Le recul du Glacier Blanc

Je pense que tu n’as aucune idée du « fonctionnement » d’un glacier pour écrire des phrases pareilles. Rien que le terme employé, « grossir », n’a aucune signification au point de vue glaciologique.

Ensuite, le glacier blanc ne fait pas partie des glaciers régulièrement suivis (voir le portail glacioclim pour les glaciers sur lesquels est fait un suivi continu en France), donc je doute que tu aies la moindre info crédible au sujet de ce glacier.

Posté en tant qu’invité par marais:

A lutin de la forêt, exact :stuck_out_tongue: …le site du lgge est superbe…il faut chercher, je ne vous donne pas le lien, mais on peut télécharger les relevés sous excel…T°, accu, ablation, carte des courbes de niveaux…etc…+ nouveau, des glaciers andins…de quoi faire de belles courbes sur l’ordi, à défaut d’en faire sur les pentes les jours (comme aujourd’hui…ou il pleut :frowning: )

pour bubu, la rimaye de l’armet n’en n’est pas une (cf définition de la rimaye)…c’est la couche de l’hiver qui s’est fracturée…et au 15 juillet, y’aura plus rien… :cool:

Posté en tant qu’invité par Krikri:

[quote=« vref, id: 1519103, post:12, topic:134071 »]tiens !
une bonne question pour un spécialiste:
combien d’années d’accumulation de neige faut il pour que (re)naisse un glacier ?
et de combien de temps un hiver comme celui ci peut prolonger l’agonie des glaciers du massif du Taillefert, par exemple ?[/quote]

On m’a dit qu’une petites dizaine de névés persistants en été, (à savoir que la neige d’hiver ne fond pas en été) suffisent pour amorcer la glace…et réinitier la croissance du glacier…
Vrai?

Au 15 juillet, si la neige de 2013 a fondu, on verra qqch de ce genre :

En fait c’est la rimaye du glacier du Grand Armet qu’on voit sur la photo de skitour. Il y a aussi un glacier au Rocher de l’Armet.
/routes/141346/fr/glaciers-de-l-armet-par-plancol-depuis-le-col-d-ornon

Mais il y aura longtemps de la neige de 2013… Je n’ai aps le temps de chercher des photos, mais fin aout il y aura encore un névé au pied de la face S du Roc de Pellegrin en Belledonne, à 2300m.

Posté en tant qu’invité par marais:

…bé ok pour le glacier de l’armet, mais …il n’a pas de rimaye sur ta photo…la rimaye, c’est une crevasse entre le névé et le glacier, et que je sache, il n’y a pas de névé à l’Armet… :stuck_out_tongue:

Posté en tant qu’invité par Hugues705:

[quote=« tsan.fr, id: 1519418, post:16, topic:134071 »][/quote]
Si on prend au pied de la lettre ce que dit Athanase, il faudrait des conditions climatiques glaciales (celles qui nous ont valu les périodes glaciaires) pour que les glaciers repartent. Je dis simplement que des conditions climatiques fraiches comme ce que l’on a connu dans un passé pas si lointain peuvent suffire pour « regonfler » plus ou moins nos glaciers.

[quote=« lutin de la forêt, id: 1519431, post:17, topic:134071 »][/quote]
Le terme « grossir » n’est certes pas très « scientifique », mais on se comprend.
Ce que je rapporte du glacier blanc, vient d’ici:
http://www.ecrins-parcnational.fr/dossiers/39-patrimoines/342-evolutions-climatiques-des-suivis-dans-les-ecrins.html
http://www.ecrins-parcnational.fr/telechargements/doc_download/47-le-cahier-glaciers-2005.html

Contrairement à tes dires, ce glacier fait l’objet d’un suivi régulier par le PNE

Posté en tant qu’invité par Athanase Percevalve:

Oui, bien sûr.
Vu qu’on était parti sur un « ton léger » et que j’avais précisé que je n’avais pas eu le temps de me pencher sérieusement sur le sujet (dont je ne suis pas spécialiste, je fais juste de la thermo au sens large), j’ai « un brin caricaturé » des étés bien plus froids que les actuels (-1,5 à -2°C) par « glaciaux ».
Je n’entendais BIEN ÉVIDEMENT PAS des étés de type « petit âge glaciaire »… :wink:
Donc, en résumé, à ne justement pas prendre « au pied de la lettre », cher ami. On se comprend.

Toujours est il que si l’on espère voir les glaciers « grossir » (on se comprend?), il faudra des conditions un peu plus « draconiennes » que les actuelles et de façon quelque peu durable.
C’est ce que j’espérais avoir transmis, comme message.

Meilleurs sentiments frigorifiés
peu de cerises cet été

Cela peut aller assez vite. La formation de la glace est assez rapide sur les glaciers alpins. Une demi-douzaine d’années suffisent pour que la glace se forme dans les bassins d’alimentation compris entre 3000 et 3500 à 3800 m (selon la position de l’iso 0 °C). À ces altitudes, la transformation du névé en glace par compression est accélérée par la percolation de l’eau de fonte. La glace est à 0 °C : ce sont des glaciers tempérés. À plus haute altitude, avec la baisse des températures, la formation de la glace prend de plus en plus de temps. Des étés froids ne favorisent donc pas forcément la transformation rapide de la neige en glace.

Pour qu’il y ait « (re)naissance » ou simplement « grossissement » d’un glacier (pour employer les termes utilisés), il faut des excédents d’accumulation sur plusieurs années de suite : 5 à 6 ans minimum pour obtenir de la glace, disons plutôt dix ans pou un embryon de glacier. Six ans, c’est aussi le temps de réponse de glaciers comme le Glacier Blanc et le Glacier d’Argentière à des excédents d’accumulation. C’est donc relativement court. Donc, si 2013 est excédentaire (ce qui n’est pas encore acquis) et si les années suivantes le sont également (ce qui l’est encore moins), on pourrait envisager une micro-poussée du front à partir de 2019. Ce n’est pas impossible mais on a quitté le domaine de la prévision pour entrer dans celui de la spéculation !

Il est quand même amusant que les commentaires portent sur un « grossissement » possible des glaciers après un seul hiver neigeux où l’accumulation pour le Glacier Blanc, objet de la discussion, est encore inférieure (à fin mai) à celle de l’année 2001, qui rappelons-le, et, contrairement à un commentaire lu au-dessus, n’a pas entraîné de grossissement du Glacier Blanc, puisque tout l’excédent de cette année-là a été complètement perdu et bien au-delà dans les deux années qui ont suivi.

[quote=« Vallou05, id: 1519830, post:24, topic:134071 »][/quote]

merci Vallou pour cette réponse très complète

Ok, excuse-moi donc pour la remise en cause de tes propos, je reviens sur ce que j’ai dit concernant le suivi de ce glacier.

Néanmoins, tes arguments restent faux :

[quote=« Hugues705, id: 1519235, post:15, topic:134071 »]Tu peux même voir sur le graphique MF que l’été 2001 a été chaud, ce qui n’a pas empêché le glacier blanc de grossir cette année là…
En fait, une ou deux périodes de mauvais temps avec chutes de neige à assez basse altitude durant l’été (limite pluie-neige à 2500-3000m, ce qui a été le cas en 2001) limitent sérieusement la fonte estivale des glaciers en leur remettant une couche bien blanche qui réfléchit bien le rayonnement solaire.[/quote]
L’été 2001 a été, en France, plus chaud que la moyenne d’environ 0,8 °C (valeur en revanche dans la « moyenne » de ces 10-15 dernières années).
Le glacier blanc a effectivement gagné en masse cette année là, mais comme on peut le voir sur le graphique de bilan de masse (/viewtopic.php?pid=1834942) : ce n’est pas lié à une ablation réduite l’été, mais à une accumulation nettement plus élevée l’hiver précédent (la plus élevée des 10 années représentées).

Il s’agissait donc d’une anomalie hivernale et non estivale comme tu l’indiques, et le gain de masse ponctuel de 2001 n’était donc pas lié à des précipitations neigeuses d’été.

A contrario, si tu regardes l’été de la canicule, en 2003 (avec des températures en France supérieures à la moyenne d’environ 3,7 °C, tu vois que ça se traduit par une ablation nettement plus forte cette année là (la plus importante des 10 années représentées).

Oui et non, il faut nuancer : anomalie hivernale, oui ; anomalie estivale, un peu aussi car l’été 2001 n’a pas été excessivement chaud, en tout cas le plus frais de la décennie avec 2002, avec des précipitations neigeuses en altitude en juin et aussi juillet. Résultat : forte accumulation et ablation faible, d’où un bilan de masse très positif.

Je vais moi aussi te répondre oui et non :slight_smile:
2002, que tu cites comme autre année dont l’été a été « le plus frais de la décennie » (je dirais plutôt le moins chaud, puisque l’un comme l’autre sont au-dessus de la moyenne de référence 1971-2000) a vu un bilan de masse négatif, alors que l’ablation d’été était presque identique à celle de 2001.

Alors j’ignore si en 2002 il y a eu des précipitations neigeuses en juin et juillet, mais ce qui est sûr c’est que ce sont bien les accumulations hivernales bien différentes (facteur 2,5 d’écart !) qui font la différence, et se traduisent par un bilan de masse tantôt positif, tantôt négatif ces 2 années là.

[quote=« lutin de la forêt, id: 1519857, post:28, topic:134071 »]Vallou05 a écrit :

Résultat : forte accumulation et ablation faible, d'où un bilan de masse très positif. 

Je vais moi aussi te répondre oui et non :)[/quote]
Oui et non ? Le résultat est pourtant sans ambiguïté, les deux paramètres ont cumulé leurs effets. Qu’est-ce qui te ferait nuancer cette assertion ?

Pour le reste, entre 2001 et 2002, ce sont effectivement les différences d’accumulations qui ont fait la différence puisque l’hiver 2002 a été très sec et que les étés ont été très semblables en termes de température, d’hygrométrie et d’ablation.

Posté en tant qu’invité par tornillos de hielo:

[quote=« Athanase Percevalve, id: 1519121, post:13, topic:134071 »]Tu es à coté de la plaque…
.[/quote]
à ski, cela vaut parfois mieux …

il me semble qu’on oublie parfois l’avancement du petit age glaciaire, ou les étés étaient « pourris », mais ou surtout, la pluviométrie était abondante, favorisant également l’accumulation de neige en altitude… Il n’y a pas que la chaleur qui joue, mais la pluviométrie également (enfin, avis en tant que novice hein).
Si on regarde les relevés pluviométriques sur les Écrins (par exemple, puis surtout par ce que c’est le sujet), on remarque que l’Oisans (par exemple), a été très sec ces dernières années… Si une augmentation des précipitations à un niveau, mettons, des années 70, sans diminution de la température, n’augmenterait pas aussi le niveau annuel des quantité favorisant les avancées des glaciers? On a bien connu ça dans le nord de l’Europe récemment…(les scandes notamment)

Oui bien sûr. De toute façon, c’est l’hygrométrie qui fournit la matière première et se contenter de dire : « il fait chaud, les glaciers fondent ; il fait froid, les glaciers se forment » est simplificateur, voire simpliste. Il y a trop d’interactions pour en rester là.

C’est exact, il y a eu de forts déficits pluviométriques sur les Écrins ces dernières décennies qui ont bien sûr eu des impacts forts sur les accumulations et donc sur les bilans de masse du Glacier Blanc et de ses voisins. Pour répondre à ta question, je me contenterais de dire qu’avec l’accumulation de 202 cm d’équivalence en eau de cette année, les bilans de masse du Glacier Blanc des deux dernières années (2011 et 2012) auraient encore été négatifs.

Posté en tant qu’invité par wxcvbn:

En même temps, on s’en fout un peu, voir beaucoup, que les glaciers progressent ou régressent. Non ?L’alpinisme consiste à s’adapter au terrain. Le recul va simplement permettre d’avoir des premières longueurs toutes neuves.

On s’en fout moyennement. Certains itinéraires se faisaient « dans le temps » basquettes aux pieds et mains dans les poches alors que maintenant, ces mêmes itinéraires nécessitent un harnachement de cosmonaute. Les névés tranquilles sont remplacés par des piles d’assiettes instables et certaines approchent ne sont envisageables qu’au prix de ribambelles de moraines croulantes. Evidemment, ce n’est pas rédhibitoire et on peut s’adapter, mais c’est nettement moins agréable.
En bref, c’était mieux avant.
Sans compter que question louque, ce n’est plus tout à fait ça.

Posté en tant qu’invité par wxcvbn:

Pour les névés, il suffit d’y aller plus tôt en saison.
Pour ma part, je préfère très largement faire les courses de neige en hiver car cela permet de les faire à la lumière du jour. Bref c’est nettement plus agréables qu’avant.

[quote=« wxcvbn, id: 1520087, post:35, topic:134071 »][/quote]
C’est pour ça que maintenant, je préfère le ski.