Escalade libre

Je crois que c’est un copain de Fehrmann, mais j’ai pas cherché s’il a écrit quelque chose

Ben il y a les frontales de Petzl qui sont pas mauvaises.
Sinon j’ai « Neige et roc » mais je ne suis pas chez moi. Je regarde en rentrant, après le 26, date à laquelle le sujet risque d’être enterré sous les sédiments du temps.
Tu pourrais aussi regarder dans « Vocation alpine « de Charlet.

:stuck_out_tongue:
Et c’est quoi "Neige et roc mais je ne suis pas chez moi " Un film présenté à Cannes ?

C’est la suite de « Viens chez moi, j’habite chez une copine ».

Je m’en doutais :smiley:

Revue Alpinisme du GHM - n° 41 - 1er trimestre 1936
Description résumée des tentatives en face N de la Cima Ovest di Lavaredo en 1934 :

L’attaque se trouve à droite du grand renfoncement jaune qui coupe entièrement la base de la paroi Nord jusqu’à hauteur du couloir noir qui descend du sommet.
Une fissure peu marquée conduit à une vire qui porte une cheminée; on escalade cette haute cheminée, sur plus de cent mètres, jusque sous un énorme toit, qu’on surmonte à droite. Au-dessus, on ateint une première, puis une seconde terrasse.
Jusqu’en ce point, l’escalade, bien que très dure, s’effectue presque toujours librement (nous entendons par escalade libre celle où les pitons servent uniquement à l’assurance).

Les auteurs (« nous ») ne sont pas identifiés (ou je n’ai pas trouvé).

Il y a d’autres occurrences les années suivantes, avec l’explication que l’escalade libre est l’escalade où les pitons servent uniquement pour l’assurance.

Donc désolé, ceux qui croient qu’à cette époque « escalade libre » signifiaient juste « sans étrier » (mais tire clou systématique) ont faux.
Il y a en effet certains grimpeurs qui ont une éthique, et qui quand ils tirent au clou, ne prétendent pas grimper en libre. Même si aujourd’hui on rencontre des grimpeurs qui prétendent ne pas avoir fait d’artif dans une voie où ils ont tiré aux dégaines dans le crux de chaque longueur.

« Glace, Neige et Roc », p71 : « opposition entre l’escalade libre et l’escalade artificielle ». :wink:

La notion de « liberté » n’est-elle pas évolutive ?

  • Liberté d’aller en montagne et de braver les peurs et superstitions anciennes, chez Balmat
  • Liberté d’être ‹ ‹ sans guide › › chez Mummery (« le grimpeur sans guide est libre », p91, Le roi du rocher, Hoëbeke, 1995)
  • Liberté de grimper sans moyens de progression artificiels dans les solos de Preuss
  • Liberté de grimper de manière continue sans moyens de progression artificiels, quoiqu’ assurés par une corde, avec Barbier, Guyomar, Droyer, Albert en Europe.

Tribout et Chambre, « le huitième degré », 1987 :
p26 :

En France, […] l’escalade libre existe depuis longtemps, mais le terme « en libre » n’a pas le sens d’aujourd’hui. Il signifie alors qu’on n’utilise pas d’étriers et que l’on grimpe « en libre » entre chaque piton. Hormis cela, tout est permis : les tensions et blocages de corde, les mousquetons comme prises de main, et les pitons comme prises de pied. […] Mais il n’existe pas une véritable notion de continuité.

p32-33 :

'Le pays leader en matière d’escalade libre était incontestablement les États-Unis. […] Dès 1965, tant sur la côte Ouest que sur la côte Est, rompant avec la vogue de l’artif, apparaissent les premiers protagonistes [sic] du "free climbing. Au Yosémite, ce sont Royal Robbins, Layton Kor, Yvan Chouinard et surtout Franck Sacherer. Ce dernier se définit très tôt une éthique stricte, refisant complètement l’artif et se consacrant uniquement au libre. […] Sur la côte Est, […] Franck Wiessner […] né à Dresde en 1900 […] dut émigrer en 1928 vers les Etats-Unis. Il emporta avec lui toute la rigueur de l’éthique locale et notamment le refus de tout moyen artificiel.

Edit : Un historique de l’escalade libre : LIVRET STAGE ASPI SECTION MONTAGNE ASRUC Partie 1 : Escalade - PDF Téléchargement Gratuit
Débuts comme technique parmi d’autres fin 19ème, émergence de l’activité spécifique vers 1900, 1920 avec Preuss, Herzog, Fietchl, Piaz, Dulfer.

Bravo Bubu, bien joué !
On avance (ou plutôt on recule !)

Définition implicitement confirmée par Rébuffat.
Il y a effectivement un certain mépris des grimpeurs des années 70/80 pour penser qu’avant eux la vraie escalade libre n’existait pas ! Voilà qui remet les pendules à l’heure.

Ce qu’a trouvé Bubu (en 1936) ou ce qu’explique Rébuffat en 1970 contredit Tribout et Chambre… des grimpeurs des années 80 qui ont un peu le défaut de penser que c’est à leur époque ou juste avant que tout a été inventé.

Edit : j’ai Le 9ème degré (2018) écrit uniquement par Chambre ; il semble que le discours ait évolué ; il parle notamment, comme pères du libre, de Barbier (qui a inventé l’expression « jaunir » un point ou une voie) ou de Messner… même si les Américains ont toujours la cote ; et je n’y ai pas trouvé ton extrait où il parle du faux libre (= sans étriers).

Mais tu as raison, le terme a forcément évolué au cours des ans.

Ceci dit dans « escalade libre » j’ai toujours pris le sens du mot « libre » comme « exempt » : escalade libre de tout artifice = escalade exempte de tout artifice.
Après, tout réside dans la définition de ces artifices : les étriers en sont tout le monde est d’accord ; pour le tire-clou, je pense que c’est considéré comme un artifice depuis longtemps… mais ça fait moins l’unanimité.

Bubu, sur ce coup-là t’es le meilleur ! (en plus je suis content de ne pas être totalement sénile héhé…) Par hasard tu n’as pas Tita Piaz ?

Oui je suis d’accord je pense aussi que c’est le sens premier.

En effet…
"Vocation alpine " d’Armand Charlet, Ed. Hoëbeck, 1949, chp 4 : « Mes étapes alpines, saison 1923, dernière année comma aspirant guide », p 109 :

« La première dent se franchissait généralement, alors, par un jet de corde ; je voulus passer en tête, en escalade libre. Déjà je commençais, mais le guide, me retenant par la manche, m’interdit de passer le premier »

Dans le Parc National des Calanques le terme « libre » est proscrit…

Oui mais… est-ce qu’en 1923, l’expression était usitée ? C’est là le problème. On écrit le passé avec les vocables actuels. Par « actuel » j’entends « contemporain de l’édition » évidemment.

Je l’ai !
Lu il y a longtemps, donc là je viens juste de le parcourir très vite.
Il parle beaucoup d’escalade avec ou sans « moyens artificiels », avec d’ailleurs une définition à peu près identique à celles du GHM ou de Rébuffat, à savoir que les pitons sont des artifices s’ils sont utilisés comme prises, mais pas s’ils sont utilisés comme assurance.
En revanche je n’ai pas trouvé l’adjectif « libre », du moins dans sa propre prose.
Car il site Preuss, et ce dernier dans un article de 1911 parle de « l’art de la descente libre » (i.e. sans rappel et sans piton) :sunglasses:

Bien bien, on avance. très intéressant le coup de la descente libre. Il ya une référence précise ?

J’ai vu l’expression « descente en rappel libre ».
Pas compris ce que ça veut dire.

Revue Deutsche Alpenzeitung, octobre 1911.
Preuss a publié un premier article dans le numéro d’août ; et dans le numéro d’octobre, il y a la réponse de Piaz, et la réponse de Preuss à Piaz (la formulation venant de ce dernier article).
Dans Le diable des Dolomites, Piaz copie in extenso ces 3 articles (passionnants au demeurant !)

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Formidable c’est exactement ce que je cherchais, ces articles de 1911. Tu pourrais me les envoyer en MP ?

Je crois que c’est pas « descente en rappel libre » mais « descente libre » c’est-à-dire sans corde