Parenthèse sur Salgado. En 2010 Salgado il n’avait pas complètement switché si on en croit l’extrait suivant (j’aimerais bien, sans pourrir le post, en savoir un peu plus sur sa pratique actuelle) :
Un autre exemple intéressant de cette résistible transition vers le numérique est offert par les dernières productions de Sebastiao Salgado. Lui aussi a entamé en 2004 une vaste fresque photographique, intitulée Genesis. Il l’a réalisée jusqu’en 2008 avec son matériel de prise de vue argentique coutumier et en consommant des milliers de rouleaux de pellicules noir et blanc. Il a opté d’emblée pour un format 4,5 x 6 en vue des tirages grand format qui ne manqueraient pas de lui être commandés pour des expositions à travers le monde. Mais peu à peu, les difficultés croissantes rencontrées pour poursuivre cette production argentique, en particulier pour réussir à s’approvisionner en papier, l’ont poussé à s’équiper d’un nouveau boîtier numérique, dont il reconnaît qu’il lui a facilité grandement le travail : “Changer de rouleau de film, en moyen-format, peut être très problématique dans beaucoup de cas. Le numérique te donne une facilité de travail immense. Et la qualité est supérieure au 4,5 x 6 sans aucun problème.” Bref, Salgado légitimerait à son tour la victoire technique du numérique sur l’argentique.
Or, là encore, le plus intéressant est ailleurs. En effet, Salgado, qui fera certainement tirer ses grands formats sur des imprimantes à jet d’encre, a décidé de revenir au négatif argentique pour être en mesure de poursuivre la production de tirages de collection destinés aux galeries et aux connaisseurs, qui ne jurent que par le tirage baryté. A l’inverse donc de Depardon, Salgado photographie désormais en numérique, mais retourne à l’argentique pour la finalisation de ses images, grâce à un “imageur” qui reproduit les fichiers numériques sur du film. Il est intéressant en outre de repérer les nombreux détails qui révèlent à quel point Salgado se sert de son appareil numérique comme s’il s’agissait toujours d’un boîtier argentique : il en a déconnecté l’écran pour ne jamais être tenté de le regarder, il refuse de voir ses images sur un écran d’ordinateur, mais exige au contraire qu’on continue à lui préparer des planches contacts sur papier, puis des épreuves de lecture 13 x 18 sur lesquels il effectue son tri d’images et porte ses options plus avancées de tirage.