'Ayest! J’ai essayé pendant le week-end du nouvel-an avec mes amis du club ACE de Savasse, dans la Drôme. Et j’ai bien aimé.
On était à La Jarjatte, au pied du Grand-Ferrand dans le Dévoluy.
Première journée : tranquille sur une piste bleue recouverte de 15-20 cm de poudreuse bien fraiche, dans les nuages et sous la neige, sans un pélerin ou presque. L’objectif était le Col des Aiguilles, mais vu les conditions météo et l’entrainement de la troupe, on s’est contentés de cette montée. Puis la descente a été courte, mais agréable ; j’ai été surpris par la maniabilité des skis de rando. Je me suis amusé faire plein de figures pendant la descente. Mais j’ai mal aux tibias : je grimpe avec des chaussures de ski alpin, et on avait oublié de me dire de ne pas fermer le haut de la chaussure à la montée…
L’après-midi, comme j’ai aimé, on repart à 4 (sur 6) pour une petite ballade sur un sentier en faux-plat, puis à deux on attaque un raide chemin entre le sapins sur une neige tassée par le soleil et durcie en surface par le froid, sur 100-150 m de dénivelé maxi. A 16h45, on rebrousse chemin, les skis à l’épaule car la pente est trop raide et le chemin à la largeur des skis ; la descente dure ainsi une dizaine de minutes. Puis le sentier plus ou moins plat est repris. Une fois la portion large atteinte, belle séance de skating à fond pendant 10 minutes jusqu’au chalet. On est trempés de sueur, mais heureux comme des gosses.
Deuxième journée : plus dificile! Le Col de Corps (2100 m env.) depuis le haut du dernier téléski de la Jarjatte. 680 m de D+, 920 m de D-. Pause bouffe au col. 5h30 en tout (2h30 dans le topo ; 2.3, F, 2)
D’abord le téléski, emprunté sans payer grâce à la gentillesse d’un perchiste. On est d’abord montés dans les nuages, dans une bonne profonde. Puis on s’est égarés, renforcés dans notre erreur par le GPS Magellan et ses données fantaisistes (le Col de Corps indiqué dans le GPS n’a rien à voir avec celui de la carte IGN!!!). Heureusement ça n’a duré qu’un quart d’heure, et comme on sait encore lire une carte, on a bien vu qu’entre le couvert forestier et le type de pente et d’orientation, il fallait aller voir ailleurs… Une fois sur le chemin correct, les difficultés ont commencé. Pente raide de 35° environ dans une bonne profonde entre les sapins, premières conversions foireuses et chutes dans la poudreuse. Comme ça pendant 1 heure… Autant dire que je n’étais pas très agréable avec mes amis… Puis une fois la crête atteinte, les sapins laissés dernière nous, nous avons enfin été touchés par le soleil. Mais les difficultés n’étaient pas terminées : pentes de 30° environ, avec de la neige dure parfois légèrement gelée en surface. Autant dire qu’avec les vieilles peaux (je me demande si j’ai pensé à les photographier) qu’on m’avait prêtées, c’était trois pas en avant, un pas en arrière… Plus les conversions sur une neige pareille, avec encore moult gadins… Du coup, Gabriel, le plus expérimenté de nous tous, me bloquait le ski d’appui et me soulevait la semelle de l’autre ski pour que je galère pas trop… Du grand style, quoi, sans parler des moments d’énervement acoompagnés de quelques insultes!
Une fois en haut, belle ambiance malgré la ligne de pylones qui franchit le col : vue sur le Pic de Bure, au loin sur les Ecrins avec la masse taillée au couteau de l’Olan. Pause de près de 30 minutes dans un léger vent frais qu’on a atténué en creusant dans la neige avec nos pelles. Omelette aux fines herbes préparée par le cuisinier du chalet Couleur Nature de la Jarjatte.
Puis descente dans les larges pentes : autant la neige durcie en surface m’avait gêné à la montée, autant à la descente, après une petite heure de soleil en plus, elle est bien skiable. Mes quadriceps sont tout de même douloureux et les virages approximatifs, ce que je redoutais… La crête est rejointe, et nous basculons dans la profonde et les sapins. Premiers virages en conversion (plus faciles quà faire que celles en montée, expérience du ski alpi oblige) avant de s’habituer, puis grand plaisir à se laisser porter dans les virages par l’épaisseur de poudreuse. Le chemin est atteint, descendu tranquillement, avec pause bataille de boules de neige (sans moi), avant qu’on atteigne les pistes pour un dernier style de descente.
Belle journée tout de même, suivie du repas du réveillon. J’ai tenu jusqu’à 23h55, puis je suis monté au lit, évitant la convivialité forcée du Nouvel-An…
1er janvier 2008, troisième journée. Plus tranquille, sous un soleil radieux. Le Jagène (1875 m), 700 m de dénivelé (3h30 dans le topo, 1.x, R, 1). Nous ne sommes que 4 , deux font tranquillement du piste.
Du hameau des Amayères au N de Lus-la-Croix-Haute, on démarre à 11h30 sur un sentier plat de neige gelée marquée par les chaussures, les raquettes, les skis, les pattes de chiens. Il est à l’ombre, un ruisseau coule, l’ambiance est fraîche, mais nous savons que le plaisir va suivre. Après 1 km, enfin le soleil. Les pentes sud des sommets alentour (< 2000 m) sont pauvres en neige et riches en cailloux! Nous suivons le long du ruisseau qui a tourné 90° vers le nord un chemin marqué de traits horizontaux blancs et rouges sous un violent soleil : la crème solaire et les bonnes lunettes ne sont pas de trop. En revanche, la Softshell et la polaire sans mance sont abandonnées pour ne garder que la première couche. En bas, c’est vite trop : collant en polaire + surpantalon en goretex noir, et je sue des jambes comme jamais en cette saison. La pente se redresse, la sudation s’accentue, le soleil est au zénith, le cadre est magnifique, avec ses falaises calcaires, le blanc éclatant, les sapins… Nous faisons une première pause. Nous avons soif, lendemain de réveillon oblige… Thé chaud, figues sèches, barres de céréales. Un skieur solitaire nous dépasse, vision légère et rapide, mécanique précise. Nous le voyons filer au loin, sûr de lui.
Nous repartons, moi en tête, malgré mes épaules et mes cuisses endolories par les efforts de la veille. Gabriel, malgré sa gerbe nocturne de nouvelle année, monte sans mal, vrai chef du groupe. Il me suit et est témoin de mes conversions encore difficiles sur neige dure et pentue : un petit ressaut à 30° me pose problème, et je monte sur les carres sur une 20aine de mètres. Puis de nouveau je file, sûr de moi et à l’aise sur une neige qui forme des vagues durcies, véritable régal pour les yeux. Virginie traîne derrière, elle est malade et fatiguée, elle qui d’habitude file bien ; Christelle lui tient compagnie.
Un rétrécissement du couloir (nous progressons dans un ravin) et une accentuation de la pente, à l’ombre de surcroit à cet endroit-là, font que mes vieilles peaux n’accrochent pas toujours correctement cette neige sculptée. Je recule plusieurs fois. Je tombe dans mes conversions, d’autant plus qu’une des pointes de mes bâtons est cassée depuis l’avant-veille et ne cramponne plus la neige dure! Merde! Je déchausse, mets mes skis à l’épaule et attaque la pente à pied. Dès que la pente se radoucit et que les rayons du soleil la lèchent de nouveau, je rechausse les skis et poursuit mon bonhomme de chemin.
Wow! Je voie soudain devant moi émerger les pointes de l’Obiou et du Grand-Ferrand. Je m’arrête, heurux. Je me retourne, et aperçois le Mont-Aiguille juste devant le Grand-Veymont. Au loin au Nord, le Massif de la Chartreuse. Grenoble est masqué par de petits sommets arrondis que je ne connais pas, au NE du Trièves apparemment. Gabriel est lon derrière, il accompagne Virginie. CHristelle me rattrappe, elle avance vite, mais pleure, submergée par des émotions remontant du passé. Je la laisse filer seule devant, gagner seule notre petit sommet. Je retrouve sous le sommet le skieur soitaire. Nous discutons, il est de Grenoble ; les sommets qui cachent sa ville sont le Génépi et d’autres de la même chaîne. Il repart vite en solitaire. J’entends Christelle hurler sa douleur face au vide et au soleil. On se retrouve enfin tous au sommet. Abricotine du Valais poûr fêter ça, pain, fromage, jambon, pâtes de fruit, thé chaud, tout y est.
Puis commence la descente d’un col, pas directement du sommet, qui est corniché sur deux mètres de large et de profondeur. La neige est transformée, dure juste comme il faut dans cette pente SO. Mais trop rapidement apparaissent les cailloux et les herbes, dans un mélange de neige tantôt molle tantôt dure. LE ski n’est pas élégant et le chemin cahoteux. Avant de retrouver le sentier plat de départ, nous pausons une dernière fois, finissons l’abricotine, discutons avec un groupe en ballade. Le skieur solitaire nous croise une dernière fois ; sa descente était différente de la nôtre.
Après 10 minutes, nous regagnons la voiture. Elle démarre, alors que ce matin la batterie était à plat, et qu’il avait fallu la recharger. Ouf!
Nous pouvons rentrer à Montélimar rechargés à bloc, moi béat.