Voici la première partie d’un ouvrage des années 80 sur l’apinisme dans le massif du Haut-Alay. la seconde partie est en cours de traduction environ un petit quart restant du bouquin. Le lien vers le fichier PDF librement téléchargeable sera donné plus tard une fois la traduction complété.
A bientôt
Henri Lévêque
Alpinisme
et randonnée dans les hautes montagnes de l’Alay.
L.A. Maksimov , D.E. Fomenko, G.F. Sipachev
Collection Grands Espaces
Moscou « Activités Physiques et sportives » 1980
Ce n’est pas souvent que dans la littérature touristique on présente
les splendides montagnes du massif de l’Alay. Ces montagnes sont
situées au sud du Kirghizstan, l’une des régions montagneuses que
l’on désigne également souvent par le Pamiro-Alay. On y présente
des parcours de montagne entre les vallées des rivières Tutek et
Yangi-Davan, ainsi que dans le voisinage du glacier Abramova, et
autour du site d’alpinisme de la Dugoba. Nous tenterons de donner à
chaque fois une description générale de la zone et quelques
informations plus détaillées.
Vous retrouverez un large choix de guide de voyage en montagne en
consultant
le catalogue chez l’Éditeur « Activités Physiques et sportives »
1980.
Traduit du russe par
Henri Lévêque
Edition 2017
Table des matières
Avant-propos
Le Haut-Alay
La partie occidentale du Haut-Alay,
De la rivière Tutek à la rivière Yangi-Davan
1- Les vallées de Tutek, Jashilkul et Archa-Bashi
De Zardaly (Kirghizstan) à Hayt (Tadjikistan)
Le secteur de l’Archa-Bashi
Le Col Archa-Bashi et glacier du même nom
2- De la vallée du Hodzha-Achkan à la vallée du Djylysu
Le long de la vallée du Hodzha-Achkan
Dans les environs du village de Hodzha-Achkan
La haute vallée de la rivière Hodzha-Achkan
Les gorges de la rivière Augul et les cols vers la vallée de la
rivière Hodzha-Achkan
De la vallée de la rivière Alaudin aux sources chaudes de la
rivière Yangi-Davan
3- La crête du Haut-Alay au sud du Yangi-Davan-Nord-Djylysu par le
versant tadjike
4- Au voisinage du massif du Tandykul et de la rivière Tilbe
Du glacier Nedostupniy (inaccessible) vers la vallée du
Hodzha-Achkan
Dans le bassin de la rivière Tilbe-Nord
Du Glacier Tilbe-Ouest au Glacier Tilbe-Est par le col Tilbe
(4500, 3A)
Du glacier Nedostupniy à la vallée du glacier Archa-Bashi
Sur le plateau des Cosmonautes
Du plateau des cosmonautes vers les cols Patsaeva, Volkov,
Dobrovolskiy et Leningrad
La traversée de la branche Est du glacier du Tilbe-Nord
5- De la vallée du Yangi-Davan à la vallée de la rivière Agayurma
Par le col Yangi-Davan, 4379, 2A)
Dans les massifs avoisinant le glacier Abramova
Du village de Daraut-Korgon au village de Chak par la vallée de
la rivière Kek-Suu à travers les champs glaciers de l’Abramova
Les rivières Karakazyk, Alaudin et Kumbel
Autour du glacier Abramova : col Kongur, Col Leningradtsev, Col
de la « Bosse de neige » (Snezniy Gorb), Col Djylysu
(Abramova)
Le glacier Djylysu et les cols Yllyksu Nord et Sud (2A, 4670)
De la vallée de la rivière du Yangi-Davan-Nord vers le col
Nadejda (2A, 4620)
La montée aux cols Dzhamankyrchin, Gadayyuly, Bokbash-Nord,
Schastlivym (Bonheur) et 50-LET Sovetskoy Vlasti (50 ans du pouvoir
soviétique)
De la vallée de la rivière Chadloysu vers les gorges de la
rivière Katta-Karamyk au Sud en passant par le col Bokbash-Sud
La partie orientale du Haut-Alay
Région de la Dugoba
1- Sur le versant de la crête du Kollector
Depuis le glacier Dugobashigou, par le col Novichok et le glacier
Aktash descente dans la vallée de la rivière Syurme-Tash-Davan
Des gorges de rivière Ulitor au col Gandakush et la vallée du même,
descente au-delà du lac Kurbankul
2- Au delà de la crête du Kollector
Traversée du glacier Aktash et col du même nom
Traversée du glacier Dugobashigou, montée au col Dugoba et glacier
du même nom. Retour par le col Shigou
Traversée du glacier Ulitor depuis la vallée de la rivière
Archakanysh et col Ulitor
Depuis le glacier Bursun, les cols de la crête du Kollektor et
descente dans les gorges de la rivière Meleksu
3- Autour du cirque du Dugobinskoy sur la crête de l’Alay
Les glaciers du versant sud. Col Karakazyk et au delà vers le
Glacier Egorova
Du glacier Ullukol vers le col Krylya Sovetov et le glacier Egorova,
du col et glacier Ullukol et au col et glacier Levinskiy, passage du
col Ledovym au glacier Egorova
Col Sovetskiyh chkolnykov
Col Trekh (Col des trois)
Col Kosmonavtov
Cols Krestoviy (de la croix) et Leonova
Col Skrytniy
Aux sources de la rivière Syurme-Tash et la vallée de l’Isfayramsay
Bibliographie
Avant-propos
Avant le début des années 60, le
massif du Haut-Alay, une des régions de la vaste chaîne de
montagnes du Pamiro-Alay, étaient peu connu des alpinistes et des
randonneurs. Le développement touristique de la région a débuté
dans les années 60, plus précisément vers 1967 et à ce jour un
certain nombre d’informations alpines se sont accumulées sur cette
région. Il est donc temps de les délivrer. Le but de ce livre et de
présenter ces informations région par région afin qule lecteur
puisse apprécier toutes ces nouvelles possibilités d’aventures et
d’envisager l’organisation de ses futurs parcours en montagne dans le
Haut-Alay .
Lors de l’écriture de cet ouvrage, on
a utilisé les nombreuses observations personnelles des randonneurs
et alpinistes qui ont déjà parcouru cette montagne. Ont été
recueilli également des informations provenant des rapports
officiels des voyage de groupes touristiques de sport de montagne.
Notamment nous avons amplement utilisé les anecdotes des groupes de
randonneurs en provenance de Tachkent, de Ferghana, de Douchanbé, de
Leningrad, de Kiev, de Donetsk, de Moscou et de sa région, ainsi que
des présentation de la région réalisé lors de réunions et
séminaires. Enfin les archives du Conseil Central pour le Tourisme
et les Excursions ont été également étudiée.
Le livre présente des itinéraires de
complexité variable en décrivant le plus souvent possible le
franchissement d’un ou deux cols. De cette manière, comme nous le
pensons, cela permettra aux lecteurs randonneurs, en fonction de
leurs intérêts et de leurs expériences montagnardes, de se
procurer un « fil » conducteur pour l’élaboration de leur
prochaine marche. Les descriptions comportent l’énumération des
principaux cols et la façon de les aborder.
Les durées des étapes ont été
déterminées pour des randonneurs habitués à ce type de trekking
sur des sentiers souvent difficiles et aux traces intermittentes, en
tenant compte de la longueur globale de la marche sur plusieurs
jours. La terminologie de « rive droite » et « rive
gauche » dans le livre, est l’acception usuelle du terme en
orographie : la «gauche»et la «droite» repère la séparation par
le lit du cours d’eau dans le sens du courant. Les altitudes sont
souvent mises entre parenthèses à la suite d’un lieu-dit, d’un col
ou d’une élévation remarquable, selon les divers éléments
toponymiques que l’on peut retrouver sur une carte topographique en
terrain montagneux.
Il convient de garder à l’esprit que
les noms de certains des cols et pics attribués par les randonneurs
et les alpinistes, ne sont pas toujours connus par la population
locale et certainement très peu ou pas du tout marqués sur les
cartes.
Des informations sur l’état des
routes, des sentiers, des ponts dans les vallées, la présence de
ponts de neige pour traverser les rivières, les moyens de transport
pour atteindre les vallées et l’emplacement des jaïloos estivales
(campement d’éleveurs et de bergers, yourtes) peuvent être obtenues
depuis le 1er Janvier 1978 par les services de conseils locaux sur le
tourisme et les excursions. Ils ont également pour mission de
renseigner et d’élaborer des itinéraires en montagne indicatifs, en
spécifiant toutes les données disponibles sur le terrain pour mener
à bien ces objectifs de marche. Il sont également en responsabilité
du contrôle et de l’entretien des sentiers des premières opérations
de sauvetage. Les touristes peuvent idéalement prendre pour base de
départ et d’arrivée de leur voyage, le village Daraut-Korgon qui
possède de bonne structure d’accueil et de conseil aux
voyageurs(SST). C’est également à Daraut-Korgon que l’on peut se
faire enregistrer auprès des autorités touristiques et obtenir une
autorisation d’accès aux zones de montagne. (Ces informations
étaient valables du temps de l’Union Soviétique, à travers des
structures locales et régionales. Depuis l’indépendance ces
structures ont en grande partie, voire totalement disparues. Il
subsistent des initiatives locales de tourisme à travers le
Community Based Tourism par exemple, qui vise essentiellement à
fournir des hébergements pour les touristes. Désormais les
autorisations d’accès sont obtenus à partir des autorités
militaires, par l’intermédiaire des agences kirghizes de trekking et
d’alpinisme. Une partie de l’Alay, le Sud et l’Est essentiellement
sont en zone frontalière, dont l’obtention d’un permis d’accès est
obligatoire).
Les auteurs expriment leur gratitude à
tous les randonneurs et alpinistes qui par leur nombreuses et utiles
informations ont contribué à créer ce livre.
Le Haut-Alay
Caractéristiques générales
géographiques et orographiques. Le Haut-Alay se situe au sud-ouest
du Kirghizstan, et au nord-est du Tadjikistan central, dans le groupe
de montagnes que l’on désigne du nom de Pamiro-Alay. Une bonne
moitié d’entre-elles est couvertes de glaciers et de neiges
éternelles autour de pics acérés à plus de 5000 m d’altitude. Le
point culminant de la région et le pic Tandykul (5539 m), en plus de
celui-ci il y au moins plus d’une dizaine de sommets 5000 m. La
région la plus haute autour du Pic Tandykul et de ce l’on appelle le
nœud Matcha, est une zone de glaciation importante, dont un des
emblèmes est le glacier Abramova. La partie nord du Haut-Alay est
bordée par la vallée du Ferghana, au sud par la vallée du
Surkhob-Kyzylsuu, également dénommée dans sa partie la plus élevée
la vallée de l’Alay. Au delà de l’Alay se trouve le Trans-Alay,
première partie la plus au nord du Pamir à plus de 7000m
d’altitude. Le mot russo-kirghiz de Zaalay se traduit par Trans-Alay,
et le mot kirghiz Chon-Alay désigne la grande vallée de l’Alay. A
l’ouest les montagnes de l’Alay jouxtent celle du Turkestan,
également de très hautes montagnes dominée par le Pic Pyramidale.
A cet endroit, l’Alay forme un nœud orographique, le Matcha (nom
d’un village Tadjike). Ce nœud Matcha est constitué par l’Alay se
développant vers l’Est, le Turkestan vers l’Ouest et le Zeravshan au
Tadjikistan vers le Sud-Ouest (nom de la vallée qui sépare les deux
massifs du Turkestan au Nord et du Zeravshan au sud). La partie
décrite dans ce livre se limite à l’Ouest par le village et site
minier de Zardaly (Korgon sur la carte, rivière Zardaly) et à l’Est
par la vallée de la rivière Isfayramsay.
L’axe central des montagnes de l’Alay
est le plus haut et concentre l’essentiel des zones glaciaires. C’est
un domaine extrême réservé à l’alpinisme de haute altitude. La
crête de la dorsale du Haut-Alay s’étire dans le sens latitudinal
sur près de 200 km. Par beau temps, les crêtes du Pamir
trans-alayiens sont parfaitement visibles vers le sud et son point
culminant le Pic Lénine (7134 m). De même à l’Ouest les crêtes du
Pic Korjenevskaya (7105 m) et du Pic Moscou (6785 m) sont
reconnaissables dans la chaîne pamirienne de l’Académie des
Sciences (Akademia Nauk). Au nord se développent les crêtes
secondaires et les contreforts sud de la vallée du Ferghana. Le
haut-Alay est profondément échancré par les glaciers. Les vallées
y sont souvent profondes autour des crêtes rocheuses ou détritiques
élevées. Dans les vallées entre les restes de moraines se
développent des prairies verdoyantes, des bosquets de genévriers.
Les rivières y sont torrentielles aux flots souvent clairs et aux
cascades rugissantes. Le débit dans de nombreuses rivières de la
région est si important et la rapidité des eaux est si vive que
même lors des hivers rigoureux, les eaux ne gèlent pas. En aval,
certaines rivières viennent s’épandre en large bras dont les eaux
deviennent troubles.
Les hypothèses sur l’orogénèse des
montagnes de l’Alay semble bien confirmé la théorie général du
soulèvement des fonds marins. On trouve en effet encore des
sédiments marins dans la chaîne de l’Alay, tout comme dans
l’Himalaya. La poussée des montagnes dans le vaste soulèvement
centre-asiatique depuis l’inde jusqu’à l’Alay s’est poursuivi sur
une longue période de temps géologiques. Et le soulèvement des
terres et la formation de la masse rocheuse se sont souvent
accompagné par de fréquents tremblements de terre. Ce processus se
poursuit aujourd’hui et tout comme le Tibet, la région centre
asiatique pamirienne est très sismique. Les tremblements de terre
sont enregistrés en continu: en moyenne de magnitude 4-5, ils
peuvent survenir chaque année, et atteindre des magnitudes de 7
points et même au dessus. (En témoigne le tremblement de terre de
1990 qui provoqua une gigantesque avalanche qui balaya dans le
Trans-Alay le camp II du Pic Lénine). Ces tremblements de terre
peuvent entraîner des énormes effondrements. Le dernier tremblement
de terre catastrophique dans les montagnes du Haut-Alay a été
observée en 1949 autour d’un village de la vallée de la rivière
Hayt, le détruisant totalement (ce village est maintenant
reconstruit).
Dans les contreforts du Haut-Alay la
température est modérée voire importante en été. Mais plus on
monte dans les montagnes plus le climat peu se révéler sévère. En
été au pied des montagnes (jusqu’à 1000 m), il fait chaud, le sol
est sec et le ciel sans nuages. L’hiver jusqu’à une altitude de 1000
m il fait également relativement clément (température comparable
aux Alpes en hiver). A des altitudes supérieures à 1500 m, en été,
il peut faire plus frais (8°C). Les pentes sont couvertes de neige
en altitude (au dessus de 3000-3200 m). La température moyenne est
de 20° en Juillet dans les vallées de basse altitude (1000-2000 m).
Dans les montagnes tous les 100 m d’élévation, la température
s’abaisse de 0,6-0,7°C, et en hiver, le gradient de température
augmente considérablement avec la présence de la couverture
neigeuse. A une altitude de 2000-3000 m en été il fait plus frais
(température moyenne en Juillet est entre 11-18°C), l’hiver est
très froid et long. Dans le domaine des neiges éternelles (4000 m
et au-dessus), la température pour l’ensemble de la période
estivale ne dépasse pas en moyenne les 10°C, les beaux jours sans
gel. Mais il n’est pas exclu que le rayonnement solaire intense
puissent ici ou là produire des températures de 30°C. Les
principales précipitations sont de Janvier à Mai (à une altitude
entre 1.200-1.500 m, 600 mm, et entre 2000-3000 m au dessus de 600
mm).
La ligne nivéale dans le Haut-Alay est
stabilisée à une altitude de 3000 m-3200 m dans les vallées
d’exposition au nord en début de saison estivale. Elle est d’environ
3200 m-3500 m dans les vallée exposées au sud. Selon les
expositions cela peut varier entre 350-450 m de dénivelé. Dans la
zone des neiges éternelles, en règle générale, se trouve
également des glaciers. La zone de glaciation dans la partie
occidentale du Haut-Alay est la plus grande, mais sur la bordure
orientale du Haut-Alay, les zones glaciaires deviennent peu à peu
plus confidentielles et tendent à disparaître (c’est encore plus
vrai dans les parties de l’Est au delà du Haut-Alay, comme le
Kichik-Alay au centre, et ce jusqu’aux contreforts de l’Oibala et
l’Alaykuu dans l’Est lointain (où de nouveau les altitudes
montagneuses sont importantes, au delà de 4700m). Dans les domaines
de haute altitude c’est le royaume de la neige, des glaces et des
roches acérées où les crêtes atteignent une hauteur moyenne de
4.500 mètres. Et souvent ces crêtes se dressent au-delà des
nuages.
Les versants nord des crêtes de la
région du sud est beaucoup plus jeune. Par conséquent, les rivières
qui coule vers le nord, moins dynamique. Au bas de chacun d’eux
largement et facilement précipiter dans la vallée.
Les contreforts du Haut-Alay, proche de
la vallée du Ferghana sont habituellement désertiques et
semi-désertiques. Ils reverdissent d’une fugace végétation lors
des pluies et de la fonte des neiges au printemps qui inondent les
bras des rivières. C’est alors l’explosion des tulipes, des pavots
rouges et noirs, des coquelicots, des crucifères, et de toute sorte
de plantes bulbeuses à fleur. Il en de même sur les premiers
côteaux des montagnes, où les précipitations sont alors plus
fréquentes.
Dans ces basses vallées désertiques
et semi-désertiques, c’est le royaume des petits reptiles (lézards,
reptiles d’eau, agama, et serpent cobra). Cependant, dans les plaines
encore inondables il demeure beaucoup de verdure en été au bord de
l’eau, des forêts (tugai) denses et luxuriante formant comme des
jungles impraticables. Dans les roselières, parmi les peupliers des
marais, on trouve l’argousier et les saules. Dans les fourés denses
et humides se cachent toutes sortes de renard, de porcs-épics, et de
chat sauvages. Il y a également beaucoup de serpents, d’espèces
d’oiseaux, de lézards, de tortues, et dans les rivières abonde le
poisson.
Au-dessus c’est le premier étage des
montagnes steppiques. Sur les hauteurs entre 1500-2000 mètres, se
trouvent d’abondant fourrés d’aubépine et d’amandiers sauvage près
des rivières et sur les pentes, et dans les ravins on reconnait
immédiatement l’odeur parfumée des genévriers. Dans les environs
des villages de montagnes croissent érables, saules, peupliers,
noyers et sycomores. Autour des bourgades c’est une débauche de
vergers d’arbres fruitiers. De Juillet à Octobre murissent cerises,
prunes, abricots, pommes, poires, pêches et prunes, chacun des
fruits se succédant à l’autre.
Entre 2.000 et 3.500 mètres d’altitude
les vallées se couvrent d’une végétation d’arbustes peu à peu
plus clairsemée, avec des plantes des prairies subalpines et
alpines. On y voit encore des arbres comme le bouleau au bord des
champs ou des sentiers entourées de murs en pierre. On trouve aussi
des saules, peupliers, érables, frênes, et des arbustes comme le
rosier sauvage, le merisier et le nerprun (Rhamnus), qui bordent les
rivières de montagne aux eaux claires et les masquent souvent. Près
de l’eau poussent également le cassis. Dans les montagnes se
trouvent le loup, le renard et le sanglier. Les nombreuses sentes
animales difficiles à suivre témoignent de ce foisonnement discret
de la gente animale. Parmi les roches élevées et les bosquets de
genévriers, c’est le domaine du lynx et de la martre, été et le
plus souvent en hiver, et hélas très rarement celui du léopard des
neiges (Irbis, onces). Il se trouvent également des castors et des
ragondins au bord de l’eau. Sur les pentes méridionales des crêtes,
c’est la cité souterraine des marmottes rousses de l’Alay. A
l’attention au bord des terriers, elles poussent leur sifflement
strident en cas de danger. Les bergers et les chasseurs sont parties
à la chasse aux mouflons, appelés argalis ou encore moutons de
Marco Polo ainsi qu’aux bouquetins de Sibérie (Teke en kirghiz).
Dans les prairies viennent picorer la perdrix des neiges (lagopède)
ou le coq des bruyères (tétraogalle) qui fuient tapis dans les
bosquets de genévriers en poussant également son sifflement de
frayeur à l’approche du danger. Sur les pentes raides d’autres
variés de perdrix s’aventurent. On trouvent aussi d’autres oiseaux
comme des merles, des corneilles et même des choucas. Plus haut sur
les vires des falaises, se réfugient les chèvres et les moutons
sauvages de montagne (bouquetins et argalis), les aigles et les
vautours noirs.
Au-dessus de 3500 mètres l’espace
n’est occupé que par les prairies alpines, subnivéales, où
poussent la fétuque et les petites herbes des steppes d’altitude.
Dans l’étendue sous le ciel des hauteurs supérieures à 4000 m,
c’est le royaume de la neige, de la glace et de la roche.
Sur
l’histoire et l’économie de la région, le Pamiro-Alay, crête de
hautes montagnes enneigées qui comprend le Haut-Alay, a toujours
bordé l’une des principales « Route de la soie » des temps
anciens. C’est uniquement par les nécessités de la nature, et de la
montagne en particulier, qu’un chemin évident peut-être tracé pour
laisser passer les caravanes de marchand à travers ces immensités
montagneuses, avec une relative commodité. Ce sont autant l’histoire
que les rigueurs du terrain qui conditionnèrent ces passages,
finalement peu nombreux, sur le territoire de l’Asie centrale depuis
des siècles. Parmi ces points de passage, la vallée de l’Alay
figure en bonne place comme l’une des principales voies d’accès
depuis la Chine via le Turkestan et son grand carrefour commerciale
de la ville de Kashgar, vers les régions du Khorasan et au delà de
l’Iran actuel. Bien plus au nord, dans le Tien-Shan le passage
principal du col Muzart (entre le Tien-Shan Central et le Khalyk-Too)
permettait l’accès aux steppes kazakhes et au delà aux plaines de
la Russie Centrale.
L’un des premiers témoignages d’un
européen sur cette partie de la route de la soie fut rapporté par
un militaire russe du 18ème siècle. Au cours d’un long périple
entre 1774 et 1782, la « Route de la Soie » fut
clandestinement parcouru par le russe Philippe Efremov. D’abord
prisonnier dans le khanat de Boukhara, ce militaire s’échappe de ses
geôliers et parvient à voyager sous l’identité d’un marchand
itinérant traversant la vallée du Ferghana, puis la ville d’Osh,
importante halte sur la route de la soie, franchit le col de
Chigirchik (col actuel sur la route Osh-Sary-Tash), puis le col de
Terek-Davan (Est de l’Alay, sentier très peu usité et presque
inconnu de nos jours) pour rejoindre l’Est de la vallée de l’Alay
puis le col d’Irkhestam. Il parvient ainsi à Kashgar et poursuit son
chemin vers le Karakoram et le nord de l’Inde au Kashmir en passant
probablement par le Ladakh, pour rejoindre les comptoirs anglais de
la compagnie des Indes. C’est le début d’une incroyable aventure de
presque neuf ans et d’un improbable voyage à travers l’Asie centrale
et sa partie sud duquel il reviendra en 1782 en Russie avec des
informations précieuses sur son extraordinaire et mystérieux
séjours dans ces contrées extrêmes orientales.
Dans la vallée du Ferghana, au nord du
Haut-Alay, la « Grande Route de la Soie » (Jibek Jolu en
kirghiz) traverse les villes de Margilan, Kokand, Andijan et Osh, et
ensuite à travers les cols de Chigirchik et Terek-Davan parvient
dans le bassin de la rivière Tarim au delà du col d’Irkhestam
(Tarim désigne la vaste zone du désert du Taklamakan où coule la
principale rivière, le Tarim, entre les deux principales villes que
sont Kashi, ou Kashgar, et Aksu).
La ville de Margilan a longtemps été
célèbre pour ses tissus de soie d’une beauté extraordinaire,
fabriqués par des artisans locaux. La ville a été fondée sur la
route commerciale de la soie. De ce passé commercial et fructueux,
ne subsistent maintenant que les ruines existantes de quelques tours
et les murs de la forteresse d’Urdatash. On peut encore flâner dans
les rues étroites du centre ville, parmi l’architecture de ses
maisons en adobe et la belle pierre de sa mosquée. Le Margilan
moderne a développé de nouvelles rues, des usines textiles et des
logements ouvriers. Depuis 1928, il avait l’une des plus grandes
usines de soie de l’Union Soviétique.
A 12 km au sud c’est la ville de
Ferghana, la cité des jardins. Elle fut construite en 1874 par
l’empire russe comme un important centre militaire et administratif.
Pendant l’époque soviétique, la cité est devenue un important
centre industriel de la vallée.
La ville de Kokand, à l’Est de
Margilan, est l’une des plus anciennes villes de la région: la
première mention de celle-ci nous est parvenu du dixième siècle de
notre ère. Au XII siècle. elle fut détruite par les Mongols, et à
partir de 1732, elle reprend vie comme capitale du Khanat de Kokand,
un important pouvoir régional au même titre que ceux de Boukhara et
Khiva. Au jours les plus florissants des grandes routes commerciales
de l’Asie Centrale, la ville se trouvait en deuxième place après sa
rivale Boukhara. Maintenant Kokand est une ville textile, où vivent
les travailleurs de la confection vestimentaire. La ville développe
aussi un centre industriel de la chaussure, l’industrie alimentaire,
l’ingénierie mécanique et la chimie. Kokand est également un nœud
ferroviaire avec sa gare principale entre ses branches de la vallée
du Ferghana (Andijan et Osh) et la route de Moscou. Quelques
monuments datent du XVIII siècle, comme le château Eski-Kurgan, le
Palais Khudoyarkhan, Urda, les madrassas de Narbuta-Biya et la
mosquée Juma.
A l’est de la cité de Kokand, il y
avait d’anciens jardins, à Rishtan, dont on peut admirer les
quelques céramiques. En 1960, une usine de céramique a repris une
activité de production. L’usine se situe sur le domaine actuel de la
ferme agricole « Communisme » (informations valables à
l’époque de l’Union Soviétique).
Plus près des montagnes du Haut-Alay
se trouve la bourgade de Khaydarkan, important centre d’une activité
médiévale minière entre les VII-XI siècles. On y extrayait des
métaux non ferreux et du mercure. Sur les pentes de la montagne, on
peut apercevoir les restes d’anciens rouages et autres installations
minières. En 1942, Khaydarkan est redevenu un centre minier
d’extraction d’antimoine et de mercure. (Après l’indépendance la
ville est toujours demeuré un important centre minier, en 2005, elle
est qualifié de troisième plus important centre d’extraction au
monde de mercure primaire).
Aux frontières sud du Haut-Alay se
trouve la vallée du Surkhob-Kyzylsuu (Alay ou Chon-Alay) qui fut
également une importante voie commerciale de la route de « Route
de la Soie ». Cette vallée du Rasht-Alay était anciennement
dénommée le Karategin. En direction de Kashgar, les caravanes
provenaient des villes de Termez (Ouzbékistan) et Dushanbe
(Tadjikistan). Elles suivaient l’axe de la vallée du Rasht : Gharm -
Daraut-Korgon - vallé de l’Alay, col d’Irkeshtam puis Kashgar.
Des traces de cette partie sud de la
« Grande Route de la Soie » sont conservées en amont de la
vallée du Rasht où la rivière reprend le nom de Kyzyl-Suu, entre
les terres supérieures du Karategin et la vallée de l’Alay. Des
ruines se trouvent aux (villages de Jirgatal (Dzhergatol) et de Duvan
(Devona) au Tadjikistan, et de Daraut-Korgon en Kirghizie. Pour plus
d’informations au sujet de ces endroits, on peut lire les relations
de voyages de Marco Polo, marchand voyageur vénitien qui au XIIIème
siècle traversa cette vallée pour parvenir à Kashgar. Marco Polo y
décrit ainsi sa vision de la vallée de l’Alay au chapitre 37 du
livre des merveilles: « On trouve là aussi une agréable plaine
entre deux montagnes, où il y a une grande rivière, le long de
laquelle il y a de gras pâturages où les chevaux et les bœufs,
pour maigres qu’ils soient, s’engraissent en dix jours ». Il
évoque probablement au delà de l’Alay et du col d’Irkhestam, le
pays de « Belor » où « les hommes en sont très cruels
et très méchants, adonnés à l’idolâtrie, et ils vivent de
chasse et se vêtissent de peaux ».
Alors que dans les temps anciens les
hautes montagnes de l’Alay étaient généralement considérées
comme inaccessibles, certains habitants et seigneures locaux du
Khanat de Kokand connaissaient les secrets pour les pénétrer et les
traverser. Chacun avait son guide et avait pu construire des postes
d’observation et de défense dans certaines vallées. C’est ainsi que
l’on peut encore voir de nos jours dans la vallée de la rivière
Sokh, près du village ouzbèke du même nom, les murs préservés
d’une forteresse nommée Augul. De même sur le chemin menant de la
vallée de l’Alay vers le Khanat de Kokand dans le Ferghana, on peut
visiter un petit site fortifié construit au XIXème siècle sur le
chemin du col de Tengizbay. De même dans la partie occidentale de
Daraut-Korgon, les archéologues ont mis au jour un ensemble
d’habitations datant du milieu de première millénaire de notre ère,
témoigant d’une relativement longue présence humaine en ces lieux
austères. Maintenant Daraut-Korgon est un important centre
industriel agricole d’élevage, avec la ferme d’État « Chong
Alay » (sovkhoze, à l’époque de l’Union Soviétique, la vallée
de l’Alay était un lieu d’élevage intensif du bétail. On comptait
un million de bêtes venu profiter chaque été des alpages gras).
A l’Ouest de Daraut-Korgon dans les
villages de Karaultepe, Kichik-Karamyk, Karashure, Koshate et
Dzhekendy, ont été préservés les restes des murs de boue
constituant d’anciens fortins. Dans le village d’Ulug-Karamyk, à la
périphérie orientale du district de Daraut-Korgon, on a retrouvé
les restes d’une ancienne cité datant du V-VIII siècles ap. JC.
C’est un célèbre explorateur russe
qui a initié l’étude scientifique des hautes montagnes et de la
vallée de l’Alay, l’explorateur naturaliste A.P. Fedchenko. En 1871,
depuis la vallée du Ferghana, il débute son expédition à travers
le versant nord de la chaîne du Turkestan (vallée de la rivière
Dzhiptyk près du village de Vorukh dans la région du nœud
montagneux Matcha), puis traverse les cols en direction de la rivière
et du village de Sokh puis de Shakhimardan pour revenir à Kokand.
Après avoir reçu la permission du Khan de Kokand pour la traversée
des montagnes, l’expédition s’engage dans le massif. Il rejoint le
sentier du col Tengizbay (3774 m). Depuis ce col Fedchenko observe
pour la première fois vers le sud une gigantesque chaîne de
montagnes enneigées, l’actuelle Trans-Alay du Pamir. Il croit
reconnaître un pic très élevé, en réalité le pic Lénine (7134
m), dont il évalue la hauteur à 7600. Il nomme ce sommet le Pic
Kaufmann en l’honneur du premier gouverneur du Turkestan russe.
L’expédition descendit du col Tenguizbay vers le village de
Daraut-Korgon, petit poste administré par un représentant du Khanat
de Kokand. A l’époque le village est un petit fortin assurant la
sécurité contre les nombreuses invasions et rapines de brigand de
la région. Ici, le scientifique est stoppé par le représentant du
Khan, qui lui interdit d’aller plus loin sur la route. C’est ainsi
que Fedchenko ne put visiter la haute vallée de l’Alay et de donner
plus d’informations sur le Pamir du Trans-Alay.
Maintenant, les hautes montagnes Alay
sont également une région utile à l’économie de l’Union
Soviétique. Connu pour ses célèbres et riche pâturages, c’est
l’activité industrielle et agricole principale de la région
aujourd’hui : élevage, transhumance et pastoralisme pour la
production de lait, de laine et de viande. Aux frontières
méridionales du pays, dans la vallée du Haut-Alay et sur les
affluents de la puissante rivière Surkhob-Kyzylsuu, on ne compte
plus les kolkhozes d’élevage et les fermes d’État sur les flancs
montagneux, comme Hayt, Jirgatal, Daraut-Korgon, et d’autres lieux
encore. Plus au nord, la vallée du Ferghana est devenu le principal
fournisseur de «l’or blanc» que constitue le coton (ce qui est
encore vrai aujourd’hui car l’Ouzbékistan exporte massivement son
coton du Ferghana, dans les pays du monde entier et demeure dans les
dix plus gros producteurs mondiaux). Dans les années du pouvoir
soviétique on a construit un riche réseau de systèmes d’irrigation
(qui a concrètement pour effet d’assécher presque complètement
l’alimentation en aval du Syr-Daria). Des autoroutes connectent
désormais les villes et villages de Kokand, Rishtan, Batken,
Marguilan, Ferghana, Sokh, Kan, Shakhimardan et Kyzyl-Kiya (toutefois
depuis les indépendances les routes transnationales sont difficiles
à parcourir du fait des tensions et des revendications frontalières
permanentes entre ex-républiques de l’Union-Soviétique).
Actuellement, les steppes alpines de la
vallée de l’Alay récupère chaque année plus d’un million de têtes
de bétail des trois républiques fraternelles de l’Asie centrale :
la Kirghizie, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan (pas si fraternelles
que cela depuis les indépendances de 1991). Il y a un troupeau
résident permanents d’environ dix mille bêtes qui endurent les
rigueurs de l’hiver pamirien. Les structures agricoles ont développé
plus d’un million d’hectares de pâturages et de prairies de fauche.
On y a développé une nouvelle race de moutons, dénommé l’Alay à
laine semi-grossière, qui est particulièrement adapté aux froids
hivernaux et paissent dans les pâturages de montagne toute l’année.
L’élevage des yacks est également une perspective d’avenir.
Aujourd’hui, la République Soviétique du Kirghizstan a appris à
utiliser les montagnes du Haut-Alay toute l’année (depuis
l’indépendance, le cheptel a hélas connu une grave crise, réduisant
son nombres à moins de 10% de ce qu’il représentait à l’ère
soviétique, réduisant les habitants des montagnes à la plus grande
pauvreté pendant les années de restructuration mais aussi de
prédation qui ont suivi, obligeant nombre d’habitants à venir
gonfler les rangs des sans-travail dans les grandes villes du
Ferghana comme Osh, augmentant d’autant les tensions ethniques de la
région).
Les possibilités de randonnée sont
innombrables dans le Haut-Alay, les paysages y sont pittoresques et
le climat est favorable tant que l’on aborde pas les très hautes
altitudes. Il y a une abondance de rivières et de lacs qui
fournissent d’excellentes conditions pour la pratique des loisirs et
du tourisme en montagne.
Le meilleur moment pour voyager dans
les montagnes du Haut-Alay se situe de Juin à Novembre. Il est tout
aussi tentant de randonnée enhiver et hors de la saison estivale
(automne et printemps), mais cela exige des randonneurs plus de
formation et l’expérience appropriée pour affronter le froid.
Le Haut-Alay peut facilement se
décomposer en réseaux orographiques puissants et relativement
indépendants. Ce qui permet ce circonscrire plus facilement des
objectifs de randonnée dans la région. Le premier réseau
montagneux est situé entre les vallées Nord et Sud des rivières
Tutek et Zardaly (amont de la rivière Sokh) d’une part et le bassin
de la rivière Yangi-Davan plus à l’est d’autre part. Le deuxième
réseau montagneux se situe au voisinage du glacier Abramova. Ces
deux zones forment la partie occidentale du Haut-Alay. Le reste est
occupé par le nœud orographique oriental de la Dugoba. Chacune de
ces trois régions est si vaste qu’il est possible de rester sur leur
territoire, et de démarrer et terminer la randonnée sans jamais la
quitter. Il y a toutes sortes de sentier et de manière de les
combiner, d’un massif ou d’un crête à l’autre. Qui plus est une
randonnée dans le Haut-Alay peut commencer soit par le côté nord
de la vallée du Ferghana, soit depuis le sud et la vallée de la
rivière Surkhob-Kyzylsuu (Alay).
Pour parvenir à la vallée du
Kyzyl-Suu-Surkhob (Alay), il est plus pratique d’emprunter la route
tadjike du nord-ouest du Pamir depuis Dushanbe. Sur le chemin on
traverse la bourgade importante d’Obigarm, puis l’on entre dans la
région du Vakhsh (Vasht ou vallée de l’Alay au Tadjikistan). Au
village de Komsomol-Abad, il y a un embranchement de route vers la
vallée de l’Obikhingou (Pamir). La route principale continue le long
du Surkhob-Kyzylsuu (Alay) en direction des villages de Garm, Haït
et Jirgatal (base de départ vers le camp de base du Moksvina Glad,
au pied des ascensions vers les pics Communisme et Korjenevskaya
(l’itinéraire en voiture prend une journée depuis la capitale
tadjike). De Douchanbé à Djirgatal, il existe également un petite
ligne aérienne de transport régional.
Le village de Hayt dans la vallée de
l’Alay tadjik est un point de départ pratique pour remonter la
vallée de la Rivière Tutek-Sud (affluent de la rivière Yarkush) ou
la vallée de la rivière Karagush-Khana. Du village de Jirgatal nous
recommandons de monter au glacier Tandykul par la vallée et la
rivière du même nom. Ce sont 35 kilomètres d’un tracé de rêve,
autour de montagnes qui peu à peu deviennent vertigineuses pour se
terminer aux sources chaudes du Tandykul et au glacier du même nom.
La zone entière est entourée d’importants glaciers qui tous
semblent rayonner blottis dans leur vallée respective. C’est ainsi
que l’on peut découvrir l’Ishtansaldy, le Minbulak, le Tandykul, le
Nedostupniy (l’inaccessible), le Tilbe-Sud, le Chaynok-Sud et le
Yangi-Davan. Tous sont situés depuis la convergence de vallées dans
un rayon de 180° offrant une « foultitude » d’opportunités
touristiques. Là, à la confluence des rivières Ishtansaldy et
Agayurma, se trouve une agréable sources chaudes, une pension de
séjour administrée par la ferme collective « Lénine » du
district de Jirgatal (informations à confirmer dans le Tadjikistan
actuel).
A l’Est de Jirgatal, en remontant la
vallée de l’Alay, on parvient à la frontière des Républiques du
Tadjikistan et du Kirghizstan, puis au village de Daraut-Korgon. En
matière aérienne Dushanbe est connectée à Jirgatal et Osh par des
vols régionaux. Il y a une autre façon d’atteindre Daraut-Korgon en
voiture depuis Osh (260 km en distance. La route part d’Osh pour
atteindre le col de Chigirchik puis le village de Gulcha, le col de
Taldyk et la descente vers le village de Sary-Tash dans la vallée de
l’Alay. De Daraut-Korgon, on peut grimper en toute sécurité les
vallée montagneuses des rivières Katta-Karamyk (à travers le
village Ulug-Karamyk) et du Kek-Suu (se terminant au glacier
Abramova). Daraut-Korgon est aussi le point de départ du chemin de
transhumance vers le nord au col Tengizbay, situé sur la dorsale de
la chaîne de l’Alay.
Sur la partie nord des montagnes de
l’Alay, les routes partent de la vallée du Ferghana directement
depuis les gares ferroviaires ou routières des villes de Kanibadam,
Marguilan, Ferghana, Kokand, Andijan et Osh. En utilisant les
transports locaux les visiteurs peuvent atteindre dans la journée
les villages de Kan, Haydarken (secteur de l’enclave ouzbèke de
Sokh), Shakhimardan (enclave ouzbèke du même nom), Uch-Korgon
(Kirghizie), où l’on peut commencer la marche.
Point de départ de l’enclave ouzbèke
de Sokh Depuis le village de Kan, il est possible de suivre de la
rivière Sokh jusqu’au village de Zardaly (Korgon sur la carte,
affluent gauche du Zardaly) où la rivière Sokh est formé à partir
de affluents principaux: l’Ak-Terek provenant du groupe du nœud
Matcha, l’Archa-Bashi, dont la source plein sud provient de la
dorsale de l’Alay et du glacier du même nom et le Hodzha-Achkan, qui
prend sa sourse plus l’est dans l’axe de la vallée du
Hodzha-Achkan-Djylysu.
Du village de Khaydarkan, les
ascensions en montagne débute le long du sentier des gorges boisée
de la rivière Gaumysh-say (Gaumysh). En remontant jusqu’aux sources
des rivières Gaumysh-Kök-Talaa-Allaudin, on atteint le col Gaumysh,
4075 (crête du Kuruk-Say) pour redescendre vers la vallée de la
rivière Dzhurasay (un affluent droit du Hodzha-Achkan, Gaumysh-Sud
sur la carte). On peut également atteindre le col Kumbel (3958) et
passer dans le bassin versant de la rivière Ak-Suu, qui est plus
proche de région de la Dugoba. Depuis les sources de la rivière
Dzhurasay (Gaumysh-Sud), on peut également rejoindre la vallée de
l’Ak-Suu travers les deux cols Est et Ouest de.l’Aylama. Après le
passage du col Kumbel, rejoignant la partie supérieure de la vallée
de la rivière Ak-Suu, il est possible de remonter sur la crête
dorsale de la chaîne de l’Alay en suivant le chemin du col « Alaudin »
(4296 m). Cet itinéraire permet de rejoindre le versant sud de
l’Alay et la vallée de la rivière Kek-Suu qui prend sa source dans
le grand glacier Abramova.
En descendant du col Allaudin-Davan,
les roches abruptes prennent des formes fantasques. Parvenu en fond
de vallée, il y a deux possibilités, la descente vers Daraut-Korgon
et la vallée de l’Alay ou la remontée de la vallée du Kek Suu pour
gravir le glacier Abramova.
Point de départ de l’enclave ouzbèke
de Shakhimardan Dans l’enclave ouzbèke de Shakhimardan (Hamza-Abad)
se trouve l’auberge et la camp de jeunesse « Shakhimardan »,
près du village de Iordan. De là on peut partir sur les longs
sentiers montagneux de la rivière Dugoba dont le début des gorges
boisées forment un tableau particulièrement pittoresque, tout en
succession de terrasses rocheuses entourée de bosquets de
genévriers. Au pied des gorges se trouve le camp alpin « Dugoba »
du nom de la vallée auquelle il donne accès. Ces sentiers de
randonnée mènent sur les pentes nord de la crête du Kollector
(sous-chaîne de l’Alay) où se trouvent notamment les glaciers
Eki-Davan, Gadzhir, Kalkush, Sur-Metash-Davan, Dugobashigou, Aktash
et Ulitor. Du campement « Shakhimardan » en suivant une route
de montagne carrossable dans la vallée de la rivière Kek-Suu on
peut atteindre en voiture à 7 km, le Lac Kurban-Kul.
C’est une région étonnante aux
reliefs et paysages variés, entre les escarpements rocheux, les
bosquets denses de genévriers, de bouleaux et d’érables, les
sentiers qui serpentent jusqu’aux nombreux glaciers de la région.
Point de départ de la vallée kirghize
d’Uch-Korgon, Kyzyl-Kiya De la ville minière de Kyzyl-Kiya et du
village d’Uch-Korgon la route conduit à la petite bourgade de
Lyangar (2000 m) au plus profond de la chaîne de l’Alay. La route
travers des kilomètres d’une longue vallée encaissée par de
profonds ravins, toujours en remontant le lit de la rivière
Isfayramsay. Lyangar s’étend au bord du cours d’eau et offre de
multiple possibilité de rayonner dans cette partie de l’Alay.
Lyangar n’est pas le terminus de la route carrossable en véhicule
tout terrain. On peut parcourir encore 10 kilomètres en amont de la
montagne. Au delà, il faudra établir des camps plus proche des
voies ou marches d’ascension.
Sur le chemin depuis Uch-Korgon, la
route traverse de nombreuse embouchures de rivières, comme le
Tegermesh, le Syurme-Tash et le Shibe, autant de nouvelles
possibilités de point de départ de randonnées. Des vallées de
l’Isfayramsay et de son affluent Syurme-Tash, on peut rejoindre de
ses sources la région du nœud glaciaire de la Dugoba.
La partie occidentale du Haut-Alay
De la rivière Tutek à la rivière Yangi-Davan
Cette zone de la chaîne de l’Alay
constitue la jonction avec le massif du Turkestan se développant
vers l’Ouest et celui du Zeravshan (Tutek et Matcha) jusqu’au glacier
Abramova caractérisé par ses champs dolines glaciaires. Sur la
crête il y a plusieurs pics au dessus de 5000 m et presque partout
les crêtes sont glacés. Toute la ramification des éperons latéraux
forme un système complexe de petits et grands glaciers. Certains
d’entre eux ont plus de 10 km de longueur (Archa-Bashi, Ishtansaldy,
Nedostupniy « l’Inaccessible » et le Yangi-Davan). Sur le
versant sud au Tadjikistan les glaciers nourrissent les sources des
divers affluents de la rivière Yarkhish au Tadjilkistan (Darapyoz,
Duvansu ou Deonasu, Sud-Tutek et Karagushkhana.) à l’Ouest ainsi que
ceux de la rivière Tandykul à l’Est (Ishtansaldy, Agayurma -
Yangi-Davan et Ptovkul). La zone possède quelques particularités.
Ainsi, les torrents Ishtansaldy et Agayurma et leurs affluents sont
littéralement pressés contre les flancs vertigineux des crêtes. La
région comporte également deux bifurcations de crêtes plus
marquées: celle vers l’Ouest dans la zone du col Karagushkhana et du
bassin versant de la même rivière, et l’autre entre les glaciers
Yangi-Davan-Sud et Dzhamankyrchin.
Sur le versant nord d’importants
glaciers de la dorsale alimente la rivière Sokh. Pratiquement toutes
les rivières ont une origine sur la dorsale principale (comme les
sauvages rivières de l’Ak-Terek, l’Archa-Bashi, le Hodzha-Achkan et
ses affluents).Plusieurs crêtes parallèles à la dorsale la sépare
de la vallée du Ferghana au Nord : ce sont par exemple le massif de
l’Ak-Terek, la crête du Tala, les Monts Kutarubka et Kuruk-Say. À
partir du massif de l’Ak-Terek dans le nœud Matcha commence la
région de l’Alay la plus à l’Ouest comprise jusqu’au glacier
Abramova à l’est. Les diverses sources puissantes de la rivière
Sokh fusionnent près du village de Zardaly, en un flot furieux et
tourbillonnant qui bondit à travers la vallée toujours plus
encaissée jusque dans la vallée du Ferghana, où l’ensemble de
cette eau puissante est utilisée pour l’irrigation.
Dans la vallée du Sokh, bien abrité
sur ses flancs sud, certains villages formaient naguère de
véritables oasis en montagne. C’est le cas d’une douzaine
d’anciennes bourgades aux jardins en terrasse et aux parcelles
consciencieusement irriguées, occupées une partie de l’année. Ces
villages encaissés au fond des vallées impénétrables, fortifiés
par de si hautes montagnes, ont souvent servi de refuge à de
farouches combattants des Khans locaux. C’est ainsi que l’on peut
visiter les ruines d’une ancienne forteresse à l’embouchure de la
rivière Augul proche du village de Kan (également Sary-Talaa), un
affluent de la rivière Sokh.
Actuellement, dans ces villages perdues
l’occupation est restreinte à l’été, sauf le bourg de Zardaly
considéré comme un hivernage dans la vallée. Cependant lorsque
l’été survient, les gens remontent pour la culture des vergers et
la récolte des abricots dans les petites vallées inférieures.
D’autres habitants montent à l’alpage pour l’estive, partout dans la
vallée. C’est l’époque où tout le monde se rencontre bergers,
touristes, randonneurs et alpinistes, dans les campements de toutes
les expéditions.
Les premières descriptions
d’'itinéraires dans le sud des montagnes de l’Alay peuvent être
trouvées dans un rapport d’études de A. Moskvina « Géologie et
Géographie de l’Est du Karategin et de la rivière Yarkhich, Actes
du PTE 1935 » , et pour la région nord dans un rapport de N.A.
Korzenevskiy « Caractéristiques de la glaciation hivernale de la
rivière Sokh et de son dégel, Actes de l’UZ GO, 1948 ». Les
descriptions des itinéraires de traversée des glaciers et des cols
ont débutées dans les années 60, coïncidant avec le début du
développement touristique de la région. Il y a bien eu quelques
explorations avant cette époque, par exemple, l’expédition
d’avant-guerre de Nemytskii à travers le col Tutek. Néanmoins ce
n’est qu’après la deuxième guerre mondiale que les véritables
premières expéditions alpines ont été organisées, au début des
années 60 par des groupes venues de Leningrad et de Tachkent. Ils
ont effectué la reconnaissance de nouveaux col proche des glaciers
Abramova, Dzhamankyrchin et Yangi-Davan. Au milieu des années 60 et
au début des années 70, des groupes de Moscou ont ouvert un certain
nombre de nouveaux passages techniques sur des crêtes peu
accessibles dans le massif du Tandykul et le secteur du glacier
Abramova. Actuellement, cette zone est fréquemment visitée, mais
toujours beaucoup moins que les montagnes voisines du nœud Matcha et
de la Dugoba.
La partie la plus occidentale du
Haut-Alay autour du Glacier Archa-Bashi est généralement désignée
par les touristes comme le nœud Matcha. Même si cette partie est en
général considérée distinctement de celle du Haut-Alay, sa
description dans un ouvrage Haut-Alay demeure indispensable.
La partie de la crête de l’Alay,
adjacente à l’Est du Glacier Darapyoz (Tadjikistan), est une des
plus élevés et des plus imposantes. Certains pics dépassent les
5.000 mètres, pointant légèrement au-dessus de la crête. Des deux
côtés de l’arête ce ne sont que falaises vertigineuses, à l’image
des montagnes juste à l’Ouest, dans le Turkestan-nœud-Matcha entre
les Pics Pyramidal et Skalistiy. Dans la branche est du Glacier
Darapioz et son flanc Sud-Est, il y a respectivement deux cols
rocheux très difficiles au Nord et au Sud du Pic 5239, les cols
Verblyud et Klyuyeva, cotés tous deux 3B. Légèrement à l’Est en
direction du glacier Archa-Bashi, sur la crête un peu moins élevée,
se trouvent les cols Tutek, Tutek-Ouest et Tutek-Est (2A, 4360, 4180,
4500), Jashilkul (2A, 3940) et Karagushkhana (1B, 3900), qui traverse
des glaciers aux pentes douces, finissant souvent par des cascades
sur la langue terminale. Les contreforts méridionaux de la crête
s’abaissent en général très vites et sont rapidement déneigés,
tandis que sur le versant nord, au contraire les crêtes latérales
sont souvent encore plus élevées. Les vallées entre les arêtes
sont profondément tranchées en gorges étroites. Les contreforts
entre les rivières Tutek-Nord et Yashil-Kul sont constitués de
grandes falaises verticales, tranchées çà et là par des séracs
de petits glaciers et des cascades d’eau vertigineuses. La zone est
presque inaccessible ou réservée à des itinéraires extrêmement
techniques. L’éperon entre les rivières Jashilkul et Archa-Bashi
lui comportent quelques passages plus « franchissables »
comme les cols Uchebniy (2B,4470), Karuzo (2B,4620) et Archa-Bashi
(3A, 4600). Ces cols donnent accès au cirque du glacier Putovu,
ainsi qu’au glacier affluent gauche de l’Archa-Bashi.
Le glacier d’Archa-Bashi est un des
plus grands glaciers de l’Alay (sa longueur est de 11-12 km). Son
cours est profondément encastré dans la rocher. Il comprend
plusieurs branches affluentes avec des vastes champs de névé sur le
« premier étage » d’altitude. Au dessus dominent des
cascades de glace impressionnantes. 2 km en aval de l’extrémité du
glacier sur une pente raide à gauche dans le sens de la montée, se
trouve une source abondante d’eau chaude (60°) sulfureuses. La
source est exploitée touristiquement et comporte neuf bains creusés
dans la roche ainsi qu’un hammam. En été, on peut y rencontrer les
habitants venus là pour une cure, y compris certains provenant d’au
delà du col Karagushkhana (1B, 3900) sur le versant sud à travers
les étendues glaciaires.
La crête de l’Alay autour de
l’Archa-Bashi et du Iolysu était encore il y a 20 ans un mystère.
Et maintenant il reste un espace significatif entre les
rivièresTutek-Nord et Iolysu presque inconnu des touristes. A l’est
du glacier Archa-Bashi la crête dorsale part au Nord en zigzag sur
environ 15 km. Cette partie de la crête comporte les plus hauts
sommets de l’Alay, le Pic Tandykul (5539 m) et le pic Snezhniy Shater
(5529 m, la tente de neige) en forme de dôme de neige aigu. A l’Est
de cette arête joignant les deux sommets, il y a deux puissant
glaciers entourés de crête et pics dentelés. Le glacier Tandykul
commence entre ces pics vertigineux, forment un grand plateau vers
3500 puis chute brusquement à la hauteur de 3100- 3200 m. Ensuite la
rivière Tandykul qui y naît coule vers le sud-ouest avec une légère
pente. En moyenne le glacier Tandykul est très accidenté. Avant de
parvenir dans la vallée de la rivière Ishtansaldy, le glacier se
fracasse dans une porte plus étroite remplie de roche charriée et
de glace sale avant de tourner à 90° vers la gauche, puis de
s’étaler à travers la vallée sur plus de 2 km et enfin de
fusionner avec la rivière. La partie inférieure du glacier se
trouve à une altitude de 2400 à 2500 m.
L’autre glacier, le Nedostupniy
« Inaccessible » est apparemment le plus long dans la chaîne
de l’Alay, la longueur de la branche principale est estimée à 13-15
km (l’Abramova étant lui plus large et plus massif mais légèrement
plus court). Il commence sous le versant Nord-Est du Pic Snezhniy
Shater, pratiquement sous les crêtes sommitales, puis se tourne vers
l’est. En descendant, le glacier se fracture en une belle cascade de
glace de 250 mètres de hauteur, puis s’incurve sur la droite
rejoindre d’autres ramifications importantes du système glaciaires.
Le glacier se termine plusieurs kilomètres à avant d’atteindre
l’Ishtansaldy dont il est la source. La rivière en aval se précipite
dans un canyon pratiquement infranchissable.
Comme disais A.V. Moskvin, je l’ai vu
ce glacier, et je lui ai donné le nom d’« Inaccessible ».
L’accès au glacier était défendu par cette barrière de gorges
étroites où les flots furieux de l’'Ishtansaldy se précipitent. En
essayant de contourner le canyon, il est arrivé sur l’arête gauche
du vallon, à partir de laquelle s’ouvre un magnifique panorama de
glaciers entourant les Pics Tandykul et Pic Snezhniy Shater. Mais
l’explorateur ne put redescendre rejoindre le glacier Nedostupnyy.
C’est depuis cette mésaventure, de ce premier échec pour atteindre
ce lieu que son nom est devenu coutumier. Cependant, sur les cartes
topographiques qui ont été produites plus tard, on lui a également
donné le nom de « petit glacier », lorsque l’alpiniste
I.A.E. Kourtchatov l’atteignit en venant du versant nord depuis un
col situé sur la dorsale, dans la partie supérieure-est du glacier
Tilbe-Nord. C’est ce que A.V. Moskvin ne pouvait pas devinait en
provenant lui du versant sud. Finalement ce glacier fut désigné
comme l’Inaccessible Nedostupnyy. Mais parfois on l’appelle aussi le
glacier Ishtansaldy car il est la source de la rivière Ishtansaldy.
De ce fait et selon les conventions toponymiques des cartes, il peut
également être enregistré avec le nom de la rivière. Dans notre
ouvrage nous décidons de l’appeler Nedostupniy comme il fut nommé
par son découvreur A.V.Moskvin.
Pour atteindre le glacier Nedostupniy,
depuis le versant sud ou le versant nord plus facile, on connait
plusieurs itinéraires, mais ils ont tous en communs d’être
relativement complexes et potentiellement techniques.
Au nord du glacier Nedostupniy, la
crête dorsale de la chaîne de l’Alay reprend une direction
latitudinale. Sur ses pentes septentrionales sont situées les
glaciers du bassin de la rivière Tilbe-Nord, ainsi que les cols
Lunniy (Ouest 4460 et central 4052, 2B), Tilbe-Ouest (4060, 2A) et
IAE. Kourtchatov (4380, 2A).
Le Glacier Tilbe-Ouest se love dans une
courte vallée de 5-6 km. Il possède une légère pente parallèle à
la chaîne de l’Alay dans sa branche la plus à l’Ouest puis plus bas
s’incurve vers le Nord-Est. Il charrie une quantité considérable de
roches des pentes nord de la crête puis s’évase légèrement en un
bol parfait sur la lange terminale. Le glacier comporte une
principale rupture de pente avant de s’incurver vers la gauche. A cet
endroit il est fortement fracturé. Dans la partie supérieure Ouest
du glacier se trouve le col VAMY (Shudman, 4380, 2A-2B) qui mène sur
l’autre versant de l’éperon à l’Ouest ver la vallée de la rivière
Archa-Bashi. Dans le secteur du glacier Shudman un autre col, le
Lozhniy Kulp (4540, 2A) conduisant à une petite vallée suspendus et
son glacier légèrement au nord. Ce dernier descend finalement vers
le glacier Tilbe immédiatement après son virage. Le glacier
comporte également une petite branche droite qui remonte vers l’Est.
Elle conduit dans la partie supérieure au col Tilbe dont le passage
est plus technique (4500, 3A).
Le Glacier Est du Tilbe est un peu plus
grand (7-8 km) et de conformation plus complexe. Il commence à la
crête de la chaîne de l’Alay (au col IAM Kourtchatov), et
forme un large fleuve de glace qui coule vers le nord, en prenant à
gauche et à droite d’autres flux glaciers abondants. Sur ce relief
tourmenté et complexe s’est plus ou moins formés des chutes de
glace et des séracs imposants. Après la dernière rupture de pente
importante en aval, le glacier tourne brusquement vers la gauche, en
recevant une quantité importante de moraines latérales et de roches
charriés couvrant la presque totalité du front du glacier. Au
tournant, il y a la confluence avec la vallée du glacier
Serpovidnogo (de la Faucille) blotti en fond de vallée. Le glacier
Serpovidnogo-Sud est maintenant de taille négligeable, mais il se
trouve entouré par tout une série de glaciers suspendus nommés
Balkonnym. Dans ce vallon dirigé au Nord-Est il y a deux cols qui
traverse la dorsale de l’Alay, les cols Pobochniy (4211, 2A) et
Balkonnym (4180, 2A), joignant la vallée du Sud-Tilbe qui se jette
dans la rivière Agayurma. Dans la partie supérieure du glacier
Serpovidnogo-Sud se trouve le col Yolisu-Ouest (4340, 2A) mène à
travers l’éperon nord de la crête vers l’une des branches Ouest du
glacier Iolysu.
Le Massif de l’Alay au sud-est du
bassin oriental du glacier du Tilbe-Nord tombe abruptement et les
glaciers diminuent en taille. Dans la vallée du Tilbe-Sud de petits
glaciers se cachent dans des canyons latéraux fermées. Dans la
vallée voisine du Chaynok, à l’Est, le glacier du même nom est
recouverte d’une grande nappe de charriage. Du glacier Chaynok au
glacier Iolysu au Nord il y a deux cols : le Chaynok-Nord (4430,
2A-2B) et le Chaynok-Sud (4285, 2A). Le relief de la dorsale aux
abord du glacier Iolysu sont arrondis dans la partie sud, puis la
crête se lève à nouveau à une hauteur de 5000 m en remontant vers
le nord. La crête comporte alors une glaciation importante.
La suite de la crête dorsale atteint
le bassin versant du groupe des Glaciers Yangi-Davan. La glaciation
devient alors presque continue jusqu’au grands glaciers de l’Abramova
et du Dzhamankyrchin. La traduction littérale du mot « Yangi-Davan »
signifie « le nouveau col ».
En effet, à la jonction de la branche
supérieure du glacier Sud-Yangi-Davan et de la branche droite du
glacier Nord-Yangi-Davan se situe le col Yangi-Davan-Ouest (4379,
2A). Dans le passé, on faisait également franchir ce col par le
bétail pour la transhumance vers les pâturages du sud de l’Alay,
lorsque les fissures du glacier étaient bien refermé et que l’on
estimait le manteau neigeux bien ferme et stable. Mais, c’était il y
a très longtemps, c’est un temps révolu, et si nécessaire, il
arrive parfois que quelques moutons viennent paître en utilisant un
avion cargo.
Le glacier du Yangi-Davan-Sud dans sa
partie supérieure se compose de deux glaciers de vallée séparé
qui fusionne pour former un simple tronc commun au delà d’un éperon
tranchant. Au delà, la langue du glacier s’écoule tranquillement,
pour finir en moraines. Immédiatement après cet éperon commence
les moraines médianes striant le glacier dans sa longueur.
L’extension du glacier sur la branche gauche est de 8-9 km. Il y a
dix ans, elle était plus grande de 2-3 km. La branche droite du
glacier se trouve sur un balcon plus élevé au-dessus du tronc
principal et s’écoule dans la direction diamétralement opposée à
la branche gauche. De la partie supérieure du glacier les stries du
glacier ne sont pas visibles. Il semble n’être qu’une vaste
chaudière rempli de neige, clôturé sur tous les côtés par des
crêtes aigus de roche.
Sur les plateaux glaciaires di
Yangi-Davan, il y a encore d’autres cols dont le passage est plus
technique à travers la dorsale de l’Alay, comme le
Yangi-Davan-Central (4380, 2B), le Col Vysokiy (4700, 2B-3A) et le
col Parabole (4540, 2A, crête du Kutarubka).
Glacier du Yangi-Davan-Nord dispose
également de plusieurs branches, mais elles sont plus petites en
extension que celles du Yangi-Davan-Sud, et après leur confluence
sur le glacier ce dernier se termine presque immédiatement. La
branche droite (Est) après la douceur des pentes du col Yangi-Davan
tourne brusquement vers la gauche et tombe en cascade de glaces
tourmentées. La branche gauche (Ouest) est plus massive, reçoit une
neige abondante une grande partie de l’année. Son écoulement dans
le secteur sous le col Yangi-Davan-Centre (4380, 2B) est plus calme.
A l’extrémité Ouest de la branche supérieure gauche de ce complexe
glaciaire se trouve le col Yangi-Davan-Ouest (4500, 2A) qui donne
accès à la vallée de la rivière Iolysu vers l’Ouest.
La plupart des vallées de la région
ont souvent un profil évasé vers l’amont et une forte contraction
dans la zone des confluences, ce qui fait qu’il est souvent plus
difficile d’atteindre la périphérie des cols, que le col lui même
une fois passé le goulot d’étranglement du bas.