C’était l’expression favorite de mon ancien patron, justement. Un anar de droite… Je crois que ça marche dans les tout petits groupes (on était deux) et quand la personnalité des gens s’y prête.
Sinon, j’ai lu ce bouquin intitulé « Alpinisme et anarchisme » et je rejoins les opinions de François et Nethou. On a le sentiment que l’alpinisme est le prétexte à une démonstration politique. Si je vois une vague relation entre les deux, c’est peut-être en référence à un certain alpinisme qui implique un mode de vie proche de la nature et un peu en marge. Mon beau-frère, surfeur dans les années 70-80 au Maroc, avait des points communs avec les grimpeurs des années 80 qui vivaient dans leur camion et passaient leur temps à grimper.
Depuis ces années là, beaucoup de choses ont changé. Il y a eu d’une part une récup commerciale : aller en montagne coûte quand même plus cher que lorsqu’on pouvait camper dans les bois ou dans un garage à Chamonix en volant, comme évoqué dans la biographie d’Edlinger à propos de ses séjours avec Bérhault, des conserves dans les magasins chamoniards. De la même façon, le matériel est quand même plus onéreux qu’un simple ballon de foot. Forcément, ça sélectionne les candidats. Effectivement, en refuge, on se trouve quand même désormais plus souvent avec des médecins et des cadres sup qu’avec des cheminots ou des ouvriers.
J’ai l’impression que même l’UCPA, autrefois pour les uns l’ « Union des Célibataires Privés d’Amour », pour d’autres la possibilité d’accéder à l’alpinisme sans trop dépenser (dans les 70s, il semblerait que les stagiaires montaient la bouffe en refuge pour réduire les frais), est devenue un repaire d’étudiants d’école de commerce ou de prépas scientifiques. En grimpe, dans les SAE, il n’y a que des CSP+, pas anarchistes pour deux sous.
Bref, je me demande si ce n’est pas au moment de la disparition de l’esprit des Paragot et Bérardini qu’on commence à se gargariser de cette relation entre « alpinisme et anarchisme », à supposer qu’on le prenne dans son acception de « populaire ».