Posté en tant qu’invité par Lutin:
Intéressant comme remarque, j’ai voulu y réfléchir.
J’ai eu l’information au boulot, « accident », « ski extrême »… le soir je me connecte sur C2C comme souvent, surtout l’hiver, pour y trouver des précisions. Je tombe sur des liens qui ne débouchent pas, puis sur ton mail, Lucky.
Me voilà comparé à un rapace, comme toi.
Puis 2 jours après je tombe sur les liens, sur skipass, sur l’hommage rendu par son compagnon, puis par des témoignages poignants, des photos aussi belles qu’émouvantes, un gars plein de vie, plein de bonheur dans les yeux et le sourire, aujourd’hui plus des nôtres. Tristesse.
Me voilà pris une seconde fois pour un rapace, un vrai.
Et pourtant les accidentés de la route ne m’intéressent pas, la pendaison de Saddam je l’ai ignorée, Mais pas un accident de montagne, et je dirais surtout pas un skieur de randonnée, pas un skieur de ski en pentes raides.
Le rapace veut faire marcher ses deux neurones et comprendre.
Il y a parmi nous des professionnels de la pente raide. Un pierre Tardivel, un Steph dont j’aime les photos et récits qui me font rêver, Sylvain son pote des grands coups, un Christophe avec sa « board » qui me fait délirer, et tous les autres qui savent repérer LA condition pour un ED, pour un 5.5 ou mieux.
Il y a tous les autres dont je fais partie. Elles font envie ces lignes, un joli 4.3 expo on en parle des heures et des heures, un 5.1 et on a grandi de quelques cm, un jour un 5.3 ce serait l’apothéose. Il y a le boulot, la fatigue, la famille, les enfants. Même si on est en forme physiquement on n’est pas parfait mentalement. A chaque pente on prend sur soi, on a envie mais on la craint, comme une jolie femme, dangereuse. On le sait, bien sûr qu’on le sait, que la chute n’est pas toujours autorisée, et pourtant on y retourne, comme la blanche.
Alors maso ? non. L’envie de maîtriser, l’envie de mieux se connaître, l’envie de se dominer, l’envie de se surpasser, l’envie d’exceller. Pas pour les autres, pour soi, car l’excellence procure tellement de joie. Qui n’a pas fait LA faute de carres, le virage douteux, la perte d’adhérence … rattrapée juste juste. Sueur froide, proximité avec l’autre monde.
Alors quand on entend l’accident, on se regarde, on pense à sa chance mais on n’en rit pas. Et comme ce sentiment est amer on voudrait comprendre, on voudrait tellement croire qu’il n’y pouvait rien, la pierre qui venait d’en haut, fatalité. Mais non, l’Ami avait ça de majestueux, il était homme, et donc imparfait, comme nous.
A chaque jour son expérience, la dernière sera la plus unique et la plus stupide. Mais que serait triste une vie sans expérience. Bravo l’Ami pour être allé au bout de tes expériences, un jour nous aussi, peut-être.
Moi je garde l’image de ton sourire en photos et je ne regrette pas de l’avoir découvert.
Lutin triste.