tué des animaux qui auraient dû poursuivre leur vie, mais en aucun cas je n’accepte l’idée qu’on pense que je prenais un plaisir sadique à le faire. Comprenne qui pourra 